lundi 21 mai 2018

21 Mai - La Mésa

Je me suis réveillé comme un veau qu'on amène à l'abattoir. L'idée de reprendre ce poids sur mon dos et de grimper pendant des heures me démotivent. Mais bon rester dans le duvet ne règlera rien.

La journée commence par une route en terre qui grimpe raisonnablement. D'après le GPS, il vaut mieux que j'en profite car le mur se profile. Le dénivelé ne me fait pas peur mais c'est le poids du sac à dos qui est un enfer.
La route mène à un col et effectivement le Trail part en gauche en direction du sommet. Je me mets en mode Terminator tueur de mur et je mets un pas devant l'autre. J'ai fait environ 200 m de dénivelé quand j'arrive sur un replat. En fait je suis sur une Mésa qui monte gentiment. À ma droite une falaise qui surplombe une immense vallée car cette Mésa est la plus haute du coin et à ma gauche une rangée d'arbres et le ciel.

La vue dans la vallée est complètement bouchée. Il y a des nuages bas et le ciel est laiteux. Je n'ai aucune visibilité. Je marche au milieu du ciel comme dans cette fable du haricot géant.

Je finis néanmoins par basculer dans une autre vallée beaucoup plus haute que celle que je viens de quitter. Le paysage a encore changé et si les points d'eau sont toujours aussi rares, les sapins et les bouleaux sont de plus en plus présents.

Il s'agit d'un troupeau de daims. On se demande qui observe qui...

Je traverse de grandes prairies d'herbes vertes. Ça faisait longtemps que j'en avais plus vues.

Juste avant mon premier point d'eau je tombe sur Mr et Mme Élans qui détalent devant moi. Au point d'eau, je rencontre 2 hikers que je n'ai jamais vus. Normal, ils sont partis le 26 avril. Ça veut dire qu'ils m'ont mis une semaine dans la vue en un mois de trail. Leurs sacs à dos sont aussi gros que des sacs d'écoliers. Encore des ultralights qui font 65 km par jour. C'est sur qu'avec le monstre que je traîne je ne suis pas prêt d'y arriver.

Vers midi, juste avant de me taper une méchante côte, je décide de manger pour diminuer le poids de mon sac. Alors que je mange, une barre de nuages noirs accompagnée de coups de tonnerre se dirige sur moi. J'y ai échappé hier mais c'est beaucoup moins sûr aujourd'hui.

Après la côte arrosée de quelques gouttes, j'arrive sur une plaine d'herbes jaunes ou le mont qui est tout au fond se fait copieusement arrosé par l'orage.

Malheureusement le vent tourne et l'orage de dirige sur moi. Alors que je suis en train de traverser une forêt ou comme à chaque fois il faut composer avec les arbres qui se sont couchés sur le Trail, la pluie commence à tomber. D'abord clairsemée, elle devient de plus en plus persistante, jusqu'à se transformer en véritable orage. Mon sac est trempé et mes baskets sont gorgées d'eau. J'ai fait 32 km, il est temps que je m'arrête. Mais sous une pluie battante, c'est plus facile à dire qu'à faire. Je cherche un gros sapin sous lequel dresser ma tente. Il me protégera de la pluie et me permettra de faire ma popote. Je mets du temps à trouver un arbre capable de m'accueillir. J'ai froid et je claque des dents car à cette altitude, la pluie est glaciale. Je suis déjà bien loin du désert.

Je monte ma tente, mange en un temps record et me réfugie sous le duvet en espérant que demain le soleil sera de retour pour sécher mes affaires...

La nuit va être humide...

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