samedi 19 août 2023

20 août - Entracque > Gais Vilazzo

Entracque est à plus de 900 m d'altitude mais il  fait une chaleur d'enfer. J'ai perdu l'habitude car je suis habituellement au dessus de 2000 m surtout pour dormir.

Autant dire que ma chemise tout juste sorti de la machine à laver et bonne pour y retourner 1h après. Il faut dire que j'ai eu la brillantissime idée de prendre le camping au dessus du village ce qui m'oblige à monter/descendre quand je vais en ville.


Je suis arrivé au camping vers 9h et je n'avais pas d'autres choix que de prendre une nuit pour prendre une douche, laver mes affaires et recharger ma batterie. De toute façon je n'ai pris aucun jour de repos depuis Susa. Je touche au but avec 4 étapes restantes mais je ne fais pas une course. Autant ménager la bête.

Une fois les éléments de base assurés (lavage, ravito..), je me penche sur mon problème principal. La fente tendance crevasse sur chaque semelle. Si la semelle se coupe complètement en 2, c'est fini pour la ballade. Et au point où j'en suis j'aimerais autant terminer.
Mon idée, acheter un tube de colle et remplir chaque fente pour éviter les cailloux.

Je vois que le bureau de tabac vend des cahiers d'écolier. C'est l'endroit que je cherche. Malheureusement le gérant ne parle ni anglais ni français et ne comprends pas un mot de ce que je lui demande. Je suis bien placé pour savoir que "colle" est un col de montagne. Colla, Colli, Collo ne marchent pas non plus. C'est l'impasse. Je lui montre alors mes semelles et il hurle un  "attaque" retentissant comme un cri de victoire. Il aurait aussi pu dire Banzaï mais il n'est pas japonais. Il fonce vers le fond de son boui-boui, fouille sur les étagères et me ramène un tube de colle forte de marque Loctite avec un gros "Attak" écrit en rouge en travers de l'emballage. Il y a même la photo du gars pendu la tête en bas par ses chaussures collées au plafond, publicité de Loctite que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Bref Attak je ne sais pas ce que c'est mais Loctite oui. J'ai d'ailleurs de la colle forte d'une autre marque avec moi et j'ai essayé avec un échec retentissant de coller mes crampons. La colle forte en France est vraiment de mauvaise qualité. Personnellement ça ne marche sur rien. Maintenant Loctite, j'ai eu à l'utiliser dans le cadre professionnel lors de mon passage à l'usine. Et ça marchait vraiment bien. On l'utilisait pour coller les joints des moules à tuyaux et ça résistait même à la vapeur. Le contremaître à l'époque m'avait expliqué que cette Loctite n'était pas pour le grand public car on pouvait se coller les doigts ou les paupières si on se frottait les yeux. Bref en France il y a plusieurs versions de Loctite et les normes font que le grand public n'a droit à de la colle forte qui n'en a que le nom.
Par contre, je ne sais pas comment ça marche en Italie et je veux bien prendre le risque d'essayer. De toute façon, au point où j'en suis je ne risque pas grand chose. J'ai donc collé mes semelles avant de dormir et ce matin rien n'avait bougé. C'est déjà une première étape. Vive le buraliste d'Entracque ! Vive Attak !

J'ai eu si chaud lorsque je me suis couché que j'ai viré mon duvet. Mais dans la nuit ça a quand même fraîchi un peu. Heureusement ! Ce matin je suis le seul à me lever à 6h. Il faut dire que les autres campeurs, tous exclusivement italiens, ont bien profité de la soirée. Ça a tchatché et rigolé jusqu'au bout de la nuit. J'ai rapidement sorti mes boules quies pour dormir. Mais ce matin c'est morne plaine. J'essaye de faire le moins de bruit possible mais entre le dégonflage du matelas, le pliage de la tente, je ne suis pas sûr que mes voisins soient ravis.

Il est 7h et je pars en direction de Limonetto. Depuis le camping cela représente 30 km. Il est hors de question que je couvre cette distance surtout avec 2 cols et donc 2000 m à monter et autant à descendre. Ils sont carrément à côté de leurs pompes nos amis du GTA. Mon plan est de passer le 1er col et de faire tirer jusqu'à ce que je trouve un bivouac. D'après mon analyse de la carte, ça devrait bien se passer car je repère plusieurs endroits potentiels.

