Bref 4h de perdue pour une cartouche à 6€. Encore une fois, heureusement que le transport en commun est hyper développé en Italie et ne coûte rien.
J'ai grignoté à midi mais je me suis offert un bon resto le soir, recommandé par le fils de l'hôtelier qui parle anglais. Entre les antipasti, les primero et secundo plati, je suis complètement perdu. En fait l'entrée (antipasti) était tellement copieuse que je n'avais plus faim quand mon plat principal, une polenta au fromage monstrueuse est arrivée.
J'ai serré les dents, transpiré à grosse goutte à chaque bouchée mais j'ai fini ma polenta. Et je n'ai même pas fait d'indigestion. Mais clairement je ne pourrai pas refaire un tel tour de force. Il faut que j'arrive à comprendre comment on commande sans risquer l'overdose de nourriture.
Ce matin, l'hôtel servait le petit dej à partir de 6h30. Autant dire qu'à 7h30 je suis en route. J'ai plusieurs options pour arriver à la ville d'Usseaux.
Il y a le nouveau parcours du GTA qui fait une méchante boucle pour passer par la ville de Salbertrand. En étudiant bien les parcours, je commence à comprendre ce qui ne va pas. Le GTA a été construit comme un apport économique aux villes de montagne qui se meurent du fait de la désertification. Ce n'est pas forcément une mauvaise idée mais il faut prendre en compte les randonneurs eux même. Nous ne sommes pas des bêtes de somme. En tout cas, on nous prend clairement pour des portefeuilles sur pattes qui feront les km nécessaires pour amener leur argent. Encore faudrait il mettre des infrastructures en face (magasin, restaurant, hôtel...) et surtout adapter l'offre à cette clientèle. Bref le nouveau parcours ne retient pas mon attention.
L'ancien parcours est bien plus court et passe par la montagne au lieu de suivre l'autoroute comme le nouveau. Bien plus intéressant. Maintenant lui aussi a une boucle inutile pour passer par le Poste Tappa de Alpe Toglie. Les Poste Tappa semble être des refuges gardés comme on en trouve en France. On peut y manger et dormir. Les "refugi" sont des refuges non gardés. Si je vais au Poste Tappa, j'y serai à midi. Aucun intérêt d'arriver si tôt.
Je décide donc d'une 3eme route qui passe par l'ancien tracé du GTA en coupant la boucle du Poste Tappa. Une bonne vieille alternative à la Nemo.
Le début de la journée est assez pénible car il faut sortir de la ville. Cela veut dire manger du goudron avec des automobilistes pas bien réveillés ou en retard au boulot. Je suis bon pour quelques frayeurs et quelques injures en Français en retour.
Je rejoins néanmoins le chemin qui est fusionné avec il Sentiero de Franchi (SF pour les intimes). Il semble que c'est une sorte de pèlerinage car il passe par toutes les chapelles possibles et imaginables.
Le sentier s'enfonce dans un tunnel vert en suivant une grosse rivière qui bouillonne.
C'est incroyable comme la rivière fait vivre une végétation dense à ses abords. Dès qu'on s'éloigne en montant, les arbres deviennent plus clairsemés. La zone regorge de chemins qui vont dans tous les sens. Peu d'entre eux sont répertoriés sur ma carte. Je m'en tiens à ce que mon GPS connait mais c'est un peu frustrant de marcher sur un gros chemin forestier qui mène au Poste Tappa. Qu'à cela ne tienne, voici mon chemin alternatif qui se présente. Au début tout va pour le mieux car il dessert d'anciennes maisons de montagnards qui pour la plupart sont devenus des cabanons secondaires. Mais bientôt plus de maison et mon raccourci n'est pas évident à suivre. Je ne dois ma réussite qu'à mon GPS et surtout aux tracés des vaches qui se rendent sur leur lieux de pâturage. J'ai déjà remarqué que les animaux aiment bien les sentiers établis par les hommes. Ils ne sont pas plus idiots que nous. Pourquoi galérer dans la brousse quand un chemin bien dégagé existe.
