Hier soir lorsque j'ai bifurqué sur une route secondaire, j'ai bien vu qu'il n'y avait aucune trace de pas de hiker dans la poussière. Habituellement cela signifie que l'on est en train de se tromper. Il y a toujours quelqu'un qui est passé avant vous et qui a laissé la trace éphémère de sa semelle.
J'ai bien vérifié le GPS et je suis sur le bon chemin. La majorité des hikers utilise une application pour smartphone qui s'appelle Guthook. Elle ne répertorie que quelques routes alors que j'ai sélectionné mon parcours parmi des tas de possibilités (quand elles existent). J'avoue que l'avantage de l'App est double :
1- Vous évitez de vous casser la tête pendant des weekends entiers à analyser. Quelqu'un le fait pour vous.
2- Il y a un aspect social où chacun peut donner des informations sur les points d'intérêt répertoriés. Ça m'aurait évité d'aller voir 2 réservoirs à sec.
Par contre, le désavantage est que vous allez uniquement là où l'App vous dit d'aller et que vous faites le même trajet que tout le monde, même si cela ne représente que quelques personnes. Pour ma part, je préfère aller là où j'ai décidé d'aller uniquement parce que je l'ai choisi.
Bref le programme de la journée est une spéciale Némo. Je serai complètement seul et ne doit compter que sur moi en cas de coup dur. Cela n'est vraiment pas pour me déplaire.
La journée commence donc par une route secondaire en terre qui se transforme rapidement en chemin pour 4x4. Ce chemin devient un cul de sac sur un puits solaire. Comme le panneau solaire est en panne, le rancher a amené un véhicule chargé de batteries pour faire tourner la pompe. C'est récent parce que le bassin est vide et que les vaches se bousculent pour le peu d'eau qui stagne dans la boue.
Mon arrivée les fait toutes fuir et j'ai le tuyau pour moi tout seul.
Pour couronner le tout, le GPS me dit de passer par dessus son barbelé. Je commence à les cumuler. Cerise sur le gâteau, le chemin indiqué par le GPS n'existe pas. L'avantage d'une zone désertique c'est qu'on peut aller n'importe où même quand il n'y a pas de chemin.
À un moment donné je tombe sur un sentier créé par les vaches qui semble correspondre à la direction où je dois aller. Je décide donc de faire la vache à mon tour. Et grand bien m'en prend ! La plaine est truffée de Rios à sec d'une profondeur impressionnante et infranchissables tant les bord sont à pic. Je suppose que le phénomène est lié à la pluie. La saison des pluies doit être quelque chose. Vaut mieux pas de trouver là quand un Rio se forme.
Les vaches quant à elles savent exactement où traverser et suivre leurs traces m'évite de chercher. Par contre je marche dans du sable, aussi fin qu'à la plage ce qui non seulement est épuisant mais ne permet pas de progresser rapidement. À midi, je n'ai réalisé que 16 km au lieu des 20 habituels.Il n'y a pas un souffle d'air et le soleil est écrasant malgré mon parapluie. J'en profite pour me faire une nouvelle ampoule alors que franchement je pensais en avoir fini avec ce type de blessure vu le nombre de jours de marche.
À 13h, je me retrouve dans un cul de sac, une plaine encadrée de montagnes. Mon GPS me dit de grimper et je trouve une trace de vache qui part dans la montagne. Je trouve ça vraiment étrange parce les vaches n'ont pas l'agilité des chèvres et que ça a l'air plutôt technique comme passage. D'ailleurs ça se confirme très rapidement et à mon grand étonnement une vache est passée sur le parcours exact du GPS. D'ailleurs quand je suis les traces de la vache tout va bien mais dès que je la perds, c'est vraiment compliqué car la végétation est pleine d'épineux qui laissent difficilement le passage.
Je ne vois pas une vache passer où nous passons. Ce n'est pas une vache. Mais alors qu'est c'est ? Je passe un vallon et à la crête de la 2eme montagne, je trouve un sentier créé par une multitude d'animaux que je suis en train de suivre. Je suis ce sentier, conformément aux instructions du GPS et je tombe sur un troupeau.. d'Elans, "Elk" en anglais. Je savais que j'allais en voir mais pas si tôt dans cette région désertique. En tout cas, il n'y a aucune ambiguïté car j'ai bien le temps de les voir alors qu'ils s'enfuient.
L'élan du Nouveau Mexique ne ressemble pas exactement à celui du Canada. Il est plus petit qu'un cheval et à les cornes très droites. Mais ça reste un gros bestiau et son sabot ressemble à celui d'une vache d'où ma méprise.
Ce qui m'étonne c'est que la personne qui a pondu la trace a suivi celles des Élans et que des années plus tard, les Élans continuent d'utiliser les mêmes passages. Ce sont donc de animaux faciles à chasser s'ils ont toujours les mêmes habitudes (et je ne pense pas qu'aux humains).
Je suis au milieu des montagnes avec des vues impressionnantes sur la plaine et je traque les Élans. Heureusement que j'ai un peu de sang Apache depuis la rivière Gila sinon je pourrais me perdre.
Je trouve quelques traces humaines dans des endroits improbables, la plupart des maisons en bois dont il ne reste que le foyer en pierres. Ces maisons doivent datées de l'époque du Far West.
En respectant les voies de circulation des Élans, la marche s'avère facile au niveau de la végétation. Surtout ne pas déroger au risque de ne pas passer.
De montées en descentes, je finis par sortir de la brousse en tombant sur un point d'eau non répertorié. Il tombe franchement bien celui là parce que j'allais tomber à sec.
Qui dit puits, dit route pour y aller ce qui facilite encore plus la progression. En suivant cette route, je dois tomber sur un autre puits.
Il est 15h30, je n'ai fait que 20 km mais je suis lessivé. 10 km de plus iront bien et je pourrais me laver. Tout va bien
Fatigué les 10 km s'avèrent pénibles et je compte chaque km en regardant 20 fois mon GPS pour contrôler l'avancement.
À 18h15, j'arrive au puits... Vide !
Le prochain puits est à 5 km. Pas le choix, l'eau c'est la vie. Épuisé, j'arrive à 19h dans un espèce de cloaque où il y a de la boue partout car l'eau déborde du bassin rempli d'algues vertes. Les animaux ont tout piétiné. Mais j'ai décidé de me laver et je le fais, les pieds dans la boue. La lessive aussi au milieu des algues. L'opération la plus longue reste le filtrage. Je n'en peux plus de ce filtre bouché. Résultat le soleil se couche alors que je suis toujours en train de filtrer. Je refais mon sac, met la frontale et repars en sens inverse pour trouver un endroit pour la nuit. J'ai couvert 37 km dans des conditions pas toujours facile. Il est 21h et je dois monter la tente et me faire à manger. Alors que je m'affaire, j'entends un bruit derrière moi. Il s'agit d'un taureau noir énorme - on le dirait sorti d'une manade espagnole - accompagné de sa dame tout aussi grosse que lui. Et ils sont pas contents. Il le font savoir en soufflant trés fort dans leur naseaux. J'en ai ma claque : je suis fatigué, il fait nuit. Je ne vais pas démonter ma tente pour 2 vaches contrariées. Je décide de faire comme s'ils n'existaient pas. Ça fonctionne et Monsieur va se gratter sur les différents arbres tout autour de moi. Madame fait pareil. Très bien, votre territoire est marqué, je vais pouvoir faire ma tambouille. Je finis trop tard et trop fatigué... Ce n'est pas bon pour demain !
J'ai bien vérifié le GPS et je suis sur le bon chemin. La majorité des hikers utilise une application pour smartphone qui s'appelle Guthook. Elle ne répertorie que quelques routes alors que j'ai sélectionné mon parcours parmi des tas de possibilités (quand elles existent). J'avoue que l'avantage de l'App est double :
1- Vous évitez de vous casser la tête pendant des weekends entiers à analyser. Quelqu'un le fait pour vous.
2- Il y a un aspect social où chacun peut donner des informations sur les points d'intérêt répertoriés. Ça m'aurait évité d'aller voir 2 réservoirs à sec.
Par contre, le désavantage est que vous allez uniquement là où l'App vous dit d'aller et que vous faites le même trajet que tout le monde, même si cela ne représente que quelques personnes. Pour ma part, je préfère aller là où j'ai décidé d'aller uniquement parce que je l'ai choisi.
Bref le programme de la journée est une spéciale Némo. Je serai complètement seul et ne doit compter que sur moi en cas de coup dur. Cela n'est vraiment pas pour me déplaire.
La journée commence donc par une route secondaire en terre qui se transforme rapidement en chemin pour 4x4. Ce chemin devient un cul de sac sur un puits solaire. Comme le panneau solaire est en panne, le rancher a amené un véhicule chargé de batteries pour faire tourner la pompe. C'est récent parce que le bassin est vide et que les vaches se bousculent pour le peu d'eau qui stagne dans la boue.
Mon arrivée les fait toutes fuir et j'ai le tuyau pour moi tout seul.
Je perds un temps monstrueux avec mon filtre bouché mais j'ai de l'eau. Je poursuis la trace qui est en fait un sentier créé par les vaches pour passer d'une plaine à l'autre. Chaque fois qu'une vache me voit, elle s'enfuit en courant, ce qui panique les autres. Bientôt c'est tout le troupeau qui part en courant en soulevant un nuage de poussière gigantesque. Je commence à me dire que si le rancher voit ça, il va venir voir quel est l'animal sauvage qui s'attaque au troupeau. Ça va pas être facile de lui expliquer ce que je fais là et où je vais.
Pour couronner le tout, le GPS me dit de passer par dessus son barbelé. Je commence à les cumuler. Cerise sur le gâteau, le chemin indiqué par le GPS n'existe pas. L'avantage d'une zone désertique c'est qu'on peut aller n'importe où même quand il n'y a pas de chemin.
À un moment donné je tombe sur un sentier créé par les vaches qui semble correspondre à la direction où je dois aller. Je décide donc de faire la vache à mon tour. Et grand bien m'en prend ! La plaine est truffée de Rios à sec d'une profondeur impressionnante et infranchissables tant les bord sont à pic. Je suppose que le phénomène est lié à la pluie. La saison des pluies doit être quelque chose. Vaut mieux pas de trouver là quand un Rio se forme.
Les vaches quant à elles savent exactement où traverser et suivre leurs traces m'évite de chercher. Par contre je marche dans du sable, aussi fin qu'à la plage ce qui non seulement est épuisant mais ne permet pas de progresser rapidement. À midi, je n'ai réalisé que 16 km au lieu des 20 habituels.Il n'y a pas un souffle d'air et le soleil est écrasant malgré mon parapluie. J'en profite pour me faire une nouvelle ampoule alors que franchement je pensais en avoir fini avec ce type de blessure vu le nombre de jours de marche.
À 13h, je me retrouve dans un cul de sac, une plaine encadrée de montagnes. Mon GPS me dit de grimper et je trouve une trace de vache qui part dans la montagne. Je trouve ça vraiment étrange parce les vaches n'ont pas l'agilité des chèvres et que ça a l'air plutôt technique comme passage. D'ailleurs ça se confirme très rapidement et à mon grand étonnement une vache est passée sur le parcours exact du GPS. D'ailleurs quand je suis les traces de la vache tout va bien mais dès que je la perds, c'est vraiment compliqué car la végétation est pleine d'épineux qui laissent difficilement le passage.
