Hier soir, j'ai dû recourir au cocktail Ibuprofène et Voltarène pour m'endormir. La douleur ne m'a pas réveillé ce qui est une bonne chose.
Ce matin ma jambe gauche est incapable de me porter. Je ne peux pas enfiler mes chaussettes sans m'asseoir. La journée va être longue.
Nous avons 3 options. La 1ère est de remonter la rivière sur 20 km. J'ai peu d'espoir que les berges soient suffisamment praticables. La 2eme est de remonter sur 4 km car un chemin est supposé traverser la rivière. Est que ce chemin existe toujours et à été entretenu ? Je n'en ai aucune idée. Si nous nous engageons pour revenir, la journée sera perdue.
La 3eme option est de faire demi-tour. Je sais que c'est à la fois la meilleure et la pire des solutions. La meilleure car je connais le trajet et la pire car cela signifie que notre escapade est un fiasco. Rien de pire sur le moral qui a besoin d'être requinqué après ces difficiles journées dans la fournaise.
Je décide de remonter la rivière ce qui en réalité nous laisse toutes les options ouvertes.
Comme à chaque fois le début est facile. Les berges sont larges et les animaux ont tracé de magnifiques sentiers qu'il est très aisé à suivre. Malheureusement la facilité ne dure pas et les gorges se resserrent. Les berges sont envahis par la végétation et passer d'une rive à l'autre impossible de par la force du courant.
Après les sentiers de vache, nous suivons ceux des biches qui viennent s'abreuver à la rivière. Bientôt nous sommes dans des zones où aucun animal ne vient et où aucun sentier n'est tracé.
Nous grimpons des rochers dans un pierrier.
Nous cassons des branches pour passer au dessus des arbres qui bloquent le passage.
Nous avancerions plus vite en utilisant des haches et des machettes comme dans la jungle. Pour quelqu'un de valide c'est déjà une épreuve. Les enfants transpirent à grosses gouttes. Pour ma part, chaque pas avec ma jambe gauche est une douleur. Chaque pas me demande une énergie phénomènale. Je suis totalement épuisé et je n'ouvre même pas la marche. Nous mettons 2h pour 2 km. Au milieu du gué, il n'y a plus qu'à continuer. La situation ne fait que s'empirer. Je me demande la dernière fois qu'un hiker est passé par là. À mon avis ça fait des années. Cette alternative ne devrait pas exister.
Un km et 1h plus tard, je comprends que nous devons arrêter ce cauchemar. En analysant la carte, je m'aperçois qu'il suffit de remonter sur la crête pour être dans le désert et proche du chemin que nous cherchons à prendre. Dans notre malheur nous avons de la chance car il y a un col juste au dessus de notre tête avec un sentier de biches qui y mène.
Nous sortons du canyon et le chemin est bien visible devant nous. C'est la fin de la galère. Finie la rivière et nous sommes de retour dans le désert.
Nous sommes physiquement éprouvés et l'idée de marcher à plat ne me déplait pas histoire de limiter la douleur.
Même le ciel est avec nous puisqu'il est couvert. Nous n'avons même pas trop chaud. Les choses tournent à notre avantage.
À midi nous déjeunons dans l'herbe d'une rivière asséchée. Nous ne prendrions pas autant de plaisir sans nos amis les nuages qui nous protègent. Vu l'épreuve du matin nous nous accordons quelques minutes de repos supplémentaires car la journée est loin d'être finie.
Le besoin d'eau se fait sentir mais nous allons recroiser la Sweetwater River 2 fois, ce qui veut dire eau pure non salée à volonté.
Côté logistique nous sommes parés. Il nous faut suivre le chemin pendant 20 km pour rejoindre le CDT puis 16 km pour arriver à Atlantic City, soit un cumul d'une quarantaine de km dans la journée. C'est beaucoup surtout que le début du trajet dans l'enfer de la rivière a physiquement laissé des traces. Je ne pousse pas les enfants à arriver ce soir. Nous avons assez de nourriture pour passer une nuit dans la tente même si tout le monde rêve d'une douche et d'un bon lit sous un toit.
