lundi 24 septembre 2018

24 Septembre - Fin Du CDT

Je ne peux éviter un petit pincement au cœur en me levant ce matin. C'est la dernière journée sur le CDT. Le ciel m'accompagne dans ma nostalgie et pleure quelques gouttes de pluie pour l'ambiance. Il fait humide et froid mais le feu de camp efface ces petits désagréments météorologiques.

La distance à parcourir est faible. Seulement 10 petits km. Même pas une demi journée. Et après ? Je n'arrive pas bien à réaliser que tout va s'arrêter du coup. Brutalement. Dans l'autre sens, avant de commencer le trail, je m'étais préparé pendant des mois. J'avais analysé chaque portion du CDT, identifié les alternatives, calculé les km... Physiquement, je m'étais entraîné 4 fois par semaine. Lorsque j'ai basculé, j'étais dans les starting-blocks. Aujourd'hui que je franchis la ligne d'arrivée, je ne sais même pas quand ni comment je vais rentrer à la maison.

Je n'avais qu'un seul objectif : franchir la frontière Canadienne et je n'ai regardé que ce chiffon rouge depuis des semaines. Xavier m'a demandé si je n'avais jamais pensé abandonner. Bizarrement cette question m'a surprise alors qu'elle est légitime. Mais elle ne faisait pas partie de mon cadre de pensée. Abandonner mentalement n'était pas une option. J'aurai pu lâcher si le physique ne pouvait plus suivre mais ça aurait été contre ma volonté.

A l'instant même, j'ai toujours pour objectif de franchir la ligne même s'il reste peu de distance à faire. Tous les automatismes continuent de fonctionner. Je vérifie la quantité d'eau que j'emporte, les barres énergétiques dans mes poches latérales. Je charge les données de mon GPS, regarde les courbes de niveau. Je sais que c'est totalement ridicule pour 10 km mais mon cerveau ne sait pas fonctionner autrement. Je ne peux pas commencer ma journée sans exécuter ces tâches de sécurité comme je le fais depuis des jours et des jours

Nous démarrons alors que les nuages sont descendus bas dans la vallée. La météo veut que je concentre les abords immédiats du sentier. C'est vrai que les couleurs sont magiques.

Les montagnes me font un dernier clin d'œil en restant pudiquement cachées derrière les nuages. Elles ne veulent pas me tenter une dernière fois ni me voir malheureux de les abandonner. Je les remercie pour ce geste plein de savoir vivre. Nous avons eu tellement de bons moments ensemble même s'ils n'ont pas toujours été de tout repos.

Le soleil décide à son tour de me saluer et fait son grand retour pour le final. C'est vrai que lui et moi nous nous entendons bien. Il a été un bon compagnon de route même s'il a cogné dur dans les déserts. Mais je ne lui en veux pas. C'est moi qui suit allé me jeter sur son territoire favori. Avec la lumière, les couleurs du chemin prennent alors toutes leurs dimensions et arrivent même à me charmer comme de vraies sirènes. Leurs chants visuels m'envoûtent au point que j'en oublie que je vais les quitter.

J'ai laissé Xavier partir devant. J'ai besoin d'être seul dans cette dernière communion. Il y a des sensations tellement personnelles qu'il est difficile de les partager. Il m'attend au dernier km. Il a accroché son bandana rouge à une branche pour marquer cette distance emblématique à l'arrivée. Je ne réalise toujours pas. C'est curieux tout de même... Mais je n'étais pas plus conscient quand je suis parti. Peut on avoir la moindre idée de ce que représente 5 mois de marche avant de les avoir fait ? Pas vraiment. C'est donc la même chose quand ça s'arrête. Je verrai tout cela en le vivant au jour le jour. Mais je ne suis pas inquiet. J'aime bien trop les challenges ;-)

J'arrive à la fin du dernier km. Au dessus du sentier, il y a le parking goudronné du Trail Head. Adossé à la barrière qui limite la zone pour les voitures, un barbu dans la soixantaine m'observe. Il attend visiblement sa progéniture. Sur le capot de sa voiture, une couronne en papier trône fièrement. Il y est inscrit "Triple Crown" (Triple couronne). Il s'agit donc de hikers qui ont parcouru les 3 long trails des USA. C'est le cas de la majorité des personnes que j'ai croisée sur le CDT. Rares sont ceux qui comme moi n'ont aucune expérience sur le chemin au long cours avant de s'engager sur ce Trail réputé le plus difficile des 3.

