mercredi 16 mai 2018

16 Mai - Cuba

La nuit à été affreuse. Outre la soif, j'ai 2 trous de plus à mon matelas gonflable. J'en ai trouvé un que j'ai réparé mais impossible de trouver le 2ème. Résultat : je me retrouve à même le sol toutes les 45 minutes. Comme ce soir, le sol est constituée de sable et de pierres plutôt inconfortables, cela ne manque pas de me réveiller.
Donc toutes les 45 minutes, je me réveille et je regonfle mon matelas. Lorsqu'on a très soif, souffler augmente la déshydratation de la bouche... Il faut vraiment que je répare ce matelas où je le change.
Pour finir, je fais des cauchemars et je me réveille après que ma femme m'a quitté. Bien fait pour moi je suis un mauvais mari qui a abandonné sa famille.

Je suis trop au fond du trou et je décide de gérer les choses différemment. Entre autres, je vais arrêter de penser à l'eau et je vais vivre le Trail. J'ai gardé assez de bouffe pour ne pas me sous alimenter aujourd'hui. J'ai 4 barres et demi et un repas normal. Donc la vie est belle à ce niveau.

Je décide aussi de ne pas regarder mon rythme. Je ne force pas le matin afin de lisser la journée et éviter la baisse de régime du début d'après midi. J'ai 37 km à faire et de toutes façons, je suis bon pour arriver tard à Cuba, new Mexico (oui je ne suis pas parti aux Caraïbes). Donc inutile de se prendre la tête, une arrivée à 18h ou 20h ne changeront rien.

Donc j'attaque le Trail bien décidé en a profiter même si je n'ai pas beaucoup d'eau.

Et le paysage est vraiment là pour m'aider. Après nous avoir fait monter sur une Mesa qui domine les autres et qui s'avère assez étroite, nous avons une vue sur les canyons de chaque côté. C'est grandiose !



Nous redescendons vers la plaine ce qui m'autorise à accéder à une source.

Enfin, un goutte à goutte d'eau, la source, qui est recueillie dans une cuve en fer rouillée.
L'eau est claire ce qui est le principal car je n'ai plus de filtre. Heureusement que j'avais pris des micropures, ce qui me permet de traiter l'eau. Puisque j'ai de l'eau, je décide de faire cuire mes ramens (des pâtes chinoises instantanées). Je repars à 12h parfaitement lesté.

Le chemin nous fait monter sur une nouvelle mesa, qui est la plus haute de toute juste avant les montagnes. La grimpette est de toute beauté et la vue à couper le souffle.
Une fois en haut, on suit un chemin de crête qui laisse voir la vallée jusqu'à la montagne qui limite l'horizon !

Il ne reste plus qu'à descendre pour rejoindre la ville. Étonnament la descente est assez douce avec quelques passages dans des rivières creusées dans le rocher. Il manque juste de l'eau et on pourrait faire du canyoning. Les pins laissent la place à des buissons dont la plupart n'ont plus de feuilles. Il s'agit de petits arbustes au bois noir. L'impression est étrange. Je ne sais pas s'il s'agit d'un cycle naturel ou d'une maladie.

Bientôt je rejoins un chemin de terre et je vois dans la plaine une éolienne où je suis sensé prendre de l'eau. Il me reste un litre et 10 km à faire mais il s'agit de la route en goudron qui mène à Cuba. Nous sommes en fin d'après midi et la chaleur baisse. À respecter mon corps et mon cycle naturel, je suis moins harrassé que d'habitude. Je pense que j'ai trouvé la bonne recette. J'ai pris plus de plaisir et j'ai moins souffert que les jours précédents. Comme je n'ai ni envie de me prendre la tête avec une séance de filtrage ni d'augmenter le poids de mon sac, je saute l'étape ravitaillement en eau et me dirige tout droit vers la route goudronnée où passent les voitures.


Nous sommes aux USA. Donc la route est droite sur des kilomètres en à pas voir le bout. Pourtant le repos du guerrier est à ce prix. Je suis vraiment tenté de faire du stop mais il ne s'agit que de quelques kilomètres. Je prends mon mal en patience mais je déteste marcher sur la route.

Je branche mon téléphone et envoie des textos à Natural et Finch. Tout mon petit monde est au Del Prado Motel. Effectivement quand j'arrive, il y a des hikers partout et je les connais tous. Il en sort de toutes les chambres et tous m'apostrophent comme si j'avais vaincu l'Himalaya et qu'ils ne m'avaient pas vu depuis 6 mois. La fameuse exubérance américaine, mais elle me fait vraiment plaisir après le calvaire de la route. Ça ne peut pas remplacer une famille mais ça réchauffe le cœur du hiker solitaire.

Sinon Cuba est encore plus petite que les autres villes que nous avons traversées jusqu'à maintenant. C'est encore une ville fantôme avec la moitié des magasins fermés dans un piteux état. Mais où est donc le rêve américain ? Peut être dans les séries mais sûrement pas dans cette Amérique profonde qui souffre des problèmes économiques. Il faut vraiment se méfier de toutes ces images cartes postales qu'on nous diffuse à longueur de journée. Je commence mieux à comprendre comment un Trump peut avoir été un espoir pour ces gens là...

Je suis arrivé trop tard donc je suis bon pour un Zéro à Cuba. Ici où ailleurs, les corvées sont toujours les mêmes : lavage, courses...

2 commentaires:

  1. Salut

    Tout d'abord : merci. Merci pour le temps que tu passes à l'écriture de tes aventures. Car comme beaucoup je pense je les lis avec attention et plaisir.
    Je les attends même avec impatience. Et pendant ce petit moment de lecture j'ai (et je ne suis pas le seul) l'impression de marcher avec toi.
    Bon d'accord à la "légère" différence d'être tranquillement installé. Donc merci de partager ton aventure avec nous tous.

    Ensuite : chapeau !! Chapeau car même si les paysages sont effectivement splendides, les difficultés sont là.
    Mais tu les passes les unes après les autres non sans mal ce qui les rends encore plus merveilleuses.

    Prends soin de toi et sache que tu as tout notre soutien moral pour la suite de tes aventures.

    Dans l'attente de tes prochains récits.

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    1. Merci Stéphane ! Tu n'imagines pas à quel point ton message me fait plaisir. Je suis heureux de savoir que j'arrive un peu à faire passer ce que je vis. Et ça me touche beaucoup de savoir que vous vous intéressez à cette histoire en fin de compte très personnelle. En tout cas, je pense beaucoup à vous. Je peux même dire qu'il ne se passe pas un jour sans que je pense à vous. Il faut dire que je n'ai jamais eu autant de temps pour penser. J'ai juste peur que cela ne change pas grand chose à mon caractère de cochon ;-) Encore merci pour ton message qui me donne beaucoup de force et je peux dire que j'en ai vraiment besoin par moment. À bientôt !

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