Ce matin au réveil, j'ai une très mauvaise surprise. Il pleut. La vallée a vraiment décidé de me rien m'épargner. Le vieil indien sait comment me tester. Je suis un homme du soleil et je déteste la pluie. Je savais qu'elle ferait partie du voyage mais pas si tôt dans cette région désertique. Pourtant, mon chauffeur pour Crazy cook monument m'avait prévenu : "À partir de maintenant attendez-vous à n'importe quelle météo sauf la neige". Encore heureux avais-je pensais en me disant que vu le soleil et la température, j'aurai pu éviter de me coltiner des affaires chaudes prévues pour une utilisation dans le Colorado un mois plus tard.
La pluie tombe. Je récupère toutes mes affaires et je me réfugie sous la tente. Je réorganise mon sac en conséquence, c'est à dire que la tente qui va habituellement au fond doit se retrouver sur le dessus. Cela veut dire aussi changement de sous-sac, bref ça me prend un temps dingue. Sans compter qu'il aura pas de petit déjeuner puisque je ne peux pas faire chauffer d'eau. Tout cela me met d'excellente humeur. Je mange une barre céréale en guise de petit déjeuner quand la pluie s'arrête. Ma mauvaise humeur prend un cran supplémentaire. Je sors et refait tout mon sac en mode normal. J'ai à peine fini que la pluie recommence. Bon j'ai compris, nous allons jouer au chat et à la souris toute la journée. Le vent se lève et la température descend. Elle descendra toute la journée et j'aurai même de la grêle.
Je n'ai aucune énergie ce matin. Oui il y a la pluie mais il ne s'agit que de quelques ondées qui ne durent pas. Une fois couvert et en mouvement, elle n'est pas vraiment génante. Non c'est autre chose. J'ai forcé hier pour atteindre les 32 km quotidien et je n'en ai fait que 30 sous des conditions difficiles. J'ai peur d'avoir abusé et que mon corps me le fasse payer. Je prends une barre céréale, elle me donne de l'énergie, je marche "normalement" et 10 minutes plus tard, je retombe. Je ne vais pas me traîner comme ça toute la journée. Je décide donc d'enchaîner les barres jusqu'à ce que je sois dans un état normal. J'ai du stock à ne plus savoir quoi en faire, autant qu'il serve. Je mange 5 barres mais à 10 minutes d'action, au bout d'une heure, je suis revenu au point 0 avec un mal de ventre en supplément.
Je sors alors ma botte secrète avec le livre audio. Comme j'ai fini Némo, je prends le dernier Lemaître, "Couleurs d'incendie" la suite de "Au revoir là haut" que j'avais beaucoup apprécié. Lu par l'auteur, c'est un régal.
Et ça fonctionne. Le fait que mon cerveau soit capté par autre chose met l'automatisme en route et j'enchaîne les km. Malgré la pluie, le paysage est toujours aussi grandiose et la navigation tout aussi difficile.
Vers midi, je croise 2 marcheurs. Il s'agit de 2 hikers qui font le cdt et qui ont respectivement 62 et 63 ans. Respect ! Ils sont partis de Crazy cook le 15 avril, ce qui veut dire que j'ai fait le même trajet qu'eux en 4 jours de moins. Ils trouvent que j'avance vite. On voit qu'ils ne connaissent pas Jesse. Il me laisse passer devant parce qu'ils ont beaucoup de mal à trouver les passages ce qui d'ailleurs les ralentis.
Je prends la tête mais rapidement je les perds de vue.
Je m'arrête pour manger et je vois que j'ai déjà parcouru 23 km. Visiblement la littérature me donne bien plus d'énergie que les barres céréales.
Je repars avec un bien meilleur moral malgré la grêle et le vent. Plus ça va plus il fait froid.
Tout d'un coup, la rivière Gila est barrée par une muraille en terre. Un chemin permet de monter dessus et c'est en fait un barrage en terre pour permettre de constituer un immense lac. Fin de la vallée, fin de la rivière, bonjour la main de l'homme.
Ce n'est pas pour autant le retour à la civilisation car le cdt fait le tour du lac et s'enfonce dans des collines couvertes d'herbes desséchées. Avec la fin de la rivière, c'est le retour au problème de points d'eau. Finis les lavages et les lessives. De toute façon, avec le froid glacial, ces opérations ne sont pas possibles.
Alors que je fais le tour du lac sur un chemin de terre, un 4x4 arrive en face de moi et s'arrête à ma hauteur. Le conducteur, un trentenaire avec une casquette de baseball et un T-shirt noir, me demande si je fais le "Divide" avec un grand sourire étonné. Sa girlfriend ou sa femme qui est à ses côtés me regarde avec des grands yeux ronds. En fait, ils veulent voir à quoi ressemble les espèces de martiens qui décident de traverser le pays à pied. Quant ils apprennent que en plus je viens de France pour ça, ils sont complètement sidérés. Il me lance un grand "Good Luck" en me tapant la main.