Je monte sur le parking et je cherche le monument. Un ranger qui retire la selle de son cheval devant son van m'indique qu'il se trouve entre les 2 postes frontaliers. Il s'agit d'une borne qui délimite la frontière entre les USA et le Canada.

2 hikers en reviennent. Je les félicite pour avoir complété le trail. Ils me reconnaissent. Il s'agit de 2 anglais que j'ai rencontrés avec Paul et Jules à une cache d'eau dans le désert du Grand Bassin. Nous discutons du CDT et des difficultés que nous avons rencontrées avec les feux. Encore un signe du destin de rencontrer des hikers que j'ai déjà croisés. Il y en a tellement que je n'ai jamais vu.
Cette discussion retarde l'échéance mais il va bien falloir franchir les derniers mètres jusqu'à la borne.

Nous passons devant la douane américaine en saluant le douanier qui contrôle les papiers des occupants d'un véhicule. La borne est proche du poste frontière Canadien. Mais tant qu'on ne franchit pas la frontière, on est libre d'aller et venir devant la douane américaine. C'est ce que font la majorité des hikers car ils restent aux USA.
Pour notre part, nous allons au Canada pour rejoindre l'aéroport de Calgary.


Après les photos souvenirs d'usage devant la borne, nous nous présentons à la douane canadienne. L'agent, une trentenaire pourtant jolie pour le strict uniforme qu'elle porte, nous parle dans un français bien rouillé au fort accent anglophone. Cela limite les questions et expédie rapidement les formalités d'usage. Nous nous retrouvons au Canada avant d'avoir fait "ouf".

Je crois que ça y est. J'ai fini le trail. Mais les réalités pratico-pratiques sont toujours d'actualité. Il nous faut rejoindre Calgary pour prendre nos avions respectifs qui nous amènera à Los Angeles pour Xavier et à Montréal pour moi. Le poste frontière que nous venons de franchir est un poste secondaire uniquement touristique. Il ferme d'ailleurs à 18h. Nous sommes hors saison ce qui explique le nombre limité d'usagers.

Il y a tellement peu de passages que nous nous donnons une heure avant d'appeler un taxi. Heureusement que nous avons du réseau car le peu de voitures qui passent nous ignorent totalement. Cela nous permet d'ailleurs d'appeler la famille pour les rassurer que le Trail est fini. L'heure passée, Xavier s'escrime sur son téléphone pour trouver un taxi alors que je tente toujours de trouver un bon samaritain. La chance ne nous a pas abandonnés et une voiture immatriculée en Colombie Britannique s'arrête pour nous prendre.

Les Canadiens s'avérent tout aussi sympathiques que les Américains. Les 2 retraités qui nous ont pris en stop ont du faire demi tour dans leur périple dans le parc car la neige a fait son apparition. La route que nous avons traversée avant-hier est maintenant fermée. Cela nous conforte dans notre décision d'en finir au plus tôt lorsque le choix s'est présenté. Comme ils ont du temps de libre et surtout qu'ils sont d'une gentillesse extrême, ils décident de faire un détour de 100 km pour nous amener à la ville de Pincher Creek. Il y a un arrêt de bus Greyhound qui va jusqu'à Calgary. En vérifiant, je m'aperçois qu'il y a un seul passage par jour à 2h du matin. La journée est partie pour être longue...

