mardi 8 août 2023

8 août - Pian delle Marmotte > Lago Della Pelligrina

Malgré le froid glacial, j'ai très bien dormi. Ce matin je suis sur le versant ensoleillé et j'en profite pour voir le soleil se lever.


Ça change la vie de déjeuner baigné par le soleil sous le regard des patous qui continuent leur cirque d'aboiements aux 4 coins cardinaux du parc à bestiaux.

Je prends le chemin qui est une route carrossable qui mène au refuge Barbara Lowrie qui est la fin de la section. En moins d'une heure je suis au refuge. Je n'étais vraiment pas loin. Le site du refuge est très beau et il y a pléthore d'endroits ou camper. Encore une fois l'établissement est desservi par une route goudronnée et son parking est envahie de véhicules. D'ailleurs le bâtiment est énorme et je me demande si ce n'est pas plus un hôtel restaurant qu'un refuge.
Pour l'instant ce qui m'attend c'est 3 heures de marche pour monter au col Della Gianna. Et visiblement j'ai tiré sur la bête hier. J'ai bien du mal à mettre un pied devant l'autre surtout que comme d'habitude c'est très raide. Il n'y a personne. Sauf que au détour d'un virage, je tombe sur Matthias, l'allemand de la ex RDA. Il me donne des nouvelles de Machine et de Yurden qu'il a croisés les jours précédents. Il m'annonce aussi que c'est son dernier jour car il abandonne. Il en a marre des dénivelés. Yurden aussi arrête dans 2 jours. Bref il n'y a plus que Machine mais rien n'arrête une machine. Ça me touche toutes ces personnes qui arrêtent. Nous sommes si peu nombreux à faire le GTA.

En tout cas, je ne sais pas si c'est le fait que ça soit le dernier jour ou si mon état physique déplorable mais Matthias me laisse sur place et s'envole vers le col.

Le sentier et la vue sont magnifiques. Nous avons même droit à un chemin de crête comme je les aime. Un pas de trop à droite ou à gauche et c'est le grand plongeon. Voilà qui pimente la montée.


Le problème c'est l'eau. Il n'y a encore une fois pas une goutte d'eau. Une fois passé le col c'est une immense vallée. Sans source ni rivière.. Le prochain objectif est Pian d'El Re ou se trouve un refuge (avec de l'eau forcément).
Sauf qu'il est 12h30 et que je ne me vois pas passer le prochain col et faire 5 km sans remettre de l'essence dans le moteur.

Tant pis pour le repas. Il se limitera à du pain agrémenté de fromage et de saucisson. Il ne me reste vraiment pas grand chose comme eau.

Je repars requinqué pour passer le col de la Sellaccia. Le spectacle est magnifique mais il prend toute son empleur une fois le col atteint car apparaît le lac Fiorenza. 


Malheureusement plus je descends vers le refuge plus je vois que le site est surpeuplé. Encore une fois une route goudronnée mène au site qui est pris d'assaut par une horde de touristes de toutes nationalités.

Le refuge est littéralement bondé et je ne reste que quelques minutes pour prendre un coca et une part de tarte servis par des serveuses débordées et désagréables. Quel contraste avec la matinée où j'étais seul au monde en harmonie avec une nature majestueuse. 

J'attaque donc la montée pour aller au refuge Quintino Sella à 2640 m. Il est donné pour 3h40. Ça fait beaucoup car j'ai déjà une grosse matinée dans les pattes. Je me retrouve dans une foule compacte qui elle aussi monte. Bien sûr tout le monde ne va pas au refuge. Il y a 2 lacs sur le trajet et d'ailleurs j'espère pouvoir dormir au 2eme. J'ai aussi la surprise de découvrir que le Pô prend naissance au pied du sentier. Autant dire que c'est LE lieu où l'on se doit de faire un selfie. Aucune chance de pouvoir approcher cette source noyée sous la populace.

J'attaque la montée en serrant les dents pas tant qu'elle soit difficile mais il y a tellement de monde que je me fais bousculer avec mon gros sac. Je n'apprécie pas vraiment ces comportements.

Je ne m'arrête pas au premier Lac malgré la beauté de son eau. Beaucoup trop de monde. Je continue la piste afin de perdre un peu de gens. C'est bien le cas mais ce n'est pas suffisant. 


Le 2eme lac est lui d'une grande beauté avec ses eaux glaciaires. Néanmoins c'est une immense déception car il n'y a strictement aucun endroit pour bivouaquer. Il y a de plus en plus de rochers et devant moi se dresse une belle moraine qu'il va falloir grimper. 


A ce stade, le tarif est sans appel. Il va falloir aller au refuge en espérant qu'il y ait un endroit pour bivouaquer.

La population reste importante entre ceux qui montent et ceux qui descendent. Et il y en a pour tous les goûts. Des ultra traileurs, des touristes en quasi tong, des enfants, des chiens... Disneyland à la montagne.
Heureusement il y a des animaux. Ici un chamois.

Une salamandre des Alpes. Espèce endémique et qu'on ne trouve que dans les Alpes.




Je ne sais pas ce qui se passe avec mon corps mais j'ai une pêche d'enfer. Alors que je me traînais ce matin, je vole sur les pierres ce soir. Je suis un peu inquiet parce qu'habituellement le lendemain, mon corps me présente l'addition. Pour l'instant j'en profite et je vais en avoir besoin. Il n'y a que des champs de rochers à perte de vue.


J'arrive au col et je vois le refuge. Il est niché en hauteur au dessus du grand lac de Viso. Il faut dire que le fameux mont du même nom est juste à côté et attire son lot d'alpinistes.


Alpinistes que je retrouve en meute au refuge accompagnés d'un nombre incalculable de touristes surtout français. Il n'y a strictement aucun endroit où planter une tente et le refuge est surpeuplé. Résultat : je fuis encore. Sauf qu'il est 18h30 et qu'il faut trouver une solution. A priori, j'avais repéré un potentiel endroit de bivouac en quittant le GTA et en partant en direction du lac Nina.

Un couple dont l'homme porte un sac Millet et un béret basque part dans la même direction. Attiffé comme il l'est aucun doute de sa nationalité. J'engage la conversation avec Adrien et Alizée qui me confirme qu'ils pensent trouver un bivouac près du lac. Nous cherchons donc ensemble.

C'est bizarre de rencontrer des français mais en réalité la frontière est toute proche en passant par Briançon. Ils sont Grenoblois (et non basques) et viennent passer quelques jours en voiture. Leur voyage n'a rien à voir avec le mien. Ils campent un soir redescendent prendre leur voiture et vont à un autre endroit marcher et camper. Ils ravitaillent à chaque fois contrairement à moi qui porte tout sur mon dos.
Ils connaissent très très bien la montagne et eux aussi fuient le flot des touristes.

Nous passons la nuit sur le même spot de bivouac et nous quitterons le matin dans des directions différentes. Ils retourneront à leur voiture et moi je poursuivrai vers le col suivant. Hike your own hike.
On fait pire comme lieu de bivouac. 
Tout est bien qui finit bien !


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