samedi 21 août 2021

Banyuls sur Mer

J'ai essayé plusieurs fois de voir les étoiles mais malheureusement la lune est grosse et ne se couchera qu'à 5h du mat. Et derrière c'est le jour qui va prendre le relais. J'ai donc raté mon rendez vous avec la voie lactée. J'avais pourtant le temps de la contempler pendant ce long voyage. Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même. Encore un péché d'orgueil.

Ce matin c'est Florent qui se lève à 5h du mat. Il doit être tôt à Banyuls pour faire son test PCR. Pour ma part, je n'ai pas d'urgence et je compte bien profiter de cette dernière journée. Car le maître mot aujourd'hui est "dernier". Dernière nuit sur le chemin, dernier petit déjeuner, derniers kilomètres... La fin du voyage.

Eric est prêt alors que je me lève. Tant mieux j'ai vraiment l'intention de marcher seul aujourd'hui. J'espère toujours trouver des réponses aux questions que je me pose tout en sachant que le chemin n'a jamais répondu à aucune question. Mais il faut essayer encore et encore pour justifier tous ces efforts...

La section d'aujourd'hui ne fait pas plus de cadeau que celles des jours précédents. 800 m de montée et surtout 1300 de descente. Il faut bien retourner au niveau de la mer.

Alors que je prépare mon sac, un 4x4 arrive au niveau de la source où nous avons campé. Il s'agit du vacher dont le troupeau paisse au dessus de la source. Il appelle son troupeau par de grands cris qui ressemble à "Tiiiiiii Té". Les vaches lui répondent en meuglant et se mettent en route dans un bruit assourdissant de cloches pour suivre le 4x4. Visiblement on les mène dans un autre pâturage.

Je recolle au GR 10 que je vais encore suivre toute la journée pour les 17 km qui restent à parcourir jusqu'à Banyuls. Le paysage est une succession de sous bois de forêts de magnifiques hêtres centenaires et de pâturages, composés d'herbes brûlées par le soleil. Les vaches râclent le peu d'herbe qui reste. 



Du côté français s'étale une mer de nuages alors que du côté Espagnol, on voit la côte noyée dans une légère brume.


Il y a peu de marcheurs mais l'heure est encore jeune. Le 4x4 du vacher s'arrête à ma hauteur. Il me demande si j'ai croisé des bêtes depuis la source. C'est effectivement le cas car les vaches avec de jeunes veaux n'ont pas suivi le troupeau. Nous en profitons pour discuter et j'apprends que la magnifique barrière électrifiée que je longe vient d'être installée pour empêcher les troupeaux espagnols de passer du côté français. Il n'y a pas d'eau côté Espagnol mais la sécheresse est si forte que le peu d'herbe ne peut pas être partagée avec d'autres troupeaux. D'où la nouvelle barrière sur la frontière. Un mur électrifié façon Trump pour empêcher l'immigration clandestine de vaches Espagnoles...

Le chemin monte et descend en suivant la frontière pour rester sur le point le plus haut. Je n'ai pas vraiment la sensation de descendre vers la mer mais tous les repéres derrière moi sont plus hauts. Je descends donc légèrement sans trop me rendre compte.
Bientôt c'est la ville de Banyuls et toutes ses vignes qui s'étalent sous mes yeux. La fin n'est vraiment pas loin.

Je n'arrive plus à réfléchir submergé entre les souvenirs de ce voyage, des images des précédents qui se mêlent au present flash back, des pensées sur le futur, sur le prochain voyage - ou pas, sur ce que j'ai accompli... Un bien trop gros mélange pour un cerveau aussi petit que le mien. Je décide de fuir ce déluge de sensations avant qu'il ne devienne toxique et me réfugie dans la littérature audio. Il faut que je me concentre sur autre chose que cette petite mort que j'ai déjà croisée par le passé.

C'est vrai que j'en ai plus peur aujourd'hui que par le passé car je n'ai pas travaillé à me construire une carapace comme la fois précédente. Ce voyage était trop court et physiquement trop intense pour me laisser appréhender les éléments hors de l'instant présent. Je verrai bien dans les jours à venir.

Je reçois un SMS de Florent qui m'attend sur la plage. Je suis à quelques km de Banyuls est la descente est bien raide pour rejoindre le niveau de la mer. Heureusement il y a des nuages et la force des rayons du soleil s'en trouve amenuisé. Tant mieux car il fait déjà beaucoup plus chaud qu'en haute montagne.



J'arrive en ville et je remonte l'avenue en direction de la plage. Bientôt le terme du voyage. Il y a énormément de touristes mais peu sur la plage à cause du temps voilé. Tant mieux, je profiterai encore plus de ce moment. Quelques pas sur le gravier gris et les galets et me voici face à la mer. C'est fait. J'ai traversé les Pyrénées de Hendaye à Banyuls en 45 jours, 743 km et 51 milles mètres de dénivelé. Je suis heureux parce que c'était difficile mais on ne réalise pas réellement ce qui a été accompli sur le moment. 



Je rejoins Florent et Romain en train de lézarder sur la plage. Je me déshabille et me jette à l'eau bien plus chaude que celle des lacs.

La petite troupe que nous sommes se dirige vers le camping municipal, seul établissement à pouvoir nous accueillir puisqu'il n'y a pas un hôtel de libre en ville. Le camping affiche complet mais on commence à attribuer les places des personnes qui ont réservé et qui ne sont pas venus. Une chance... 
Nous retrouvons les personnes que nous avons côtoyé ces derniers jours puisque les randonneurs sont tous dans la même zone.

Nous décidons d'aller manger tous ensemble et il s'avère que trouver un restaurant non complet n'est pas simple. A peine avons nous fini de manger qu'un feu d'artifice éclate sur la plage. Voilà une bien jolie façon de clôturer une soirée.

Demain lever à 5h30 pour retourner en train à Marseille. Retour à la "vraie" vie..

vendredi 20 août 2021

Source de Tagnarède

Il a suffi qu'un seul d'entre nous se réveille et commence à plier ses affaires pour que tout le monde suive. Il est 6h du matin. Chacun se prépare à son rythme et part quand il est prêt.

Le HRP a fusionné avec le GR 10 et ne le quittera plus jusqu'à Banyuls. Autant dire que je vais recroiser les mêmes personnes jusqu'à la fin.

On nous prévient qu'une nouvelle propriétaire qui vient de racheter des terres sur la commune veut empêcher le passage du GR 10 sur ses biens. Il y a un panneau qui interdit de passer et qui annonce une surveillance par satellite (rien que ça !!). Il ne faut pas tenir compte de ces inepties et passer. La mairie est en procès avec la nouvelle propriétaire. Un grand classique...

Nous sommes bas en altitude et dans des zones habitées et exploitées. Cela s'en ressent au niveau du chemin et il faut suivre en majorité des routes goudronnées et des chemins carrossables.


De temps en temps le GR se permet de passer au milieu de plantation de chênes lièges.
Je suis bientôt rejoint par Florent qui décide de cheminer avec moi. Comme la route est peu intéressante, il est agréable d'avoir quelqu'un à ses côtés. On se motive l'un l'autre dans les côtes et les kilomètres passent plus vite.


Nous traversons le Perthus, ville frontière à côté de laquelle passe l'autoroute qui mène en Espagne. C'est un défilé permanent de camions qui font un bruit démentiel à des kilomètres à la ronde. Le Perthus est elle même totalement congestionnée par les touristes qui la traversent en auto. Le contraste est totalement déroutant avec la vie sauvage en pleine nature de ces dernières semaines. Le choc est si brutal que la seule envie est de fuir au plus vite.


Une jolie petite côte après le Perthus et nous nous retrouvons sur un chemin carrossable. Nous trouvons avec difficulté un endroit pour déjeuner. Nous sommes rejoint par 3 personnes qui étaient avec nous hier soir. Tous souhaitent repartir au plus tôt après le déjeuner. Ils sont sur le chemin depuis des semaines et n'ont pas pu se faire vacciner. Ils n'ont pas de pass sanitaire pour pouvoir prendre le train. Ils ont besoin de faire un test PCR Samedi pour voyager Dimanche.

Je n'ai pas ce problème puisque je suis déjà vacciné. Mais ça ne me dérange pas de forcer l'allure et de passer au plus vite ces deux derniers jours si peu intéressants au niveau randonnée. Le chemin nous maintient sur les montagnes mais de chaque côté la plaine s'étale à perte de vue. On voit les agglomérations qui parsement les champs et même les bateaux dans la mer. Nous sommes à la toute fin des Pyrénées et le voyage se termine avec elles... Double mort, double peine.

Nous passons le  Pic Neulos  à 1256 m qui nous donne une vue imprenable à 360 degrés ce qui inclus le pic Canigou. Il paraît si loin au propre comme au figuré.

Nous nous installons juste en dessous, à côté d'une source et d'une zone de pique nique avec tables. Au moins nous ne sommes pas dans une zone urbaine et je vais tenter d'aller voir une dernière fois les étoiles cette nuit...

jeudi 19 août 2021

Las Illas

Les éboueurs me réveillent à 5h. Je me suis déshabitué des bruits de la ville. Hier soir c'était des jeunes qui s'invectivaient dans la rue et ce matin c'est le camion poubelle. Ma nuit a été courte et je me lève aux aurores.

Ça tombe bien puisque j'ai une grosse montée de 1000 m de dénivelé à faire. Autant commencer à la fraîche avant que le soleil ne tape fort. Les Pyrénées ont commencé à baisser en altitude et la chaleur est plus accablante qu'en haute montagne.

Je traverse Amélie les bains endormie alors que le jour se lève. Je ne croise à peu près personne sauf des artisans qui vont boire le café au bar. 

Comme d'habitude, pour sortir d'une ville Pyrénéenne, il suffit de lui tourner le dos et de monter la pente qui fait face.
Amélie les bains vu du chemin vers le Roc de France

L'étape du jour est simple, une grosse montée jusqu'au Roc de France (1000 m) suivi d'une grosse descente jusqu'au hameau de Las Illas (800 m).

Hier le propriétaire de l'hôtel m'a dit avec un sourire entendu "demain vous allez au Roc de France. Je connais, j'y suis allé quand je chassais". Son air était bizarre, un peu comme un connaisseur s'adresse à un autre connaisseur sur un ton de connivence... Ça m'a un peu étonné.

Ce matin, le chemin est bien tracé, aménagé par endroits par les anciens avec une sorte de pavement avec des rochers. Il y a des traces de peinture bleue. Visiblement une course d'ultra trail est passé par là récemment. Je ne risque pas de me perdre. Il n'y a que la pente que je trouve bien raide. Bref comme d'habitude quand je quitte une ville de ravitaillement.

Mon sac est bien lourd pour les 3 jours qu'il me reste. 3 jours c'est vraiment pas grand chose avant la fin. Cette pensée m'évite de me plaindre. Bientôt le retour dans le canapé à regarder Netflix... Du coup, je m'émerveille de tous les détails autour de moi.

Je m'éloigne d'Amélie. Petit à petit, les bruits de la ville s'estompent et je retrouve le silence de la montagne. En fait l'activité humaine avec ses autos et toutes ses machines est surtout et d'abord bruyante. Aucun autre animal ne fait autant de bruit que nous.

