Dans la nuit, à 21h30 puis à 22h, 2 hikers sont passés devant ma tente que j'ai plantée tout au bord du Trail. En pleine ascension j'ai entendu leurs halètements. La première était une fille et l'autre un garçon. Vraiment je ne comprends pas où ils vont aussi tard dans le noir. Ils ne trouverons pas d'endroit où dormir. Sûrement des hikers Ultralight qui cherchent à faire une journée de 100 km.
J'ai bien étudié les cartes et le sentier où je suis est parallèle à la crête. Il mène sûrement au sommet du Parkview Mountain donc tout va bien.
À 5h, les oiseaux m'éveillent. Tiens ils ont changé l'heure de réveil. Avant c'était plutôt 5h30. Les journées doivent s'allonger. Le premier objectif est de monter au sommet. En regardant l'altitude, cela veut dire une grimpette de 600 m pour digérer mon petit déjeuner. Soit, allons y...
La montée est très particulière. D'abord il y a énormément de pierres et il n'est pas aisé de marcher dessus.
Mais le plus étonnant est l'absence totale de sentier par moment. Il y a au début des poteaux frappés du sigle CDT ce qui finit de me rassurer. Ensuite quelques cairns puis plus rien.
Il faut y aller en cherchant des traces laissées par ceux qui m'ont précédé. C'est loin d'être évident. La pente est aussi très raide ce qui ajoute du piment.
Je pense que mis à part les hikers du CDT, personne ne fait ce sommet. Il ne fait pas partie des mythiques sommets au dessus de 14000 pieds, altitude qui attire l'amateur montagnard américain.
J'arrive au sommet sur lesquel se trouve un "lockout", il s'agit d'une tour carrée avec des fenêtres à 360 degrés afin de surveiller les feux de forêt.
Celui là est complètement fermé et abandonné. J'en fais le tour et m'aperçois qu'il n'y a pas de serrure à la porte qui peut librement s'ouvrir. Je suis curieux de voir à quoi ressemble l'intérieur d'un lookout. J'ouvre donc la porte. Je suis acceuilli par un hurlement de terreur. Il y a un hiker dedans que je viens de réveiller. Je me confonds en excuse et referme la porte. Celle-ci est réouverte par le hiker qui m'apastrophe gentiment pour que je revienne. En fait il n'y a pas mais 2 hikers, Hercules et Kettle, ceux là même que j'ai entendus cette nuit. Ils savaient qu'ils pouvaient dormir dans le lockout et ils en ont fait l'objectif de leur journée. Ils se sont couchés à 23h et c'est totalement exceptionnel pour eux. J'avoue que je suis épaté par le double exploit pour avoir fait une journée de 20h de marche et d'avoir trouvé leur chemin dans la nuit. J'ai eu bien du mal à la lumière du jour donc je n'ose penser ce que ça pouvait donner à la simple lueur des étoiles. Ils sont tous 2 supers gentils avec moi alors que je les ai réveillés. Mais je suis mal à l'aise et je m'en vais rapidement.
À partir de ce sommet, le CDT ne fait que suivre la ligne des crêtes. De ce que je vois, c'est le programme de la journée. Si suivre une crête permet d'accéder à un paysage grandiose, lorsque celle-ci n'est pas boisée - ce qui est loin d'être toujours le cas -, il faut savoir que c'est physiquement terriblement éprouvant. En effet on ne cesse de monter et de descendre le plus souvent de manière très abrupte. Il s'agit de suivre une ligne géographique et non un sentier réalisé par la main de l'homme qui établit un certain rythme de marche pour faciliter la progression.
Marcher sur la ligne de crête toute la journée présente aussi le désavantage de nous exposer aux dangers des "Thunderstorms" ces fameux orages électriques dont les éclairs mortels frappent justement les crêtes. Sur cette section, le temps de la journée est toujours le même : grand ciel bleu le matin, quelques nuages blancs à midi et orage le soir. Pour changer aujourd'hui, à midi il y a 2 orages, un à l'Ouest et un à l'Est. Pour ma part, je continue de monter au Nord et je me sens vraiment pris en sandwich. L'orage, où plutôt les orages, grondent et claquent fort. Au dessus de ma tête le ciel est bleu et j'essaye de passer avant que l'étau ne se resserre. Si le vent ne se mêle pas de la partie, ça semble jouable. Les heures s'écoulent et le vent ne se lève pas pour une fois. Les orages s'abattent sur les montagnes environnantes et me laissent finalement bien tranquille. J'avoue que je n'étais pas très rassuré.
Mon problème principal à cette heure est l'eau. En effet, cela fait 2 jours que je suis sauvé par des névés. Il y a moins d'eau sur cette section. Il faut que je me mette dans le crâne que nous sommes à la fin du Colorado et que je vais rentrer au Wyoming où se trouve un autre désert. J'ai du mal à l'intégrer car la végétation n'a pas changé : les mêmes sapins, la même herbe verte...
Bref tout est identique au Colorado où on trouve une rivière tous les 100 m. Aujourd'hui j'ai croisé une seule rivière au bout de 13 km. Celle d'après se trouve à 15 km de la première. Je ne vais pas trainer 3 litres d'eau alors que je m'amuse aux montagnes russes sur les crêtes. J'ai déjà bien du mal à traîner ma pauvre carcasse sans jouer les porteurs d'eau. Mon objectif sera donc là prochaine rivière ce qui me fera une journée de 28 km. En ne prenant pas d'eau, je me condamne à atteindre mon objectif sinon je ne pourrai pas réhydrater ma nourriture.
