Aujourd'hui c'est le retour à la civilisation. C'est toujours un moment spécial car non seulement je vais dormir dans un lit et manger à table, mais aussi parce que je vais pouvoir parler aux personnes qui me sont chères.
Par contre, les villes américaines perdues dans la brousse n'ont pas le charme des villages français ou même des grandes métropoles américaines comme New York. Donc mon but est de rester le moins longtemps possible. L'idéal est d'arriver le matin et d'utiliser la journée pour les corvées comme la lessive et le ravitaillement. De cette manière, le lendemain matin, après un petit déjeuner à l'hôtel, je repars sur le Trail.
Il y a 30 km pour se rendre à Grants. A priori c'est quasiment une journée complète de marche donc ça ne colle pas avec ma façon de faire. Qu'à cela ne tienne, il suffit juste d'aller plus vite que d'habitude. Mon seul souci est qu'il n'y a aucun point d'eau sur le trajet et que je dois être autonome pour la journée. Cela veut dire 4 litres sur le dos, ce qui me colle bien au sol. Autant que le challenge soit complet.
La première partie est un chemin légèrement montant dans le fond d'une vallée. Les pins sont plus effilés et plus grands que ceux plus au Sud. Cela donne plus d'ombre ce qui n'est pas désagréable. Le chemin a été refait récemment ce qui le rend plus facile et me permet d'accélérer l'allure.
J'observe les oiseaux et plus particulièrement un couple à tête toute bleue qui semble me suivre au fur et à mesure que j'avance. Ils poussent une sorte de sifflement pour avertir de mon arrivée. Il s'agit peut être de sentinelles anti intrus.
J'entends d'ailleurs d'autres sifflements très similaires à ceux des marmottes. Il y a beaucoup de trous d'animaux dans cette plaine. Il s'agit de chiens de prairies. Ils sont jaunes et bien plus petits que des marmottes. C'est drôle de voir les sentinelles siffler et l'ensemble des troupes rentrer dans leurs trous. Je me demande d'ailleurs si c'est de moi qu'ils ont peur ou des 2 rapaces à l'envergure impressionnante qui planent en rond au dessus de nos têtes.
J'entends au loin des voitures et je me demande si j'approche d'une autoroute. Un bruit de crécelle, à côté de mon mollet droit, me rappelle que je suis toujours dans le "wilderness". Wow encore un serpent à sonnettes qui me prévient mais je ne le vois pas. Je fais un bond sur le côté gauche en espérant que mon ouïe ne m'a pas trompé de côté et j'accélère le pas. Autant quitter les lieux le plus rapidement possible en mettant le plus de distance entre nous.
Bientôt j'arrive sur ce que je croyais une autoroute. Il s'agit d'une FR. Elle semble très fréquentée. Elle est constituée d'une couche de gravillons. À chaque véhicule qui passe, il se dégage de grandes volutes de poussière blanche qui recouvrent les arbres de part et d'autre du chemin et malheureusement, aussi le hiker qui marche au bord... Je sens que je vais bien en profiter.
Le cadre est pourtant magnifique car nous sommes dans un canyon entre 2 falaises de toute beauté. La rivière qui coulait au fond à été remplacé par un chemin de gravillons blancs. Cela casse un peu le charme. La route est si blanche que je dois mettre mes lunettes de soleil pour ne pas être aveuglé.
Chaque voiture que je croise est une épreuve. Je dois quand même avouer que la majorité des automobilistes sont respectueux et ralentissent longtemps avant de me croiser pour limiter le nuage de poussière.
Je n'ai quand même pas de chance car je croise une colonne de véhicules de pompier qui partent en manœuvre. Le véhicule de tête me demande si j'ai besoin d'eau en agitant une bouteille par la fenêtre. Non vraiment, mon problème est ailleurs !