La montée est difficile mais elle va surtout être très longue. 1000 m va me prendre la matinée, autant que je prenne mon mal en patience. Ce que je fais sans problème.

Bientôt le chemin redescend. Ce n'est pas normal... Ce que me confirme le GPS qui me dit que j'ai raté une bifurcation. Je reviens en arrière et trouve un cairn qui indique un sentier...qui n'existe pas.
J'ai fait la moitié du chemin jusqu'au sommet du Roc de France et je dois prendre un sentier de chasseur pas marqué sur l'autre moitié.

Je suis au milieu des chênes verts et je dois deviner où se trouve le sentier. Cela fait des semaines que personne n'est passé par là, sûrement depuis que la chasse est fermée.

Il fait sombre dans ce sous bois d'une manière un peu inquiètante. Trouver ma voie va me prendre des heures. Je comprends maintenant l'air entendu de l'hôtelier. Sans être un chasseur local, je n'ai pas fini de galérer dans ce sous bois où tous les arbres se ressemblent.

J'ai beau chercher sur la carte, il n'y a pas d'alternative. Je n'ai pas le choix je dois y aller. En plus je me suis mis dans cette situation tout seul puisque j'ai quitté le HRP. Je le rejoindrai d'ailleurs au Roc de France. A condition d'y arriver...

J'ai quand même un avantage. J'ai un peu d'expérience pour m'être accommodé de pas mal de sentiers mal indiqués depuis toutes ces années que je randonne. Je vais mettre toute cette expérience à contribution. La première chose est de comprendre la philosophie et l'objectif du sentier que l'on suit. Celui-ci a été ouvert par des chasseurs qui ne viennent pas souvent pour rejoindre un sommet. J'en conclus que le meilleur moyen est de suivre la ligne de crête. Il y a certes des rochers mais les arbres n'y poussent pas et c'est la zone la plus à plat lorsque les pentes à droite et gauche sont escarpées. 


Je marche donc sur la ligne de crête en utilisant les quelques cairns que les chasseurs ont posé. J'ai pas mal de varape à faire mais dans l'ensemble ça ne se passe pas si mal. Par contre, le chemin n'est absolument pas aménagé ou même fréquenté et je perds beaucoup de temps. Je suis un peu inquiet car la météo a annoncé un orage pour l'après-midi et que je ne veux plus être sur les hauteurs après 14h.

Je n'arrive pas à accélérer car je passe beaucoup de temps à me repérer. Je suis vraiment au milieu de nulle part et je n'ai aucune visibilité en profondeur. Je ne vois même pas le ciel à cause de la densité des arbres. J'avance au coup par coup quand je trouve la ligne de crête dans le dédale des arbres. Le peu de marques sont soit des cairns, soit des morceaux d'écorce enlevés à la hache soit des points de peinture sur les zones les plus critiques. C'est à la fois inquiétant et très excitant de se frayer un chemin dans cette demi obscurité. Mon seul vrai stress est l'heure qui tourne et le peu de dénivelé que j'avale.

Soudain un poteau face à moi. Un autre sentier rejoint le mien et il y a un balisage pour aller au sommet. Je me crois sauvé par ces marques jaunes. Malheureusement ils ont visiblement embauché un chasseur pour le marquage. Il y a peu de marques et uniquement sur les zones critiques. L'aide est vraiment succinte. Mais ayant compris l'esprit du sentier, j'arrive à m'en sortir. 

J'arrive avec soulagement au Roc de France. La vue est dégagée et j'en profite abondamment après cette matinée un peu compliquée.




Il est 13h30, le ciel est clair et c'est donc le moment idéal pour manger.
Je redescends l'autre face de la montagne dans une forêt d'immenses hêtres bien plus gros et plus haut que les petits chênes verts que j'ai eu jusqu'à maintenant. 


Je ne sais pas si je suis en France ou en Espagne. Le peu de panneaux que je vois sont écrits en Catalan, langue utilisée des 2 côtés de la frontière.

Maintenant que j'ai rejoint le HRP, les tracés sont clairs et bien marqués. La navigation devient vraiment simple. Je croise aussi de l'eau, élément totalement absent sur l'autre face de la montagne.


Je descends tranquillement vers Las Illas alors que les nuages noirs s'accumulent sur ma tête
J'accélère pour arriver avant que l'orage n'éclate. Je suis sur le "chemin des exilés" et des stèles rappellent que le gouvernement de espagnol est venu chercher refuge en France sous la dictature franquiste.

J'arrive sur Las Illas alors que le tonnerre gronde. Mes notes m'indiquent qu'il y a une zone de camping gratuite à la sortie du hameau avec douche, WC et eau courante. Je suis très étonné que la mairie mette à disposition une telle zone. Surtout qu'il y a une auberge qui doit voir cette compétition gratuite d'un mauvais oeil.

En arrivant sur la zone, je vois déjà des tentes et je retrouve Florent, qui s'anime à ma vue. En fait la zone est envahie de randonneurs faisant le GR 10. Nous partons en troupe boire une bière à l'auberge alors que l'orage nous lâche quelques gouttes. Au retour, nous partageons un repas sur les tables de pique nique de la zone de camping. Il y a un menuisier, un serveur, un retraité, une responsable informatique qui discutent ensemble de manière conviviale. Autant de diversité d'âges, d'expériences, de niveaux sociaux mélangés ne se retrouve ailleurs que dans un groupe de hikers. Tout est gommé et le partage se fait naturellement et avec bienveillance. Exactement la même chose que sur le CDT. C'est un aspect que j'adore et qui me manque quand je ne marche pas où la convention veut qu'on ne se mélange pas.