Néanmoins le sentier que je suis n'a pas été suivi par l'homme depuis des lustres. Certaines portions sont envahis par la végétation. Si les orties sont vraiment pénibles, je me fais une ventrée de fraises des bois. Ce que je ne recommande pas d'ailleurs car si les framboises sont en hauteur, les fraises des bois sont au ras du sol et donc peuvent être plus facilement contaminés par les animaux.
De buissons en broussailles, je finis par rejoindre le parcours officiel du GTA. Il est 14h et je me retrouve sur le parcours du lendemain. Il est encore trop tôt pour s'arrêter. Mais le programme est costaud. Il faut faire 6 km pour passer un col puis 10 km pour aller à la ville d'Usseaux. S'il est trop tôt pour s'arrêter, il est bien trop tard pour compléter le parcours du lendemain. L'idée est donc de marcher jusqu'à 17h et de trouver un endroit pour passer la nuit. Mes critères sont simples : une rivière pour l'eau et un endroit plat pour la tente. Et bien ce n'est pas si facile que ça à trouver en montagne.
Je commence à monter vers le col. Je croise enfin 2 jeunes italiens qui redescendent dans la vallée. Ce seront les seules personnes que je verrai aujourd'hui. J'arrive dans un immense cirque où se trouve une belle rivière et du bétail. Mais il n'est que 16h. Je décide donc de continuer et ça sera mon erreur fatale
Tout d'abord le sentier est complètement défoncé par les vaches. Je ne sais si ça vient de la nature du sol mais leur passage a détruit le sentier. On marche dans une espèce de poussière de terre pleine de trous. Ensuite le sentier devient boueux à souhait. L'explication est simple on doit remonter le lit d'une petite rivière. Pas moyen de passer sur les côtés tellement la végétation est dense. Mes chaussures doit disant gore Tex n'y résistent pas et j'ai les chaussettes trempées. Le pire c'est qu'en sortant de ce marécages de boue, il n'y a plus la moindre trace d'eau jusqu'au col.
Il est 17h, je suis sous le col, bien entamé par une grosse journée et pas moyen de m'arrêter.
Pourtant la prairie qui s'étale sous mes yeux et oú gambadent des marmottes serait un lieu idéal pour bivouaquer. Mais sans eau, c'est impossible. Il faut continuer et donc passer le col et redescendre jusqu'à trouver de l'eau.
Bel endroit pour passer la nuit... Mais pas d'eau !
C'est en fait un grand classique. L'eau se trouve rarement à haute altitude. En plus je vais du Nord au Sud et quand je passe un col, je me retrouve donc sur le versant Sud qui est généralement assez sec et venteux. Et bien aujourd'hui sera la même chose. Je devrai marcher jusqu'à 19h30 avant de trouver une rivière. Autrement dit, j'aurai marché 12h effectives. Le coin que j'ai trouvé n'est pas ideal surtout avec le vent glacial qui souffle.
Versant Sud, mon 1er troupeau de chamois.
Le temps de monter la tente, se laver, faire la popote et laver ma chemise, il fera nuit quand je me glisserai dans mon duvet.
Je suis exténué. Encore une fois j'en ai trop fait. J'ai avalé plus de 2000 m de montée et descendu quasiment 1000. C'est beaucoup trop pour tenir sur la distance. Je dois absolument ralentir le rythme pour aller au bout.
Mes chaussures continuent d'être un problème. Elles ont attaqué et détruites les nouvelles compeed que j'ai achetés à Susa. Je ne sais plus quoi faire. Il y a un défaut de fabrication que je n'arrive pas à "casser" même après 15 jours de marche. Je suis assez inquiet.
J'ai aussi mal calculé le pain que je consomme sans modération puisque je n'arrive pas à trouver autre chose que du fromage à manger. Je ne tiendrai pas 3 jours avec ce qui me reste. Ça sera le problème de demain...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire