Je dors mal en ville car je suis toujours entre une arrivée et un départ. Ce matin il s'agit de partir en direction de Gila Hot Springs. Ce n'est même pas une ville. J'ai dû commander sur Internet et faire livrer mon ravitaillement dans un relais de poste comme au temps des westerns. Ça sera la même chose avec l'étape suivante de Pie Town où comme son nom l'indique il n'y a que des magasins qui vendent des tartes sucrées.
Tout ça pour dire que je pars dans la brousse pour un bon moment et que je n'ai aucune idée de quand j'aurai un accès à Internet.
Sortir d'une ville revient à faire l'inverse d'y rentrer. Autrement dit, il y de la route puis du FR puis un chemin pour les 4x4 et enfin un sentier.
L'idée est de rejoindre le parc national de Gila. Il ne s'agit d'ailleurs pas du chemin officiel du CDT mais d'une fameuse alternative. En effet, nous sommes toujours dans l'état du Nouveau Mexique et le problème du ravitaillement en eau continue. La route officielle passe par les hauts plateaux et ne possède pas de points d'eau en nombre suffisant. L'alternative par contre se trouve carrément dans le lit de la rivière Gila qui donne son nom au parc. Tous les hikers prennent l'alternative car jouer au chat et à la souris avec des trous d'eau croupie va bien un moment. D'après les rumeurs nous allons traverser la Gila environ 200 fois (non ce n'est pas une erreur de frappe). Mais nous préférons cela que de manquer d'eau.
La partie route pour rejoindre le parc est facile. C'est une route secondaire à 2 voies et les voitures que l'on croise roulent doucement et font des grands signes de la main. Plutôt sympathique. J'ai mis la radio sur mon MP3 et j'écoute une émission qui incite les Américains à voyager pour découvrir d'autres cultures et d'arrêter d'écouter les médias dont le fond de commerce est de faire peur. Très étonnant en plein règne Trump. J'ai dû tomber sur le France Inter local. Quoiqu'il en soit ça fait vraiment plaisir à entendre.
Les maisons sont de plus en plus clairsemées ce qui annonce la fin de la banlieue. Ce sont maintenant des petits champs entourés de forêts de pins. Dans une clairière une voiture est garée. Au moment où je passe à son niveau, je vois 2 personnes couchées dans des duvets derrière le véhicule. Mes bâtons font du bruit sur le goudron et les gars se réveillent et m'interpellent alors que je passe. Je leur souhaite une bonne journée sans plus m'attarder. On va pas non plus socialiser avec tous les clochards du Nouveau Mexique. Tout à mon écoute radiophonique, je continue ma route. J'attends alors un gars courir derrière moi. Il semble en tenue de sport et me lance "enfin je te rattrape". Il s'agit encore de hikers. J'aurai du m'en douter. J'arrive pas encore à me faire que je suis passé du côté du monde des marginaux. Nous échangeons nos Trail Names, nous parlons du CDT, des Trails Days auxquels ils ont assistés. En fait ils partent à Crazy Cook Monument demain. Bref du papotage de hikers.
Je reprends ma route et j'arrive à Gila National Park. Je croise des 4x4 qui me font des grands signes dont les pompiers. Il y a même un gars qui s'arrête et qui tout enthousiasmé me fait l'apanage du CDT dans Gila. Ça fait maintenant 4 heures que je marche et j'ai fait 16 km. Le tracé bifurque et monte dans la montagne. Pour l'instant le paysage est similaire à celui avant d'arriver à Silver City. Ce n'est plus un désert mais des forêts de pins mélangés avec des cactus.
Il y a de nouvelles plantes grasses mais c'est très similaire.
L'air est toujours aussi sec et le soleil aussi fort. À 13h alors que j'ai vraiment du mal à enchaîner les côtes, je décide d'appliquer la technique de mon ami Drew : une sieste en attendant que la température devienne supportable. La mienne ne dure que 10 mn mais me fait un bien fou. L'essayer c'est l'adopter et je pense que je vais inclure ce principe dans mes journées de marche, du moins tant que la température est extrême.
