mardi 1 août 2023

1er août - Lago di Malciaussia > Susa

J'ai mis mon réveil à 5h30 car la journée va être chargée. Il faut que je rattrape le km que je n'ai pas fait hier avant d'attaquer le programme du jour pour aller à Susa. De ce que j'ai vu c'est une grande ville du moins c'est la plus grande sur le GTA. Je vais en profiter pour refaire le plein au niveau ravitaillement surtout pour ma cartouche de gaz. Autant arriver tôt pour avoir le temps de faire ça correctement.

Mathias dort à poings fermés alors que je prends la route. Dormir près d'une rivière implique d'avoir pas mal d'humidité le matin. J'ai plié la tente alors qu'elle est trempée et ma chemise même si elle n'est pas totalement mouillée est plutôt froide dans la fraîcheur du matin.

Il y a 1300 m à grimper comme entrée en matière donc je ne doute pas qu'elle va sécher très rapidement.

Je commence la grimpette pour rejoindre le lac et je sens que les muscles vont avoir besoin d'être un peu chauffés comme la chemise. Les 2 étapes en un jour ont laissé des traces. J'espère ne pas avoir été trop présomptueux.

Je croise en chemin des bâtiments abandonnés. J'en croise souvent. Certains sont en bon état mais la plupart sont des ruines, vestiges d'un temps où les éleveurs vivaient au plus près de leur bêtes dans la montagne. Maintenant ils habitent dans la vallée et utilisent des 4x4 pour monter. La vie devait être vraiment difficile sans eau ni électricité avec des bâtiments construits avec les pierres qu'ils avaient sous la main. Et je ne suis pas sûr que ce temps soit si reculé que cela.


J'arrive au lac où tout dort encore. En faisant le tour je tombe sur la maison du facteur cheval local. Visiblement un artiste s'est réfugié dans la montagne.



Au bout du lac, finies les vacances ! On part direct en direction du col du Ferro à 2558 m.




Le sentier est pavé de pierres de la montagne. Ça doit donc être un sentier muletier. Je pense au travail que représente l'aménagement de ce chemin.

Ça tire sur les mollets et malheureusement je suis tombé sur un col "malicieux". A chaque fois que je crois être arrivé et que passe une butte, j'en trouve une autre un peu plus loin. Ce petit jeu est assez démoralisant et épuisant. Heureusement que le cadre est là pour me soutenir.


Le vrai col arrive enfin et avec lui un vent à décorner les boeufs. Il ne me quittera plus de la journée. 

Sous le col se trouve un refuge. Le gérant est à l'extérieur quand je passe devant et je lui demande de l'eau. Il revient avec 2 bouteilles en plastique ce qui est plutôt étonnant. Il m'explique que l'eau est contaminée et qu'en plus la rivière est à sec. L'eau contaminée ne me dérange pas puisque j'ai un filtre. Je fais donc le plein en filtrant sous le regard rigolard du gérant et prend un coca pour le dérangement. Il est 11h15 donc bien trop tôt pour manger au refuge malgré l'excellente odeur qui se diffuse depuis la cuisine. Je continue ma route.

Le versant de la montagne est particulièrement escarpé et l'on voit dans la vallée tout un chapelet de villes qui se succèdent. Il s'agit encore de la grande banlieue de Turin. Mais le contraste est sidérant de sortir d'un refuge et de voir des rubans d'autoroute 2000 m plus bas.

Le sentier reste plus ou moins à flanc de montagne à la recherche d'une pente favorable pour redescendre dans la vallée.

Un bosquet d'arbres perdu au milieu de la prairie me permet de me mettre un minimum à l'abri du vent pour ma popotte de midi. La violence du vent est surprenant et me rappelle le pire des Mistral.

Je reprends le sentier qui remonte maintenant. Visiblement il n'y a toujours pas d'accès à la vallée. Je m'inquiète pas plus que cela mais il reste 9 km à faire...

Le sentier devient une route forestière qui reste toujours à plat. Au moins je vais dérouler les kilomètres.

C'est maintenant une zone où tous les arbres sont brûlés. L'herbe verte qui entoure les troncs calcinés montre que l'incendie ne date pas d'hier. Néanmoins le sentier est fermé par un panneau auquel je ne comprends pas grand chose. En tout cas l'accès semble interdit. Mais on est dans le Sud et les interdits ne sont valables que pour ceux qui les écoutent. J'enjambe la corde qui condamne l'accès. Le problème n'est pas tant de franchir l'interdiction mais plutôt que plus personne ne passe. Grâce au GPS et aux tracés rouge et blancs encore existants, j'arrive à retrouver mon chemin. Mais la route est encore longue jusqu'à la vallée.

Je croise enfin 3 jeunes marcheurs qui m'apostrophent en Italien. Ils ont visiblement très envie de discuter mais leur niveau d'anglais ne nous permet pas d'aller bien loin. Au moins j'aurai vu quelqu'un aujourd'hui. Mais je confirme : les italiens ne sont pas des marcheurs au long cours et ils ne savent même pas que le GTA existe.. Ça explique la confidentialité du chemin.

En parlant de confidentialité, un petit panneau m'indique la direction du GTA alors que je suis sur un chemin carrossable. Mon GPS confirme la direction mais il s'agit d'un pente méchamment raide qui descend au milieu des ronces et des arbres brûlés dont certains sont tombés et barrent le passage. Autrement dit la jungle !

J'ai beau regarder la carte, il n'y a aucune alternative mis à part plonger dans l'enfer. Le même panneau indique 2h50 pour descendre à Susa. Vu les conditions du trail, il y n'y a aucune chance pour que je le fasse dans ce temps. Il est 15h, je comprends que je vais arriver tard en ville. Du moins trop tard pour le ravito. Je suis bon pour un jour de repos à Susa même si dans mon fort intérieur j'espère m'en sortir.

L'enfer vert commence. Car j'aurai une machette, je pourrai avancer plus vite. Il me faudrait aussi une tronçonneuse car les arbres couchés me rappellent les pires moments du CDT à jouer à saute mouton, un coup par dessus, un coup par dessous. Je n'avance pas au milieu des orties et des framboisiers à chercher où peut bien se trouver le chemin. Je ne comprends pas par où sont passés les autres randonneurs du GTA mais il n'y a quasiment pas de traces. Le problème est que je suis encore très haut. D'ailleurs plus je descends plus la chaleur étouffante augmente et avec elle la végétation.


A ce rythme, mon énergie chute à la vitesse grand V. Je sue sang et eau et j'en ai vraiment plein la casquette de jouer les Indiana Jones. Mais que faire d'autre que d'avancer. L'heure tourne et je n'ai plus aucune chance d'arriver avant que les commerces ne ferment. 

Quand j'arrive dans la vallée cela fait plus de 10h effectives que je marche avec des passages plutôt éprouvants. Ce GTA n'est vraiment pas pour les débutants ou les vieux croulants comme moi. C'est peut être pour cela qu'il y a peu de monde. En tout cas, je n'ai pas souvenir de conditions aussi difficiles sur la HRP ou le GR5.

Je fonce - un bien grand mot - vers le premier hôtel, visiblement un repaire pour motard où il ne reste plus que la chambre la plus petite de l'établissement. Qu'à cela ne tienne, tant qu'il y a un lit dedans, la chambre sera toujours assez grande. En réalité, elle est à la dimension classique d'une chambre parisienne. L'hôtelier semble bien plus traumatisé que moi sur la dimension de la pièce.

Douche, resto, dodo. Je n'ai pas d'énergie pour autre chose...

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