vendredi 25 août 2023

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jardin public qui ont eu la bonne idée de se coller à moi.
Ils ont aussi envahi ma table d'hier donc je leur abandonne pour aller en chercher une autre.


En réalité, le groupe est composé de plus d'une dizaine de randonneurs. Ils ont visiblement la vingtaine et ne semblent pas pressés de prendre la route.


Ce n'est pas mon cas. Je connais le déroulement de la journée et cette section ne m'a pas laissé un bon souvenir l'année dernière. Il faut dire que Anne souffrait le martyre avec ses chevilles gonflées qui a classé ce trajet en zone rouge.

Je suis mentalement préparé comme un boxeur qui rencontre à nouveau un adversaire qui l'a déjà mis ko. Je connais bien ses coups bas et ça va pas se passer comme ça.
La canicule continue de taper ce que je prends en compte. Je pars avec 4 litres d'eau et aux petits heures du matin pour profiter de la fraîcheur relative. A 7h30, je suis en piste près à en découdre.

Le fait de connaître le parcours change complètement la donne. Je sais où se trouve les endroits difficiles et combien ils durent. Mentalement aucune surprise. Le plus étonnant est mon souvenir. Je me rappelle exactement quels podcasts j'écoutais à quel moment du sentier. Je suis vraiment étonné que cette information remonte dans m mémoire (surtout qu'elle est inutile).

Plus étonnant encore, je rencontre la même personne que l'année dernière au même endroit. Un viel homme avec sa casquette, ses lunettes de soleil et sa barbe blanche appuyé sur sa canne. Quand je lui fais part de mon étonnement, il me répond flegmatique : ça ne me surprend pas, j'habite ici. Oui mais quand même...

Je sais qu'il n'y a pas d'eau sur le parcours, ce que me confirme le goutte à goutte qui s'échappe du robinet de l'abreuvoir qui se trouve en début de section (donc sans intérêt de toute façon).


Un marcheur arrive derrière moi. Bien sûr il a fait le GR5. Nous échangeons quelques paroles. Je lui donne des infos sur ce qui l'attend. Il me remercie et part sur un rythme d'enfer. Je le reverrai plusieurs fois dans la journée. Mais c'est le seul marcheur que je verrai.


Je suis tellement préparé mentalement que tout se passe à merveille. Je passe le col du Razet puis le colla Bassa dans la foulée. Dans la descente, je retombe sur le petit jardin où nous avions fait une pause l'année dernière avec Anne. La seule différence est le nombre de panneaux qui indique qu'il n'y a pas d'eau jusqu'à Menton. Il y a aussi un gros récipient style pot à lait en aluminium rempli d'eau. Nous sommes à mi parcours et c'est vraiment altruiste d'avoir mis à disposition de l'eau. Je décide de refaire le plein même si depuis le début je fais extrêmement attention à ma consommation. Quand j'ouvre mon sac, je m'aperçois qu'en réalité j'ai déjà consommé 1,5 litres alors que cela fait uniquement 3h que je suis en piste. Rien à faire, la chaleur excessive me fait consommer de l'eau. C'est vrai que j'ai la bouche et la gorge sèches en permanence. Même à petites gorgées, l'eau disparaît à vitesse grand V.


A 11h, je suis face à la dernière grosse montée du jour. Mis à part pour faire le plein, je ne me suis pas arrêté. Je décide de pousser afin de n'avoir plus que la descente à me préoccuper. Le ventre vide et sous la chaleur, ce dernier effort n'est pas aisé. Mais là encore ma détermination est sans faille. Le pire est à venir avec la descente.

J'arrive au col du Berceau. Il est à 1050 m et comme on descend au niveau de la mer à Menton, il est facile de comprendre à quoi mon après midi va ressembler...

Quelle différence p/r à l'année dernière ! Alors qu'il s'agissait d'une agréable petite prairie verte, c'est aujourd'hui une herbe totalement jaunie et craquante sous mes pas. Elle n'en reste pas moins le meilleur endroit pour manger car le reste du trajet est une pente escarpée où s'arrêter n'est pas une option.


Je déjeune rapidement pour reprendre la route le plus vite possible. Mon idée est d'arriver suffisamment tôt à Menton pour laver mes affaires. Je dois rentrer en train demain et j'aimerai autant qu'on ne m'expulse du wagon parce que j'incommode les voyageurs par mon odeur.

Il est 12h30 quand j'attaque la descente. J'ai le souvenir qu'elle est extrêmement pentue et très casse gueule car beaucoup de personnes passent déchaussant les pierres. Elle est aussi très longue et moralement difficile car on garde en vision la ville de Menton pendant des heures. On pense être arrivé mais en réalité on est loin de l'objectif.

Tout cela, je peux le maîtriser. J'ai resserré mes lacets pour que mes pieds ne bougent pas dans chaussures. J'ai vérifié que mes crampons ne se font pas la malle. Je ne regarde pas la distance p/r à Menton. La seule chose que je ne maîtrise pas c'est la chaleur. A midi sur un versant exposé en pleine canicule, c'est "Higway to hell" ! Je transpire autant que si je montais le pire des cols. Je ne peux pas utiliser mon parapluie dans cette pente. J'ai besoin de mes 2 bâtons pour me stabiliser. En gros, je ne peux que cuire sur place. L'eau devient rapidement bouillante. Je la bois malgré le peu de plaisir qu'elle procure. J'en ai vraiment besoin.

Mais mon moral est d'acier et fait face à toutes les adversités. Il est 15h30 quand j'arrive au bord de la mer à Menton. Objectif rempli et fin du voyage.


Un kébab est en train de fermer ses portes mais je lui achète un coca tiède. Visiblement son frigo ne tient pas la distance avec la chaleur. Je gobe le liquide en un rien de temps. Je suis couvert de transpiration. Direction l'hôtel pour reprendre figure humaine.

En chemin, je croise un supermarché. Je m'y arrête pour acheter du jus de fruits et une bouteille d'eau. Je m'assois dans un square et les 2 bouteilles y passent en quelques minutes. J'ai ingurgité 2 l sans même y réfléchir. 

J'arrive à l'hôtel où la patronne me regarde dubitativement. Je m'excuse de mon état, surtout que depuis hier je sais que j'ai l'air d'un clodo tendance pervers dangereux. Elle me rassure en me disant qu'elle a l'habitude et qu'elle peut le prêter une serviette si je veux me baigner dans la mer. Voilà qui est sympathique !

Je me douche, change de vêtements et m'occupe de trouver un laundromat. Demain j'aurai figure humaine pour rentrer à la maison.

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25 août - Sospel > Menton

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