L'après-midi se passe sans histoire. Le couvercle nuageux nous facilite la tâche et il suffit d'avaler des lignes droites dans le désert au milieu des vaches et des biches comme nous le faisons depuis plusieurs jours.
Nous croisons la Sweetwater River dont les gorges se sont élargies. Le courant est calme et les berges largement praticables. Nous aurions pu camper tranquillement ici la nuit dernière... Mais les barbelés qui emprisonnent la rivière sont peu avenants. À voir leur état, les hikers qui nous précèdent ont fait peu de cas de cette interdiction d'accès.
Nous faisons le plein d'eau à un endroit autorisé et ne traînons pas car l'horloge tourne. Nous arrivons sur le CDT vers 16h. Avec la distance qu'il reste à couvrir nous ne serons pas à Atlantic City avant 20h. Je sais que Jules rêve de le faire mais je ne veux pas créer d'attente. Une route en gravier part vers Atlantic City alors que le CDT reste sur un chemin pour Jeep. Nous suivons le CDT et celui-ci nous joue la blague d'être sans chemin dans le désert tout en étant parallèle à la route. Cela est totalement ridicule. Il est très difficile de marcher au milieu des buissons et des pierres alors que nous avons une route sous les yeux.
Nous prenons donc la route en gravier pour Atlantic City et je ne vois pas quel hiker ferait différemment pour les 12 km qui nous reste. Nous voyons les poteaux en béton qui marque le "California Trail" et le "Oregon Trail" qui ont vu passé des milliers de chariots d'émigrants à la grande époque de la ruée vers l'Ouest.
Marcher sur une route demande plus de force mentale que de marcher sur un sentier. C'est long, pénible et douloureux. Long parce-que les lignes droites semblent interminables, pénible en fin de journée quand le physique n'en peut plus - surtout en fin de section - et douloureux car le gravier est sans pitié pour les ampoules et les muscles fatigués.
Une solution serait de faire du stop pour éviter ce calvaire. Mais pour cela il faudrait un minimum de circulation. Il y en a si peu que bientôt nous marchons au milieu de la route. Nous avons tous nos écouteurs afin de se donner du courage mais ceux des enfants sont intra-auriculaires. Autrement dit, ils s'enfoncent les écouteurs dans les oreilles et deviennent totalement sourds à leur environnement.
Ce qui devait arriver se produit et j'entends des motos qui s'approchent. Je me retourne et fais des grands signes en hurlant pour que les enfants se poussent du milieu de la route. Mes gesticulations et mes hurlements ne produisent strictement aucun résultat auprès de 2 sourds qui regardent leurs pieds. Les motards doivent slalommer entre les enfants qui ne voient les motos qu'après leur passage. Je suis furieux de ce comportement immature. Ils risquent leur vie.
Nous voyons 2 véhicules qui traînent toute une série de matériel ressemblant à des wagonnets de mine. Ils arrivent d'un autre chemin sur notre droite. Ils s'arrêtent lorsqu'ils arrivent sur notre route. Le chauffeur du 1er véhicule sort et nous fait un grand signe de la main. Je pense que nous avons trouvé notre transport pour Atlantic City. Nous accélérerons l'allure pour ne pas le faire attendre. Alors que nous ne sommes plus qu'à 50m du véhicule, le chauffeur remonte dans le 4x4 et repart sous nos yeux médusés. Il s'est juste dégourdi les jambes et n'a jamais pensé que nous recherchions un transport. Nous venons de rater une opportunité pour quelques mètres. Avec le peu de circulation, le moral en prend un méchant coup.
Je suis habitué à ces longues routes forestières poussièreuses qui s'allongent à perte de vue. Pour les enfants c'est une première. Au bout la fin du calvaire et ils ne pensent plus qu'à ça. Même si c'est naturel, ce n'est pas la bonne façon d'aborder l'épreuve. L'obsession d'arriver rend fou le marcheur épuisé.
