5 Aout - Alternative Pour Dubois

En vérifiant les kilomètres qu'ils nous restent à parcourir, je me suis aperçu que nous ne pourrions pas être à temps dans la ville de Dubois où nous avons rendez-vous pour le rapatriement de Paul et Jules.

J'avais prévu cette éventualité. Il existe une alternative du CDT qui amène directement à Dubois. Elle raccourcit le trajet de 48 km. Nous n'avons pas le choix et nous devons la prendre.

Ce matin le ciel est de plomb. Le temps de déjeuner et de plier la tente, la pluie se met de la partie. Nous nous engageons sur le Trail sous une pluie battante. La pluie en tant que telle n'est pas vraiment gênante. Le soleil nous sèchera. Le problème est plus sur la traversée des rivières où les pierres qui sont supposées nous permettre de passer à sec sont de vraies savonnettes.

Cela pimente un peu la descente car le CDT nous fait perdre de l'altitude pour nous amener au lac.

Alors que je joue avec mon MP3, un voix derrière moi m'apostrophe d'un joyeux "Salut Némo". Il s'agit d'un hiker du nom de "7 o'clock" que je n'ai pas revu depuis le Nouveau Mexique. Je suis étonné de le revoir ici mais il m'explique qu'il a quitté le Trail pour une dizaine de jours pour des problèmes personnels. Il est maintenant de retour et il n'est pas là pour plaisanter. Il marche vite et impose un rythme de marathonien à notre petit groupe à la grande joie de Paul qui peut enfin lâcher les fous sans qu'on le lui reproche.
Je discute à bâtons rompus avec ce garçon intelligent qui a plaqué son travail de chef de projet au gouvernement pour mettre du piment dans sa vie. Il faut un certain courage pour lâcher un job de fonctionnaire et se lancer sur le Trail à 32 ans.

Nous mangeons ensemble où encore une fois, nous sommes épatés par le repas des autres hikers. Seven o'clock mange des cacahuètes, une barre céréales et des bonbons. En 5 minutes, son repas est terminé alors que nous n'avons pas fait cuire nos pâtes chinoises. Il est prêt à repartir.

Nous nous disons adieu car les chances de se revoir sont très faibles à la vitesse à laquelle il marche.

Après avoir mangé "normalement" nous reprenons à notre tour le Trail.

Nous quittons le CDT pour l'alternative qui commence par un chemin bien tracé. Nous croisons un premier couple de randonneurs qui n'est même pas allée au premier lac. Nous ne posons même pas de questions au 2eme couple car l'homme, en plus d'un énorme sac à dos, à la poitrine barrée d'un holster avec un revolver à l'intérieur. Nous n'arrivons pas à nous habituer à côtoyer des personnes armées.

Le sentier nous mène à une curiosité qui est le "naturel bridge".

Nous y arrivons alors qu'un orage éclate. Il est aussi violent que bref. Le problème que nous rencontrons est que le sentier s'arrête à l'Arche.

Il ne va pas plus loin. Nous devons continuer en longeant la rivière. La zone a brûlé il y a plusieurs années et des troncs calcinés jonchent le sol par centaines. Il est impossible d'avancer. Nous sommes prêts à abandonner en se demandant comment ne pas râter le rendez vous à Dubois quand je découvre un sentier sur le bord de la rivière. Il est peu marqué mais il y a des traces de pas relativement fraîches. Nous décidons de le suivre et le jeu de piste commence. Il y a des hikers qui sont passés par là mais leurs traces ont été recouvertes par des arbres qui sont tombés depuis. Il nous faut passer par des séries d'obstacles : troncs d'arbres, ronces, marécages, branches... Trouver une voie relève de l'exploit. Après 1h nous n'avons couvert qu'un seul kilomètre. Il y en a 47 à faire... Notre seul espoir est que cette traversée de la jungle ne soit pas beaucoup plus longue.
Nous arrivons sur une clairière, proche d'un cours d'eau et nous décidons d'arrêter là. Entre la course poursuite avec Seven o'clock et le jeu de piste dans la jungle, nous avons bien besoin de repos.

Demain risque d'être une journée chargée !