dimanche 13 mai 2018

13 Mai - Mont Taylor Et Au Delà

Je n'ai pas entendu le réveil à 5h et me réveille à 5h30 au son des centaines d'oiseaux qui habitent dans le bois auprès duquel nous avons planté la tente. Il y a même le gloussement d'une dinde sauvage très caractéristique. Le vent a calé dans la nuit et l'ascension n'en sera que plus agréable.

Naturel lui s'est réveillé à l'heure et il est prêt à partir alors que ma tente est encore debout. Nous nous disons au revoir car je ne vais pas le retarder. Et puis entre nous, je préfère marcher seul. Je me sens plus libre comme ça. Je ne suis responsable que de moi même et c'est vraiment quelque chose qui me manquait depuis longtemps.

J'attaque à mon tour l'ascension. Elle n'a rien à voir avec ces homologues alpines. Il s'agit d'un sentier qui monte en zigzag dans une pente herbeuse.



Aucune difficulté sauf celle du dénivelé. Depuis mon départ, le vent s'est levé et souffle comme un beau diable. Ça va encore être comme d'habitude, un séjour écourté au sommet avec des bourasques à décorner les bœufs et qui font fuir les apprentis alpinistes. Je trouve que j'avance vraiment doucement. Le dénivelé et le vent sont des facteurs de ralentissements mais je n'y suis pas.

Au bout d'une heure, je suis au sommet. Je fais quelques photos et je pars rapidement parce qu'avec le vent l'endroit est bien entendu glacial.


L'autre côté de la montagne est couverte de haut sapins qui protègent du vent. Je trouve génial le fait de faire un sommet et de poursuivre sa route sans faire demi tour et de redescendre par le même chemin comme on le fait d'habitude.

Au bout d'une heure, je tombe sur une clairière qui nous aurait permis de bivouaquer. Hier soir, j'ai jeté l'éponge trop tôt. Maintenant quand je vois dans quel état je suis ce matin, je me dis que je n'aurai pas tenu le coup même si la lumière du jour aurait permis de le faire.

La montagne en face est couverte de relais téléphonique. Je me dis qu'avec un peu de chance, je pourrai envoyer un message à ma femme pour lui dire que je me suis planté et que la durée de la section est de 5 jours et non 3. J'ai peur qu'elle s'inquiète de ne pas avoir de nouvelle. J'allume mon téléphone et j'ai du réseau. Super ! Je suis en plein soleil et je ne vois quasiment pas l'écran. Je me mets à l'ombre d'un sapin pour écrire mon message, je perds le réseau. À partir de là impossible de le retrouver. J'ai beau tourner autour de l'endroit où j'en ai eu... Vraiment râlant.

Le tracé me fait monter et descendre. J'applique mon rationnement au niveau des barres énergétiques. Je n'ai droit qu'à 3 barres par jour alors qu'habituellent j'en mange le double. Je ne les mange pas par gourmandise car les barres américaines sont loin d'être un délice. Non ce sont les calories qu'elles donnent qui me permet d'avancer. Aujourd'hui je me traîne. Le manque de calories ? La fatigue générale ? C'est vrai que mon blog m'occupe tard dans la soirée et m'enlève des heures de sommeil. Quoiqu'il en soit, à 11h, je n'ai parcouru que 12 km. Wow, ce n'est pas lent, c'est très lent.

Je rencontre la "Panzer division" que j'avais perdu depuis des jours. Ils voyagent avec la new yorkaise et le cowboy qui n'avait pas compris Laurent le jour où tout à basculer. Ils trouvent que ma barbe à beaucoup poussée depuis que nous nous sommes vu la dernière fois. Il faut dire qu'ils sont tellement jeunes que leur pilosité est annecdotique. Nous ne sommes pas de la même génération... À la prochaine !

Je ravitaille en eau auprès d'une source. Comme tout point d'eau, des hikers se succèdent pour remplir leur gourde et vu l'heure, la plupart s'installe pour déjeuner. Vu mes exploits du matin, je repars rapidement alors que 2 hikers que j'ai vu à la Toaster House s'installent pour déjeuner.
Je repars tellement vite que je n'ai pas regardé mon GPS. Quand je le fais, je m'aperçois que je suis hors Trail mais sur le chemin sur lequel je suis va me renvoyer sur le CDT. Ça reste quand même un détour inutile.