Comme si cela ne suffisait pas, un orage se déclenche avec toute sa violence. Cela passe par de la grêle pour commencer. La pluie s'arrête et reprend encore plus forte.
Il reste 6 km pour arriver et toutes ces gouttes de pluie font déborder le vase. Jules qui traînait la patte derrière Paul et moi pousse des cris de rage et nous dépasse en marchant à toute vitesse sous la pluie.
Je sais qu'il est en train de brûler ses dernières cartouches. La seule question est de savoir s'il aura assez d'énergie pour arriver jusqu'au Bed and Breakfast d'Atlantic City. À ce rythme, s'il s'écroule, il ne repartira pas. L'orage nous en remet une bonne couche pour être sûr de ne pas nous rater. La luminosité diminue et nous devons passer une colline pour arriver à l'objectif.
Jules s'arrête au premier col mais il repart quand j'arrive à son niveau. Paul ralentit le rythme de plus en plus. Ses ampoules doivent le faire souffrir attrocement sur le gravier compressé qui compose la route. Au deuxième col, c'est un vent violent qui nous accueille mais nous voyons les premières maisons. La libération est proche. Nous arrivons au B&B tant espéré.
Surprise, il s'agit d'un magasin de vente d'armes... Il est 20h mais le panneau "Open" est affiché sur la porte avec une sonnette. Il ne manquerait plus que je me sois trompé ou qu'il soit plein. Après un moment un peu angoissant, le propriétaire arrive et nous acceuille dans son magasin. Il y a bien des chambres disponibles et nos paquets de nourriture sont bien arrivés. Il nous conseille d'aller vite au seul saloon de la ville pour manger. Il ajoute gentiment que si nous n'arrivons pas à manger, sa femme s'occupera de nous. Ça c'est vraiment sympa.
Nous traversons donc la ville. Le temps s'est arrêté à l'époque du Far West dans ce coin du Wyoming. On peut y voir la maison du docteur, l'école avec sa cloche, un magasin d'alimentation...
C'est vraiment un musée vivant. Le saloon vaut lui aussi le déplacement. Quand on y rentre, 4 clients sont installés au bar. Celui qui est dos à la porte porte un revolver dans son étui à la ceinture. Il a la barbe blanche de Buffalo Bill mais porte une casquette de baseball à la place d'un chapeau.
Le décor est digne d'un western. Des têtes de bisons, de biches et de puma sont accrochés sur les murs au milieu de pistolets et de fusils.
Le silence est pesant et je m'attends à ce qu'ils sortent le goudron et les plumes à chaque instant pour y tremper le pied tendre que je suis et qui arrive trop tard.
Je ne fais comme si de rien n'était et sort mon plus beau sourire pour demander à boire et à manger. Le barman patibulaire me prévient que je n'aurai droit qu'à des sandwichs. Cela fera bien notre affaire.
Mon accent déclenche la question habituelle du client à la droite. A ma réponse, tout le monde se déride. 2 d'entre eux, dont Buffalo Bill sont allés en France et me racontent leurs vacances.
Ouf le test d'entrée est réussi et nous voilà intégrés à la famille.
Quand nous rentrons au B&B, le propriétaire nous attend pour nous offrir du gâteau de sa femme et de la limonade sur sa terrasse. Quel acceuil ! Lui et sa femme sont au petits soins avec nous.
Visiblement nous sommes bien tombés. Cela va nous permettre de nous requinquer...
Ce matin ma jambe gauche est incapable de me porter. Je ne peux pas enfiler mes chaussettes sans m'asseoir. La journée va être longue.
Nous avons 3 options. La 1ère est de remonter la rivière sur 20 km. J'ai peu d'espoir que les berges soient suffisamment praticables. La 2eme est de remonter sur 4 km car un chemin est supposé traverser la rivière. Est que ce chemin existe toujours et à été entretenu ? Je n'en ai aucune idée. Si nous nous engageons pour revenir, la journée sera perdue.
La 3eme option est de faire demi-tour. Je sais que c'est à la fois la meilleure et la pire des solutions. La meilleure car je connais le trajet et la pire car cela signifie que notre escapade est un fiasco. Rien de pire sur le moral qui a besoin d'être requinqué après ces difficiles journées dans la fournaise.
Je décide de remonter la rivière ce qui en réalité nous laisse toutes les options ouvertes.
Pour commencer, il faut repasser sur l'autre rive...
Comme à chaque fois le début est facile. Les berges sont larges et les animaux ont tracé de magnifiques sentiers qu'il est très aisé à suivre. Malheureusement la facilité ne dure pas et les gorges se resserrent. Les berges sont envahis par la végétation et passer d'une rive à l'autre impossible de par la force du courant.
Après les sentiers de vache, nous suivons ceux des biches qui viennent s'abreuver à la rivière. Bientôt nous sommes dans des zones où aucun animal ne vient et où aucun sentier n'est tracé.
Nous grimpons des rochers dans un pierrier.
Nous cassons des branches pour passer au dessus des arbres qui bloquent le passage.
Nous avancerions plus vite en utilisant des haches et des machettes comme dans la jungle. Pour quelqu'un de valide c'est déjà une épreuve. Les enfants transpirent à grosses gouttes. Pour ma part, chaque pas avec ma jambe gauche est une douleur. Chaque pas me demande une énergie phénomènale. Je suis totalement épuisé et je n'ouvre même pas la marche. Nous mettons 2h pour 2 km. Au milieu du gué, il n'y a plus qu'à continuer. La situation ne fait que s'empirer. Je me demande la dernière fois qu'un hiker est passé par là. À mon avis ça fait des années. Cette alternative ne devrait pas exister.
Un km et 1h plus tard, je comprends que nous devons arrêter ce cauchemar. En analysant la carte, je m'aperçois qu'il suffit de remonter sur la crête pour être dans le désert et proche du chemin que nous cherchons à prendre. Dans notre malheur nous avons de la chance car il y a un col juste au dessus de notre tête avec un sentier de biches qui y mène.
Nous sortons du canyon et le chemin est bien visible devant nous. C'est la fin de la galère. Finie la rivière et nous sommes de retour dans le désert.
Nous sommes physiquement éprouvés et l'idée de marcher à plat ne me déplait pas histoire de limiter la douleur.
Même le ciel est avec nous puisqu'il est couvert. Nous n'avons même pas trop chaud. Les choses tournent à notre avantage.
À midi nous déjeunons dans l'herbe d'une rivière asséchée. Nous ne prendrions pas autant de plaisir sans nos amis les nuages qui nous protègent. Vu l'épreuve du matin nous nous accordons quelques minutes de repos supplémentaires car la journée est loin d'être finie.
Le besoin d'eau se fait sentir mais nous allons recroiser la Sweetwater River 2 fois, ce qui veut dire eau pure non salée à volonté.
Côté logistique nous sommes parés. Il nous faut suivre le chemin pendant 20 km pour rejoindre le CDT puis 16 km pour arriver à Atlantic City, soit un cumul d'une quarantaine de km dans la journée. C'est beaucoup surtout que le début du trajet dans l'enfer de la rivière a physiquement laissé des traces. Je ne pousse pas les enfants à arriver ce soir. Nous avons assez de nourriture pour passer une nuit dans la tente même si tout le monde rêve d'une douche et d'un bon lit sous un toit.
L'après-midi se passe sans histoire. Le couvercle nuageux nous facilite la tâche et il suffit d'avaler des lignes droites dans le désert au milieu des vaches et des biches comme nous le faisons depuis plusieurs jours.
Nous croisons la Sweetwater River dont les gorges se sont élargies. Le courant est calme et les berges largement praticables. Nous aurions pu camper tranquillement ici la nuit dernière... Mais les barbelés qui emprisonnent la rivière sont peu avenants. À voir leur état, les hikers qui nous précèdent ont fait peu de cas de cette interdiction d'accès.
Nous faisons le plein d'eau à un endroit autorisé et ne traînons pas car l'horloge tourne. Nous arrivons sur le CDT vers 16h. Avec la distance qu'il reste à couvrir nous ne serons pas à Atlantic City avant 20h. Je sais que Jules rêve de le faire mais je ne veux pas créer d'attente. Une route en gravier part vers Atlantic City alors que le CDT reste sur un chemin pour Jeep. Nous suivons le CDT et celui-ci nous joue la blague d'être sans chemin dans le désert tout en étant parallèle à la route. Cela est totalement ridicule. Il est très difficile de marcher au milieu des buissons et des pierres alors que nous avons une route sous les yeux.
Nous prenons donc la route en gravier pour Atlantic City et je ne vois pas quel hiker ferait différemment pour les 12 km qui nous reste. Nous voyons les poteaux en béton qui marque le "California Trail" et le "Oregon Trail" qui ont vu passé des milliers de chariots d'émigrants à la grande époque de la ruée vers l'Ouest.
Marcher sur une route demande plus de force mentale que de marcher sur un sentier. C'est long, pénible et douloureux. Long parce-que les lignes droites semblent interminables, pénible en fin de journée quand le physique n'en peut plus - surtout en fin de section - et douloureux car le gravier est sans pitié pour les ampoules et les muscles fatigués.
En arrière plan les montagnes du Winds River Range. C'est notre prochain objectif !
Une solution serait de faire du stop pour éviter ce calvaire. Mais pour cela il faudrait un minimum de circulation. Il y en a si peu que bientôt nous marchons au milieu de la route. Nous avons tous nos écouteurs afin de se donner du courage mais ceux des enfants sont intra-auriculaires. Autrement dit, ils s'enfoncent les écouteurs dans les oreilles et deviennent totalement sourds à leur environnement.
Ce qui devait arriver se produit et j'entends des motos qui s'approchent. Je me retourne et fais des grands signes en hurlant pour que les enfants se poussent du milieu de la route. Mes gesticulations et mes hurlements ne produisent strictement aucun résultat auprès de 2 sourds qui regardent leurs pieds. Les motards doivent slalommer entre les enfants qui ne voient les motos qu'après leur passage. Je suis furieux de ce comportement immature. Ils risquent leur vie.
Nous voyons 2 véhicules qui traînent toute une série de matériel ressemblant à des wagonnets de mine. Ils arrivent d'un autre chemin sur notre droite. Ils s'arrêtent lorsqu'ils arrivent sur notre route. Le chauffeur du 1er véhicule sort et nous fait un grand signe de la main. Je pense que nous avons trouvé notre transport pour Atlantic City. Nous accélérerons l'allure pour ne pas le faire attendre. Alors que nous ne sommes plus qu'à 50m du véhicule, le chauffeur remonte dans le 4x4 et repart sous nos yeux médusés. Il s'est juste dégourdi les jambes et n'a jamais pensé que nous recherchions un transport. Nous venons de rater une opportunité pour quelques mètres. Avec le peu de circulation, le moral en prend un méchant coup.
Je suis habitué à ces longues routes forestières poussièreuses qui s'allongent à perte de vue. Pour les enfants c'est une première. Au bout la fin du calvaire et ils ne pensent plus qu'à ça. Même si c'est naturel, ce n'est pas la bonne façon d'aborder l'épreuve. L'obsession d'arriver rend fou le marcheur épuisé.
Comme si cela ne suffisait pas, un orage se déclenche avec toute sa violence. Cela passe par de la grêle pour commencer. La pluie s'arrête et reprend encore plus forte.
Il reste 6 km pour arriver et toutes ces gouttes de pluie font déborder le vase. Jules qui traînait la patte derrière Paul et moi pousse des cris de rage et nous dépasse en marchant à toute vitesse sous la pluie.