Si tout se passe pour le mieux au début, la succession de crêtes m'épuisent totalement. J'ai de plus en plus de mal à les enchaîner. Autant je peux avaler de grandes montées, autant la succession de petites montées absorbent toute mon énergie. Mais je n'ai pas le choix et je dois arriver à l'eau. La journée s'avère donc longue et difficile. Je dois aller chercher au fond de moi l'énergie nécessaire pour atteindre cet objectif.
Il est 18h30 lorsque j'arrive à la rivière d'Arapahoe Creek. Mon but est de dormir sur place car il ne semble y avoir absolument aucun point d'eau demain. Il va falloir que je me charge avant de repartir pour une nouvelle journée. Je suis tellement épuisé que j'ai du mal à trouver un endroit où planter ma tente. Je descends le long de la rivière jusqu'à trouver une zone un peu moins pentue. Ce n'est pas terrible mais au moins j'arriverai à dormir.
Il est tard et je me fais rapidement à manger. Je n'ai pas la force d'écrire mon blog, je ferai ça demain...
J'ai bien étudié les cartes et le sentier où je suis est parallèle à la crête. Il mène sûrement au sommet du Parkview Mountain donc tout va bien.
À 5h, les oiseaux m'éveillent. Tiens ils ont changé l'heure de réveil. Avant c'était plutôt 5h30. Les journées doivent s'allonger. Le premier objectif est de monter au sommet. En regardant l'altitude, cela veut dire une grimpette de 600 m pour digérer mon petit déjeuner. Soit, allons y...
La montée est très particulière. D'abord il y a énormément de pierres et il n'est pas aisé de marcher dessus.
Mais le plus étonnant est l'absence totale de sentier par moment. Il y a au début des poteaux frappés du sigle CDT ce qui finit de me rassurer. Ensuite quelques cairns puis plus rien.
Il faut y aller en cherchant des traces laissées par ceux qui m'ont précédé. C'est loin d'être évident. La pente est aussi très raide ce qui ajoute du piment.
Je pense que mis à part les hikers du CDT, personne ne fait ce sommet. Il ne fait pas partie des mythiques sommets au dessus de 14000 pieds, altitude qui attire l'amateur montagnard américain.
J'arrive au sommet sur lesquel se trouve un "lockout", il s'agit d'une tour carrée avec des fenêtres à 360 degrés afin de surveiller les feux de forêt.
À partir de ce sommet, le CDT ne fait que suivre la ligne des crêtes. De ce que je vois, c'est le programme de la journée. Si suivre une crête permet d'accéder à un paysage grandiose, lorsque celle-ci n'est pas boisée - ce qui est loin d'être toujours le cas -, il faut savoir que c'est physiquement terriblement éprouvant. En effet on ne cesse de monter et de descendre le plus souvent de manière très abrupte. Il s'agit de suivre une ligne géographique et non un sentier réalisé par la main de l'homme qui établit un certain rythme de marche pour faciliter la progression.
Marcher sur la ligne de crête toute la journée présente aussi le désavantage de nous exposer aux dangers des "Thunderstorms" ces fameux orages électriques dont les éclairs mortels frappent justement les crêtes. Sur cette section, le temps de la journée est toujours le même : grand ciel bleu le matin, quelques nuages blancs à midi et orage le soir. Pour changer aujourd'hui, à midi il y a 2 orages, un à l'Ouest et un à l'Est. Pour ma part, je continue de monter au Nord et je me sens vraiment pris en sandwich. L'orage, où plutôt les orages, grondent et claquent fort. Au dessus de ma tête le ciel est bleu et j'essaye de passer avant que l'étau ne se resserre. Si le vent ne se mêle pas de la partie, ça semble jouable. Les heures s'écoulent et le vent ne se lève pas pour une fois. Les orages s'abattent sur les montagnes environnantes et me laissent finalement bien tranquille. J'avoue que je n'étais pas très rassuré.
Mon problème principal à cette heure est l'eau. En effet, cela fait 2 jours que je suis sauvé par des névés. Il y a moins d'eau sur cette section. Il faut que je me mette dans le crâne que nous sommes à la fin du Colorado et que je vais rentrer au Wyoming où se trouve un autre désert. J'ai du mal à l'intégrer car la végétation n'a pas changé : les mêmes sapins, la même herbe verte...
Bref tout est identique au Colorado où on trouve une rivière tous les 100 m. Aujourd'hui j'ai croisé une seule rivière au bout de 13 km. Celle d'après se trouve à 15 km de la première. Je ne vais pas trainer 3 litres d'eau alors que je m'amuse aux montagnes russes sur les crêtes. J'ai déjà bien du mal à traîner ma pauvre carcasse sans jouer les porteurs d'eau. Mon objectif sera donc là prochaine rivière ce qui me fera une journée de 28 km. En ne prenant pas d'eau, je me condamne à atteindre mon objectif sinon je ne pourrai pas réhydrater ma nourriture.
Si tout se passe pour le mieux au début, la succession de crêtes m'épuisent totalement. J'ai de plus en plus de mal à les enchaîner. Autant je peux avaler de grandes montées, autant la succession de petites montées absorbent toute mon énergie. Mais je n'ai pas le choix et je dois arriver à l'eau. La journée s'avère donc longue et difficile. Je dois aller chercher au fond de moi l'énergie nécessaire pour atteindre cet objectif.
Il est 18h30 lorsque j'arrive à la rivière d'Arapahoe Creek. Mon but est de dormir sur place car il ne semble y avoir absolument aucun point d'eau demain. Il va falloir que je me charge avant de repartir pour une nouvelle journée. Je suis tellement épuisé que j'ai du mal à trouver un endroit où planter ma tente. Je descends le long de la rivière jusqu'à trouver une zone un peu moins pentue. Ce n'est pas terrible mais au moins j'arriverai à dormir.
Il est tard et je me fais rapidement à manger. Je n'ai pas la force d'écrire mon blog, je ferai ça demain...
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