Il ne me reste plus qu'à aller me réfugier dans les collines desséchées pour passer la nuit. Je tremble de froid et la nuit va être glaciale. J'ai fait 35 km et je vais faire du dry camping. Je regrette déjà ma vallée heureuse et la rivière qui coule en son sein.
La pluie tombe. Je récupère toutes mes affaires et je me réfugie sous la tente. Je réorganise mon sac en conséquence, c'est à dire que la tente qui va habituellement au fond doit se retrouver sur le dessus. Cela veut dire aussi changement de sous-sac, bref ça me prend un temps dingue. Sans compter qu'il aura pas de petit déjeuner puisque je ne peux pas faire chauffer d'eau. Tout cela me met d'excellente humeur. Je mange une barre céréale en guise de petit déjeuner quand la pluie s'arrête. Ma mauvaise humeur prend un cran supplémentaire. Je sors et refait tout mon sac en mode normal. J'ai à peine fini que la pluie recommence. Bon j'ai compris, nous allons jouer au chat et à la souris toute la journée. Le vent se lève et la température descend. Elle descendra toute la journée et j'aurai même de la grêle.
Je n'ai aucune énergie ce matin. Oui il y a la pluie mais il ne s'agit que de quelques ondées qui ne durent pas. Une fois couvert et en mouvement, elle n'est pas vraiment génante. Non c'est autre chose. J'ai forcé hier pour atteindre les 32 km quotidien et je n'en ai fait que 30 sous des conditions difficiles. J'ai peur d'avoir abusé et que mon corps me le fasse payer. Je prends une barre céréale, elle me donne de l'énergie, je marche "normalement" et 10 minutes plus tard, je retombe. Je ne vais pas me traîner comme ça toute la journée. Je décide donc d'enchaîner les barres jusqu'à ce que je sois dans un état normal. J'ai du stock à ne plus savoir quoi en faire, autant qu'il serve. Je mange 5 barres mais à 10 minutes d'action, au bout d'une heure, je suis revenu au point 0 avec un mal de ventre en supplément.
Je sors alors ma botte secrète avec le livre audio. Comme j'ai fini Némo, je prends le dernier Lemaître, "Couleurs d'incendie" la suite de "Au revoir là haut" que j'avais beaucoup apprécié. Lu par l'auteur, c'est un régal.
Et ça fonctionne. Le fait que mon cerveau soit capté par autre chose met l'automatisme en route et j'enchaîne les km. Malgré la pluie, le paysage est toujours aussi grandiose et la navigation tout aussi difficile.
Je prends la tête mais rapidement je les perds de vue.
Je m'arrête pour manger et je vois que j'ai déjà parcouru 23 km. Visiblement la littérature me donne bien plus d'énergie que les barres céréales.
Je repars avec un bien meilleur moral malgré la grêle et le vent. Plus ça va plus il fait froid.
Tout d'un coup, la rivière Gila est barrée par une muraille en terre. Un chemin permet de monter dessus et c'est en fait un barrage en terre pour permettre de constituer un immense lac. Fin de la vallée, fin de la rivière, bonjour la main de l'homme.
Ce n'est pas pour autant le retour à la civilisation car le cdt fait le tour du lac et s'enfonce dans des collines couvertes d'herbes desséchées. Avec la fin de la rivière, c'est le retour au problème de points d'eau. Finis les lavages et les lessives. De toute façon, avec le froid glacial, ces opérations ne sont pas possibles.
Alors que je fais le tour du lac sur un chemin de terre, un 4x4 arrive en face de moi et s'arrête à ma hauteur. Le conducteur, un trentenaire avec une casquette de baseball et un T-shirt noir, me demande si je fais le "Divide" avec un grand sourire étonné. Sa girlfriend ou sa femme qui est à ses côtés me regarde avec des grands yeux ronds. En fait, ils veulent voir à quoi ressemble les espèces de martiens qui décident de traverser le pays à pied. Quant ils apprennent que en plus je viens de France pour ça, ils sont complètement sidérés. Il me lance un grand "Good Luck" en me tapant la main.
Il ne me reste plus qu'à aller me réfugier dans les collines desséchées pour passer la nuit. Je tremble de froid et la nuit va être glaciale. J'ai fait 35 km et je vais faire du dry camping. Je regrette déjà ma vallée heureuse et la rivière qui coule en son sein.
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