Je sais qu'il est en train de brûler ses dernières cartouches. La seule question est de savoir s'il aura assez d'énergie pour arriver jusqu'au Bed and Breakfast d'Atlantic City. À ce rythme, s'il s'écroule, il ne repartira pas. L'orage nous en remet une bonne couche pour être sûr de ne pas nous rater. La luminosité diminue et nous devons passer une colline pour arriver à l'objectif.
Jules s'arrête au premier col mais il repart quand j'arrive à son niveau. Paul ralentit le rythme de plus en plus. Ses ampoules doivent le faire souffrir attrocement sur le gravier compressé qui compose la route. Au deuxième col, c'est un vent violent qui nous accueille mais nous voyons les premières maisons. La libération est proche. Nous arrivons au B&B tant espéré.
Surprise, il s'agit d'un magasin de vente d'armes... Il est 20h mais le panneau "Open" est affiché sur la porte avec une sonnette. Il ne manquerait plus que je me sois trompé ou qu'il soit plein. Après un moment un peu angoissant, le propriétaire arrive et nous acceuille dans son magasin. Il y a bien des chambres disponibles et nos paquets de nourriture sont bien arrivés. Il nous conseille d'aller vite au seul saloon de la ville pour manger. Il ajoute gentiment que si nous n'arrivons pas à manger, sa femme s'occupera de nous. Ça c'est vraiment sympa.
Nous traversons donc la ville. Le temps s'est arrêté à l'époque du Far West dans ce coin du Wyoming. On peut y voir la maison du docteur, l'école avec sa cloche, un magasin d'alimentation...
C'est vraiment un musée vivant. Le saloon vaut lui aussi le déplacement. Quand on y rentre, 4 clients sont installés au bar. Celui qui est dos à la porte porte un revolver dans son étui à la ceinture. Il a la barbe blanche de Buffalo Bill mais porte une casquette de baseball à la place d'un chapeau.
Le décor est digne d'un western. Des têtes de bisons, de biches et de puma sont accrochés sur les murs au milieu de pistolets et de fusils.
Le silence est pesant et je m'attends à ce qu'ils sortent le goudron et les plumes à chaque instant pour y tremper le pied tendre que je suis et qui arrive trop tard.
Je ne fais comme si de rien n'était et sort mon plus beau sourire pour demander à boire et à manger. Le barman patibulaire me prévient que je n'aurai droit qu'à des sandwichs. Cela fera bien notre affaire.
Mon accent déclenche la question habituelle du client à la droite. A ma réponse, tout le monde se déride. 2 d'entre eux, dont Buffalo Bill sont allés en France et me racontent leurs vacances.
Ouf le test d'entrée est réussi et nous voilà intégrés à la famille.
Quand nous rentrons au B&B, le propriétaire nous attend pour nous offrir du gâteau de sa femme et de la limonade sur sa terrasse. Quel acceuil ! Lui et sa femme sont au petits soins avec nous.
Visiblement nous sommes bien tombés. Cela va nous permettre de nous requinquer...
Salut Laurent, quelle chance de partager une telle aventure avec ses enfants. Ca sera sans aucun doute un moment inoubliable pour vous 3.
RépondreSupprimerCourage aux troupes, et bon périple.
Jean Davoust
Merci Jean. Effectivement il leur a fallu beaucoup de courage et ils n'en n'ont jamais manqué. Bravo à eux ! Ils me rendent très fiers.
SupprimerSalut Laurent, Paul et Jules.
RépondreSupprimerC'est pas parce que c'est les vacances que le blog doit s'en ressentir :) , 11 jours de décalage...
J'espère que vous allez tous bien et que ta jambe te fais moins souffrir.
Ben.
Tu as tout à fait raison. Mais j'ai besoin d'une connexion Internet décente et de beaucoup de temps pour télécharger les photos. Bref, il me faut un zéro et je n'en avais pas pris depuis...
SupprimerMa jambe va beaucoup mieux car j'ai ralenti le rythme. Merci de t'en inquiéter. Je ne lâche pas l'affaire !!!