Je ne vois pas une vache passer où nous passons. Ce n'est pas une vache. Mais alors qu'est c'est ? Je passe un vallon et à la crête de la 2eme montagne, je trouve un sentier créé par une multitude d'animaux que je suis en train de suivre. Je suis ce sentier, conformément aux instructions du GPS et je tombe sur un troupeau.. d'Elans, "Elk" en anglais. Je savais que j'allais en voir mais pas si tôt dans cette région désertique. En tout cas, il n'y a aucune ambiguïté car j'ai bien le temps de les voir alors qu'ils s'enfuient.
L'élan du Nouveau Mexique ne ressemble pas exactement à celui du Canada. Il est plus petit qu'un cheval et à les cornes très droites. Mais ça reste un gros bestiau et son sabot ressemble à celui d'une vache d'où ma méprise.
Ce qui m'étonne c'est que la personne qui a pondu la trace a suivi celles des Élans et que des années plus tard, les Élans continuent d'utiliser les mêmes passages. Ce sont donc de animaux faciles à chasser s'ils ont toujours les mêmes habitudes (et je ne pense pas qu'aux humains).
Je suis au milieu des montagnes avec des vues impressionnantes sur la plaine et je traque les Élans. Heureusement que j'ai un peu de sang Apache depuis la rivière Gila sinon je pourrais me perdre.
Je trouve quelques traces humaines dans des endroits improbables, la plupart des maisons en bois dont il ne reste que le foyer en pierres. Ces maisons doivent datées de l'époque du Far West.
En respectant les voies de circulation des Élans, la marche s'avère facile au niveau de la végétation. Surtout ne pas déroger au risque de ne pas passer.
De montées en descentes, je finis par sortir de la brousse en tombant sur un point d'eau non répertorié. Il tombe franchement bien celui là parce que j'allais tomber à sec.
Qui dit puits, dit route pour y aller ce qui facilite encore plus la progression. En suivant cette route, je dois tomber sur un autre puits.
Il est 15h30, je n'ai fait que 20 km mais je suis lessivé. 10 km de plus iront bien et je pourrais me laver. Tout va bien
Fatigué les 10 km s'avèrent pénibles et je compte chaque km en regardant 20 fois mon GPS pour contrôler l'avancement.
À 18h15, j'arrive au puits... Vide !
Le prochain puits est à 5 km. Pas le choix, l'eau c'est la vie. Épuisé, j'arrive à 19h dans un espèce de cloaque où il y a de la boue partout car l'eau déborde du bassin rempli d'algues vertes. Les animaux ont tout piétiné. Mais j'ai décidé de me laver et je le fais, les pieds dans la boue. La lessive aussi au milieu des algues. L'opération la plus longue reste le filtrage. Je n'en peux plus de ce filtre bouché. Résultat le soleil se couche alors que je suis toujours en train de filtrer. Je refais mon sac, met la frontale et repars en sens inverse pour trouver un endroit pour la nuit. J'ai couvert 37 km dans des conditions pas toujours facile. Il est 21h et je dois monter la tente et me faire à manger. Alors que je m'affaire, j'entends un bruit derrière moi. Il s'agit d'un taureau noir énorme - on le dirait sorti d'une manade espagnole - accompagné de sa dame tout aussi grosse que lui. Et ils sont pas contents. Il le font savoir en soufflant trés fort dans leur naseaux. J'en ai ma claque : je suis fatigué, il fait nuit. Je ne vais pas démonter ma tente pour 2 vaches contrariées. Je décide de faire comme s'ils n'existaient pas. Ça fonctionne et Monsieur va se gratter sur les différents arbres tout autour de moi. Madame fait pareil. Très bien, votre territoire est marqué, je vais pouvoir faire ma tambouille. Je finis trop tard et trop fatigué... Ce n'est pas bon pour demain !
nous te souhaitons en effet une bonne nuit après cette journée, (et quelle journée!), en espérant que tu ne "rêves" pas top de taureau noir....grosses bises
RépondreSupprimerJe peux te dire que je savoure chaque minute de repos. Quel soulagement de s'allonger sur un matelas - creuvé - pour relaxer son dos. Car c'est lui qui me pourrit le plus la vie. Tous les autres muscles ont pris le rythme.
SupprimerBises