Plus tard, le GPS me fait quitter le chemin carrossable sur lequel je navigue depuis un moment et  m'envoie au milieu de nulle part. Aucune trace de pas de hiker dans le coin non plus. Je suis sur un tracé qui a été abandonné. Comme le paysage est composé de pins assez éloignés les uns des autres, suivre les indications du GPS restent réalisables. Au bout d'un moment, je tombe sur un chemin qui a été abandonné depuis des années et qui correspond au tracé du GPS. Un tapis d'aiguilles le recouvre et des petits pins ont poussé par dessus. Néanmoins il est parfaitement praticable pour un marcheur. Je finis par retomber sur un chemin récent. Alors que je me demande si cet interlude bucolique a raccourci mon parcours, je tombe sur les 2 gars qui s'installaient pour déjeuner quand je suis reparti. La réponse est donc non, j'ai perdu du temps.
Comme ça m'énerve, je dépasse les 2 gars et décide de les laisser sur place. Visiblement eux décident de me coller aux baskets. Ce petit jeu motivant dure un bon moment et me permet de faire des km.

Comme d'habitude, il y a peu de points d'eau. Je passe devant le dernier de la journée, le suivant étant à 17 km. J'ai fait 23 km et je ne vais pas me faire une journée à 40 km même s'il n'est que 15h30.
Je décide d'aller au point d'eau pour vérifier le niveau et faire le complément si nécessaire. Je n'ai rien bu car le vent rafraîchit fortement l'atmosphère et limite les effets du soleil. Je n'ai pas besoin de filtrer l'eau vaseuse qui stagne dans un pneu destiné au bétail. Néanmoins je décide de verser une partie de ma réserve dans mon Camelback. Je fais une fausse manœuvre et reverse la moitié de mon eau sur le sol. Je suis bon pour filtrer de l'eau alors que ce n'était pas la peine.

L'eau est tellement sale que mon filtre neuf se bouche. Je ne l'ai utilisé que 2 fois depuis que je l'ai acheté. Je force sur la poche pour que l'eau passe quand même et la poche de déchire sous la pression que j'exerce. Je suis maudit avec les filtres. Le pire est que je peux plus filtrer d'eau. J'essaye de réparer avec du ruban adhésif renforcé mais le résultat est lamentable. Il faut vraiment compresser la poche pour que l'eau passe et ma réparation fuite de toutes parts. J'ai le moral dans les chaussettes. J'ai vraiment beaucoup de matériel qui me lâche : les filtres, les chaussures, le matelas qui fuit toujours, mes sardines qui sont tordus et cassées...

Bref je décide de repartir pour faire mes 32 km au moins qui sont mon contrat moral quotidien. Mais je suis épuisé, en manque de confiance. J'avance comme une tortue et je titube sur le chemin caillouteux. En plus, je suis dans une grande plaine où il est impossible de planter sa tente avec le vent violent qui souffle. Au loin, je vois des arbres. Ça sera donc mon objectif du jour.
Il est 18h30 quand j'atteins les arbres, barrière de protection contre le vent, derrière lequel j'établis mon campement. J'ai parcouru 33 km ce qui est le minimum syndical.
Je me couche le plus rapidement possible pour passer à une autre journée. 

2 commentaires:

  1. Il est un peu plus de 8h00 ce matin et je n’ai pas eu le temps de suivre ton blog depuis plusieurs étapes. Je rattrape mon retard en lisant plusieurs journées de récit et je comptais garder les autres pour plus tard car la journée de boulot doit commencer mais je ne peux pas terminer sur cette note, voyons ta journée suivante avant de commencer la mienne. ;)
    Pour l’anecdote nous sommes plusieurs à te suivre ici et tu deviens un sujet de conversation dans Auriol. Qui a lu quoi? As tu le le passage...? Et le filtre!! On se pose tous la question de ce putain de filtre qui ne fonctionne pas. Bref tu pourras faire des séances de dédicaces en rentrant. J’arrête là, ma lecture de la journée suivante m’attend. Take carte

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    1. Merci Ingrid de ton message qui m'a fait sourire. Me voilà donc star Auriolaise :-) Faut bien commencer quelque part même si je n'ai aucune intention de faire carrière.
      Ma prose doit méchamment se dégrader car la fatigue s'accumule... Je finis souvent à la nuit tombée avec des journées de 15 heures. J'avoue que je suis exténué quand je me glisse dans mon duvet. Taper avec un doigt avec les mains transis de froid et le cerveau en marmelade doit donner un drôle de récit. Mais tant que j'arrive à vous intéresser, je ferai mon maximum pour continuer. J'avoue que les connexions Internet asmathiques des hôtels ne m'aident pas beaucoup. Mais j'ai la tête dure... Demande à Anne :-)

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