lundi 7 août 2023

7 août - Lac Draio > Pian delle Marmotte

Comme annoncé par la météo, il a bien gelé cette nuit. La condensation s'est transformée en glace à l'intérieur de la tente et il y avait une gelée blanche quand je suis sorti.

Autant dire que le petit déjeuner n'a pas traîné en longueur. La force du vent est normal ce matin mais il aggrave néanmoins la sensation de froid. Il a soufflé en tempête une partie de la nuit mais je ne l'ai pas senti grâce à ma localisation stratégique.

Je monte en direction du Lac. Malgré la pente j'ai beaucoup de mal à me réchauffer. Il faut dire que le soleil s'occupe pour l'instant de l'autre versant et il n'est pas près de s'occuper de celui-ci vu la hauteur des montagnes.

Le lac Draio a triste allure ce matin dans la pénombre. Tous les bâtiments qui l'entourent sont en fait des ruines et le niveau de l'eau est très bas. C'est assez déprimant comme spectacle. Je suis vraiment content de m'être arrêté avant. D'ailleurs personne ne dort sur le site.


Je monte maintenant en direction du col Guilian à 2451 m. Je passe au soleil et immédiatement tout change. Je peux enlever toutes mes épaisseurs. Malheureusement cela ne dure pas et je repasse sur le versant à l'ombre alors que le vent redouble. Je suis frigorifié et je ne sens plus mes mains. Le passage du col me permet de me retrouver au soleil et avec un vent plus faible. Que du bonheur ! J'en profite pour faire une pause fromage.


Je croise un vacher et son fils qui montent avec 4 chiens. J'ai toujours une appréhension à croiser des chiens. Hier dans un village, un chien m'a attaqué sans aucune raison. Heureusement que j'ai mes bâtons qui me permet de tenir les animaux à distance. Mais 4 c'est injouable. Le vacher en prend un au collet, sûrement l'agressif de la bande et tout se passe bien.

Plus tard, le sentier m'envoie dans la vacherie et la dame de la maison, bottes blanches et maillot de l'équipe nationale italienne essaye de me vendre du fromage dans un anglais très approximatif. Non merci j'ai déjà ce qu'il le faut dans mon sac à dos. Je vais finir dégoûté du fromage pour les 20 ans à venir. 

Après la vacherie, le GTA devient un chemin carrossable sans grand intérêt. Le plus étonnant est de voir la plaine qui s'étend à l'Est. Je ne savais pas que j'étais tout au bout des Alpes. Il faut dire qu'avec des montagnes aussi hautes c'est difficile de l'imaginer. Mais ceci explique pourquoi il y avait autant de monde à Prali. Les grandes villes de la plaine ne sont pas loin.

Je descends vers Villanova Pelisse. Mon objectif est d'y être pour le déjeuner. Il y a un refuge car c'est un final d'étape. Je suis tout décalé depuis plusieurs jours. Je dors a des cols et je passe dans des villes à midi alors que ça devrait être l'inverse.


A l'approche du refuge je vois des 10aines de voitures garés à proximité. Elles sont de toutes les nationalités européennes mais l'Italie prédomine nettement. Je suis inquiet pour le refuge.

Quand j'y arrive il n'y a pas une âme qui vive. Seule la patronne attend le chaland à une table à l'extérieur. Et le chaland c'est moi. Elle m'installe à une table et me propose des pâtes puis des côtes de porc. Les pâtes en entrée me semblent toujours aussi étonnantes mais pour le marcheur que je suis c'est parfait. Le restaurant voit sa population augmenter de 4 personnes supplémentaires avec l'arrivée de cannois parfaitement bilingues.

Cela me permet de comprendre que l'ascension que je vais faire cet après midi est une attraction touristique car elle aboutit dans un cirque. Voilà l'origine de toutes les voitures garées dans ce tout petit patelin. Et aussi pourquoi il n'y a personne en ville.