La ville de Pincher Creek est surprenante. Cette petite ville semble être perdue au milieu de nulle part. En fait elle l'est. La pauvreté est de mise. La majorité des piétons sont des Amérindiens crasseux imbibés d'alcool malgré l'heure matinale. C'est dramatique de voir les effets de la "civilisation" sur un peuple qui vivait sainement sur ces territoires depuis des centaines d'années. La colonisation européenne grâce à son avancée technologique a toujours fait peu de cas des populations locales. Ce n'est malheureusement pas une spécificité Nord Américaine et les dégâts se constatent dans le monde entier.

Pour l'heure, nous décidons d'aller manger quelque chose. Il y a une échoppe qui vend des pizzas de l'autre côté de la rue. Elle est tenue par un pakistanais. Après notre commande, comme nous demandons comment rejoindre Calgary, le vendeur se propose de nous y amener car il a prévu d'y aller après son service à 18h. Les planètes continuent de s'aligner.

Nous profitons du reste de l'après midi pour se rendre plus présentable. Nous prenons une douche chaude à la piscine municipale qui nous prête des serviettes. Nous faisons notre lessive au Laundromat. Nous avons à nouveau un visage humain - et surtout une odeur supportable - quand nous rejoignons notre chauffeur.

Le trajet pour Calgary est long, au moins 250  km. Le paysage est une plaine vallonnée qui nous surprend alors que nous venons de passer plusieurs jours dans les Montagnes Rocheuses. A l'arrivée, notre chauffeur décide de traverser la ville pour nous amener à l'hôtel que nous avons réservé durant le trajet. Calgary est devenu une mégapole de 1,5 millions d'habitants. J'y avais passé un WE il y a une 20aine d'années, cadeau de Anne pour mes 30 ans. La ville était alors une simple bourgade. Le boom économique du pétrole avec les sables bitumineux est passé par là. La ville a complètement explosé en terme de population attirée par l'exploitation de l'or noir.

Nous n'avons pu trouver qu'un hôtel Hilton dans une zone commerciale excentrée du centre ville. Il est tard et nous décidons de manger aux alentours. Nous nous rattraperons demain pour fêter les 50 ans de Xavier.

L'aventure est terminée. Maintenant que nous voilà revenus à la civilisation, nous allons reprendre nos habitudes de citadins connectés. Rentrer à la maison n'est qu'une question de réservation de billets d'avions à la portée de tout un chacun...

PS: N'hésitez pas à mettre des commentaires pour me faire part de vos pensées. On m'a envoyé des mails pour me dire que le système de commentaires était une usine à gaz. Si vous préférez m'envoyer un mail : 

dimanche 23 septembre 2018

23 Septembre - Gable Creek

J'ai eu du mal à m'endormir hier soir. Je sais que je passe mes dernières heures sur le CDT. Il y a trop de choses qui tournent dans ma tête. J'étais dans le même état quand je suis parti. Je ne veux pas faire un bilan avant que tout soit terminé mais je dois quand même me préparer à changer de vie. Dans 48 heures, fini la marche, terminé le campement du soir, la préparation du matin...

Ce matin, il faut prendre une décision sur la route à prendre. Soit c'est Waterton et son côté performance, avec des journées à plus de 30 km soit c'est Chief Mountain en mode vacances, avec une journée à 24 puis une à 10 km. La météo annonce 40% de probabilité d'averses et de neige alors que hier c'était 20% et il n'a pas cessé de pleuvoir de la journée.

Nos voisins hikers sont prêts avant nous et viennent nous saluer les uns après les autres avant de prendre la route. C'est assez émouvant de les serrer dans mes bras une dernière fois car je sais que nous ne nous reverrons plus. On fait partie de la communauté tant qu'on marche sur le Trail. Dès qu'on a fini, on cesse de marcher et on sort de la communauté. Je comprends mieux pourquoi certains enchaînent les trails les uns derrière les autres. C'est pour continuer à croiser les mêmes personnes ou les mêmes types de personnes.

Tous nos amis hikers vont à Chief Mountain. Les prévisions météo les inquiètent et ils ne veulent pas prendre de risques avec la neige. Nous décidons donc de faire la même chose surtout avec Xavier qui a mal à la jambe.

Le plan de la journée est de monter et de traverser le Ptarmigan Tunnel puis de descendre jusqu'à notre campement de Gable Creek.

