mercredi 23 août 2023

24 août - Breil sur Roya > Sospel

J'ai eu bien du mal à m'endormir. L'endroit était loin d'être Feng Schui. Il faisait aussi un chaleur atroce car le sol est composé de sable et de roches grises compactés qui a irradié tard dans la nuit. J'espérais que la Roya allait amener un peu de fraicheur mais il n'en a rien été jusqu'à une heure avancée.

Ce matin je suis KO debout alors qu'une nouvelle journée de canicule s'annonce. Je passe par hasard vers la boulangerie au cas où elle serait ouverte. Et elle l'est. Sur la mini terrasse, je mange mon croissant avec un ex marin qui a des origines paysannes. Nous avons des points communs. Mais il est temps de reprendre la route !

Le programme est simple : la grosse montée du jour à 700 m, puis une succession de cols sans trop de dénivelés puis une grosse descente sur Sospel. Tout cela serait parfaitement raisonnable sans la canicule.

Et je la ressens immédiatement. Parce que le principe est toujours le même lorsqu'on quitte une ville dans la vallée. Il faut monter par une route goudronnée qui devient une route en terre carrossable puis un sentier qui mène à un col.

Quand la route goudronnée en question est en plein soleil, on est tout de suite dans le vif du sujet. Il est 8h et je transpire comme si nous étions à midi. Même punition qu'hier. Mais la pente est bien moins raide et je prends mon temps.

Au col de Brouis, la route que j'emprunte est en travaux. On place des canalisations d'eau. Les ouvriers sont contents d'échanger quelques mots sur la température anormale. Je les plains mais je ne suis pas en reste question pénibilité.

Mon inquiétude reste l'eau car à être en plein soleil, je ne peux m'empêcher de consommer. Et d'ailleurs je ne dois pas le faire. La carte avec ses rivières ne sont pas fiables. Lesquelles ne sont pas à sec ? Donc j'avance en me disant que je sauterai sur toutes les opportunités.

Une première se présente avec un point d'eau au col de Paula. Mais on a retiré le robinet de la vanne. Il ne reste que de l'eau verte croupissante dans l'abreuvoir en dessous. Bravo à celui qui a neutralisé ce point d'eau. C'est à la limite criminel.

Je remplis ma gourde avec filtre pour un cas d'urgence et poursuis ma route. Il y a une rivière indiquée sur la carte à 2 km mais je ne n'y crois pas trop.

Quand j'arrive, la rivière est à sec mais dans son canyon il y a de l'eau d'une source qui coule dans un virage. Je descends dans le canyon pour profiter de ce cadeau des Dieux. Il y fait une fraîcheur bienfaitrice et l'eau est d'une grande pureté.



Il n'est que 11h mais je ne laisse pas passer ma chance. Je déjeune et profite à la fois de la manne de l'eau et de la fraîcheur du canyon. J'accumule les 2 pour la suite du programme. Car une fois descendu au niveau de la rivière, il faut remonter.

Il est 12h quand j'attaque la montée sur le versant au soleil. Il fait vraiment trop chaud. Je sors mon parapluie pour limiter l'impact du soleil. Et ça marche. Je l'avais utilisé avec succès dans le désert mais j'avoue que sur le GTA c'était plus la pluie que je cherchais à contrer.


Une chose me choque c'est le nombre de tuyaux noirs qui trainent partout le long des sentiers. Ils servent à capter l'eau des sources et à l'amener vers des maisons parfois à plusieurs km. Il y a des rivières totalement à sec à cause du nombre de captations faites. Je trouve ça réellement scandaleux. Qui a donné à ces gens le droit le prendre toute l'eau d'un vallon pour l'amener chez eux. Je ne parle pas du randonneur qui se retrouve à sec sur des km à cause de cette pratique. Non ce qui me choque c'est que plus rien ne reste pour les animaux et les plantes. Déjà sur le réchauffement climatique est une cause humaine, il faut que des gens sans scrupule détournement le peu d'eau qui reste pour leur petit confort personnel. Ils ont acheté où hérité d'une maison sans eau courante et bien ils doivent s'y tenir. On impacte pas des zones entières pour pouvoir prendre une douche. Je ne comprends pas que cette pratique ne soit pas encadrée. Sans parler qu'esthétiquement, c'est franchement moche. Et que je ne vois pas qui viendra récupérer ce plastique quand il ne sera plus utilisé !


Deuxième coup de gueule puisque j'y suis : je voudrais comprendre ce qui se passe dans la tête des débiles qui s'amusent à recouvrir les traces blanches et rouge des GR par de la peinture grise. Quel est l'objectif ? Que les randonneurs se perdent ? Qu'ils arrêtent de passer sur le sentier ? Ils ont acheté la colline et la montagne ? Ils veulent la privatiser ?