Je commence donc dans la fraîcheur du petit matin en remontant une rivière. 


La pente est faible et j'avance vite. La journée de repos a porté ses fruits. J'arrive au lieu dit Trinita ou se trouve quelques maisons et surtout un Posso Tappa. Ne me demandez la différence entre tous ces types d'établissement, je n'y comprends rien. Mais pour moi français c'est un refuge. D'ailleurs ce sont tous des refuges même s'ils ont des noms différents. Bref il est 9h et j'hésite à prendre un café... Et puis non, on a quand même de la route à faire. 


D'ailleurs de Trinita, les choses sérieuses commencent. On recommence comme avant d'arriver à Entracque. Direct dans la pente avec les mêmes marches faites de rondins de bois. Oubliée la journée de repos, ça tape à nouveau dans la caisse. 

Après 3h de ce régime et une longue bavante pour arriver au col, je décide de manger un morceau surtout qu'il est 12h30. Le souci est qu'en passant le col, je ne suis plus à l'ombre. Et ça cogne aussi fort qu'hier. Avec l'altitude, un léger souffle d'air aide vaguement à supporter la chaleur. Mais la nourriture exposée au soleil se liquéfie à vue d'œil. Le fromage transpire à grosses gouttes. Le repas est donc expédié façon lance pierre pour reprendre la descente.


Et là grosse surprise. Le sentier ne descend pas mais remonte le long de la crête. Voilà qui m'apprendra à bien regarder mon dénivelé avant de crier victoire.


La chaleur est telle qu'une brume se dégage de toutes les montagnes. Dommage pour les photos.

Heureusement je croise quelques sources qui me permettent de remplir mes gourdes. Je bois autant que je transpire. J'ai consommé 3 litres en 4 heures.

La descente m'amène vers Palanfré où se trouve un refuge. Alors que j'étais seul jusqu'à maintenant et me croyais complètement perdu dans les montagnes, voilà que je retrouve la foule des grands jours. Encore un lieu touristique sans que je comprenne pourquoi.

Je fais donc la queue pour une glace et un coca. Ah oui parce qu'en Italie, il y a 2 choses que je retiens. Le café est le meilleur du monde et les glaces sont toujours très bonnes. Le refuge en question ressemble plus à un bar qu'à un établissement pour randonneurs. 


Il est 15h30 et le bon sens voudrait que je m'arrête là. Mais j'ai le bivouac dans la peau et je reprends mon sac à dos pour tenter ma chance. Pour faire bonne mesure, je remplis tous mes contenants d'eau potable puisque je n'ai plus de filtre, soit 3 kg de plus à porter.

J'attaque la montée. Je suis à 1400 m et le col se trouve à 900 m au dessus de moi. Donc ça monte sec et sous un soleil de plomb. En quelques minutes, je suis couvert de transpiration. Je n'ai jamais autant coulé l'eau depuis le début de ce voyage. Bien sûr tout le monde est en train de descendre alors que je suis le seul à monter. J'ai honte d'être dans un état pareil en cette fin d'après midi. Trempé lavette.

La rivière que je suis est totalement à sec. Mais c'était prévu puisqu'elle apparaît en pointillés sur la carte. Par contre, on croise une 2eme rivière qui elle coule. Elle a un faible débit et une couleur verte mais elle fera bien l'affaire. Pas question de me coucher sans me laver.

J'arrive au Gais Vilazzo qui comme je l'ai compris maintenant est une bergerie. Souvent les Gais sont des ruines mais pas ici. Le lac Vilazzo est un peu plus haut et c'est mon plan B si je ne trouve pas mon bonheur. En fait au niveau de la bergerie, il y a le bivouac parfait avec vue, accès à l'eau, terrain plat. Bref je n'irai pas plus loin même s'il n'est que 17h.


Je monte ma tente quand je vois les 2 bergers et leurs 4 chiens sortir comme des bombes de leur maisonnette et se diriger vers moi. Je me dis qu'ils ne doivent pas apprécier de m'avoir comme voisin. Alors qu'ils arrivent à ma hauteur, ils bifurquent pour aller je ne sais où, peut être voir leur troupeau. En fait comme d'habitude, personne n'en a rien à faire que je bivouaque. Tant mieux parce parce que l'endroit est vraiment top !


Il est 21h15 et les bergers retournent vers leur maisonnette dans la pénombre... Métier de dingues !


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