Une hikeuse passe sur le Trail pendant que je bois mon café. Elle s'appelle Yoda et me dit qu'aujourd'hui nous passons dans l'Etat du Wyoming. Merci pour l'info, je ne me savais pas si près.
Je regarde mes notes et effectivement dans 10 km, nous passons la "frontière".
Cela veut dire que nous aurons traversé 2 états sur les 4 que compte le CDT. Au niveau distance, nous sommes très proche des 2300 km parcourus donc nous sommes à la moitié du chemin.
D'un autre côté en quittant le Colorado, nous laissons les plus grandes altitudes du Trail. Finis les 4000. Je crois que nous ne dépasserons plus les 3000 m.
Je m'embarque sur le chemin en passant à tout cela. Le début de la journée est vraiment un moment magique. Le physique fonctionne à la perfection, l'esprit est vif, le sac à dos est léger, le temps est frais. C'est le moment idéal pour jouir de l'instant présent.
D'ailleurs je tombe nez à nez avec un cerf de toute beauté. Il était en train de brouter et des feuilles sortent encore de sa bouche au dessus de ses bois absolument magnifiques. Nous nous regardons les yeux dans les yeux sans bouger. Je voudrais que cet instant magique se fige dans le temps. Au bout de quelques secondes, il est le premier à casser le charme de ce moment d'éternité et disparaît en un instant au fond des bois. Je vois souvent des biches. Rien que hier j'en ai vu 3. Mais c'est la première fois que je vois un cerf.
Vers 10h, j'entends une voix de fille qui chante. Enfin chanter est un bien grand mot. Elle écoute de la musique et reprend les refrains comme une casserole. Quelques minutes après, la Diva arrive dans mon dos. Il s'agit de Kettle, celle que j'avais réveillée dans le lock-out avec Hercules (oui en anglais Hercule s'écrit avec un s final comme Marseille). Elle me passe devant après les amabilités d'usage et 5 min après, je la trouve assise sur la limite entre le Colorado et le Wyoming. Il y a un panneau sur un arbre et des cailloux blancs sur le sol pour matérialiser la frontière.
Kettle me demande si j'ai croisé Hercules. Ils avaient prévu de boire un whisky en passant la ligne et c'est lui qui a la bouteille. Je n'ai pas vu l'animal mais qu'à cela ne tienne, j'ai un fond de whisky qui fera l'affaire. À 10h15, c'est clairement trop tôt pour moi. D'ailleurs je ne pense pas avoir jamais vu un whisky aussi tôt le matin. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Nous trinquons donc au Wyoming et à la santé d'Hercules. J'apprends d'ailleurs qu'ils ont pris un zéro à Steamboat et qu'ils en ont profité pour participer à une course de 8 miles (13 km). Hercules a fini 4eme. Lui aussi, on se demande pas d'où vient son Trail Name ! Il faut vraiment avoir un grain pour s'envoyer une course à pied un jour de repos. Et surtout finir aussi prêt du podium.
Je n'ai pris qu'un fond de quart de whisky mais quand je repars, je sens que l'alcool m'a bien cassé les jambes. J'éponge avec une barre céréales. Il fallait bien arroser comme le font les marins lors du passage de l'équateur. C'est vrai que les marins arrosent facilement et souvent. Et pour moi ce n'est pas fini.
A midi, j'ai décidé de me faire un vrai repas chaud. Je bataille avec un filet d'eau minuscule pour récupérer de quoi me faire de la purée. Des nuages noirs arrivent de je ne sais où et en quelques minutes, il se met à pleuvoir.
J'ai étalé tout mon barda, déployé le réchaud et ouvert la purée. Je remballe le tout sous une pluie battante. On aura bien arrosé le Wyoming même au niveau des affaires contenues dans le sac à dos. Une heure plus tard la pluie s'arrête et le soleil fait son apparition. Il est temps de retenter une opération purée. J'ai vraiment besoin d'un plat chaud car je viens de traverser un marécage sous la pluie. J'étais bien sur le CDT car j'ai suivi les signes qui correspondait avec mon GPS. Quelle bonne idée de nous faire patauger dans la boue !
Je déjeune au sec sous un sapin et je repars en ayant repris des forces. Et j'en ai besoin. À ce stade, la différence entre le Colorado et le Wyoming n'est pas flagrante. Les mêmes montées, les même arbres et la même herbe verte...
À 15h, rebelote ! De nouveaux nuages noirs couplés à de tonitruants coups de tonnerre font leur apparition. Nouvel orage ! Et celui là ne s'arrête pas.il faudra attendre 18h30 pour en voir le bout.
Au Wyoming, le CDT est très mal entretenu et il faut composer avec les arbres morts qui sont tombés sur le Trail. Avec la pluie c'est toujours plus sympa. Encore plus sympa est l'absence totale de sentier. Le sol est couvert de grelons de la taille de billes. Je ne sais pas si des hikers devant moi ont pris la grêle mais ça devait faire mal, à la limite du dangereux. Sous la pluie, je ne trouve pas le chemin qui va de poteaux en poteaux.
Heureusement qu'il a des cairns sinon je serai perdu.
Avec cet orage, mon but est d'aller au prochain point d'eau et de m'y installer.
À 1km du ruisseau, la pluie s'arrête. Quand j'arrive au ruisseau, je fais le tour et trouve un endroit magique sous les pins et avec un accès facile à l'eau. Je plante la tente tout en sachant que le niveau d'humidité va être terrible.