J'attaque donc ce qui sera la dernière montée. Car à partir de maintenant, beaucoup de choses seront faites pour la dernière fois, du moins sur le CDT
Nous marchons depuis 15 minutes que la pluie commence à tomber. Les prévisions météo s'avèrent juste. Nous subissons une grosse averse pendant une bonne demi heure. C'est beaucoup moins violent qu'hier car le vent n'est pas de la partie.

La montée finale sur le tunnel est un immense zigzag avec une vue partiellement dégagée, ce qui donne du cœur à l'ouvrage.
Le tunnel est tout en haut au milieu

En se retournant dans la montée...

La neige a soupoudré le sommet voisin, ce qui conforte l'idée de ne pas prendre de risques avec de mauvaise prévisions. Nous ne sommes pas à l'abri d'une tempête de neige.

Une fois les zigzags avalés, nous nous retrouvons devant un tunnel creusé à la main sous une barre rocheuse infranchissable.

Nous nous demandons ce qui a pu motiver ce travail titanesque alors que des sentiers tout proches, plus faciles d'accès, existent. Avec la frontière Canadienne aussi proche, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser au transport muletier de caisses de whisky durant la prohibition.

Le tunnel traversé, nous arrivons dans une vallée majestueuse. Le ciel semble moins chargé même si les nuages sont en train de nous suivre en franchissant le col.
Il y a un lac dans la vallée et le chemin nous y mène.

Nous sommes à flanc de montagne et la pente est escarpée. Nous avons du mal à trouver un endroit pour nous arrêter de manger.


J'essaye de montrer un arc en ciel, bien plus visible en réalité.

Vers 13,h nous finissons par trouver un endroit convenable sous les pins. Les nuages en profitent pour nous rattraper. Nous avons droit à une nouvelle averse. Nous sommes protégés par les arbres et décidons d'ignorer cette ondée pour continuer de déjeuner.

Nous reprenons la descente et bientôt le soleil est de retour. La météo s'est complètement planté depuis 2 jours. Tant pis, nous profitons quand même de cette journée et des magnifiques paysages, entre cascades, feuillages colorés et rivières.




Notre campement est le dernier avant la frontière. Il y a de nombreux emplacements mais nous y sommes seuls. J'avoue que ce soir ce n'est pas pour me déplaire.

Nous faisons un feu de camp et nous profitons tardivement du reflet des flammes. C'est notre dernière nuit sur le Trail. Demain il n'y a que 10 km avant l'arrivée.


samedi 22 septembre 2018

22 Septembre - Many Glacier

Il a fait doux cette nuit. J'ai retiré une couche. Il n'est pas très facile de comprendre comment la météo fonctionne ici. Le principal est que nous n'ayons pas trop froid.

Il est tombé quelques gouttes de pluie au moment du lever. Ceci ne présage rien de bon. Le ciel est noir et prêt à nous tomber sur la tête. Nous faisons comme si de rien n'était. De toute façon ça ne change rien à notre journée. Beau ou mauvais temps nous devons nous rendre à Many Glacier à 24 km.

Pour y aller, nous devons monter au Piegan Pass à 2250 m soit 850 m de dénivelé.

Au début, tout se passe bien.

Mais arrivés à mi parcours de la montée, la pluie se décide à tomber sous forme de déluge. La vue devient complètement bouchée. Plus nous nous dirigeons vers le col, plus le vent prend de la puissance. Nous croisons quelques personnes qui redescendent. Eux ont l'option de retourner vers leur voiture. Nous pouvons juste continuer.

Le passage du col est épique. Il y a un peu de neige au sol et nous prenons des grelons sur la tête. Le vent est si violent qu'il manque de me renverser plusieurs fois. L'environnement est dantesque. Il faut attendre d'atteindre la forêt qui coupe un peu le vent pour retrouver des conditions de marche acceptables.

