Pour mon bonheur, le chemin lui l'est, du moins jusqu'à la bourgade de San Bernolfo. Je croise des italiens qui ont dormi dans leurs voitures sur le parking. Je suis vraiment étonné. Sûrement des gens qui n'ont pas les moyens de payer l'hôtel.
J'emprunte le chemin du jour qui me fait descendre le long d'une rivière. Je croise un joli torrent mais il fait très sombre sous le couvert des arbres. Très humide aussi.
Je descends sur plusieurs km et je me doute de ce qui m'attend. Après la descente voici la montée. Et d'après le GPS, qui sait vraiment tout, il y en a pour 9 km. Voilà qui va demander de la ressource. L'objectif est d'atteindre le sanctuaire de Sant'Anna di Vinadio. Nous sommes le 15 août et j'ai une petite angoisse de l'attraction de ce sanctuaire un jour pareil.
Pour l'instant je suis un cours d'eau encaissé dans une vallée étroite. Le soleil doit pénétrer que quelques heures dans la journée. La végétation est dense, la mousse est omniprésente. Pas moyen de voir quoique soit dans cet environnement.
J'adore monter mais mon vrai carburant c'est la vue. Je ressors mon MP3 parce que la végétation fait de l'obstruction et que mon moral a besoin de stimulation.
Après la pause saucisson qui s'impose, enfin la vue se dégage sur une magnifique vallée. J'ai 2 cols à passer coup sur coup donc 2 vallées à traverser. Elle sont aussi belle l'une que l'autre avec des pins et des cours d'eau dans les rochers. J'en ai le souffle coupé.
Je suis sur mon petit nuage jusqu'à ce que je vois une nuée de marcheurs au col. S'il m'a fallu 4 heures pour arriver là, je doute que ce n'est pas pareil de l'autre côté. Effectivement le sanctuaire et ses multiples parkings se trouve en contrebas après le col.
Avant de rejoindre la foule, je décide de profiter de ma vallée où personne ne va descendre. Là au moins je suis seul. Il n'est que midi moins le quart mais tant pis. Je veux "déjeuner en paix" comme dit la chanson.
Après avoir mangé, il faut bien que je passe le col. C'est pire que ce que je craignais. Il y a une succession de lacs donc du monde partout. Des chemins dans tous les sens car les gens ne respectent aucun sentier. Les chemins sur mon GPS n'existent pas - ou plus. Les parkings sont pleins et des voitures garées le long de la route. Le sanctuaire est pris d'assaut comme je le craignais. J'ai la nausée.
Je décide de faire un détour pour éviter le sanctuaire. Inutile de prendre un bain de foule. Par contre l'environnement est extrêmement sec en dehors des lacs. Je décide de faire le plein au dernier lac, qui en plus d'être couvert d'algues parce presque à sec, est le terrain de jeu des personnes avec un chien. Il y a tellement peu d'eau que les chiens peuvent traverser le lac en courant. C'est pas les chiens que je blâme ce sont les maîtres qui m'exaspèrent à ne pas contrôler leur animal.
Je fais le plein et je repars car il faut passer le col de Laroussa. Il y a beaucoup de monde y compris une colonie de vacances entière. Tous les ados ne semblent pas emballés par la ballade. La file s'étale sur plusieurs centaines de mètres.
Je m'inquiète sincèrement pour mon bivouac. Le sentier suit la frontière franco-italienne jusqu'au col de la Lombarde qui est une route de passage de frontière. La circulation est phénoménale. En plus des vacanciers, il y a toutes les personnes en congé pour le 15 août.
L'angoisse est à son comble car je ne vois pas où je vais bivouaquer pour la nuit. J'ai prévu d'aller à Isola 2000 pour ravitailler car il n'y a rien côté Italien avant 3 jours. Je suppose que c'est une des raisons qui a fait changer le tracé du GTA même si les anciennes signalétiques sont majoritairement restées en place.
Pendant que je marche sur la crête qui représente la frontière, je vois au fond de la vallée côté Italien, une magnifique rivière qui coule. Ma décision est prise : je n'irai pas à Isola 2000 un 15 août où les magasins sont sûrement fermés et où il va y avoir la foule des grands jours. On verra ça demain. Je descends dans la vallée italienne ce qui me fait faire demi tour. J'espère quand même ne pas trop avoir à descendre. Il faudra que je remonte demain.
J'ai du mal à trouver de l'eau. Ce qui est étonnant c'est que je trouve des sources qui disparaissent dans le sol après une dizaine de mètres. Je ne le vois pas non plus descendre des heures jusqu'à ce que je trouve la rivière principale.
Heureusement mon ange gardien veille sur moi et je trouve une source suffisamment importante même si elle disparaît rapidement dans les rochers. Il y a un terrain plat juste au dessus qui baigne au soleil. Le bonheur est fait de petits riens... Et surtout d'un joli bivouac.
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