Bien m'en a pris car les côtes sont de plus en plus raides. En final je redescends dans une vallée encaissée entre 2 falaises. Quelle est ma surprise en découvrant qu'un filet d'eau coule au fond d'une rivière.
Je n'ai croisé aucun hiker en train de faire la section et je comprends maintenant pourquoi nous n'allons plus nous revoir. On peut camper n'importe où et pas seulement aux points d'eau. Je vais donc commencer ma carrière de marcheur solitaire. À voir comment ça va se passer. Dans une source, je décide d'essayer de trouver le trou de mon matelas de sol. J'ai eu beau utiliser la baignoire de l'hôtel, l'immersion de mon tapis n'a montré aucun filet de bulles d'air indiquant ou se trouve le trou. Car trou il y a, je finis systématiquement à même le sol toutes les nuits. Je ne vais pas dormir comme ça pendant tout le CDT. Je suis donc en train d'essayer de noyer mon matelas quand j'entends une voix m'interpeller. Je suis au milieu de nulle part. C'est sûr j'entends des voix ! Non car il s'agit d'un randonneur du week-end qui m'interpelle. Il arrive dans l'autre sens et c'est pour ça que je ne l'ai pas vu venir. Il veut absolument m'aider mais même à 2, ce foutu trou reste introuvable. Toute cette histoire m'a mis bien en retard sur mon planning. Le tarif est de 32 km et je n'en ai actuellement que 23 au compteur. La journée n'est pas terminée !
Après une série de côtes, je redescends dans une vallée fantastique. On se dirait en plein western. En fait c'est même normal puisqu'on est là où a eu lieu la conquête de l'ouest. Je suis sûr que cette vallée à été utilisé pour des films. Je m'attends à voir surgir à tout instant un cowboy crasseux avec ses revolvers brillants sous le soleil ou un indien, tomahawk à la main, chasseur de scalps.
En fait d'indien, c'est un hiker, Jesse, qui surgit derrière moi et qui me file la trouille de ma vie. Jesse et moi sommes 2 marcheurs totalement opposés. Il voyage en ultralight. Son sac fait le tiers du mien. Il n'a pas de tente ou de réchaud pour diminuer au maximum le poids de son sac. En résultat, il vole sur les pierres alors que je me traîne sous le poids de mon sac. Il me dépasse et au bout de 5 min je l'ai perdu de vue. Il n'y a qu'un point d'eau au km 35, ce qui veut dire que s'il le squatte, je suis bon pour 10 km de plus ce qui amène le compteur à 45 km. Vu la configuration des vallées et les montées de compétition, je ne suis vraiment pas bien.
Je continue mais les montées plus difficiles les unes que les autres se succèdent. C'est vraiment violent et je suis épuisé. Tant pis je négocierai avec Jesse mais je n'irai pas plus loin. Se battre pour un point d'eau croupie ! Il n'y a que sur le CDT qu'on peut voir ça.
Quand j'arrive à l'endroit indiqué par le GPS, rien. Pas plus de Jesse que d'eau. La rivière est complètement à sec. Le tarif est donc de 10 bornes supplémentaires dans des conditions de sauvage. Moi qui rêvais de me laver et de laver mes vêtements, il va falloir puiser dans ses réserves et finir de nuit
J'attaque donc la côte qui fait face à moi et alors que j'en ai parcouru la moitié, je manque de mettre le pied dans la flaque d'eau tant recherchée.
Je me lave ainsi que mes affaires et je filtre 5 litres d'eau pour ce soir et demain matin. Quant à camper ce n'est pas possible, la pente est bien trop raide. Je refais mon sac pour poursuivre le Trail et m'arrêter dès que je trouve un endroit accueillant et surtout plat.
Je suis en train de peser le pour et le contre de différents endroits du terrain quand je tombe sur Jesse couché à même le sol dans son duvet. Il est prêt à dormir alors que je n'ai pas encore mangé. Je suis méchamment à la bourre.
Je m'éloigne autant que possible pour lui laisser de l'intimité et faire mes petites affaires, entre planter ma tente et faire ma popote.
