Dès le réveil, je sais que la journée va être un challenge. En réalité, je sais pas exactement combien de km je vais devoir parcourir. 33 km à vol d'oiseau... J'ai 2 lacsà contourner. J'estime et j'espère 40 km.
Je reprends le Trail et j'ai le même sentiment d'amertume qu'hier. Je suis coincé entre 2 rangées d'arbres, de jeunes pousses qui se battent entre elles pour prendre la place de leurs aînés tombés au champ d'honneur, soit par les insectes, soit par le feu.
J'ai vu ce spectacle des 10aines de fois et ce n'est pas ce que j'espérais d'un parc national aussi célèbre. Je vois au loin un magnifique sommet et visiblement je me dirige dans sa direction. Il s'agit du mont Sheridan (3135 m). Quand je peux le voir clairement, je ne peux pas m'empêcher de penser à la voie la plus adéquate pour atteindre le sommet. Visiblement je suis devenu un vrai addict de la grimpette. Il ne me manquait plus que ça.
Mes amis les ours sont bien présents dans le parc. Ils ont laissé des marques bien distinctes sur les troncs des arbres qui jouxtent le Trail. Je n'ai jamais vu cela ailleurs.
Peut être est ce leur manière d'indiquer 'Propriété privée. Défense d'entrée". En tout cas, ça m'impressionne suffisamment pour que je me tienne sur mes gardes alors que le jour se lève à peine.
Le sentier descend vers la base du mont Sheridan. Soudain, un lac grandiose apparaît sous mes yeux. C'est le lac Heart. Il est immense et je distingue difficilement l'autre rive.
Des outardes (bernaches du Canada) et leur ribambelle de rejetons se mettent à l'eau alors que je m'avance sur la plage.
Au loin j'aperçois les premières fumerolles d'une source d'eau chaude. Le spectacle est vraiment grandiose et me réconcilie d'un coup avec le parc.
Le CDT se poursuit sur la plage et vire subitement à droite pour rentrer dans une vallée. J'avais espoir de passer par la source fumante. Je n'ai pas le temps de faire un détour. Tant pis...
Je remonte la vallée et j'ai la nouvelle surprise de voir plusieurs fumerolles devant moi.
Il y a plusieurs sources géothermiques. Elles sont toutes plus belles les une que les autres mellant le bleu, le vert et l'orange.
Je prends des photos en comtemplant la scène. Je ne suis pas en train de gagner du temps. Je reprends donc le trail. Mon plan est de rejoindre la route de Grants avant midi juste à côté d'un lac. Ça sera déjà 17 km d'avalés.
J'ai prévu de manger juste avant en prenant de l'eau dans une rivière indiquée dans mes notes. Quand j'arrive à l'endroit indiqué, la rivière est à sec. La suivante aussi. Alors que je patauge dans l'eau depuis des jours, je tombe sur des rivières à sec. Je décide de manger avec l'eau qui me reste. J'en profite pour regarder mes notes. Elles m'indiquent qu'il n'y a pas d'eau entre le lac de la route de Grants et le suivant à 12 km. Je ne peux pas partir sans eau en peine chaleur du début d'après midi. Il faut que j'aille au lac.
Je prends la route. Il n'y a pas de bas côté et une circulation de sortie de bureau. Il ne s'agit que de vacanciers qui vont et viennent dans Yellowstone. Je manque 10 fois de me faire renverser et décide de couper à travers bois pour aller au lac. Ce n'est pas forcément une bonne idée. Je me retrouve embourbé dans un marécage alors que je vois le lac à quelques mètres. Je finis par rejoindre la plage couvert de boue. Le lac est une vraie mer intérieure. Le vent est fort et les vagues m'empêchent de récupérer de l'eau. Pas le choix, j'enlève mes chaussures et rentre dans le lac pour remplir ma poche d'eau.
Avec le chemin en sens inverse, on peut dire que j'ai vraiment rogné mon capital temps. Je reprends le Trail sans délai. Après une ligne droite, le sentier se met à jouer les montagnes russes. Ce n'est jamais très violent mais je m'en passerais volontiers aujourd'hui.
J'arrive au 2eme lac.
Il est 17h et j'ai parcouru 30 km. Il me reste 16 km à vol d'oiseau pour atteindre mon campement du jour. Le calcul est vite fait. Je vais finir de nuit quoiqu'il advienne.
Je grignote sur la plage de roches volcaniques avant de vite reprendre la route. Le sentier suit la plage et soudain s'arrête devant une immense rivière. Le lac de déverse à cet endroit. Le courant est très fort, le passage à gué pas vraiment évident surtout qu'il y a rapidement une grande profondeur. J'enlève mes chaussures, range mon électronique à l'abri de l'eau et traverse sur le fond de petites roches. Le compteur tourne et je continue à perdre du temps.
Le sentier part alors au milieu des montagnes.
Je monte et je descends. Il y en a un autre qui descend à toute allure c'est le soleil... J'accélère pour faire le plus de distance possible de jour. Alors que le crépuscule me tombe sur la tête, le Trail plonge vers une plaine. Il s'agit d'un marécage.
