samedi 4 août 2018

4 Août - Le Col Knapsack

Je me lève en sachant que la journée va être spéciale. Le col Knapsack fait partie des alternatives du CDT. Jusqu'à maintenant ces alternatives ont toujours été plutôt physiquement engageantes quand elles ne sont pas dangereuses (crête du Torreys). Quand je suis seul, j'aime bien aller chercher au fond de moi même pour me dépasser. Mais aujourd'hui je suis avec mes fils. Je ne veux pas qu'il leur arrive quoique soit. Je ne me le pardonnerai pas.

Je suis donc à la fois très excité par le challenge et je suis terriblement angoissé pour les enfants.

Ceux ci ne sentent pas la différence avec les autres jours et démarre normalement, donc tardivement, la journée. Le ciel parfaitement bleu et c'est une bonne chose sur d'avoir la météo de notre côté.

Nous passons la butte qui nous cache la vue sur le dernier lac et le fond de la vallée. Le spectacle me laisse sans voix.

J'ai l'impression de rentrer dans une cathédrale. Elle est gigantesque. On n'entend que le bruit des cascades qui se jettent dans le lac.

Je suis pris des mêmes sentiments spirituels que lorsque je rentrais dans les chapelles sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.
Au bout, la porte de la cathédrale qui mène au paradis où à l'enfer. Le paradis si tout se passe bien et l'enfer en cas du moindre problème, surtout s'il engage Paul ou Jules.

Plus nous nous approchons du fond de vallée,plus je reprends mes esprits et me concentre sur l'objectif. Pas question de planner lorsqu'il faudra s'engager dans la voie.

Nous croisons 2 randonneurs. Ils ont passé le col la veille. Je leur pose des tas de questions sur le passage. Oui c'est difficile. Oui il y a beaucoup de neige. Oui on peut passer à condition de passer sur la partie Est du col qui est déneigée...
Je retiens juste qu'ils ne nous ont pas intimé l'ordre de faire demi-tour...

Le sentier s'arrête à une certaine distance du fond de vallée. Et comme d'habitude, aucun cairn, aucune trace... Le tracé du GPS est approximatif et indique seulement une direction. Nous voilà livrés à nous même.
Nous montons la première butte qui mène au col sans savoir dans quoi nous nous embarquons.
Passés la butte nous tombons sur un immense névé qui mène à un premier col. La pente n'est pas trop forte mais une rivière débouche au milieu du névé. Où passe cette rivière dans le névé ? La couche de neige est elle assez solide pour marcher au dessus de la rivière ? Il n'y a aucune trace sur la neige pour m'aider dans la voie à prendre. Alors que je me pose des tas de questions, Paul qui est toujours en train de foncer, s'engage sur le névé et commence à le grimper.

Inutile de se faire plus de nœuds au cerveau, il suffit de le suivre. L'arrivée au col permet de constater que nous sommes loin d'en avoir fini.

Le col est sous la neige. Mais effectivement sa droite est dégagée.

Sans crampons ni piolet c'est la seule voie possible. Pour y aller nous utilisons les pierriers. Les rochers sont énormes et passer d'un rocher à un autre demande beaucoup d'énergie. Il est difficile de progresser.

Passer d'un pierrier à un autre impose de traverser des névés dont la pente est importante. Il faut creuser des marches dans un neige dure. C'est tout simplement épuisant. Nous nous relayons en tête pour jouer les terrassiers.

Nous prenons une pause et je scrute la zone que nous devons prendre pour trouver la meilleure voie. Je tourne et retourne toutes les options comme un joueur avant son match. Il ne s'agit pas seulement de moi mais nous devons passer tous les 3 sans encombre.

Je dois dire que malgré la difficulté de la progression et l'engagement physique demandé ni Paul ni Jules n'émettent la moindre plainte. Je sais qu'ils sont fatigués mais nous montons comme un seul homme.

Nous arrivons sous le col dans la partie la plus raide et Jules passe en tête. Il est bien meilleur grimpeur que Paul. Il trouve sa voie et nous le suivons jusqu'au névé sommital. Les 2 mains dans la neige nous gravissons cette ultime obstacle pour découvrir la nouvelle vallée.

Nous avons réussi ! Je suis très fiers de mes fils qui se sont engagés sans compter dans cette course. Ils ont assuré comme des bêtes.

Après le selfie de la victoire, nous nous engageons dans la descente.

Cette face au Sud est complètement dégagée de toute neige. Le sentier est particulièrement raide et les pierres roulent sous les pieds. Mais la difficulté est clairement derrière nous.

Nous arrivons au cœur de la nouvelle vallée où coule un torrent. Des glaciers accrochés au flanc des montagnes sont magnifiques. Nous continuons d'être sous le charme des Winds.

Nous déjeunons en regardant ce tableau de la nature.

Nous reprenons notre route afin de descendre la vallée pour rejoindre le CDT officiel.

Toujours pas de cairn ni de sentier mais nous savons qu'il en existe un plus bas. Nous finissons par le rejoindre. Il nous fait passer le long du lac alimenté par le torrent que nous avons suivi. L'eau est d'un bleu laiteux fascinant.

Le sentier joue avec les obstacles et finit par déboucher sur le CDT.
Vous prendrez bien un petit névé pour le dessert...

Il s'agit d'une autre vallée que nous dominons. La même rivière l'emprunte et se déverse dans un lac encaissé grand comme une mer intérieure. Le sentier descend en suivant la rivière.

À 17h30, nous décidons d'installer le camp près d'une petite rivière. L'endroit a été utilisé il y a bien longtemps car il y a un foyer de pierres pour le feu de camp. Nous décidons de l'utiliser afin de nous réconforter de cette journée riche en émotions. Elle restera dans les annales !


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