La route étant très roulante et ma motivation pour sortir de ce canyon poussiéreux plutôt élevée, j'accélère le mouvement. À midi j'ai déjà couvert 26 km. Je m'arrête quand même pour manger mais je repars rapidement car le GPS m'annonce encre 13 km. J'ai de la chance car après 3 km la route est goudronnée. Finie la poussière ! Bientôt je vois les premières maisons de la banlieue de Grants. Il s'agit de préfabriqués ou de simples caravanes posés sur un bout de terrain désertique. Les gens les plus pauvres sont les plus éloignés du centre ville. Il y a beaucoup de chiens derrière les grillages. Les choses se corsent un peu lorsque 3 chiens complètement déchaînés passent par le trou d'un grillage en aboyant comme des fauves. Heureusement j'ai mes bâtons. Je fais des tourniquets pour les tenir à distance. Ils ont du être battus car mes pitreries les tiennent à distance.
Cette ligne droite n'en finit plus. J'ai hâte d'arriver. Soudain c'est le panneau de Grants.
Je passe au dessus de l'autoroute. Il y a un Mac Doc ou je suis sur de trouver du wifi gratuit. Le serveur me demande comment est le Trail aujourd'hui. Il est au petit soin avec moi et vient me voir au bout d'un moment pour savoir si tout va bien.
Je réserve une chambre sur Internet. Il n'y a plus qu'à s'y rendre. Je descends la rue pour m'apercevoir qu'il s'agit de la route 66. Grants était une ville de cette fameuse route historique. Et l'économie a suivi le fait que l'autoroute 40 à remplacé la route 66. La majorité des magasins sont vides, à louer. Il n'y a plus autant de passage qu'avant, du moins le trafic est maintenant sur l'autoroute loin du centre ville. Encore une ville fantôme !
L'hôtel que j'ai réservé et proche de la 40 et je dois traverser toute la ville qui se concentre de part et d'autre de la route 66. Je n'ai pas fait attention mais il y a au moins 8 km à faire. Comme d'habitude, rien n'est prévu pour les piétons. Pas de passage piéton et les trottoirs sont complètement défoncés. Je me fracasse le pied plusieurs fois à cause des blocs disjoints. Un vrai parcours du combattant alors que je rêve d'une douche.
Des gens me saluent car ils sont habitués à voir des hickers. Soudain un véhicule se gare devant moi et je reconnais 2 hickers vus à la Toaster House qui me font de grands signes. Sauvé ! voici mon taxi pour mon hotel. Il est conduit par un Trail Angel, Carol Mumm, qui s'occupe des caches d'eau comme le fait Radar plus au Sud. C'est une personne âgée, qui continue de travailler alors qu'elle a largement l'âge de la retraite - eh oui nous sommes aux US -, et qui s'occupe des hikers. Les hôtels sont tellement éloignés du centre ville qu'elle se charge de faire les allers-retours jusqu'à la poste. Je profite d'un de ces trajets pour me faire amener à mon hôtel. Elle me donne son numéro au cas où j'ai besoin d'aller en ville. Incroyable comme certaines personnes sont dédiées à aider les autres. Je ne connais pas l'équivalent en France...
Après la douche et la lessive, il est temps de se remplir la panse. Il y a justement un buffet chinois à volonté juste à côté de l'hôtel. J'entre et je trouve... 3 hikers : Natural, Finch et Little Baby Ray.
Ils sont arrivés ce matin car l'App Guthook leur a fait manger la route quasiment sur toute la section. Ils n'ont pas pris le sentier en haut des falaises ni traversés le champ de lave. Ils hallucinent devant mes photos. Je savais bien qu'il ne faut pas laisser l'informatique prendre des décisions à votre place :-)
Je mange comme un affamé au buffet. Je suis un estomac sans fond. Si je veux repartir demain, il me faut aller faire les courses. Ça tombe bien le supermarché Walmart (équivalent Carrefour) ferme à minuit. Le temps de faire ma liste et le tour du supermarché, je rentre à l'hôtel à 23h. Je suis vidé et il me semble impossible de faire tout ce que je dois faire pour repartir demain matin. Je vais devoir prendre un zéro, autrement dit un jour sans marcher. Pas ce que j'aime mais je sens que mon corps le réclame. J'ai tiré sur la corde ces derniers jours et spécialement aujourd'hui. Un jour de repos ne sera pas du luxe.