Le sentier est difficilement visible car il s'agit juste d'herbes couchées.
Alors que la visibilité est minimale, le sentier s'enfonce dans le marécage. Plus question de garder les chaussures au sec. J'ai de la boue jusqu'au mollet et j'évite les zones profondes grâce à la présence de nénuphars à la surface. J'ai le moral qui plonge. Je suis à plus de 40 km, quasi de nuit, en train de patauger dans un marécage. Mon seul espoir est de retomber rapidement sur un vrai sentier.
Je m'équipe de ma frontale à la sortie du bourbier. Je monte une côte et tombe sur la vallée des sources d'eau chaude. L'odeur de soufre est omniprésente. Des fumées s'échappent des cheminées naturelles. C'est à la fois surnaturel et grandiose. J'enrage de ne pas pouvoir faire de photos. Je vais devoir revenir demain matin.
Il fait nuit noire maintenant. Pas de lune. Mon GPS rend l'âme. Plus de batterie. J'en ai une de remplacement. Je démonte le sac pour la trouver. Il me reste 4km. Le total sera donc de 51 km. Nouveau record battu. Je ne suis pas fatigué. Je suis juste concentré sur l'objectif. S'il le faut, je continuerai encore au delà.
J'arrive au campement à 22h30. Il est occupé par des squatters. Je suppose qu'ils ont trouvé le camp vide et se sont installés. A vrai dire, cela ne me dérange pas du tout. Dans la nuit, j'ai du mal à trouver un endroit où mettre la tente. J'ai encore plus de mal à trouver de l'eau et je manque de me perdre pour retourner à mes affaires.
Je monte la tente où je peux à la frontale. Je me fais à manger et pends ma nourriture au portique prévu à cet effet. Il est minuit. Je ne me suis pas changé et je suis toujours couvert de boue et les pieds gelés dans mes chaussures trempées.
Je me nettoie avec les lingettes pour bébé que je transporte pour les "dry camp".
J'ai du mal à m'endormir tellement je me suis dépêché toute la journée. Mais je l'ai fait. On verra demain si je suis capable de bouger !
Je reprends le Trail et j'ai le même sentiment d'amertume qu'hier. Je suis coincé entre 2 rangées d'arbres, de jeunes pousses qui se battent entre elles pour prendre la place de leurs aînés tombés au champ d'honneur, soit par les insectes, soit par le feu.
J'ai vu ce spectacle des 10aines de fois et ce n'est pas ce que j'espérais d'un parc national aussi célèbre. Je vois au loin un magnifique sommet et visiblement je me dirige dans sa direction. Il s'agit du mont Sheridan (3135 m). Quand je peux le voir clairement, je ne peux pas m'empêcher de penser à la voie la plus adéquate pour atteindre le sommet. Visiblement je suis devenu un vrai addict de la grimpette. Il ne me manquait plus que ça.
Mes amis les ours sont bien présents dans le parc. Ils ont laissé des marques bien distinctes sur les troncs des arbres qui jouxtent le Trail. Je n'ai jamais vu cela ailleurs.
Peut être est ce leur manière d'indiquer 'Propriété privée. Défense d'entrée". En tout cas, ça m'impressionne suffisamment pour que je me tienne sur mes gardes alors que le jour se lève à peine.
Le sentier descend vers la base du mont Sheridan. Soudain, un lac grandiose apparaît sous mes yeux. C'est le lac Heart. Il est immense et je distingue difficilement l'autre rive.
Des outardes (bernaches du Canada) et leur ribambelle de rejetons se mettent à l'eau alors que je m'avance sur la plage.
Au loin j'aperçois les premières fumerolles d'une source d'eau chaude. Le spectacle est vraiment grandiose et me réconcilie d'un coup avec le parc.
Le CDT se poursuit sur la plage et vire subitement à droite pour rentrer dans une vallée. J'avais espoir de passer par la source fumante. Je n'ai pas le temps de faire un détour. Tant pis...
Je remonte la vallée et j'ai la nouvelle surprise de voir plusieurs fumerolles devant moi.
Il y a plusieurs sources géothermiques. Elles sont toutes plus belles les une que les autres mellant le bleu, le vert et l'orange.
J'ai prévu de manger juste avant en prenant de l'eau dans une rivière indiquée dans mes notes. Quand j'arrive à l'endroit indiqué, la rivière est à sec. La suivante aussi. Alors que je patauge dans l'eau depuis des jours, je tombe sur des rivières à sec. Je décide de manger avec l'eau qui me reste. J'en profite pour regarder mes notes. Elles m'indiquent qu'il n'y a pas d'eau entre le lac de la route de Grants et le suivant à 12 km. Je ne peux pas partir sans eau en peine chaleur du début d'après midi. Il faut que j'aille au lac.