Tant pis demain il ne reste que 16 km pour atteindre la route qui mène à Encampment, ma prochaine destination. L'auto stop est réputé y être difficile.
Nous verrons tout cela demain...
Je regarde mes notes et effectivement dans 10 km, nous passons la "frontière".
Cela veut dire que nous aurons traversé 2 états sur les 4 que compte le CDT. Au niveau distance, nous sommes très proche des 2300 km parcourus donc nous sommes à la moitié du chemin.
D'un autre côté en quittant le Colorado, nous laissons les plus grandes altitudes du Trail. Finis les 4000. Je crois que nous ne dépasserons plus les 3000 m.
Je m'embarque sur le chemin en passant à tout cela. Le début de la journée est vraiment un moment magique. Le physique fonctionne à la perfection, l'esprit est vif, le sac à dos est léger, le temps est frais. C'est le moment idéal pour jouir de l'instant présent.
Il est content le Monsieur d'avoir fait la moitié de la distance...
D'ailleurs je tombe nez à nez avec un cerf de toute beauté. Il était en train de brouter et des feuilles sortent encore de sa bouche au dessus de ses bois absolument magnifiques. Nous nous regardons les yeux dans les yeux sans bouger. Je voudrais que cet instant magique se fige dans le temps. Au bout de quelques secondes, il est le premier à casser le charme de ce moment d'éternité et disparaît en un instant au fond des bois. Je vois souvent des biches. Rien que hier j'en ai vu 3. Mais c'est la première fois que je vois un cerf.
Vers 10h, j'entends une voix de fille qui chante. Enfin chanter est un bien grand mot. Elle écoute de la musique et reprend les refrains comme une casserole. Quelques minutes après, la Diva arrive dans mon dos. Il s'agit de Kettle, celle que j'avais réveillée dans le lock-out avec Hercules (oui en anglais Hercule s'écrit avec un s final comme Marseille). Elle me passe devant après les amabilités d'usage et 5 min après, je la trouve assise sur la limite entre le Colorado et le Wyoming. Il y a un panneau sur un arbre et des cailloux blancs sur le sol pour matérialiser la frontière.
La photo a été prise par Kettle
Nous trinquons donc au Wyoming et à la santé d'Hercules. J'apprends d'ailleurs qu'ils ont pris un zéro à Steamboat et qu'ils en ont profité pour participer à une course de 8 miles (13 km). Hercules a fini 4eme. Lui aussi, on se demande pas d'où vient son Trail Name ! Il faut vraiment avoir un grain pour s'envoyer une course à pied un jour de repos. Et surtout finir aussi prêt du podium.
Je n'ai pris qu'un fond de quart de whisky mais quand je repars, je sens que l'alcool m'a bien cassé les jambes. J'éponge avec une barre céréales. Il fallait bien arroser comme le font les marins lors du passage de l'équateur. C'est vrai que les marins arrosent facilement et souvent. Et pour moi ce n'est pas fini.
A midi, j'ai décidé de me faire un vrai repas chaud. Je bataille avec un filet d'eau minuscule pour récupérer de quoi me faire de la purée. Des nuages noirs arrivent de je ne sais où et en quelques minutes, il se met à pleuvoir.
J'ai étalé tout mon barda, déployé le réchaud et ouvert la purée. Je remballe le tout sous une pluie battante. On aura bien arrosé le Wyoming même au niveau des affaires contenues dans le sac à dos. Une heure plus tard la pluie s'arrête et le soleil fait son apparition. Il est temps de retenter une opération purée. J'ai vraiment besoin d'un plat chaud car je viens de traverser un marécage sous la pluie. J'étais bien sur le CDT car j'ai suivi les signes qui correspondait avec mon GPS. Quelle bonne idée de nous faire patauger dans la boue !
Je déjeune au sec sous un sapin et je repars en ayant repris des forces. Et j'en ai besoin. À ce stade, la différence entre le Colorado et le Wyoming n'est pas flagrante. Les mêmes montées, les même arbres et la même herbe verte...
À 15h, rebelote ! De nouveaux nuages noirs couplés à de tonitruants coups de tonnerre font leur apparition. Nouvel orage ! Et celui là ne s'arrête pas.il faudra attendre 18h30 pour en voir le bout.
Au Wyoming, le CDT est très mal entretenu et il faut composer avec les arbres morts qui sont tombés sur le Trail. Avec la pluie c'est toujours plus sympa. Encore plus sympa est l'absence totale de sentier. Le sol est couvert de grelons de la taille de billes. Je ne sais pas si des hikers devant moi ont pris la grêle mais ça devait faire mal, à la limite du dangereux. Sous la pluie, je ne trouve pas le chemin qui va de poteaux en poteaux.
Heureusement qu'il a des cairns sinon je serai perdu.
Avec cet orage, mon but est d'aller au prochain point d'eau et de m'y installer.
À 1km du ruisseau, la pluie s'arrête. Quand j'arrive au ruisseau, je fais le tour et trouve un endroit magique sous les pins et avec un accès facile à l'eau. Je plante la tente tout en sachant que le niveau d'humidité va être terrible.
Tant pis demain il ne reste que 16 km pour atteindre la route qui mène à Encampment, ma prochaine destination. L'auto stop est réputé y être difficile.
Nous verrons tout cela demain...
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