Autant dire que mon équipement de pluie n'a pas tenu la distance. Je suis à moitié trempé, surtout au niveau des jambes et des bras. Nous ne pouvons pas nous arrêter sous peine d'être immédiatement saisis par le froid. Nous sautons le repas de midi. Je meurs de faim. Entre la grimpette et le froid, j'ai consommé beaucoup de calories. Mais il est impossible de s'arrêter sous une pluie battante propulsée par des rafales de vent à décorner les bœufs.

En descendant, le vent perd de sa puissance. Ce n'est pas le cas de la pluie qui s'en donne à cœur joie. Le sentier est devenu un ruisseau. De toutes façons, les pieds sont déjà trempés. Un peu plus ou un peu moins... Les choses se corsent lorsque un sentier parallèle au notre fusionne avec le CDT. Il a été emprunté par des chevaux. Le sentier est totalement labouré par les sabots. C'est un bourbier où il est difficile de garder son équilibre. Je continue de penser qu'il ne faut pas mélanger les cavaliers et les marcheurs sur le même trail.

Il y a un hôtel à Many Glacier. Logiquement il ferme mi septembre. Mais nous voulons croire à notre chance et faisons un détour pour y passer. L'emplacement au bord du lac est magique.

Malheureusement l'hôtel est bel et bien fermé et c'est le cas de tous les autres commerces, de l'épicerie au restaurant. A côté de ça, le camping est plein car les touristes continue de visiter les glaciers tant que l'absence de neige le permet. Heureusement pour nous, il y a un seul et unique emplacement réservé pour les hikers de passage. Nous le prenons car il semble que nous soyons les seuls sur la place. Nous avons un endroit où planter la tente ce soir.

Nous modifions notre itinéraire à la station de ranger. Nous y apprenons que la route de Waterton est réouverte. La pluie a du circonscrire le feu. Nous modifions notre itinéraire pour y passer. Il ne nous reste plus que 2 jours pour finir le Trail avec des étapes de plus de 30 km. Il faut espérer que la météo sera plus clémente sinon nous irons directement à la frontière par le chemin le plus court. Nous vérifions la météo demain matin avant de partir pour prendre une décision.

Le site en face du nôtre est réservé aux hikers avec permis. Nous y retrouvons ceux avec qui nous avons partagé un feu de camp il y a 2 jours. Ils décident d'ailleurs de faire une nouvelle session ce soir car eux aussi ont trouvé la journée difficile et humide. Nous pouvons enfin nous réchauffer après avoir passé la journée trempés.

Alors que nous ramenons du bois depuis la forêt qui fait face au camping, une voiture de rangers s'arrête. Il est interdit de ramasser du bois dans la forêt. Avec le nombre d'arbres au sol à cause des insectes, c'est juste ridicule. Mais aux US, la loi c'est la loi. Nous ramenons les gros morceaux de bois tout en gardant les petits parce qu'il est vital de se réchauffer.

Nous retournons devant le feu de camp. La voiture du parc revient et 2 rangers en sortent. Je suis persuadé qu'ils vont nous coller une amende pour avoir garder le petit bois. En fait, pas du tout. Ils nous amènent des bûches car ils savent que nous sommes à pied. Ils nous demandent de faire disparaitre tout le bois que nous avons ramassé pour ne pas laisser de traces. C'est là première fois que je vois l'autorité américaine être compréhensive et même sympathique. D'habitude ils sont droits comme des i et appliquent le règlement à la  lettre. J'aurai tout vu sur le CDT.

Des hikers continuent d'arriver même à la nuit tombante. Je retrouve entre autre Storytime que j'ai croisé plusieurs fois dans le Colorado avec Mathieu. La dernière fois que je l'ai vu c'est à Dubois avec Paul et Jules. C'est étonnant de tomber sur un hiker que je connais depuis longtemps alors que la fin est toute proche.

Nous passons une bonne soirée autour du feu de camp offert par les rangers du parc national :-)

vendredi 21 septembre 2018

21 Septembre - Reynolds Creek

La pluie a continué son matraquage cette nuit. Le taux d'humidité est au maximum et toutes mes affaires ruissellent d'eau. Heureusement que j'utilise des sacs étanches.
Les sommets commencent à blanchir.

