dimanche 1 juillet 2018

1 Juillet - Twin Creek

Hier soir, j'étais étonné du manque de moustiques alors que je me suis installé à côté d'une mare d'eau croupie. Ce matin, j'ai compris. Quand il n'y a pas de moustiques, c'est qu'il va geler dans la nuit. J'ai même été réveillé par le froid et j'ai enfilé ma polaire en plus de ma doudoune. Je crois que je repartirai de ce pays sans avoir compris comment les variations de température se produisent.

En tous cas, ce matin, j'ai les pieds et les mains frigorifiés. Mes gants qui m'ont pourtant si bien protégés depuis le début ne suffisent pas ce matin. C'est totalement incroyable ! Peut être que le manque de calories ne me permet plus de lutter efficacement contre le froid. D'ailleurs même en marchant, j'ai un mal fou à me réchauffer. Je suis dans une forêt profonde et le soleil a du mal à pénétrer. Mais quand même...

Je reste dans la forêt une grosse partie de la journée. Ça monte et ça descend gentiment. Heureusement qu'il y a quelques trouées afin d'avoir un peu de vue.

Mais globalement le paysage reste le même avec des pins plus ou moins attaqués par les insectes.
Il arrive même que le paysage ressemble à la Finlande.

Après mon pantagruélique déjeuner d'une ramen, ces fabuleuses pâtes chinoises, je repars sans être rassasié. J'ai fait uniquement 14 km. J'avais peu d'énergie ce matin et les montées descentes ne permettent pas les mêmes performances que le plat. Je joue mon dernier atout et mange mes 2 barres céréales de la journée.

Il est indéniable que cela me donne un coup de fouet. Je vois 2 hikers devant moi et je décide de les doubler. Il s'agit de Tic Toe et Cookie, respectivement 59 et 62 ans. Des vieux quoi... Euh quoique nous n'avons que 6 ans d'écart avec Monsieur.
Bref on se lance dans la bataille et l'allure s'accélére, à savoir qui doublera qui. De cette manière, nous abattons du kilométrage et c'est le but.

Nous arrivons à un premier lac gigantesque.

Des gens sont sur la plage et certains font du paddle. Il y a de la place pour tous et la foule n'est pas visible. C'est seulement sur le parking qui déborde de véhicules que je me rend compte de la fréquentation. C'est aussi monstrueux que le lac. À quelles centaines de mètres du lac est supposé se trouver un "trade post", un de ces magasins qui vendent de tout surtout pour les voyageurs et les campeurs, comme le magasin Doc's Campbell au Nouveau Mexique.
Malheureusement le grade post semble avoir disparu et a été remplacé par un lodge. Je n'ose pas franchir le panneau "propriété privée" à l'entrée pour demander s'il y a encore un magasin. J'attends d'être rejoins par Tic Toe pour lui demander son avis. Il ne se prend pas la tête, il rentre sur le site et apostrophe la personne qui somnole à l'entrée sur un rocking chair. Je ne sais pas ce qu'il lui raconte car le chien de la maison aboie comme un forconné. En tous cas, la gardienne, appellons là comme cela, nous demande d'aller sur la terrasse à l'arrière de la maison. Il n'y a ni table ni chaise mais elle nous ouvre la porte de la terrasse qui nous donne accès au mini magasin. Il n'y a pas grand chose. J'achète des sodas - tournée pour mes nouveaux amis - un mini paquet de chips et un tout aussi petit paquet de trail mix - mélange de graines. C'est pas grand-chose mais ça se mange.

Nous repartons tous les 3 en direction du 2eme lac qui est encore plus grand que le premier. Le Trail nous amène au bord puis nous fait grimper sur les hauteurs avant de nous faire redescendre à nouveau. C'est joli mais pas super efficace.

Je sais néanmoins qu'il y a une grosse montée. Elle ne tarde pas à se profiler mais je viens de manger des chips et du trail mix. J'avale la côte sans problème.

Arrivé au sommet, je vois que j'ai parcouru 30 km et qu'il ne reste que 15 km pour Grand Lake. Il est 16h et il n'y a que de la descente. Je me prends à penser que je peux faire les kilomètres restants même si je finis à 20 ou 21h. Malheureusement les choses se gâtent. À partir du sommet le Trail n'est pas entretenu et la forêt a été décimée par les insectes. Ce sont des centaines d'arbres qui sont au sol et nombreux sont ceux qui sont en travers du chemin. La ballade se transforme en parcours du combattant. À 17h, j'arrive péniblement en bas de la côte. Je suis épuisé et je n'ai fait que 3 km. A moins de 500 m de là commence le Parc National des Montagnes Rocheuses. Qui dit Parc National dit permis pour pouvoir y dormir que je ne possède pas. Je suis donc bloqué là où je suis car je ne pourrai pas couvrir les 12 km restant si le Trail est dans l'état de ces derniers kilomètres.

Je partage donc un campement près de la rivière avec mes nouveaux amis Tic Toe et Cookie qui ont fini par me rejoindre.

Nous porterons l'estocade demain ensemble...

11 commentaires:

  1. Pendant que tu gèles, Montréal est en pleine canicule pour la journée nationale des déménagements ....

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    1. Je ne me gele que le matin. Dans la journée, il fait très chaud dépendamment de l'altitude. Mais dès que le soleil disparaît derrière les montagnes, la température chute...

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  2. Finalement c'est tout de même asser comme les Alpes tout ça! en plus grand et moins de chalets !

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    1. Tout à fait ! C'est comme les Alpes mais pas pareil ;-)

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  3. Nemo, on peut dire que tu m’auras fait peur plus d’une fois, surtout sur la fameuse descente. On Reconnait là l’esprit d’un battant et tu es grandement récompensé par ces paysages extraordinaires de beauté. Cela me manquait avant de lire ton blog et là c’est comme la faim qui te tenaille. Je n’en reviens pas de ton mental et j’applaudis bien fort. Je m’amuse en lisant comment tu fuis la foule car je comprends tellement bien ce que tu ressens, tellement tu l’expliques bien. Bon, je vais retourner sur ma chaise longue a profiter d’une vue sur la vallée.

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    1. Je ne mérite pas tant d'éloges !!! En fait de battant, je me traîne sur le Trail en le faisant doubler par tous les petits jeunes. Ah si j'avais 20 ans de moins ! Là on verrait qui fait le malin ;-) Bonne chaise longue. Profite bien de la vue

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    2. Un battant est celui qui ne baisse pas les bras face à l’adversité et tu nous as montré plus d’une fois que malgré le froid, malgré la fatigue physique et parfois morale, malgré les difficultés techniques, malgré la maladie, tu te fixais un objectif et tu ne lachais pas tant que tu n’avais atteint ton objectif. Bigre, mais cela correspond pas mal à la définition d’un battant, non ? La vitesse n’est pas une preuve de force mentale, c’est une aptitude donc les jeunes peuvent te battre en vitesse (et combien en as-tu dépassé ? 😉) mais cela ne prouve rien sur leur côté battant. 🙃

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    3. Tout cela pour te dire que c’est justement parce que tu te traines mais que tu continues que je suis admiratif. Tu m’inspires a continuer à me battre. Aimant l’humour pour illustrer un principe, je dirais que tu me donnes la force de me lever de ma chaise longue pour aller prendre ma biere fraiche.

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    4. Le « tu te traines » est pour reprendre ta formulation car j’avoue que l’expression m’a fait sourire

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  4. Réponses
    1. C'est moi qui te remercie pour tes encouragements. Tes commentaires sont vraiment très gentils et me donnent beaucoup de courage.

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