mercredi 16 août 2023

17 août - Refuge Valasco > Bacino del Chiotas

Il a plu cette nuit. Je n'ai plus de réseau depuis Isola donc aucune idée de la météo à venir. Mais cela ne présage rien de bon pour la journée.

Pourtant à mon réveil, le ciel est bleu azur. 


Mais cela ne dure pas et les nuages sont de retour. Avec eux le vent et la température dégringole.

C'est aussi mon cas. Il faut que je redescende dans la vallée pour rejoindre le lieu dit Terme di Valdieri d'où monte les hordes de touristes. Et ce matin ne fait pas exception. Si je suis le seul à descendre, ils sont des dizaines à monter malgré l'heure matinale. J'ai du mal à comprendre pourquoi il y a autant de monde dans cette vallée. Elle est effectivement très belle mais elle est loin d'être une exception.

Il me faut plus d'une heure pour faire les 3 km jusqu'aux termes. Il faut dire que le chemin est couvert de cailloux incompatibles avec l'état de mes chaussures. Il faut que je retire fréquemment des cailloux qui se coince dans la fente qui s'est créé au milieu de mes semelles. Avec ma tête de bois, j'ai décidé d'aller au bout avec ces chaussures maudites. Mais je ne suis pas sûr de gagner cette partie.

Les termes n'ont rien à voir avec ceux de Vichy. Il y a un bar et un grand hôtel qui fait face aux termes. C'est tout. Ce n'est pas le grand luxe à la monégasque mais mon look randonneur aurait bien juré si j'avais séjourné à l'hôtel.



Je passe donc devant l'hôtel et tombe sur un 2eme parking où la encore je vois des italiens qui déjeunent à côté de leur véhicule. Ils ont dormi sur le parking.

La suite consiste à monter au Passo d'El Chapious à 2526 m soit plus de 1100 de dénivelé à s'envoyer. Je ne suis pas seul à faire ce voyage car plusieurs personnes partent du parking quand j'arrive. Nous sommes une petite dizaine à monter.

Le sentier a une pente relativement douce car il fait des zigzags monstrueux. D'après le GPS, nous allons couvrir 9 km avant d'arriver au col. Le reste de la matinée va y passer. Bien entendu, nous sommes dans les arbres et nous n'avons aucune vue. Je guette les trouées pour faire des photos.


Un couple arrive dans mon dos et il monte plutôt vite, du moins plus vite que moi. Il s'agit d'un père et de son fils dans la trentaine. Le père barbe blanche taillée au cordeau, un peu bedonnant et chapeau à la main mène la cadence. On s'aperçoit un bon moment à cause des virages en épingle à cheveux mais inexorablement ils arrivent sur moi. Dans ce cas, je me range toujours sur le bas côté pour laisser passer. Quand il arrive à mon niveau, le père me parle en italien. Le fils arrive à la rescousse car il parle un français parfait. Il assure le rôle de traducteur. Papa a 66 ans et il est un marcheur depuis toujours. Il connaît le GTA et me raconte les principaux voyages au long cours qu'il a fait dans les Alpes, en France et en Italie. Je comprends mieux son pas assuré.
Avant de se quitter, il m'explique qu'il est là aujourd'hui pour rendre hommage au 40 ans de la disparition de son meilleur ami. A cette époque, il y avait un glacier, lui aussi disparu, sur lequel son ami et lui traversaient après avoir fait un sommet. Son ami est tombé et il n'y avait pas les moyens que nous avons aujourd'hui. Il en est donc mort. J'avoue que je reste bouche bée devant son histoire. Si mes calculs sont bons, il avait 26 ans à l'époque et vit depuis avec cette blessure. 40 ans après il ressent le besoin de refaire le sommet du Chapuis en souvenir de ce drame. J'avoue que je n'ai pas l'équivalent d'un tel traumatisme dans ma vie. Je ne trouve pas les mots pour lui dire quelque chose.
Il se retourne, me dit "bon voyage" en français et repart de son pas martial avec son fils. Son histoire me laisse longtemps songeur.

Pour passer à autre chose et aussi parce que ces virages n'en finissent plus, je mets de la musique avec mon MP3. Je croise un couple où madame est en train d'engueuler copieusement monsieur à l'arrière qui traîne la patte. C'est en Italien et en plus avec la musique, je ne saurai jamais de quoi il retourne. Mais on l'a ramène pas avec une italienne en colère (avec une française non plus d'ailleurs).

Les arbres disparaissent et laisse la place à la haute montagne. La luminosité ne rend pas grâce au site. Les nuages se sont accumulés et un vent à décorner les boeufs (et mon chapeau) souffle en rafale. Dommage pour les photos.


Juste sous le col, il y a un "vrai" refuge de montagne. Il n'y a pas de route et les panneaux solaires qui couvrent le toit et la façade montrent qu'ils fonctionnent en autonomie.


Quand j'arrive à la hauteur du refuge, il est midi trente et les premières gouttes commencent à tomber. Tous les signaux convergent pour que je mange au refuge.

Le gérant, fort sympathique au demeurant, ne parle qu'Italien. Mais quand on a faim, on comprend tout. Le plat du jour est une polenta ce qui me va très bien. Coca "con zucherro" et tarta accompagnent ma plâtrée servi dans une assiette à soupe. Petit à petit, toutes les personnes qui grimpaient en même temps que moi se retrouvent dans le refuge. On se serre sur les tables en bois. Je suis le seul étranger et je regrette de ne pas pouvoir me mêler à la conversation comme les autres 

Le soleil revient et tout le monde ressort s'installer en terrasse. Pour la part, ça sera un col comme pousse café. Je suis d'ailleurs le seul à repartir alors que les autres se font bronzer en continuant à discuter.


L'accès au col se fait encore par une série de zigzags interminables au milieu du pierrier. En final, il y a tellement de virages sur cette montée que la pente n'est pas vraiment un problème. C'est la longueur qui est usante.


Sur l'autre versant ce n'est pas mieux. Même principe de virages en épingle à cheveux sur un sentier qui fait la largeur de la pente.

Dans la vallée, je vois le barrage ainsi que la retenue d'eau du Bacino del Chiotas qui est très en dessous de son niveau. Tout au bout du lac le Refuge de Genova. J'ai beau regarder, je ne vois strictement aucun endroit pour bivouaquer. Il faut que je trouve une solution...


En attendant, je prends virage sur virage et ça n'en finit plus. Il me faut 2h30 pour passer l'obstacle et enfin arriver sur le barrage. Il est vraiment très impressionnant car il surplombe la vallée de plusieurs centaines de mètres. Le vent est particulièrement violent et je tiens fermement mon chapeau de peur qu'il ne s'envole (décidément on en veut à mon galurin). 

Il faut faire tout le tour du lac pour rejoindre le refuge qui le surplombe. J'ai beau regarder derrière le bâtiment ou sur les côtés, je ne vois pas où je peux placer ma tente. Je suis focus sur l'objectif en passant un torrent. Il faut bien un cinquantaine de mètres pour que mon cerveau traite l'information. Il y a un torrent. Il suffit donc de trouver une place à côté de celui-ci pour bivouaquer. Demi tour et je pars dans la pente en suivant le cours d'eau. J'arrive sur un replat et je sais que j'ai trouvé mon lieu de villégiature pour la nuit. Le plus drôle et que je vois des marques du GTA. En fait, je suis retombé dessus par hasard. Je vais dormir à côté du trail mais il n'y aura aucun passage car personne ne bivouaque.
En conclusion, j'ai encore trouvé un super endroit où passer la nuit !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...