Notre emplacement de camping est constitué d'une terre noire qui colle aux tapis de sol des tentes. Bientôt les mains et tous les sacs en sont souillés. Le ciel est menaçant et nous incite à prendre rapidement la route avant que les éléments ne se déchaînent.

Nous longeons le lac Red Eagle avant de le quitter définitivement.

Nous suivons alors une large rivière, issue du lac.

A l'endroit où nous devons la traverser, le pont a disparu, sûrement emporté par une crue. D'ailleurs nous distinguons 3 charpentiers à pied d'œuvre avec du matériel sur l'autre rive. Mais nous sommes au plus sec de l'année et le niveau d'eau est suffisamment bas pour découvrir un passage parmi les rochers au milieu de la rivière. Nous n'avons pas besoin d'attendre la fabrication du pont de remplacement pour traverser.

Notre route se poursuit parmi les couleurs. Dommage que le soleil ne soit pas de la partie. Le tableau aurait été parfait.

Nous arrivons à un 2eme lac que nous allons suivre une bonne partie de la journée. La vaste étendue d'eau permet au vent de donner toute sa puissance et de nous frapper de plein fouet.



Après le lac, nous croisons quelques belles cascades.

Nous y retrouvons des touristes ce qui nous indique qu'il y a une route goudronnée pas trop loin. Les cascades qui s'enchaînent alors sont plus belles les unes que les autres.

De fait nous rencontrons de plus en plus de monde jusqu'à des groupes menés par des rangers. Nous avions perdu l'habitude d'être à Disneyland et le choc est frontal alors que nous ne nous y étions pas préparés.

Heureusement le CDT bifurque rapidement sur un sentier secondaire et nous abandonnons les touristes en vadrouille. Nous retournons à notre solitude ou du moins à notre monde des randonneurs.

Nous ne tardons pas à atteindre notre campement du jour à Reynolds Creek. Le site est vraiment joli. L'accès à l'eau se fait via un immense rocher plat sur lequel passe la rivière. Nous avons le droit de faire du feu. Étonnamment la température est remontée alors que le soleil a fait de très rares apparitions dans la journée.

Xavier a encore des douleurs à la jambe. Une grosse étape était prévue demain et nous décidons de la changer afin de la raccourcir. Nous nous dirigeons vers Many Glacier où se trouve une ranger station. Nous allons changer la fin de l'itinéraire.

jeudi 20 septembre 2018

20 Septembre - Red Eagle Lake

Je me réveille et sors un bras hors du duvet pour toucher la toile de tente. Mes doigts rencontrent de la glace qui recouvre l'intégralité de l'intérieur de la tente. Malgré cette présence incongrue, je n'ai pas eu froid cette nuit. Cette glace est même actuellement un excellent signe. Si la température a chuté durant la nuit c'est que les nuages sont partis. Effectivement quand je mets le nez dehors c'est un grand ciel bleu qui m'accueille. Quelle joie ! Les Dieux m'ont entendu. J'avais peur de passer mes derniers jours sans rien voir des beautés de la nature.

La contrepartie est donc un froid intense. Le campement qu'on nous a assigné est un site où nous n'avons pas le droit de faire du feu. Les préparatifs avec les mains gelées sont pénibles mais l'idée de marcher au soleil m'aide à passer ce moment difficile.

Nous grimpons sur un sentier à flanc de montagne et rapidement nous sommes baignés par les rayons bienfaiteurs du soleil. Comme je l'espérais, le paysage est splendide à m'en faire pleurer de bonheur.


Nous arrivons au col et la vue de l'autre côté est encore plus belle.

Nous descendons alors vers une forêt encadrée de montagnes majestueuses.

A midi nous déjeunons dans l'herbe bien exposés au soleil. Alors que nous remballons nos affaires, un front de nuages arrivent sans crier garde. En un instant, nous nous retrouvons sous une averse. Nous nous équipons de pied en cape pour une pluie intense qui ne dure que quelques minutes. Mais les hautes herbes sont mouillés et nous gardons nos vêtements de pluie. Nous n'aurons pas mis tout notre attirail pour rien.