Après le dernier col de Pertus, c'est la grande descente vers Sospel qui commence. La chaleur semble augmenter malgré les heures qui passent. J'ai quand même la chance inattendue de croiser une nouvelle rivière. Je me trempe la tête avec délectation. J'en profite pour refaire les stocks et remplacer l'eau chaude que je transporte par de l'eau plus fraîche. Je suis prêt pour le grand final. Une descente vers Sospel avec route carrossable puis goudronnée. L'inverse de ce matin mais la punition est la même.


J'arrive à Sospel par l'Est de la ville. L'année dernière c'était par le Nord. Mais le résultat est le même et je finis sur le pont qui emjambe la rivière Bévéra. Je reconnais les lieux. Un groupe de jeunes marcheurs arrivent. Vu la taille de leur sac à dos, il est évident qu'ils ont fait le GR5. Ils me passent devant sans même me parler ou me saluer. Qu'ils se débrouillent. Nous nous retrouvons au SPAR est le résultat est le même. Pas un salut, pas un mot... Pas grave.


Mon plan est de faire la même chose que l'année dernière : aller squatter l'ancien camping municipal transformé en parking pour camping car. Visiblement le maire a donné la concession à une société privée. Malheureusement les choses ont bien changé depuis l'année dernière et tout a été mis en œuvre pour chasser les marcheurs. Les robinets des lavoirs ont été retirés. Les zones des camping cars ont été délimitées de manière à ne laisser aucune place libre pour mettre une tente. La toilette douche existe toujours mais la douche a été neutralisée. Je trouve que tout cela n'a pas beaucoup de panache. La cohabitation se passait plutôt bien et je ne vois pas ce que 2 tentes changeaient au revenu de l'emplacement.
En tout cas, rien que pour le principe je ne vais pas chercher une solution alternative. Je repère une zone entre l'ancien camping et le jardin public attenant où je ne dérange personne et où je ne suis pas visible. Reste la douche.
Il y a un lavabo avec un robinet qui fonctionne et l'évacuation de la douche fonctionne. J'ai tout ce qu'il me faut. Il est 16h et ça ne sera pas pénalisant pour les usagers si je squatte un moment l'endroit.

Tout se passe à merveille. J'en suis à laver ma chemise quand quelqu'un essaye d'ouvrir la porte. Priorité aux usagers de l'ancien camping. Je mets mes affaires en vrac dans mon sac et sors mes chaussures à la main. Il y a face à moi 4 gamins dont 2 ados. Je vois tout de suite que quelque chose ne va pas alors que je suis en train de mettre mes chaussettes et mes chaussures au milieu de mes affaires etalées autour de moi sur le trottoir. La fille ado a l'air effrayé. Il me faut un moment pour comprendre qu'elle me prend pour un pervers ou du moins quelqu'un de bien louche. Un excès de Netflix sans doute. Je ne vais donc pas lui imposer ma présence alors qu'elle veut utiliser les toilettes. Je ramasse mon bazar et je m'en vais. Ce que je n'ai pas prévu c'est que le garçon ado lui me suit avec son téléphone à la main. Il m'a sûrement pris en photo. Quand je me retourne, il me regarde en manipulant son téléphone. La je commence sérieusement à m'inquiéter entre un appel à son père, la police ou je ne sais qui.

Pour éviter toute complication, je ramasse mon sac à dos met toutes mes affaires dedans et pars m'installer à une table dans le jardin public. Un trentenaire qui a vu toute la scène s'approche de moi pour me demander ce qui se passe. Il est clairement alcoolisé et je ne comprends pas la moitié de ses phrases. La cerise sur le gâteau !

Je discute un peu avec lui histoire de ne pas mettre d'huile sur le feu. Du coup il ne le lâche plus. C'est vrai qu'un poivrot et un clochard ensemble vont être du meilleur effet si les choses dégénèrent.

Heureusement les ados se sont arrêtés là. Il faut quand même que je rince ma chemise qui trempe dans son savon. Quand j'arrive aux toilettes, les 2 plus jeunes gamins montent la garde devant la porte et la fille a même mis du papier sur la serrure au cas où je tenterai de regarder. La parano a son stade ultime ! 

Je ne vais pas insister. Je pars à la rivière rincer ma chemise et je monterai ma tente entre chien et loup pour éviter tout problème.
Mon ami le poivrot est parti et je reste seul à ma table dans le jardin public. En fait, je suis bien installé et je me fais ma popotte en regardant les joggeurs.

Quand la nuit tombe, je mets mon plan à exécution et installe ma tente dans un recoin bien caché. Malgré l'heure tardive, il fait une chaleur épouvantable. Je suis en nage alors que j'avais pris ma douche. Tout ça pour ça !

Au moment où je me couche, je vois des lampes torches qui balayent le jardin public comme si on cherchait quelqu'un. Ma parano prend le dessus et je me demande si on ne chasse pas le clochard à la tombée de la nuit. Des chuchotements me rassurent. Ils s'agit de randonneurs qui viennent squatter le jardin public à la nuit tombée. Ils s'installent à quelques mètres de moi et je ne sais même pas s'ils m'ont remarqué. Il faudrait quand même que la municipalité de Sospel réfléchisse 2 minutes à son camping municipal. Visiblement il y a un manque...

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