Néanmoins à 22h tout le monde part se coucher car demain il faut être en forme pour marcher. Et surtout il faut se lever tôt pour profiter de la fraîcheur du matin avant que le soleil ne nous brûle de ses rayons.


mercredi 18 août 2021

Amélie les bains

Le réveil de Xavier sonne à 6h alors que le soleil n'est pas levé. Nous avons 14 km à faire pour Amélie les bains. L'idée est de déjeuner ensemble avant de nous séparer. 

Heureusement après une montée au début, il n'y a que de la descente tout au long jusqu'au village.
Amélie les bains n'est pas une étape officielle du HRP. C'est Arles sur Tech qu'il l'est et qui est aussi une étape du GR 10. J'ai changé de destination car je voulais ravitailler et que la ville possède deux épiceries. Il y a aussi de nombreux hôtels car Amélie est une ville thermale.

La première étape est de finir le trajet de la veille et donc de rejoindre le Refuge de Batère (1500 m). Pour cela nous devons avaler un petit dénivelé de 100 m pour passer le Col de la Cirère à 1731m. Cela permet de se réchauffer dans le petit matin frisquet. Les vestes sont vite rentrées dans les sacs à dos. 


Juste avant le refuge nous retrouvons Florent et son groupe ce qui nous permet de les remercier pour nous avoir aussi généreusement fourni en champignons. Nous nous sommes régalés et leurs sourires de satisfaction à nos remerciements font vraiment plaisir.

Nous attaquons la descente et passons devant le refuge de Batère sans nous arrêter. Nous avons un horaire à respecter pour manger à Amélie.

Après le refuge, la HRP reste fusionnée avec le GR 10 pour descendre à Arles sur Tech. Quant à moi, j'ai défini un tracé qui va directement à Amélie les bains en évitant soigneusement toute route goudronnée. Nous sortons donc des chemins battus pour nous engager dans l'inconnu. J'espère ne pas avoir fait n'importe quoi.

Nous commençons par une belle route carrossable qui nous amène jusqu'au sentier balisé du tour du Canigou. C'est celui que nous allons suivre une bonne partie de la matinée. Il est en sous bois donc assez agréable car il fait très chaud. Nous nous rapprochons de la Méditerranée et la température monte en flèche. L'eau commence aussi à être moins présente et je sais que je dois faire très attention dans les jours à venir.

Nous ne descendons pas beaucoup alors que le village est au cœur de la vallée.

Nous croisons les ruines de la gare minière de Formentera. C'est vraiment étonnant de trouver une ville fantôme. Je croyais ce type de phénomène réservé au Far West américain.


Juste après les ruines le sentier plonge enfin vers la vallée. Plonger est d'ailleurs le terme adéquat car la pente est très raide et le risque de glissade bien réel. Il nous reste 6 km avant d'arriver en ville et les jambes sont mises à rude épreuve.

Il est 12h30 quand enfin nous arrivons en ville. Amélie les bains est une ville se meurt. Les thermes ne font plus recette et on ne compte plus les magasins vides et les hôtels à vendre. Sous le soleil de plomb, les rues désertes et les bâtiments abandonnés donne un air lugubre à la cité qui dépérit.

Nous prenons place à la terrasse de l'hôtel de Paris qui a un peu de tenue dans ce naufrage. Le patron, un ancien légionnaire, s'avère des plus sympathique et nous profitons de son accueil. Il me trouve un hôtel puisque finalement il y a peu d'hôtels ouverts et que le sien est plein.


Après le repas et une bonne bouteille de rouge, je vais prendre mes quartiers à l'hôtel Pergola. Le patron tout aussi sympathique autorise Xavier a prendre une douche et accepte de laver mes affaires sales. 

J'accompagne Xavier à l'arrêt de bus et patiente avec lui jusqu'à l'arrivée de son moyen de transport. Il est déjà l'heure de se dire au revoir. Le temps à filé comme l'eau et j'ai l'impression qu'il vient juste d'arriver. Je retrouve ma solitude mais je dois m'occuper de la suite de mon voyage et faire le ravitaillement.

Il ne reste que 3 jours avant la fin mais tout le monde m'a dit de faire très attention car ce final est difficile. Il fait extrêmement chaud et l'eau est rare. Il faut bien gérer pour ne pas se faire piéger. Un homme averti en vaut deux. Et comme j'ai perdu Xavier, j'en ai bien besoin...

mardi 17 août 2021

Maison Forestière de l’Estanyol via le pic Canigou

J'ai dormi comme une masse. La journée promet d'être épique puisque nous devons monter le pic Canigou à 2784 m. Le programme ne s'arrête pas là puisque officiellement nous devons faire au total 28 km avec  2000 m de dénivelé positif et 2200 m de négatif. C'est une journée de 10 h de marche si nous voulons la faire au complet. Cela n'est physiquement pas souhaitable et l'idée est d'en faire le maximum pour que demain nous soyons à Amélie les bains où Xavier doit prendre le bus puis le train pour rentrer à Paris.

Le Pic Canigou est une référence en soi. La face par laquelle nous l'attaquons est la plus difficile. La voie a été ouverte à coup de dynamite pour permettre le passage. Il s'agit donc de remonter une cheminée créée par l'homme en s'aidant de ses mains pour se hisser au sommet.

La première phase de la journée est donc de monter sur le pic Canigou. L'approche est évidemment assez raide et je suis un peu inquiet de n'avoir pas suffisamment récupéré de ma nuit blanche. Hier j'ai fonctionné aux nerfs, surtout pour le final que j'ai fait à fond et ce matin je sens que la fatigue est bien là. Je compte sur l'adrénaline pour effacer toute trace d'épuisement.

Nous partons alors que des randonneurs passent sur le sentier. 2 groupes de 3 personnes qui avancent vaillamment et qui nous doublent rapidement. Mais une course au sommet est une affaire de long cours et il faut manager ses forces.

L'approche du sommet est des plus classiques c'est à dire que plus on monte, plus la pente est raide et les zigzags serrés. Rien de spectaculaire mis à part la barre rocheuse qui nous fait face et dont on a du mal à voir où se fait l'accès au sommet. 



Je vois bien des petits points crapahuter pour accéder aux  crêtes et j'évite d'alarmer Xavier qui pourrait prendre peur avec ses appréhensions de vertige.


Nous montons et bientôt nous devons nous concentrer sur des pierriers qui tentent de nous barrer la route. Mais le chemin est bien marqué et nous nous dirigeons vers la cheminée finale. Des 2 groupes qui nous ont doublé, l'un est tout juste devant et l'autre derrière. Il est tôt et nous sommes encore peu nombreux à  escalader le pic.

Une fois les pierriers passés, nous voici face à la cheminée. Il s'agit de crapahuter avec les mains pour se hisser tout en haut. Le passage n'est pas très technique mais il est très impressionnant. Je ne laisse pas le temps à Xavier de réfléchir et me jette dans la bataille pour montrer l'exemple. Le plus compliqué est de laisser passer des randonneurs qui veulent descendre la cheminée alors qu'on la monte. Sinon les prises sont assez faciles et si on ne regarde pas en bas et qu'on assure ses pas, le passage est faisable quelque soit son niveau.


Une des personnes du 1er groupe commence à paniquer et je les laisse se débrouiller entre eux. Je les double et me retrouve seul dans la cheminée. Je cherche les voies les plus sécuritaires. Certains passages acrobatiques ne seront pas référencés dans les manuels..


Je passe le crête et j'arrive directement au sommet. La vue à 360 est bien sûr à couper le souffle. Mais le plus spectaculaire pour moi est de voir la mer Méditerranée. D'un coup, je vois l'objectif après lequel je cours depuis 39 jours. Et c'est un choc car je ressens subitement que ce voyage à une fin. Je ne voyais pas la "petite mort" mais elle est bien là devant mes yeux, grand miroir à perte de vue.
Je vois toute la plaine avec Perpignan en ville principale.

Xavier émerge lui aussi de la crête en me traitant gentiment de tous les noms. La pompe à adrénaline a fonctionné à plein régime. Le peu de touristes présents s'esclaffent de rire devant sa prestation. 


Le temps de faire une photo et de manger une barre céréale et nous voici parti sur l'autre face qui est la voie utilisée normalement pour monter au sommet. Elle est beaucoup plus accessible que la cheminée. Nous descendons tranquillement en direction du refuge  des Cortalets à 2150 m.


Nous pique-niquons juste avant le refuge pour ne pas perdre trop de temps. Nous prendrons quand même un coca et une part de tarte pour nous récompenser de cette matinée. Il y a des VTTistes en train de déjeuner et la guerre entre les avec et sans assistance électrique est évitée de justesse grâce au magnifique accent du Sud Ouest qui gomme toute agressivité.

Nous reprenons la descente qui se fait à flanc de coteau. C'est un vrai sentier en balcon qui domine la plaine devant les Pyrénées. 

Nous passons une épave d'un hélicoptère qui s'est crashé il y a visiblement de nombreuses années. Ça n'en reste pas moins impressionnant.


Nous croisons des touristes qui montent et qui vont pour la plupart au refuge. En plein soleil, les corps souffrent encore plus à la montée même si la descente n'est pas des plus facile.

Lorsqu'on rejoint une route carrossable, nous bifurquons immédiatement sur la droite sur un autre sentier en balcon qui reste à flanc de coteau. 


Nous sommes impressionnés par ce chemin qui a été construit par les anciens. Il s'agit d'une ancienne voie de communication entre vallée et un travail colossal, sûrement à la mai, a été accompli. 



Le chemin est écroulé à plusieurs endroits et chaque passage nous rappelle combien le sentier serait pénible sans le travail des anciens.


Les heures et les kilomètres s'écoulent et la fatigue commence sérieusement à s'accumuler. Il est 17h et nous avons fait 24 km. Belle performance qui est dû en partie au fait que nous étions à plat. Ce qui veut dire que nous avons bien 2000 m de dénivelé positif et négatif dans les pattes. La Maison Forestière de l’Estanyol (1479 m) qui se profile à l'horizon est la bienvenue. D'après mes notes, il y a moyen de camper à proximité alors que ça fait des heures que nous marchons sur un sentier escarpé.

Nous retrouvons le groupe auquel s'est joint Florent à la Maison Forestière. Ils font tous le GR 10 que nous avons rejoint après avoir fait le pic Canigou que le GR contourne. Ils ont ramassé des champions et échange une partie de leur récolte contre de l'huile d'olive.

Nous avons installé nos tentes sur un grand endroit plat au soleil. Xavier s'occupe de faire cuire les champignons et nous nous régalons de cèpes et de trompettes de la mort qui nous change de notre ordinaire.


Nous nous couchons tôt dans l'idée de manger demain au restaurant à Amélie les bains avant de se quitter.

lundi 16 août 2021

La traversée du Cady

Je n'ai pas dormi de la nuit. Une nuit blanche. A chaque fois que j'étais près à sombrer mon conscient empêchait la bascule. Une vraie torture. 

Pourtant le refuge était sympa. Nous n'étions que 4 clients au total donc chacun a dormi dans sa chambre. Comme à l'hôtel en fait mais mon cerveau malade ne l'a pas entendu de cette oreille. Les journées sont physiquement éprouvante et j'ai besoin de récupérer. Je m'inquiète de comment va se passer la journée.

Elle est en principe assez tranquille. 22 km, 800 m de montée et 1300 de descente. C'est une section pour s'approcher du Canigou.

Nous nous approchons de la Méditerranée et les problèmes d'eau vont commencer. Mis à part au début et à la fin, il n'y a aucune possibilité de ravitailler en eau sur le parcours.
Le HRP décide de tutoyer les Dieux et ne descend pas en dessous de 2000 m. Nous devons traverser plusieurs plateaux et aucun sommet. Donc mis à part la distance, je devrais pouvoir suivre malgré mon état d'épuisement.

Nous commençons par une grosse descente qui amène au parking sous le chalet. Ce refuge est donc proche de la route ce qui explique peut-être pourquoi si peu de gens y couchent.


Nous remontons la route pour arriver à la station de ski. Bien évidemment tous les commerces sont fermés. On est hors saison.
Derrière le dernier bâtiment commence le GR que nous empruntons. Il y a 400 m pour monter sur le plateau. J'ai de la chance je commence par le plus difficile. Le manque de sommeil fait que j'ai un mal de crâne épouvantable et que je transpire malgré la fraîcheur du matin. Mais après des jours et des jours à grimper, mon corps trouve son rythme et avale le dénivelé.

J'en arrive quand même à me demander pourquoi je m'impose cette souffrance. Parce que chaque montée est une souffrance avec ou sans repos. Quel est le moteur pour se faire du mal ? Je crois que c'est cette souffrance nous fait voir et ressentir des choses que nous ne verrions pas sans cela. La beauté du paysage est aussi ressentie parce qu'on a souffert pour la voir. On regarde tous les détails. On ressent tous les détails.
Et on peut amener n'importe qui en montagne, la première expression qui ressort de ce type d'expérience "Qu'est ce que c'est beau !". Je n'entends jamais cela quand on passe en voiture où l'on est physiquement pas sollicité.

En final, je finis par monter la côte et arrive sur le plateau. Il s'agit d'une immense étendue herbeuse où l'on voit le sentier s'étaler sur les flancs des montagnes. Xavier se sent dans son élément et met le turbo. Je n'ai pas le choix de suivre le rythme mais il est vrai que pour la première fois, le sentier est "roulant" et facile à randonner.


Nous passons d'une crête à l'autre et nous enchaînons les km dans un paysage de plateaux herbeux ou couverts de pins, parsemés de quelques pierriers.


A midi, alors que nous nous restaurons, le nuages noirs essayent de passer les cols derrière nous. Nous décidons d'accélérer pour éviter l'orage. Les nuages sont derrière la crête que nous suivons et nous jouons à cache cache avec eux. Pour l'instant, ils ne nous ont pas rattrapés.


A 16h, après une descente abrupte, nous arrivons au Refuge de Mariailles (1710 m). Nous retrouvons des connaissances car c'est aussi une étape du GR 10. Nous y retrouvons Florent qui s'est greffé à un groupe qui fait une semaine sur le GR. Nous revoyons des HRPistes rencontrés la veille à l'apéro. Tout cela me rappelle la communauté des hikers du CDT.

Après l'habituel duo coca + tarte, nous repartons pour trouver un endroit où passer la nuit.
D'après mes notes, le 1er endroit se trouve à 4 km. Le problème est que les nuages noirs nous ont rattrapés et que le risque d'orage est important.

Galvanisé par le sucre de mon coca, je décide de tout donner pour arriver le plus tôt possible et de monter la tente pour être à l'abri de l'orage.

Je n'ai aucune idée d'où vient cette énergie mais j'arrive en nage au point indiqué, la traversée du Cady. Il y a bien une rivière mais peu d'endroits plats. Au mieux un endroit pour un seul abri que je laisse à Xavier qui traîne une tente 3 places.
Je me case dans un creux afin de dormir quelque part. Je suis tellement fatigué que ça ne devrait pas être un problème. 
Il faut que je récupère car demain nous devons faire le mythique Pic du Canigou à 2784 m. Il vaut mieux que je sois en forme...

dimanche 15 août 2021

Refuge d’Ull de Ter

Étonnamment les affaires ont séchés pendant la nuit. Le petit vent qui souffle ce matin ne doit pas être pour rien à ce phénomène.

Il faudrait se lever tôt car la journée est particulièrement chargée : 17 km, 1700 m de montée et 1000 m de descente. Je n'ose pas réveiller Xavier et attend 7h pour le faire. Résultat nous partons à 8h30.

Pour commencer nous remontons la rivière auprès de laquelle nous avons dormi cette nuit. La pente n'est pas très importante et nous doublons quelques touristes.
Les abords sont couverts de végétation. D'abord des arbres puis des arbustes.


Passé 2000 m d'altitude, on ne trouve plus que de la prairie.


Les choses s'accélèrent et il faut monter au Col d’Eyne à 2683 m. Les derniers mètres sont très pentus et demande pas mal d'énergie pour couvrir les 800 m de dénivelé depuis notre réveil. C'est le paradis des ultras runners qui circulent en courant avec une facilité déconcertante. Je sais bien que j'ai un gros sac à dos, surtout depuis le dernier ravitaillement mais ce n'est pas suffisant pour expliquer l'écart de performance entre nous.


Arrivé au col, nous devons maintenant prendre la route des crêtes. Cela veut dire que l'ascension continue pour aller vers le pic de Noufonts (2861 m). Cumulee une montée après l'autre est difficile. Le moral de Xavier en prend un coup quand il se fait doubler par une ultra runneuse en petites foulées alors qu'il est au bout de sa vie. Elle regarde sa montre une fois au sommet et prend la descente encore plus rapidement que la montée. Très impressionnante !

Quand à nous, nous faisons très attention à la descente pour ne pas tomber. Je ne comprends pas comment on peut courir sur un endroit aussi technique ou le moindre faux pas peut avoir des conséquences dramatiques.

Nous continuons de suivre la crête dans un paysage gigantesque faite de montagnes pelés ou rien ne pousse sauf des cailloux. Quoiqu'il en soit le site est grandiose même s'il est engageant.


Nous déjeunons rapidement en gardant en mémoire qu'un orage est annoncé entre 16h et 18h. Nous devons avoir quitté les crêtes avant. Il y a de trop gros risques à se faire frapper par la foudre en restant sur les crêtes.

Nous passons le col de Nou Creus à 2796 m puis le Pic de la Vaca à 2821 m. A ce niveau il y a 2 choix, soit prendre la route des sommets, soit prendre le GR 11. A cause de la météo, nous voulons redescendre au plus vite et prenons le GR.


A 14h nous commençons à descendre alors que les premiers nuages arrivent. Le temps d'arriver au Coll de la Marrana à 2535 m, le tonnerre commence à gronder.
Nous nous dirigeons vers le refuge d’Ull de Ter à 2220 m. Il est désert et Xavier décide d'y passer la nuit. Nous avons droit à une chambre à 6 places pour nous deux.

Il ne me reste que 6 jours pour terminer le HRP. Je ne suis absolument pas dans le même état d'esprit que pour le CDT. J'avais commencé à penser à la fin au moins un mois avant. C'était même une obsession partagée avec les autres hikers. Rien de tout cela ici. J'ai perdu la notion du temps mais le HRP est difficile. Très difficile et surtout très engageant.  Il demande un effort physique important quotidiennement pour accomplir les étapes. Cette difficulté touche tout le monde, quelque soit l'âge ou la condition physique. Au refuge, une fille qui avait fait le GR 5 pendant 2 mois disait que la HRP ne pouvait pas être comparé à cause de sa difficulté. Donc finir représente un succès beaucoup plus que pour le CDT. Il ne s'agit pas de randonner gentiment et de passer un jour de plus sur le trail. Il s'agit de se battre et de vaincre la montagne et en réalité soi même chaque jour que Dieu fait. Finir la HRP sera comme passer une ligne d'arrivée après un marathon, une vraie victoire.  Ce n'est pas la sensation du CDT ou on quitte un colocataire après une longue période d'amitié.
Autre chemin, autre sensation...

samedi 14 août 2021

Eyne

Ce matin à 6h, le bruit des bottes nous a réveillé. Des bottes de pêcheurs mais des bottes quand même. Ils sont passés sans discrétion juste à côté des tentes en les éclairants bien avec leurs lampes. Ils ont pris possession de notre paradis pendant qu'on dormait encore.

Nous avons quand même traîné et nous avons quitté notre lac, dont nous n'étions pas les uniques bénéficiaires, vers 8h30.
Il n'y a pas vraiment de raison de se presser car il s'agit d'une étape de liaison qui va nous faire descendre jusqu'au village de Eyne. Nous avons 15 km à faire et de descendre de 800 m. 


Le début de la journée est agréable car nous continuons de longer de magnifiques lacs sur un petit sentier à l'ombre des pins. 


Nous rejoignons le GR 10 qui descend via un chemin carrossable à travers les pistes de ski. Ce chemin est parcouru par les sportifs du Week-end et nous croisons des VTTistes et ultra runners. Le chemin perd un peu de son charme mais permet de marcher à plat sans regarder ses pieds pour éviter des rochers, ce qui reste confortable.

La forêt prend fin et nous avons une vue en profondeur sur le plateau de Cerdagne. Ce plateau est la première vraie rupture dans la chaîne de montagnes depuis le début du voyage.

Ce plateau est occupé par l'homme et nous descendons vers la civilisation. Autant le HRP est sauvage et fait son possible pour éviter les zones urbanisées, autant ce plateau nous y jette les 2 pieds en avant.

Nous nous permettons même de ravitailler au supermarché. Nous arrivons à l'heure de pointe vers 11h où les gens se battent pour une place de parking. Il faut faire la queue pour acheter du pain. Le choc est particulièrement violent pour moi qui fonctionne avec des petites épiceries de village depuis un mois. Xavier semble moins impacté que moi mais il ne randonne que depuis 3 jours.

Nous allons manger au restaurant en face le supermarché. Il s'agit d'un magasin de produits locaux, surtout des fromages et de la charcuterie qui fait des salades depuis les produits disponibles en magasin. 
Nous rechargeons les batteries avant de repartir sous un soleil de plomb.

Nous traversons Super Bloquere composé uniquement de chalets d'hiver et de maisons secondaires.
Le style est très disparate et laisse parfois à désirer. Les gens occupent ces habitations pour profiter des joies de la neige.
Autrement dit les quartiers que nous traversons sont quasiment déserts en plein mois d'août.
Nous sortons de l'agglomération pour traverser le reste de  la plaine via un sentier à travers champ jusqu'au petit village de Eyne. Nous avons rempli notre contrat et nous fêtons l'événement avec un coca au seul bar restaurant du village.

Il nous faut maintenant trouver un endroit pour bivouaquer. Nous attaquons donc le programme du lendemain.

Nous ne souhaitons pas aller très loin car il est déjà 16h et que le soleil a bien puisé dans nos réserves. Surtout que le programme de demain n'est que de la montée pour nous apprendre à descendre toute une journée.
Super Bolquere vu du sentier au dessus de Eyne


Mes notes donnent tout une succession d'endroits où planter nos tentes. Le 1er et le 2eme ne nous plaisent pas. Par contre les nuages noirs s'amoncellent sur nos têtes et il nous faut vite planter nos tentes avant que l'orage n'éclate. Le 3eme endroit est un peu petit mais nous ne pouvons pas risquer d'aller plus loin.

Le temps de monter nos tentes et le déluge commence, avec force grêlons et pluie battante. Un classique orage de montagne.
Mon tapis de sol n'est plus étanche et l'eau remonte dans la tente. J'écope ce que je peux et dès la fin de l'orage, je sors toutes mes affaires pour les faire sécher.

Un autre orage est annoncé pour demain à 14h alors que nous devrions être sur les crêtes. Je suis un peu inquiet sur le déroulement de la journée de demain...

En attendant, nous profitons de ce beau spot pour se laver et manger. Demain sera une dure journée...

vendredi 13 août 2021

Lac Negre

Après avoir dormi avec nous, Florent notre camarade du GR 10 a décidé de nous accompagner sur le reste du tronçon commun. Il a plus de plaisir "à marcher avec nous qu'avec les trentenaires coincés qu'il a rencontrés jusqu'à maintenant". Il continuerait bien à cheminer avec nous mais arrivé à la Cabane de Rouzet, nos routes se séparent. Le GR contourne la chaîne de montagnes qui nous fait face alors que Xavier et moi allons la traverser en passant par son point le plus haut.

Pour cela, nous logeons l'Étang de Lanoux ce qui nous permet de voir quelques HRPistes qui ont installé leur tente sur les rives du lac.
Arrivé au bout du lac nous bifurquons vers les montagnes et la montée commence. Quelques pierriers pour se mettre en jambe et nous arrivons Étang des Fourats à 2457 m. Nous n'avons grimpé que 200 m et nous sommes au pied du Pic Carlit. Nous allons devoir monter 500 m de dénivelé en moins d'un km. 

Autant dire que la face du Pic est  impressionnante surtout que le sentier pour accéder au sommet est visible depuis tout en bas. Il est en zigzags serrés dans la seule partie constituée de roches et de gravier gris, coincé entre 2 blocs de roches noires.
Vu d'ici, ce sommet n'a rien d'accueillant et la pente a l'air aussi raide que difficile d'accès.


Il ne faut pas réfléchir pendant des heures et vite passer à l'action avant de penser à des alternatives. Xavier, un peu sujet au vertige, est déjà livide devant l'obstacle. Nous nous engageons donc dans ce sentier qui en quelques pas se retrouve à la verticale. Le plus compliqué n'est pas réellement l'effort physique mais le fait de garder de l'adhérence dans ce qui est de la poussière tassée par le passage des randonneurs. 

Un kilomètre dans ces conditions est long, très long. Il faut faire un pas après l'autre en se hissant littéralement sur ses appuis. Nous croisons des personnes qui redescendent. Il y a même des enfants ce qui nous encourage sur la faisabilité de cette ascension. Elle n'a effectivement rien de technique mais demande un effort constant surtout avec un gros sac à dos.

Arrivé au col, je découvre l'autre face et surtout le sommet à ma droite. Il est couvert de touristes qui sont montés par la face opposée à la nôtre. C'est une nuée de personnes qui montent vers ce sommet. Autant de petites fourmis colorées qui se suivent sur le sentier que j'aperçois depuis le col.


Xavier refuse de se mêler à la foule qui fait des selfies devant la croix en fer qui marque le sommet du Pic Carlit à 2921m. J'y vais pour marquer le coup mais ce n'est pas possible de faire des photos sans avoir des gens dessus.





Nous déjeunons sur la partie gauche du sommet qui n'intéresse personne. Puis nous nous mêlons à la foule pour redescendre. Il y a autant de gens qui descendent que ceux qui montent. Le record d'affluence d'un lieu dans les Pyrénées est battu. Je n'ai jamais vu autant de monde depuis que je suis parti. Nous sommes le weekend du 15 août ce qui peut expliquer cette affluence.

Il faut dire que nous sommes proches de Font Romeu et que le cadre est magnifique. Il y a une dizaine de lacs entourés par des forêts de pins. L'endroit me fait penser au Québec si ce n'était le nombre de touristes.


Bien évidemment plus on descend plus le nombre de personnes augmentent. On retrouve les personnes avec un bébé ou un chien qui ne peuvent accéder au sommet.

Le sentier est encombré et des bouchons se créent dès la première difficulté comme une roche un peu plus haute que les autres. Xavier accélère pour doubler les personnes les plus lentes et c'est quasiment en courant que nous faisons les derniers kilomètres pour arriver aux Lac des Bouillouses à 2020 m. S'y trouve d'ailleurs un hôtel où nous décidons de boire un coup. J'ai l'honneur de présenter mon pass sanitaire pour la première fois depuis que je l'ai.

Il est 17h et la montagne est en train de si vider. Des cohortes de touristes se dirigent vers les autobus car la surfréquentation du lieu impose de laisser son véhicule au parking et de prendre la navette.
Nous dépassons les bus et prenons la route sur une centaine de mètres avant de bifurquer pour retourner sur le HRP. D'après mes notes, il y a des zones où planter sa tente à côté de 2 lacs : le lac Long et le lac Negre.

La zone du premier lac est déjà occupé par 2 hikers et nous poussons donc jusqu'au 2ème. Il est encore plus beau et nous ne l'avons que pour nous. J'ai vraiment l'impression d'être au Québec surtout quand je me plonge avec délectation dans l'eau pour me laver.


Un très beau bivouac après une journée bien musclée !


25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...