mardi 7 août 2018

7 Août - Dubois

Nous avons dormi en hauteur au dessus du lac ce qui nous a permis d'éviter l'humidité. Mais nous n'avons pu éviter le froid même si la gelée blanche est surtout présente dans les zones herbeuses.

Nous sommes à la limite de la zone des arbres et la majorité des pins ne dépassent pas un mètre de haut. Ils sont rares et il n'y a pas de combustible pour faire un feu. Nous sommes transits par le froid au point que Jules garde toutes ses affaires chaudes pour marcher.

Nous avons 47 km à faire pour rejoindre Dubois. Mais il y a un Trailhead où nous pourrons faire du stop à 29 km. Jules s'est fixé l'objectif de dormir à Dubois. Je ne dis rien mais c'est assez prétentieux sachant que nous n'aurons un sentier que sur les 8 derniers km. Tout le reste se fait sans aucune marque uniquement au GPS.

Nous quittons donc le lac Crescent et le sentier qui nous y a mené pour marcher au milieu de nulle part. Et ce nulle part est plutôt joli même s'il est un peu effrayant. Nous sommes au dessus de la ligne des arbres et la difficulté devrait être réduite. Tout du moins nous n'avons pas à composer avec une végétation fournie. La visibilité porte à perte de vue. Nous devons passer d'une vallée à l'autre en cherchant les cols et en composant avec les névés qui alimentent des lacs. Quoiqu'il en soit, les paysages sont toujours aussi beau.

Après une première descente, nous attaquons la montée. D'après la courbe de niveau, nous allons grimper 500 m pour ensuite les redescendre. Ensuite nous recommencer : montée de 500 m et descente de 500 m. Nous jambes vont être mises à l'épreuve.

Nous devons passer par un sommet, le Shale Mountain, qui culmine à 3770 m avant de passer au dessus du lac Ross et descendre vers le Trailhead du même nom.

Nous avons peu d'informations sur ce trajet mais une chose est sûre, nous ne serons pas gênés par la foule. Il n'y a pas âme qui vive à des km à la ronde.

Il est tôt, il fait froid et les vallées sont encaissées.

Aussi les premiers névés que nous rencontrons sont complètement gelés. Pour les traverser, pas question de faire des marches et nous devons suivre la trace des animaux.


Nous arrivons au fond d'une vallée qui reçoit des ruisseaux de toutes les montagnes environnantes.

D'apres le tracé, nous devons remonter un de ces ruisseaux. A chaque fois, la vue récompense notre effort.

Nous arrivons sur un cirque et devons chercher la meilleure voie pour passer la face que nous indique le GPS. Nous nous en tirons plutôt bien et évitons les passages dangereux. Le physique est mis à l'épreuve et notre progression assez lente car les pierriers, comme les rochers en général, sont nombreux.
Voilà ce que ça donne quand on se retourne dans la montée

Nous arrivons finalement face au mont Shale et prenons une pause à son sommet.

Il nous permet de voir une dernière fois les chaînes de montagnes des Winds.

Devant nous, un immense plateau d'herbe et de pierres constellé de névés gigantesques. Au loin nous distinguons 3 petits points noirs. Visiblement des hikers qui eux aussi recherchent l'aventure. Ils suivent la même route que nous même s'ils sont loin devant.

Nous attaquons notre descente après le sommet. La pente est douce mais le sol est garni de pierres qui ralentissent notre progression. Il est plus facile de marcher sur les névés. Ceux ci sont en train de fondre et le peu de déclinaison retient l'eau de fonte. Le sol est détrempé et les cailloux s'enfoncent dans la boue. Des ruisseaux ruissellent de toutes parts. Ce n'est pas sur cette Mesa que nous pouvons accélérer l'allure.

Notre route nous oblige à traverser un énorme névé qui occupé le fond d'une vallée. En y regardant bien, celui ci est constellé de mini crevasses.

Je ne suis pas rassuré et nous passons du temps à trouver un passage sécuritaire.

Une fois traversé nous déjeunons en utilisant son eau de fonte d'une clarté cristalline.
Nous reprenons notre route et devons plonger au sein d'une vallée. Les pentes sont très escarpées et sont toutes recouvertes de neige.

La journée se corse sérieusement. Nous prenons l'option d'avancer à travers les rochers, là où le névé sera le plus étroit. Nous découvrons nos 3 hikers en train de refaire leurs paquetages après avoir déjeuné. Ils ont tracé la voie dans le névé et s'ils sont passés nous pouvons le faire.
Nous descendons en nous tenant dans la  faille d'un gros rocher pour atteindre le névé. Sans la présence des hikers, je ne me serai pas lancer dans cette voie aussi aveuglément. Les sacs et les bâtons nous gênent terriblement.

