mercredi 23 août 2023

23 août - Soarge > Breil sur Roya

La nuit a été agitée. J'ai eu plein de visites car les animaux eux aussi ont besoin de s'abreuver. Et cette source est la seule a des km à la ronde. De ce que j'ai réussi à identifier : des sangliers, des chiens, des biches... Mais il y a eu aussi des tas d'autres choses qui font du bruit. Il y a même eu un humain qui est passé à minuit pile sur le chemin. Sûrement un fantôme des maisons en ruines que j'ai vu plus haut...

Ce matin je suis fatigué. Pas tant à cause des visiteurs que de la violente descente de 1900 m que j'ai faite avant d'arrêter. C'était clairement trop et le muscle de mon genou gauche me le rappelle.

En plus la canicule continue de frapper. La fraîcheur n'est arrivée que très tard dans la nuit et ce matin la chaleur revient au galop. Il est hors de question de faire 28 km dans ces conditions avec 2150 m de montée et 2300 de descente. Je vais donc couper ce segment en 2. Il y a la ville de Breil sur Roya à 12km avec un camping municipal et ça sera bien suffisant.

Pour l'instant je descends dans le village de Soarge où il y aurait une supérette. Je suis juste en pain et je n'ai plus de colle. Il reste encore 3 jours avant d'arriver.


Soarge est un petit bijou médiéval. Il y a son monastère et ses rues étroites où l'on ne peut circuler qu'à pied. Dans la journée le flot de touristes doit être considérable mais à 7h30, il n'y a strictement personne mis à part un nombre incalculable de chats.




J'arrive devant le Vival ou le gérant est en train de placer ses légumes. Je suis pile à l'heure de l'ouverture. Le local est minuscule et il n'y a que quelques rayons. Mais il y a du pain et de la colle Casino. Pas sûr qu'elle soit aussi puissante que la Loctite italienne mais elle permettra peut être de finir...

Je repars en direction du GR. Avec ça, j'ai perdu un peu de temps et j'ai laissé passer les heures les plus fraîches. Le soleil a repris sa place et la canicule est bien toujours là.

Je relis 3 fois le GPS pour être sûr de comprendre ce que je vois. Pour commencer la journée, je dois monter 700 m en 3,5 km. Un mur. Je dois monter un mur. Comme ça ne sert à rien de pleurer autant s'y mettre. Évidemment, je suis au max question eau soit 3 litres, ce qui impacte le poids sur mon dos.

Il n'est que 9h mais la chaleur est insupportable. Je transpire au point que ma chemise est complètement trempée. J'ai du mal à respirer et j'ai des papillons devant les yeux. Habituellement je ne m'arrête jamais dans les montées mais aujourd'hui je dois faire une pause. Ça ne me réussit pas car je repars encore plus groggy que je m'étais arrêté.
Cette montée est terrifiante et je me traîne lamentablement. Je me demande comment les personnes qui ont conçu le GR peuvent avoir mis un tel monstre sur le trajet. Parce que le pire est que derrière il faut redescendre le même dénivelé en 3 km. Aucun intérêt mis à part se faire mal  Bien évidemment personne ne passe par ce sentier surtout un jour de canicule. Je suis sous les pins dont l'ombre chaude est de piètre qualité. Quand je peux avoir un visuel je n'ai que des montagnes recouvertent d'une brume de chaleur.


En grinçant des dents j'arrive au col et ce que je vois me rend fou furieux. Il y a un panneau qui interdit la descente car trop dangereuse. Pourquoi n'avoir pas mis ce panneau en bas ? Qu'est-ce que je suis supposé faire ? Demi tour ?
Il m'a fallu 2h pour grimper ce mur. Je n'ai fait que 3,5 km et quand je regarde mon eau, je sombre dans la dépression. Il me reste 1,5 l sur les 3 que j'avais. Bref tous les compteurs sont au rouge.

