dimanche 27 mai 2018

27 Mai - La Neige

La nuit n'a pas été aussi froide que prévue. Le vent a calé ce qui a évité au thermomètre de passer sous la barre du zéro. J'ai dormi comme une masse épuisé par la journée d'hier.

Ce matin, je suis le premier réveillé à 5h. Je commence mon rangement ce qui ne manque pas de réveiller le campement au complet. En résultat, tout le monde part en même temps pour cette nouvelle journée. Nous ne cesserons de nous croiser et recroiser au gré des pauses des uns et des autres.
Naturel semble avoir changé d'avis dans la nuit et me donne un hug pour me dire au revoir. On se reverra à l'arrivée.

Rapidement nous arrivons sur le premier névé. La fille qui précède Mathieu s'équipe de ses crampons ce qui nous influence à faire la même chose. Nous sommes en train de déballer le matériel quand le gars qui arrive derrière nous regarde comme des extra terrestres et passe sans crampon. Le névé ne fait que quelques mètres et ne présente strictement aucun danger. Il ne faut pas faire tout ce que font les autres.

La matinée se poursuit en montée régulière. Le plus compliqué est d'éviter les névés qui sont de plus en plus nombreuses et volumineuses au fur et à mesure de l'élévation car nous dépassons les 3700 m.


Les névés sont à éviter car ils représentent 2 difficultés en cette période de fonte des neiges :
- les traverser revient souvent à se trouver enfoncé jusqu'au short dans la neige. C'est froid, mouillé et retirer sa jambe de son trou est épuisant. Ici on appelle cette activité le "post holing" (faire des trous de poteau)
- passer en dessous revient à patauger dans la boue créée par l'eau de fonte. Les chaussures pleines d'eau sont désagréables et surtout très froides.

En final, les névés ont lourdement impacté notre moyenne et nous n'avons fait que 15 km à midi. Les autres hikers n'ont pas fait mieux. Malheureusement nous n'avons encore pas tout vu.

Il ne fait vraiment pas chaud car le vent s'est relevé. À cette altitude avec la quantité de neige qui nous entoure, le vent est forcément froid. Mais le ciel est bleu et le soleil fait son travail. Entre autre, il fait fondre la neige.

Alors que jusqu'à maintenant nous étions sur des grandes plaines herbeuses où nous pouvions prendre des latitudes par rapport au tracé du chemin pour éviter les névés, nous nous retrouvons sur une pente escarpée plantée d'arbres où nous devons respecter l'emplacement du sentier. Nous sommes sur une face Nord où la neige a peu fondu. Il nous faut obligatoirement traverser les névés.


La première difficulté est de monter dessus car la marche d'acceuil fait souvent 1 m de haut. La neige est bien molle et s'écroule lorsqu'on essaye de poser un pied. Heureusement il y a souvent des branches de sapin qui permettent de se hâler sur le névé. Une fois dessus le cauchemar commence. On s'enfonce complètement à chaque  pas et d'extraire demande une énergie monumentale. Rapidement, on se retrouve exténué alors que ce n'est que le début de l'après midi.

À la sortie de la zone escarpée, on fait face à un champ de neige immense sous lequel le sentier disparaît. Il n'est pas possible de s'y risquer. À l'aide du GPS on cherche des alternatives avec des zones plus ou moins dégagées.

En coupant à travers bois et en pataugeant dans l'eau de fonte, nous finissons par nous en sortir et nous retrouvons tous les hikers près d'un lac où ils font une pause.

Il n'y a rien de dangereux dans ce que nous faisons. Cela demande un peu de navigation mais surtout beaucoup d'énergie pour une distance parcourue dérisoire. À 15h, nous n'avons fait que 18 km. Nous reprenons le sentier qui a nouveau s'engage sur une face Nord escarpée. La galère continue alors que le soir se profile. En plein vent, sur une pente escarpée, nous ne pouvons pas envisager de planter la tente.

Heureusement le sentier descend dans une vallée et nous voyons une porte de sortie. Nous descendons en traversant d'immenses névés qui ont l'avantage de supporter notre poids la plupart du temps. À 18h30, nous nous apercevons que le Trail remonte, ce qui est incompatible avec notre recherche d'un emplacement pour la nuit. Nous décidons donc de bivouaquer comme nous le pouvons sur un sol en pente à 3500 m d'altitude. Le vent ne nous a pas lâché d'une semelle. Les pieds trempés ne tardent pas devenir trés froids avec le soleil qui se couche derrière la montagne.

Dès le repas terminé, nous nous réfugions rapidement dans les duvets.

Demain nous nous équiperont de nos chaussettes waterproof et de guêtres pour moins souffrir.

La journée a été dure et nous n'avons fait que 24 km. Pegosa Springs est encore à 60 km...

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