dimanche 13 août 2023

14 août - Passo Sottario Di Scolettas > San Bernolfo

L'humidité est omniprésente. Le torrent n'arrange rien à l'affaire mais il a tellement plu que tout est trempé par l'humidité dans la tente.

Le lieu de bivouac n'est vraiment pas idéal. C'est une vallée encaissée où le soleil pénétre peu. La végétation est assez dense. J'ai d'ailleurs eu de la visite cette nuit. Des animaux sont passés à toute allure juste à côté de la tente. J'ai sursauté dans mon duvet. Ce matin j'ai pu voir mes visiteurs. Il s'agit de 2 biches qui sont passés aussi vite que cette nuit. J'ai eu aussi droit à des aboiements assez inquiétants. Je parle d'aboiements car c'est ce qu'il a de plus ressemblant mais ça ne provenait pas d'un chien. Et l'animal se déplacait très rapidement d'un bord à l'autre de la vallée. Je me suis déjà fait avoir par des cris gutturaux de cerfs que j'ai pris pour un ours. Comment un animal aussi majestueux peut il avoir un cri aussi moche ? Bref je soupçonne que le cri de cette nuit provenait d'un cervidé pas content de ma présence sur son territoire. 

Ce matin, j'applique la bonne vieille règle de remettre les affaires mouillées de la veille. Le problème principal est celui de la chemise qui a pris la pluie toute la nuit. Je l'essore au moment de la mettre. Je claque des dents et la seule solution est d'être le plus rapidement possible au soleil. Mais pour cela il faut passer le col. Car même s'il est visible, il reste assez loin et surtout très haut.

La encore pas le choix, il faut y aller pour améliorer au plus vite sa condition. Je monte aussi vite que je peux vers les rayons du soleil.
Il me faut près d'une heure pour y arriver. Mais quel bonheur de sentir la chaleur. J'enlève ma chemise pour l'accrocher aux branches d'un arbre. Je profite torse nu pour me réchauffer.


Une fois que le soleil a fait son effet, J'attaque la descente. Effectivement dans la vallée suivante, il y a pléthore d'endroits où planter sa tente. Déjà au col il y avait une source avec devant une magnifique place toute plate. Mais pour l'atteindre il aurait fallu marcher une heure de plus. Sans même savoir que l'endroit existait. Bref inutile de regretter ce qui est fait est fait.

Je n'ai plus de réseau depuis plusieurs jours donc ma météo date d'il y a 3 jours. Elle n'était pas fameuse et prévoyait de la pluie pendant 5 jours surtout en fin d'après midi. Elle ne s'était pas trompée pour hier. Je crains le pire pour aujourd'hui.

En attendant, le ciel est bleu azur et je suis seul au milieu de la montagne pour attaquer le 2 ème col de la journée, le Passo di Rostagno à 2560 m.
Je sens un coup de pompe alors que j'arrive à une intersection de 2 chemins. Visiblement j'ai une section commune avec la Via Alpina. J'ai lu des choses sur ce trail qui passe en Autriche, en Suisse et en Italie. Peut être une future virée ?

Je me fais donc une pause fromage quant un couple d'italiens arrive. Monsieur doit avoir mon âge et il transpire abondamment. Son ventre bedonnant ne doit pas aider. Il engage la conversation en espérant pouvoir faire un petit break. Il est mal tombé avec moi qui ne parle pas italien. Son français étant très très limité, la conversation s'arrête après la banalité d'usage. Il me demande où je vais et me montre un chemin en me disant qu'il monte au Passo di Rostagno. Merci et au revoir.
Je sors quand même mon GPS par acquis de conscience. Le chemin qu'il m'a indiqué avec aplomb n'est pas le bon. C'est l'autre qu'il faut prendre. Je n'en reviens pas. Si je l'avais écouté, je perdais 3 bonnes heures, le temps de monter et de descendre. Pourquoi m'a t'il raconté des salades ? Mystère du jour.

