dimanche 20 août 2023

21 août - Gais Vilazzo > Tende

Le ciel est bien brumeux ce matin. Cela augmente la sensation d'humidité. Dès les premiers pas, j'ai plus l'impression d'être en Amazonie que dans les Alpes. J'ai beau être à 2000 m, la moiteur est vraiment présente.

Pour le petit déjeuner, il s'agit de monter au lac delgi Aberghi puis au col au dessus ,le Passo di Ciotto Mieu.

La montée au lac est un chemin largement emprunté comme j'ai pu le constater hier. Sur le sentier, je croise un troupeau de vaches qui a dû être le centre d'attention des bergers/vachers de la veille.


Le lac ne présente pas d'intérêt particulier sauf qu'il est verdâtre, ce qui explique la couleur de la rivière dans lequel il se vide. En fait, ce n'est pas le lac qui attire les hordes de touristes mais le cirque tout autour qui est impressionnant.


D'ailleurs je ne vois absolument pas où se trouve le "Passo" qui permet de sortir de cet encerclement de hautes montagnes.


Je prends le sentier qui y mène. Changement total d'environnement. Visiblement rares sont les personnes qui s'engagent sur ce sentier. Autant jusqu'au lac c'est une autoroute fortement marquée par le passage, autant maintenant il faut se concentrer et bien regarder les marques pour trouver la voie. Ensuite le sentier monte sec. Très sec. Au point que de nombreux passages sont équipés de câble pour aider à la progression. 


Cette difficulté explique pourquoi le col est peu visité. Pour ma part, c'est surtout physiquement que c'est difficile avec mon gros sac et sans échauffement.

Un troupeau de chamois s'est installé au col et me regarde galérer dans la montée. Ils se demandent comment on peut être aussi nul dans une montée aussi facile pour eux.


Pas après pas, j'arrive au col. Il ne reste plus qu'à descendre à Limonetto qui sera ma dernière ville italienne. En effet, c'est mon dernier jour sur le GTA. Après le col de Tende, je vais bifurquer en France sur le GR52A qui doit me mener en final à Menton.

En attendant, la descente sur Lemonetto est bien moins difficile que la montée. Je me retrouve rapidement dans la prairie avec le son des cloches typique des troupeaux de vaches. Et justement, mes amis bovidés avec leurs gros sabots ont bien ravagé le sentier. Les cailloux sont déchaussés et roulent dangereusement sous les semelles. Et bien évidemment, je finis par lamentablement me vautrer. Rien de grave. Cela m'est déjà arrivé et m'arrivera encore. Le vrai problème se situe au niveau du matériel. Les crampons de ma chaussure gauche se sont décollés de la semelle et pendouillent lamentablement. Heureusement qu'il me reste un peu de Loctite super Attak. Je recolle les crampons sur ma semelle. Je suis vraiment inquiet parce qu'il me reste 4 étapes et que je ne pense pas que la colle me permettra d'aller bien loin. Déjà les crampons ne pendouillent plus c'est déjà ça. Quand aux crevasses qui agrémentent mes semelles, une des chaussures semble avoir appréciée la colle forte mais l'autre, plus abîmée à la base, est revenue à son état de délabrement avant collage.

Avec tout ça, j'ai consommé toute la Loctite. Il faut absolument que j'en achète à Lemonetto. La ville en question est en réalité une petite station de ski qui visiblement n'est pas vraiment prisée l'été. Elle dort d'un sommeil profond.

Je fonce vers l'épicerie qui elle est ouverte. Comme d'habitude, elle est minuscule. J'achète de quoi manger pour midi. Entre autre ma dernière focaccia, mon dernier pain italien... Mais quand je demande pour de la colle forte, la réponse tombe comme un couperet. Il n'y en a plus !

Pas le choix, il va falloir faire sans du moins jusqu'à Tende. Pourvu que les chaussures tiennent car il me reste 15 km à couvrir. Un autre problème est la chaleur. Je consomme de l'eau comme un assoiffé dans le désert. Il faut que je gère les ravitaillements d'eau pour ne pas tomber à sec.

Après avoir expédié les victuailles achetées à l'épicerie, je me lance vers le col de Tende. Il est 12h30 et le soleil donne son maximum. Un panneau lumineux annonce 32 degrés. La montée vers le col de Tende ne présente pas de difficulté majeure sauf qu'on est en plein soleil. Elle ne présente aucun intérêt non plus car elle se fait dans un grand versant herbeux. Le chemin est peu marqué sauf par les bouses de vache fraîches et la myriade de mouches vertes qui s'en repaissent. Avec la chaleur c'est le Nirvana absolu.


J'arrive au col à côté de mon dernier refuge italien. J'ai la tentation d'aller y manger une glace mais j'y renonce devant l'affluence dans le bar. C'est dommage mais tant pis. Je n'ai pas le courage d'affronter la foule.


Le GTA passe une dernière fois devant les infrastructures militaires encore une fois tournées vers l'Italie - va vraiment falloir que je creuse le sujet.


Puis c'est le col de Cannelle qui est le dernier point du GTA pour moi. Je bascule en France alors que le GTA reste en Italie. 

Je suis sur une route carrossable écrasée par le soleil. Il me reste 9 km pour aller à Tende et il est 15h30. Ça va être très tendu car j'ai 900 m à dégringoler. Si je veux passer à l'épicerie pour acheter de la colle c'est avant 19h...
Avec 2 cols au compteur, je ne peux pas espérer faire des étincelles. En plus le problème d'eau s'intensifie. Pas une goutte à l'horizon avant d'arriver à Tende.

En bon petit soldat, j'essaie de faire au mieux. J'accélère sur cette route carrossable. Malheureusement le GR ne l'entend pas de cette oreille et m'envoie dans la pente ou je dois faire attention à chacun de mes pas. 

La végétation a complètement changé. Je suis maintenant dans les pins typiques du Sud de la France. Je n'ai aucun espoir de trouver de l'eau. Mes chaussures ont l'air de tenir mais je ne suis plus en haute montagne. A priori, ça devrait être ce type de terrain jusqu'à Menton.


J'arrive à Tende à 18h30. Je pourrais foncer à l'épicerie mais je préfère assurer un endroit pour passer la nuit. Je vais au camping municipal qui lui aussi ferme à 19h. Il est plein mais si je trouve une place j'ai le droit de m'installer. En fait il y a plein de places mais je perds un temps monstre à aller et venir. Je confirme que c'est bon pour moi mais il est maintenant trop tard pour l'épicerie qui ne réouvre qu'à 9h ce qui est bien tard. Il y a 22 km jusqu'à Soarge où il n'y a strictement rien (ni hôtel ni camping). Un bivouac sans eau s'annonce épique.

La nuit porte conseil...

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25 août - Sospel > Menton

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