Nous continuons de descendre dans la vallée. La verte forêt est remplacée par un bois décimé par les insectes. Un grand classique...

Nous traversons un puis 2 ponts au dessus de larges rivières avant d'arriver à un lac.


C'est Red Eagle Lake, notre lieu de campement pour la nuit. Il y a 2 tentes déjà installées de Joe et Killian qui font une sortie de 3 jours dans le sens inverse du notre. Nous sommes bientôt rejoint par 3 hikers du CDT. J'en ai rencontré un à Yellowstone. Nous voici donc 7 personnes pour partager une bonne soirée.

A peine nos tentes montées, une nouvelle averse se déclenche. Nous attendons sa fin bien au chaud sous nos abris de toile. Quand nous sortons nous pouvons voir que la pluie s'est transformée en neige sur les sommets qui nous entourent. Il s'agit juste d'un léger soupoudrage mais l'hiver montre de plus en plus les dents. Il ne faudrait pas qu'il nous morde.

Nous rejoignons le groupe près du feu. Tout ce petit monde est vraiment sympathique et nous acceuille chaleureusement. Comme nous avons fait le même trajet, nous pouvons plaisanter sur nos expériences du Trail. Les hikers sont une grande famille...

mercredi 19 septembre 2018

19 Septembre - Atlantic Creek

Il est tombé une petite pluie fine cette nuit. Ce matin c'est une bruine qui nous acceuille au réveil.

Le ciel est complètement bouché et les nuages envahissent tout. Il n'y a pas un souffle d'air pour les chasser.

En contrepartie, il faut reconnaître qu'il ne fait pas trop froid même s'il est hors de question de se mettre en short et de retirer sa veste. Mais ce n'est pas le front froid venu du nord annoncé par les rangers. Je suis quand même déçu d'avoir une vue complètement bouchée.

Nous avons quand même la satisfaction de voir un ours noir qui s'empiffre de baies. Avant d'hiberner, ils font le plein de nourriture. C'est dans cette période que la nourriture que nous transportons peut vraiment intéresser les ours.

Notre permis nous donne le droit de dormir au campement "Atlantic Creek" qui se trouve à 24 km. La courbe d'élévation nous indique qu'il y a une seule grosse montée et son pendant en descente.

Plus nous montons, plus nous sommes dans les nuages et moins nous avons de visibilité.

Le sommet de déroule sur une crête. Nous ne saurons jamais ce qu'il y a de chaque côté. Nous voyons au sommet des chèvres qui s'enfuit à notre approche.


Nous attaquons la descente pour sortir du brouillard et trouver une place où manger. Nous nous installons entre les 2 lacs où nous avons un minimum de visibilité. Nous mangeons chaud afin de lutter contre le froid humide ambiant.


En fin d'après midi, nous atteignons notre campement. Il y a des emplacements pour les tentes, des toilettes, un accès à l'eau et un portique pour pendre la nourriture. C'est basique mais largement suffisant pour nos besoins.

En revenant du portique où j'ai accroché ma nourriture je tombe nez à nez avec un original. Il est énorme ainsi que ses bois qui me permettent de savoir que c'est un mâle. Nous sommes figés dans un face à face. Je fais l'erreur de reculer pour tenter d'aller chercher Xavier et l'animal s'enfuit. Je n'avais pas d'appareil pour figer ce moment d'anthologie. C'est la 2ème rencontre avec un original de ma vie. L'autre avait eu lieu en canot au Québec. L'animal était au milieu de la rivière en train de brouter. C'était il y a bien longtemps mais je m'en souviens encore. Cette image aussi restera dans ma mémoire.

Heureusement que nous voyons des animaux. J'espère néanmoins que les nuages partiront cette nuit et que nous pourrons un peu plus profiter des paysages. Ça serait un beau cadeau pour mon 5ème anniversaire sur le Trail ;-)

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...