Je décide de manger même si je n'ai pas faim. Cela me redonne de l'énergie. Je décide d'aller de l'avant car en réalité je n'ai pas d'autres options.
Je descends en m'attendant à des passages très dangereux. Je glisse bien une fois où 2 mais je ne vois strictement rien d'exceptionnel. J'arrive en bas et je vois le même panneau d'interdiction pour le sentier d'où j'arrive. J'ai passé la zone interdite et je n'ai vu strictement aucun danger. Mais quel est ce délire de la municipalité?

Je ne cherche pas plus loin et je continue ma route car j'ai un autre col suivi d'une descente sur Breil. Je croise même un cours d'eau qui me permet de faire le plein.
A une intersection, 2 panneaux indiquent Breil dans des directions opposées. En regardant sur le plan, un des chemins est plus court et me fait gagner 2 km. Avec cette chaleur, je vais au plus court. 
Je me suis fait un copain sur le chemin de Breil !


D'ailleurs plus je descends dans la vallée vers Breil, plus la chaleur augmente. Mon sac est en plein soleil. Je bois de l'eau chaude ce qui ne désaltére absolument pas. Je pense au saucisson et au fromage qui doivent autant transpirer que moi.


Je vois que la Roya qui traverse Breil a attiré un nombre considérable de baigneurs. La ville est assez étendue le long de la rivière et ne présente aucun charme. 


Je traverse le pont et part en direction du camping. En y arrivant, je vois d'abord la piscine municipale qui a été abandonnée. Dommage pour les enfants. Juste derrière devrait se trouver le camping mais je ne trouve pas l'entrée. Je retourne sur la nationale et remonte jusqu'à la gare. Là je vois le panneau camping qui pointe de là d'où je viens. Ce jeu de cache cache commence à le taper sur les nerfs. Je repars donc en sens inverse à la recherche d'une bonne âme qui voudra bien me renseigner. Mais visiblement à 16h, tout le monde fait la sieste. Il n'y a qu'au boulodrome que je finis par trouver 2 papis qui rigolent quand je leur demande l'emplacement du camping. Il me montre la Roya et m'explique que le camping est parti dans la rivière avec la tempête de 2002. Et que c'est aussi pour ça que la piscine est fermée.
Par contre, maintenant il y a une esplanade à la place du camping. Je peux m'y mettre. Personne ne me dira rien.

Je retourne sur le lieu en question et effectivement je retrouve les sanitaires du camping ravagés à côté d'un tas de pneus. Car l'homme est ainsi : les immondices attirent le dépôt d'immondices.


Je n'ai pas envie de dormir là. Mais il est 17h et je ne repars pas affronter les problèmes d'eau et de canicule à cette heure.

Il n'y a qu'un hôtel en ville mais il est injoignable. Qu'à cela ne tienne, j'aurais peut être plus de chance en m'y présentant en personne. Je traverse Breil pour aller voir l'établissement. Il est fermé mais il y a un numéro de portable. La réponse est sans appel : désolé nous sommes complets.

Retour à la décharge avec le moral en berne. Les baigneurs me regardent d'un air suspect. Je passe et repasse en tournant en rond.
Je trouve le coin le plus acceptable de la zone et j'attends la nuit pour monter la tente. En attendant j'ai droit au regard suspicieux des gens qui promènent leur chien le long de la Roya. J'ai même droit à la gendarmerie nationale qui passe mais ne s'arrête pas.

Une camionnette blanche, elle aussi a un comportement étrange. Elle passe plusieurs fois et finit par se garer à 100 m de là où je suis. Au moment de monter la tente, elle est toujours là. A mon avis, le chauffeur doit dormir dans son véhicule...

Visiblement une nuit bizarre s'annonce. Aujourd'hui le trail m'a donné envie d'arrêter. Cet itinéraire de liaison entre le GTA et Menton n'est pas des plus agréables. La canicule et le manque d'eau y sont pour beaucoup.
Vue du bivouac côté pile. Ça va...


Vue côté face avec le tas de pneus à gauche. 
Ça va moins bien...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...