Nous passons les névés avec plus ou moins de style. Paul et moi même finissons même en glissade en mouillant nos shorts. Nous resterons au frais un bon moment mais le soleil brille.
Les névés passés, il faut maintenant descendre jusqu'à la rivière au creux de la vallée. L'exercice a des avant goûts d'escalade et Jules, notre expert grimpette, prend la tête pour trouver les prises. Après quelques demi tours dûs à des voies sans issue, nous arrivons enfin au sein de la vallée.
Pas évidente la descente, même vue d'en bas.
Mais heureusement nous avons Jules !

Les hikers nous y attendent, deux garçons et une fille. Visiblement amoureux des sensations fortes, ils suivent des passages hors sentiers. Nous décidons de les suivre car ils suivent exactement la même route que nous. Leur tracé GPS semble bien plus précis que le mien car ils n'hésitent jamais sur la route à prendre.

Nous quittons la rivière pour monter une face de montagne. La remontée est très raide version escalade. Au col, un lac qui occupe tout l'espace, nous oblige à grimper sur des roches qui le bordent pour atteindre un pierrier qui nous amène au dessus du lac Ross. L'étendue d'eau est gigantesque et la beauté du site renversante.

Noud prenons quelques photos et nous continuons à grimper dans un pierrier taillé pour des géants.

Il est vrai que nous avons 500 m de dénivelé à faire. Jules colle aux hikers pour ne pas perdre nos guides. Mais les difficultés sont derrière nous.

Il nous suffit maintenant de redescendre dans la vallée pour rejoindre le sentier que nous voyons au loin.

Il nous reste 8 km pour atteindre le Trailhead. Je suis très étonné de voir le changement dans l'environnement. Cette partie des Winds est beaucoup plus sèche. Les roches sont orangées et n'ont rien à voir avec le granit gris habituel.

Jules a décidé de rejoindre Dubois et attaque une marche forcée vers le parking. Je suis moins pressé que lui. Nous venons de passer une journée éprouvante avec plus de 1000 m de dénivelé positif. Arriver ce soir ou demain matin ne changera pas notre vie. Nous avons encore des vivres.

Mais Jules ne l'entend pas de cette oreille et descend en direction du Trailhead à la vitesse de l'éclair.
Le Trailhead est tout en bas dans la vallée...

Il y a de nombreux zigzags pour descendre du plateau vers la vallée où se trouve le parking. J'ai le temps de voir Paul et Jules près d'une voiture et de son chauffeur qu'ils ont apalgué.
Visiblement ils attendent mon arrivée. J'accélère le pas. Jules me rejoint en courant pour me dire qu'il a trouvé un transport comme je m'en doutais. Ce petit a de la suite dans les idées, je ne sais pas d'où il tire ce trait de caractère. Nous redescendons en courant pour arriver au Trailhead.

Kathy, chapeau de cowboy rose sur la tête m'y attend et me tend une bouteille d'eau. Elle s'est fait abordée par Jules alors qu'elle discutait avec les 3 hikers qui nous ont servi de guide et qui ont trouvé un autre chauffeur. Elle attend son mari parti pêcher. Par chance pour nous, elle a oublié son permis à la maison et n'a pas pu l'accompagner. Elle va donc faire l'aller-retour à Dubois pour nous amener et revenir chercher son mari. Encore une fois, cette gentillesse me laisse sans voix.

Kathy se transforme en guide touristique. Nous sommes sur le territoire de chasse des Indiens et l'on trouve des pétroglyphes tout le long de la route en terre que nous suivons. On peut même visiter le piège naturel où les indiens rabattaient les mouflons lors de leurs chasse. La réserve indienne se trouve à une trentaine de km.

Kathy nous montre des barrages de castor, des nids de Balbuzards pêcheurs. Elle connaît bien la nature car c'est une chasseuse et une pêcheuse comme son mari. Ils possèdent un magasin d'armes en Californie et passent 2 mois à Dubois chaque année depuis 20 ans. Ils y possèdent une maison secondaire. En fait nous rencontrons toujours le même type de profil de personnes qui passent beaucoup de temps dans la nature : des chasseurs et des pêcheurs. Et à chaque fois, ces personnes sont adorables et se coupent en 4 pour nous faire plaisir. Comme quoi l'ambivalence est de rigueur chez les chasseurs pêcheurs américains.

Nous continuons notre route et devant nous s'affichent de magnifiques canyons qui constituent la réserve indienne.

Vraiment j'aimerais avoir le temps de visiter ce nouvel environnement du Wyoming. Il y a tellement de changement entre le désert, les montagnes et les canyons que je crois que cet état est béni des Dieux. Un jour je reviendrai pour finir de visiter.

Nous arrivons à Dubois, ville qui visiblement est tournée vers le tourisme orienté chasse et pêche. La ville est petite et l'on peut aller d'un magasin à l'autre sans voiture. C'est parfait pour fes hikers.

Kathy nous amène dans un hôtel où il y a une piscine pour que les enfants puissent se baigner pendant le zéro. Pour la remercier, je l'invite elle et son mari. Rendez vous est pris.

Jules a atteint son objectif et nous dormirons dans un lit cette nuit :-)

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