Je prends donc la bonne route. Elle est sérieuse car il faut contourner un pic rocheux et que la pente s'en ressent. Le cadre est fantastique et j'en profite.


Arrivé au col, je retrouve un groupe de marcheurs à la journée qui déjeune sur le col. Je trouve qu'il n'y pas pire endroit que de se reposer sur un col. Ok la vue est belle mais vous êtes en plein vent en arrivant tout transpirant. Juste bon pour chopper la crève. Après, je comprends que c'est leur objectif du jour. Ils montent au col, y déjeunent puis redescendent au parking.


Pour ma part, je trouve extrêmement plaisant de ne jamais faire marche arrière. Je vais toujours de l'avant. Passer un col signifie découvrir une nouvelle vallée et chercher le prochain passage qui sera le challenge à venir.

Mais avant le prochain col, il faut d'abord s'occuper de la descente. Et celle là est particulièrement longue. Elle est très raide et tape dans le physique.

En bas, il y 2 grands lacs et un refuge tout en hauteur. On dirait un château hanté.


J'arrive au Refugio Miglioreri à 2099 m vers midi et je me dis qu'il est temps de recharger les batteries avec un bon repas chaud.
Malheureusement pour moi, le refuge ne sert que des sandwichs. Rien de différent de ce que j'ai dans mon sac. Mais à y être je mange mon panini qui a l'avantage d'être chaud et accompagné d'une tarte à la myrtille.

L'avantage du sandwich est d'être vite expédié et il est 13h quand je m'attaque au 3eme col de la journée, le Passo de Laroussa à 2470 m.

La montée se fait dans un pierrier mais il s'agit surtout de petites roches. Et en se retournant on voit le refuge et ses lacs qui est une vraie image de carte postale. 


Je vois aussi le dernier col que j'ai passé ce matin et je le dis qu'on arrive à couvrir pas mal de distance avec ses petites jambes quand on s'en donne la peine.
Maman chamois et son bébé intrigués de voir comment j'avance comme une patate.


J'arrive au col, dérange les marcheurs en train de déjeuner - je veux juste continuer ma route - car le col est assez étroit.

Nouvelle descente bien musclée pour aller au village de San Bernolfo à 1700 m. Plus je dévale la pente plus je m'aperçois que c'est la descente de trop. Mon genou commence à donner des signes de faiblesse. Il n'est que 16h lorsque j'arrive dans la vallée proche du village. Je décide d'arrêter là. Surtout que les nuages noirs m'ont accompagné depuis que j'ai passé le col. Je ne revivrai pas la soirée d'hier.


Il y a un refuge et un posso tapa GTA dans le village mais pour moi il s'agit de 2 dortoirs. Il y a une grosse rivière qui coupe la vallée. Ça serait idéal de s'installer à côté mais un côté est trop escarpé et l'autre est équipé de barrières pour des vaches qui paissent paisiblement.

J'ai beau remonter la rivière en longeant l'enclos à vache, je ne trouve rien aux abords. Il est maintenant 17h et je m'installe par dépit à côté du chemin carrossable ou passe les locaux. L'accès à l'eau est des plus périlleux mais ça fera l'affaire. Je suis fatigué. Avec 3 cols au compteur ce n'est pas vraiment étonnant. Enfin ce sont surtout les descentes qui ont eu raison de mon physique. Les nuages noirs passent et repassent mais ne crèvent pas. Finalement c'est une belle journée !

1 commentaire:

  1. Merci de tes encouragements mais mes pauvres écrits sont bien loin d'être de la littérature. C'est au mieux du niveau d'un compte rendu de réunion ;-)
    En tout cas, s'ils te permettent de passer ne serait qu'un bon moment, j'en suis formidablement heureux.
    Le trajet touche à sa fin. Je suis à Entracque où il fait une chaleur d'enfer. De ce que j'ai vu ce n'est pas mieux en France. Ça va être chaud pour vous comme pour moi. Courage à nous ;-)

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