mercredi 9 août 2023

9 août - Lac Della Pelligrina > Pontechianale

La nuit n'a bizarrement pas été froide malgré les 2500 m d'altitude. Je suis désolé pour mes charmants voisins mais j'ai commencé à faire du bruit à 6h. Pas question de faire la grasse matinée.

L'objectif du jour est d'aller à Pontechianale. C'est LE point de ravito avant 4 journées sans croiser d'épicerie. Yurden a été clair. Avant Susa tout est facile. Après Susa c'est la brousse avec très peu de ravitaillement. Dont acte.

Comme tous les matins oú j'ai abusé de mon corps la veille, il se venge en fonctionnant au ralenti. J'ai 2 petits cols à passer avant d'attaquer une méga descente de plus de 10 km vers Pontechianale.

Même si mes jambes trainent la patte, je suis tout seul dans un paysage grandiose. Je suis aux anges. J'entends les cloches des vaches toutes proches qui ajoutent au charme de l'instant.


Je ne devrais pas me réjouir car ces charmants animaux ont eu la même idée que moi. Passer le col Sallarino en cette heure matinale. Il y a tout un troupeau à la queue le leu sur le GTA. Le problème c'est que ça n'avance pas vite. Il suffit qu'une vache décide de brouter une touffe d'herbe sur le bas côté pour que toute la colonne s'immobilise. A ce rythme, il y en a pour des heures. Je décide de me mêler au troupeau pour accéder moi aussi au col. Je sème la panique dans la colonne mais le chemin est étroit et sérieusement pentu. J'ai peur qu'une de ces bestioles de 400 kg se casse la gueule. D'ailleurs elles se battent entre elles à coup de cornes car visiblement certaines ne veulent pas être doublées. 

J'arrive quand même à me faire ma place dans la colonne et nous montons en cœur au rythme du broutage des bas côtés. Nous nous séparons au col où elles redescendent vers les prairies de l'autre versant pendant que j'attaque le 2eme col. Je suis toujours seul et le site minéral est de toute beauté.


Après le 2eme col vient la descente et je perds rapidement le sourire. Je suis à l'ombre dans un vent glacial. Pour compléter le tableau, il ne s'agit que d'une succession de pierriers. Mon moral plonge en chute libre. Heureusement des chamois font les acrobates sur des parois complètement à pic. Je ne comprends pas comment ils ne finissent pas en bas, les 4 fers en l'air.

A 10h après avoir parcouru la moitié du trajet et avalé des pierriers jusquà l'écoeurement, je décide de faire une pause casse croûte. C'est à ce moment que les touristes de la vallée arrivent en sens inverse. C'est un flot continu qui monte. La fête est finie. Déjà c'était pas drôle, là ça devient pénible de jouer avec les priorités.

Je serre les dents mais mon petit vélo fonctionne à plein régime. Le gardien du refuge m'avait prévenu. En Italie, les grandes vacances commencent le 1er août et il y a beaucoup de monde en montagne. Cette section lui donne raison. Est ce que je retrouve l'ambiance GR5 jusqu'à la fin ? Je veux bien manger du dénivelé et souffrir physiquement. Mais en récompense, je veux profiter de la beauté de la nature non polluée par des hordes de touristes qui se croient tout permis.

J'arrive à la fin de la descente et je vois le parking près du barrage de Pontechianale. Il dégueule de véhicules en tout genre et garé dans tous les sens. Il y a des centaines de véhicules. L'angoisse est à son comble 


J'avais décidé de prendre une journée de repos à l'hôtel pour recharger mes batteries. Mais l'hôtel est complet (une première depuis le début du GTA et qui ne m'est jamais arrivé sur le GR5).

Je me dirige vers le camping avec le moral dans les chaussettes. Le camping est lui aussi complet. Ça aussi c'est une première. Mais la patronne accepte de me trouver une place parce que je suis à pied. Heureusement vu la taille de ma tente. Il est 14h et je vais faire seulement une demi journée de repos. Avec au programme : douche, lessive et ravito. Bref une demi journée de repos dans le sens où je ne fais pas 15 km avec un sac de 20 kg sur le dos. 

Mes chaussures sont totalement mortes. Je retire de gros cailloux de mes semelles qui sont coupés en deux dans le sens de la longueur. J'ai beau faire des efforts, je n'arriverai pas au bout. Bien sûr pas de magasin de sport à Pontechianale ni dans tous les trous qui me restent à traverser. Je ne sais pas comment m'en sortir. Le magasin de sport le plus proche est à 10h de bus. Ce n'est pas jouable. Par contre il y en a plein en France juste de l'autre côté de la frontière qui se trouve à quelques km. Mais aucun transport en commun entre l'Italie et la France. Chacun chez soi.

L'épicerie est toute petite. Leur leitmotiv : ici il n'y a pas tout mais il y a un peu de tout. Publicité totalement mensongère. J'achète du fromage et du pain comme d'habitude. Pas de ramen, pas de barres céréales,... La misère habituelle pour les randonneurs. On fera avec.

Je vais à la pizzeria à 19h. J'y vais aussi tôt parce que je sais ce qui va se passer et ça ne loupe pas. Tout est réservé mais si je mange rapidement j'aurais droit à une petite place 

Je suis dans un tout petit coin à côté de l'imprimante. Tant mieux il y a une prise pour recharger mon portable. Je mange avec un lance pierre alors que les premiers convives arrivent. Dès qu'ils sont installés, on se dirait dans un film de Fellini. Ça parle fort, ça crie, ça gesticule. Le bruit est infernal.

Je rentre au camping. Blog et dodo. Demain on repart dans la montagne. J'espère pour se perdre loin du monde...


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