Je nettoie tous les plats mieux qu'un lave vaisselle et mange tout ce qu'on me donne. Je repars plein d'énergie mais j'ai perdu 1 heure. 
J'attaque la montée et je comprends tout de suite pourquoi elle est populaire. Mis à part le début c'est quasiment un faux plat. J'exagère mais c'est vraiment facile. Je n'ai jamais vu autant de monde sur un chemin. J'arrive au cirque après 45 minutes de marche et avoir prononcé 500 buonjournio.

Le site est vraiment très beau mais trop facilement accessible. On peut même venir directement en voiture. Autrement dit le refuge est plus un restaurant pour touristes qu'un vrai refuge de montagne. Je ne pense qu'à une chose : fuir. 


Le problème est qu'il est 16h30. Repartir veut dire sortir du cirque et donc se manger 900 m de dénivelé. Il y a un refuge au col au pire...

Me voilà parti pour une nouvelle section du GTA. Je prends des risques de devoir marcher plus que de raison pour trouver un endroit où dormir.

Pour l'instant le chemin ne me fait pas de cadeau. Ça grimpe très très raide. Étonnamment je ne sens pas fatigué alors que ça fait 10h que je marche. Tant mieux parce que je risque de pousser les limites assez loin si je ne trouve rien.

Et effectivement plus je monte, plus je me rends compte qu'il n'y a pas une seule goutte d'eau sur tout le versant. J'arrive au col et il ne me reste plus qu'une solution : le refuge.

J'y arrive alors qu'une cohorte de scouts s'en va. J'ai à peine le temps de dire mon meilleur "Buena serra" que le gardien âgé me répond dans un excellent français. Mon accent doit être perfectible...

En tout cas, pour le refuge c'est non à tout. Non pour la tente, non pour la douche. C'est soit je dors dans le dortoir soit c'est rien. Il est 18h30 et la seule solution est de descendre sur l'autre versant. Le gardien m'explique qu'il y a une rivière sur un replat mais que le champ attenant sert à parquer les brebis. Et qu'avec les brebis, il y a les patous et que c'est donc dangereux. 

Tout être doté de plus de 2 de QI prendrait le demi pension. Et bien pas moi. Je décide de reprendre la route et d'aller voir si je peux me faire une place près de la rivière.

Pendant que je descends, je vois le troupeau à la droite qui descend lui aussi en même temps. Nous arrivons ensemble au bas de la montagne. Je compte 6 patous qui encadrent le troupeau. Ce n'est clairement pas jouable.


Je décide de faire le plein d'eau et d'aller chercher un endroit pour faire un dry camping. Tant pis pour le nettoyage. Tant pis pour la lessive.

Alors que je filtre l'eau, le berger passe à mon niveau. Je le salue de la main et je lui demande en français si je peux planter ma tente. Il est 19h, il commence à faire très froid et je n'ai rien à perdre. Il me répond en français. Aucun problème, ça ne dérange pas du tout. Ma chance vient de tourner. Les patous ont pas l'air d'accord du tout mais leur patron leur explique dans un langage incompréhensible mais fortement crié que c'est comme ça.

Ça aboie pas mal mais finalement tout le monde prend ses marques et s'installe. Malgré l'heure tardive, je me lave et je suis frigorifié jusqu'aux os. Je fais ma lessive et je ne sens plus mes doigts. Je fais ma popotte et je suis au 1ere loge pour voir le berger et ses aides s'occuper du troupeau, soigner les bêtes blessés et faire manœuvrer les chiens. J'ai fini de manger alors que eux continue de travailler. Berger est un sacerdoce.

Les hommes s'en vont et il ne reste que le troupeau, les patous et moi. Je suis un peu inquiet sur la réaction des chiens maintenant que leur maître n'est plus là. Mais ils restent dans l'enclos avec les moutons. Par contre, ils s'excitent par moment en aboyant après je ne sais quoi. Sûrement des marmottes car je ne vois rien. Je ne vois pas quel loup serait assez stupide pour s'attaquer à un troupeau gardé par 6 patous. En tout cas, je suis bien dans mon duvet à écouter le tintement des cloches des brebis malheureusement entrecoupé par des aboiements inutiles.


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