Par contre, les villes américaines perdues dans la brousse n'ont pas le charme des villages français ou même des grandes métropoles américaines comme New York. Donc mon but est de rester le moins longtemps possible. L'idéal est d'arriver le matin et d'utiliser la journée pour les corvées comme la lessive et le ravitaillement. De cette manière, le lendemain matin, après un petit déjeuner à l'hôtel, je repars sur le Trail.
Il y a 30 km pour se rendre à Grants. A priori c'est quasiment une journée complète de marche donc ça ne colle pas avec ma façon de faire. Qu'à cela ne tienne, il suffit juste d'aller plus vite que d'habitude. Mon seul souci est qu'il n'y a aucun point d'eau sur le trajet et que je dois être autonome pour la journée. Cela veut dire 4 litres sur le dos, ce qui me colle bien au sol. Autant que le challenge soit complet.
La première partie est un chemin légèrement montant dans le fond d'une vallée. Les pins sont plus effilés et plus grands que ceux plus au Sud. Cela donne plus d'ombre ce qui n'est pas désagréable. Le chemin a été refait récemment ce qui le rend plus facile et me permet d'accélérer l'allure.
J'observe les oiseaux et plus particulièrement un couple à tête toute bleue qui semble me suivre au fur et à mesure que j'avance. Ils poussent une sorte de sifflement pour avertir de mon arrivée. Il s'agit peut être de sentinelles anti intrus.
J'entends d'ailleurs d'autres sifflements très similaires à ceux des marmottes. Il y a beaucoup de trous d'animaux dans cette plaine. Il s'agit de chiens de prairies. Ils sont jaunes et bien plus petits que des marmottes. C'est drôle de voir les sentinelles siffler et l'ensemble des troupes rentrer dans leurs trous. Je me demande d'ailleurs si c'est de moi qu'ils ont peur ou des 2 rapaces à l'envergure impressionnante qui planent en rond au dessus de nos têtes.
J'entends au loin des voitures et je me demande si j'approche d'une autoroute. Un bruit de crécelle, à côté de mon mollet droit, me rappelle que je suis toujours dans le "wilderness". Wow encore un serpent à sonnettes qui me prévient mais je ne le vois pas. Je fais un bond sur le côté gauche en espérant que mon ouïe ne m'a pas trompé de côté et j'accélère le pas. Autant quitter les lieux le plus rapidement possible en mettant le plus de distance entre nous.
Bientôt j'arrive sur ce que je croyais une autoroute. Il s'agit d'une FR. Elle semble très fréquentée. Elle est constituée d'une couche de gravillons. À chaque véhicule qui passe, il se dégage de grandes volutes de poussière blanche qui recouvrent les arbres de part et d'autre du chemin et malheureusement, aussi le hiker qui marche au bord... Je sens que je vais bien en profiter.
Le cadre est pourtant magnifique car nous sommes dans un canyon entre 2 falaises de toute beauté. La rivière qui coulait au fond à été remplacé par un chemin de gravillons blancs. Cela casse un peu le charme. La route est si blanche que je dois mettre mes lunettes de soleil pour ne pas être aveuglé.
Chaque voiture que je croise est une épreuve. Je dois quand même avouer que la majorité des automobilistes sont respectueux et ralentissent longtemps avant de me croiser pour limiter le nuage de poussière.
Je n'ai quand même pas de chance car je croise une colonne de véhicules de pompier qui partent en manœuvre. Le véhicule de tête me demande si j'ai besoin d'eau en agitant une bouteille par la fenêtre. Non vraiment, mon problème est ailleurs !
La route étant très roulante et ma motivation pour sortir de ce canyon poussiéreux plutôt élevée, j'accélère le mouvement. À midi j'ai déjà couvert 26 km. Je m'arrête quand même pour manger mais je repars rapidement car le GPS m'annonce encre 13 km. J'ai de la chance car après 3 km la route est goudronnée. Finie la poussière ! Bientôt je vois les premières maisons de la banlieue de Grants. Il s'agit de préfabriqués ou de simples caravanes posés sur un bout de terrain désertique. Les gens les plus pauvres sont les plus éloignés du centre ville. Il y a beaucoup de chiens derrière les grillages. Les choses se corsent un peu lorsque 3 chiens complètement déchaînés passent par le trou d'un grillage en aboyant comme des fauves. Heureusement j'ai mes bâtons. Je fais des tourniquets pour les tenir à distance. Ils ont du être battus car mes pitreries les tiennent à distance.
