samedi 21 avril 2018

21 Avril - La Vie Animale

Ce matin, juste une barre céréale en guise de petit déjeuner me voilà parti alors que le soleil se lève à l'horizon. Je suis reposé et je me sens bien au milieu de ce désert. Mis à part l'air tout aussi sec que le Sahara, il n'a rien à voir avec son homologue africain. Il est couvert d'épineux de toutes sortes qui ne s'élèvent pas plus haut que la taille. On y trouve quelques arbres dans les rivières asséchées, mais ils sont très rares et leurs ombres très recherchées par les pauvres âmes qui errent avec des sacs à dos.

Les pluies torrentielles de l'été permettent à la vie de prospérer. Et elle est très riche. Hier soir un colibri est venu danser devant mon visage parce que je me reposais sous l'arbre qu'il "butinait". J'aurais pu le toucher. Je n'ai pas osé me saisir de mon appareil de peur de le faire fuir. J'ai profité du spectacle plusieurs fois car il semblait aussi intrigué que moi.

Ce matin je croise des lièvres par dizaines. Toutes sortes d'oiseaux et même 3 vautours qui planent au dessus de moi. Ils doivent sentir que je n'ai plus d'eau ;-)
Une fois au point d'eau, je refais les niveaux de mes contenants et je m'offre le luxe de me faire un café. Un coyote attend son tour et se cache derrière les buissons. Il trouve que j'abuse de prendre autant de temps.

Je continue mon petit bonhomme de chemin qui m'amène dans le lit d'une rivière asséchée que je dois suivre. Entre deux buissons, en plein milieu du lit de rivière je vois... mon premier serpent à sonnette. Il dort comme une pierre et je n'ai pas l'intention de le réveiller. Il est couleur de sable avec des rayures noires.
Comme il est au milieu du chemin, je décide de faire un détour pour le pas le déranger. Je regarde précautionneusement s'il n'est pas venu avec sa petite famille. 10 minutes plus tard, perdu dans mes pensées sur la vie reptilienne, un autre serpent détale sous mes pieds. Un peu plus et je marchais dessus. Il est gris avec un liseré rouge. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un serpent à sonnette. C'est un autre type, mais à savoir s'il est dangereux je préfère ne pas essayer.
En tout cas c'est fait, questions serpents j'ai eu ma dose pour la journée.

Mon plan est d'aller un réservoir que j'ai repéré sur la carte. Il est hors Trail. Je veux vraiment me laver car j'en ai marre de toute cette poussière qui me recouvre ainsi que mes affaires. D'après mes calculs cela fera une journée de 35 km ce qui est honorable pour un troisième jour.

Malencontreusement, comme d'habitude, mes plans ne fonctionnent pas comme prévus. Le premier réservoir d'eau que je croise est à sec. Qu'à cela ne tienne le deuxième réservoir est à 4 km. Je me dis que la malchance ne peut pas me poursuivre. Malheureusement le deuxième réservoir s'avère lui aussi tout aussi sec que le premier. Les quelques vaches qui s'y agglutinent espèrent que je leur amène de l'eau alors que je n'en n'ai plus moi même. En fait pour la troisième fois consécutive, je me retrouve à court d'eau sans aucun moyen de ravitailler. 
En fait de lavage, il ne me reste plus qu'à retourner à la cache d'eau sur le CDT pour faire le plein. Cela veut dire faire 10 km alors que la nuit tombe. De toute façon je n'ai pas le choix. Sans eau, je ne peux pas survivre. 

Cela m'apprendra à sortir du Trail. Comme dit mon fils Jules "qui fait le malin tombe dans le ravin". Et dans le ravin, j'y suis jusqu'au cou.

Je prends mon courage à deux mains. Je m'engage sur un chemin qui sur la carte doit théoriquement me mener directement à la cache d'eau. Malheureusement ce chemin est au milieu de propriétés privées. J'escalade des barbelés en espérant que le rancher du coin ne vas pas me prendre pour cible. Je ne me risque pas à allumer ma frontale de peur de me faire repérer. Je n'ose pas imaginer si le rancher appelle la police pour violation de propriété privée. J'ai déjà eu affaire à la police américaine pour avoir brûlé un stop et je n'en garde pas un bon souvenir. Bien sûr que je pense aux deux serpents que j'ai croisés dans la journée ce qui ne me rassure pas car je devine à peine le chemin dans la nuit noire. De là à mettre un pied sur un de leurs congénères et la journée serait complète. 

Finalement sortie au milieu de nulle part, pile au bord du chemin, je tombe enfin sur la cache d'eau. J'allume ma frontale pour voir qu'une autre tente s'est installée juste à côté de l'armoire où sont stockés les bidons d'eau. Le cauchemar est fini et à mon tour j'installe mon abri pour la nuit. Je regarde mon GPS pour m'apercevoir que j'ai parcouru 49 km aujourd'hui. Cela ne représente que 39 km sur le CDT. J'ai donc fait 10 km de plus juste pour voir deux réservoirs à sec. On ne m'y reprendra plus.

Étonnamment, je me sens physiquement très en forme je ne suis même pas fatigué. Il s'agit néanmoins d'un record  pour moi car je ne me rappelle pas avoir déjà parcouru une telle distance de marche sur une journée. Cela me rassure pour la suite voyage.

Je me fais rapidement à manger et je vais vite me coucher car demain est un autre jour.

2 commentaires:

  1. Et dire qu'en bon francais que nous sommes quand il manque de l'eau dans la cafetière on rale alors qu'il suffit de faire un metre pour la voir couler à plein régime et que de mémoire on a jamais croisé de serpents de quelques natures que ce soit sur le parcours. Désormais on y réfléchira à 2 fois. Bonne route.

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    1. Si mon aventure a servi à ça, c'est déjà un grand pas d'accompli. Mais je reste convaincu qu'on trouvera autre chose pour râler :-) Amitiés

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