En final il aura même plus de temps de récupération que moi car il est couché bien avant moi. Ne pas être ultralight est une double punition. Je couvre moins de km et j'ai moins de temps de repos pour récupérer. On verra bien sur la durée. Le tout c'est que j'avance et que je fasse au moins 32 km par jour.
Tout ça pour dire que je pars dans la brousse pour un bon moment et que je n'ai aucune idée de quand j'aurai un accès à Internet.
Sortir d'une ville revient à faire l'inverse d'y rentrer. Autrement dit, il y de la route puis du FR puis un chemin pour les 4x4 et enfin un sentier.
L'idée est de rejoindre le parc national de Gila. Il ne s'agit d'ailleurs pas du chemin officiel du CDT mais d'une fameuse alternative. En effet, nous sommes toujours dans l'état du Nouveau Mexique et le problème du ravitaillement en eau continue. La route officielle passe par les hauts plateaux et ne possède pas de points d'eau en nombre suffisant. L'alternative par contre se trouve carrément dans le lit de la rivière Gila qui donne son nom au parc. Tous les hikers prennent l'alternative car jouer au chat et à la souris avec des trous d'eau croupie va bien un moment. D'après les rumeurs nous allons traverser la Gila environ 200 fois (non ce n'est pas une erreur de frappe). Mais nous préférons cela que de manquer d'eau.
La partie route pour rejoindre le parc est facile. C'est une route secondaire à 2 voies et les voitures que l'on croise roulent doucement et font des grands signes de la main. Plutôt sympathique. J'ai mis la radio sur mon MP3 et j'écoute une émission qui incite les Américains à voyager pour découvrir d'autres cultures et d'arrêter d'écouter les médias dont le fond de commerce est de faire peur. Très étonnant en plein règne Trump. J'ai dû tomber sur le France Inter local. Quoiqu'il en soit ça fait vraiment plaisir à entendre.
Les maisons sont de plus en plus clairsemées ce qui annonce la fin de la banlieue. Ce sont maintenant des petits champs entourés de forêts de pins. Dans une clairière une voiture est garée. Au moment où je passe à son niveau, je vois 2 personnes couchées dans des duvets derrière le véhicule. Mes bâtons font du bruit sur le goudron et les gars se réveillent et m'interpellent alors que je passe. Je leur souhaite une bonne journée sans plus m'attarder. On va pas non plus socialiser avec tous les clochards du Nouveau Mexique. Tout à mon écoute radiophonique, je continue ma route. J'attends alors un gars courir derrière moi. Il semble en tenue de sport et me lance "enfin je te rattrape". Il s'agit encore de hikers. J'aurai du m'en douter. J'arrive pas encore à me faire que je suis passé du côté du monde des marginaux. Nous échangeons nos Trail Names, nous parlons du CDT, des Trails Days auxquels ils ont assistés. En fait ils partent à Crazy Cook Monument demain. Bref du papotage de hikers.
Je reprends ma route et j'arrive à Gila National Park. Je croise des 4x4 qui me font des grands signes dont les pompiers. Il y a même un gars qui s'arrête et qui tout enthousiasmé me fait l'apanage du CDT dans Gila. Ça fait maintenant 4 heures que je marche et j'ai fait 16 km. Le tracé bifurque et monte dans la montagne. Pour l'instant le paysage est similaire à celui avant d'arriver à Silver City. Ce n'est plus un désert mais des forêts de pins mélangés avec des cactus.
Il y a de nouvelles plantes grasses mais c'est très similaire.
L'air est toujours aussi sec et le soleil aussi fort. À 13h alors que j'ai vraiment du mal à enchaîner les côtes, je décide d'appliquer la technique de mon ami Drew : une sieste en attendant que la température devienne supportable. La mienne ne dure que 10 mn mais me fait un bien fou. L'essayer c'est l'adopter et je pense que je vais inclure ce principe dans mes journées de marche, du moins tant que la température est extrême.
Bien m'en a pris car les côtes sont de plus en plus raides. En final je redescends dans une vallée encaissée entre 2 falaises. Quelle est ma surprise en découvrant qu'un filet d'eau coule au fond d'une rivière.