Cette ligne droite n'en finit plus. J'ai hâte d'arriver. Soudain c'est le panneau de Grants.
Je suis arrivé et il est 14h30. Pas mal pour un vieux croûton.
Je passe au dessus de l'autoroute. Il y a un Mac Doc ou je suis sur de trouver du wifi gratuit. Le serveur me demande comment est le Trail aujourd'hui. Il est au petit soin avec moi et vient me voir au bout d'un moment pour savoir si tout va bien.
Je réserve une chambre sur Internet. Il n'y a plus qu'à s'y rendre. Je descends la rue pour m'apercevoir qu'il s'agit de la route 66. Grants était une ville de cette fameuse route historique. Et l'économie a suivi le fait que l'autoroute 40 à remplacé la route 66. La majorité des magasins sont vides, à louer. Il n'y a plus autant de passage qu'avant, du moins le trafic est maintenant sur l'autoroute loin du centre ville. Encore une ville fantôme !
L'hôtel que j'ai réservé et proche de la 40 et je dois traverser toute la ville qui se concentre de part et d'autre de la route 66. Je n'ai pas fait attention mais il y a au moins 8 km à faire. Comme d'habitude, rien n'est prévu pour les piétons. Pas de passage piéton et les trottoirs sont complètement défoncés. Je me fracasse le pied plusieurs fois à cause des blocs disjoints. Un vrai parcours du combattant alors que je rêve d'une douche.
Des gens me saluent car ils sont habitués à voir des hickers. Soudain un véhicule se gare devant moi et je reconnais 2 hickers vus à la Toaster House qui me font de grands signes. Sauvé ! voici mon taxi pour mon hotel. Il est conduit par un Trail Angel, Carol Mumm, qui s'occupe des caches d'eau comme le fait Radar plus au Sud. C'est une personne âgée, qui continue de travailler alors qu'elle a largement l'âge de la retraite - eh oui nous sommes aux US -, et qui s'occupe des hikers. Les hôtels sont tellement éloignés du centre ville qu'elle se charge de faire les allers-retours jusqu'à la poste. Je profite d'un de ces trajets pour me faire amener à mon hôtel. Elle me donne son numéro au cas où j'ai besoin d'aller en ville. Incroyable comme certaines personnes sont dédiées à aider les autres. Je ne connais pas l'équivalent en France...
Après la douche et la lessive, il est temps de se remplir la panse. Il y a justement un buffet chinois à volonté juste à côté de l'hôtel. J'entre et je trouve... 3 hikers : Natural, Finch et Little Baby Ray.
Ils sont arrivés ce matin car l'App Guthook leur a fait manger la route quasiment sur toute la section. Ils n'ont pas pris le sentier en haut des falaises ni traversés le champ de lave. Ils hallucinent devant mes photos. Je savais bien qu'il ne faut pas laisser l'informatique prendre des décisions à votre place :-)
Je mange comme un affamé au buffet. Je suis un estomac sans fond. Si je veux repartir demain, il me faut aller faire les courses. Ça tombe bien le supermarché Walmart (équivalent Carrefour) ferme à minuit. Le temps de faire ma liste et le tour du supermarché, je rentre à l'hôtel à 23h. Je suis vidé et il me semble impossible de faire tout ce que je dois faire pour repartir demain matin. Je vais devoir prendre un zéro, autrement dit un jour sans marcher. Pas ce que j'aime mais je sens que mon corps le réclame. J'ai tiré sur la corde ces derniers jours et spécialement aujourd'hui. Un jour de repos ne sera pas du luxe.
bien mérité ce jour de repos!
RépondreSupprimerLe problème c'est que ces petits coups de canif dans le contrat me mettent en retard sur mon planning. Mais il faut aussi que j'écoute mon corps...
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