Je prends la route. Il n'y a pas de bas côté et une circulation de sortie de bureau. Il ne s'agit que de vacanciers qui vont et viennent dans Yellowstone. Je manque 10 fois de me faire renverser et décide de couper à travers bois pour aller au lac. Ce n'est pas forcément une bonne idée. Je me retrouve embourbé dans un marécage alors que je vois le lac à quelques mètres. Je finis par rejoindre la plage couvert de boue. Le lac est une vraie mer intérieure. Le vent est fort et les vagues m'empêchent de récupérer de l'eau. Pas le choix, j'enlève mes chaussures et rentre dans le lac pour remplir ma poche d'eau.
Avec le chemin en sens inverse, on peut dire que j'ai vraiment rogné mon capital temps. Je reprends le Trail sans délai. Après une ligne droite, le sentier se met à jouer les montagnes russes. Ce n'est jamais très violent mais je m'en passerais volontiers aujourd'hui.
J'arrive au 2eme lac.
Il est 17h et j'ai parcouru 30 km. Il me reste 16 km à vol d'oiseau pour atteindre mon campement du jour. Le calcul est vite fait. Je vais finir de nuit quoiqu'il advienne.
Je grignote sur la plage de roches volcaniques avant de vite reprendre la route. Le sentier suit la plage et soudain s'arrête devant une immense rivière. Le lac de déverse à cet endroit. Le courant est très fort, le passage à gué pas vraiment évident surtout qu'il y a rapidement une grande profondeur. J'enlève mes chaussures, range mon électronique à l'abri de l'eau et traverse sur le fond de petites roches. Le compteur tourne et je continue à perdre du temps.
Le sentier part alors au milieu des montagnes.
Je monte et je descends. Il y en a un autre qui descend à toute allure c'est le soleil... J'accélère pour faire le plus de distance possible de jour. Alors que le crépuscule me tombe sur la tête, le Trail plonge vers une plaine. Il s'agit d'un marécage.
Le sentier est difficilement visible car il s'agit juste d'herbes couchées.
Alors que la visibilité est minimale, le sentier s'enfonce dans le marécage. Plus question de garder les chaussures au sec. J'ai de la boue jusqu'au mollet et j'évite les zones profondes grâce à la présence de nénuphars à la surface. J'ai le moral qui plonge. Je suis à plus de 40 km, quasi de nuit, en train de patauger dans un marécage. Mon seul espoir est de retomber rapidement sur un vrai sentier.
Je m'équipe de ma frontale à la sortie du bourbier. Je monte une côte et tombe sur la vallée des sources d'eau chaude. L'odeur de soufre est omniprésente. Des fumées s'échappent des cheminées naturelles. C'est à la fois surnaturel et grandiose. J'enrage de ne pas pouvoir faire de photos. Je vais devoir revenir demain matin.
Il fait nuit noire maintenant. Pas de lune. Mon GPS rend l'âme. Plus de batterie. J'en ai une de remplacement. Je démonte le sac pour la trouver. Il me reste 4km. Le total sera donc de 51 km. Nouveau record battu. Je ne suis pas fatigué. Je suis juste concentré sur l'objectif. S'il le faut, je continuerai encore au delà.
J'arrive au campement à 22h30. Il est occupé par des squatters. Je suppose qu'ils ont trouvé le camp vide et se sont installés. A vrai dire, cela ne me dérange pas du tout. Dans la nuit, j'ai du mal à trouver un endroit où mettre la tente. J'ai encore plus de mal à trouver de l'eau et je manque de me perdre pour retourner à mes affaires.
Je monte la tente où je peux à la frontale. Je me fais à manger et pends ma nourriture au portique prévu à cet effet. Il est minuit. Je ne me suis pas changé et je suis toujours couvert de boue et les pieds gelés dans mes chaussures trempées.
Je me nettoie avec les lingettes pour bébé que je transporte pour les "dry camp".
J'ai du mal à m'endormir tellement je me suis dépêché toute la journée. Mais je l'ai fait. On verra demain si je suis capable de bouger !
Bravo Nemo pour cette longue journée qui t'aura bien sollicitée!
RépondreSupprimerJ'ai entrepris moi aussi de passer ma soirée à te lire afin de rattraper mon retard :-)
J'ai adoré la section des Winds: tes photos sont magnifiques et font qu'on n'a aucun mal à s'y croire.
Cela me fait penser à une de tes phrases sur le fait de rendre compte de ce qu'est vraiment une journée sur le trail. Je peux comprendre que ceux qui n'ont jamais randonné dans de tes paysages ne puissent pas imaginer mais je te rassure, quand tu l'as déjà fait, on ressent, on vit ce que tu nous fais partager. Le pire est que petit à petit, je me réhabitue à ces sensations et qu'elles me manquent et il va falloir que je vois comment faire pour entreprendre une partie de ces randonnées que tu as faites. J'ai aussi pris rendez-vous avec un de mes collègues avec qui je courais et qui va se retirer prochainement près de Le Vigan (Vernes-Arrigas) pour devenir guide de randonnée: un autre amoureux de la nature qui a décidé d'en faire son métier
Tu me tiens au courant ! Et si tu veux des détails comme les traces pour ton GPS ou d'autres infos, tu n'hésites surtout pas. Je le ferai une immense joie de partager ce que je peux te donner. Happy Trails!
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