Je n'ai croisé aucun hiker en train de faire la section et je comprends maintenant pourquoi nous n'allons plus nous revoir. On peut camper n'importe où et pas seulement aux points d'eau. Je vais donc commencer ma carrière de marcheur solitaire. À voir comment ça va se passer. Dans une source, je décide d'essayer de trouver le trou de mon matelas de sol. J'ai eu beau utiliser la baignoire de l'hôtel, l'immersion de mon tapis n'a montré aucun filet de bulles d'air indiquant ou se trouve le trou. Car trou il y a, je finis systématiquement à même le sol toutes les nuits. Je ne vais pas dormir comme ça pendant tout le CDT. Je suis donc en train d'essayer de noyer mon matelas quand j'entends une voix m'interpeller. Je suis au milieu de nulle part. C'est sûr j'entends des voix ! Non car il s'agit d'un randonneur du week-end qui m'interpelle. Il arrive dans l'autre sens et c'est pour ça que je ne l'ai pas vu venir. Il veut absolument m'aider mais même à 2, ce foutu trou reste introuvable. Toute cette histoire m'a mis bien en retard sur mon planning. Le tarif est de 32 km et je n'en ai actuellement que 23 au compteur. La journée n'est pas terminée !
Après une série de côtes, je redescends dans une vallée fantastique. On se dirait en plein western. En fait c'est même normal puisqu'on est là où a eu lieu la conquête de l'ouest. Je suis sûr que cette vallée à été utilisé pour des films. Je m'attends à voir surgir à tout instant un cowboy crasseux avec ses revolvers brillants sous le soleil ou un indien, tomahawk à la main, chasseur de scalps.
En fait d'indien, c'est un hiker, Jesse, qui surgit derrière moi et qui me file la trouille de ma vie. Jesse et moi sommes 2 marcheurs totalement opposés. Il voyage en ultralight. Son sac fait le tiers du mien. Il n'a pas de tente ou de réchaud pour diminuer au maximum le poids de son sac. En résultat, il vole sur les pierres alors que je me traîne sous le poids de mon sac. Il me dépasse et au bout de 5 min je l'ai perdu de vue. Il n'y a qu'un point d'eau au km 35, ce qui veut dire que s'il le squatte, je suis bon pour 10 km de plus ce qui amène le compteur à 45 km. Vu la configuration des vallées et les montées de compétition, je ne suis vraiment pas bien.
Je continue mais les montées plus difficiles les unes que les autres se succèdent. C'est vraiment violent et je suis épuisé. Tant pis je négocierai avec Jesse mais je n'irai pas plus loin. Se battre pour un point d'eau croupie ! Il n'y a que sur le CDT qu'on peut voir ça.
Quand j'arrive à l'endroit indiqué par le GPS, rien. Pas plus de Jesse que d'eau. La rivière est complètement à sec. Le tarif est donc de 10 bornes supplémentaires dans des conditions de sauvage. Moi qui rêvais de me laver et de laver mes vêtements, il va falloir puiser dans ses réserves et finir de nuit
J'attaque donc la côte qui fait face à moi et alors que j'en ai parcouru la moitié, je manque de mettre le pied dans la flaque d'eau tant recherchée.
Je me lave ainsi que mes affaires et je filtre 5 litres d'eau pour ce soir et demain matin. Quant à camper ce n'est pas possible, la pente est bien trop raide. Je refais mon sac pour poursuivre le Trail et m'arrêter dès que je trouve un endroit accueillant et surtout plat.
Je suis en train de peser le pour et le contre de différents endroits du terrain quand je tombe sur Jesse couché à même le sol dans son duvet. Il est prêt à dormir alors que je n'ai pas encore mangé. Je suis méchamment à la bourre.
Je m'éloigne autant que possible pour lui laisser de l'intimité et faire mes petites affaires, entre planter ma tente et faire ma popote.
En final il aura même plus de temps de récupération que moi car il est couché bien avant moi. Ne pas être ultralight est une double punition. Je couvre moins de km et j'ai moins de temps de repos pour récupérer. On verra bien sur la durée. Le tout c'est que j'avance et que je fasse au moins 32 km par jour.
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