Quand j'ai monté la tente hier, elle était encore mouillée de la veille. Ce matin l'eau ruisselle à l'intérieur. L'endroit de mon duvet où je me mets mes pieds est trempé car j'appuie sur la toile. C'est impressionnant l'effet de l'humidité extérieure sur l'intérieur de mon habitacle.
Je n'ai pas eu froid et je n'ai pas ressenti l'humidité. La qualité de mon duvet y est pour beaucoup. L'eau qui ruisselle n'a jamais pénétré.
Il ne pleut plus mais je n'ai aucun endroit sec à l'extérieur pour m'installer. Je déjeune donc à l'intérieur de la tente. C'est vraiment agréable d'avaler quelque chose de chaud dans cet environnement détrempé.
Je remets mes vêtements mouillés qui bien évidemment n'ont pas séché dans la nuit. Le pire reste les chaussettes et les chaussures qui ont l'effet immédiat de me frigorifier les pieds. Je ne garde pas les vêtements de pluie de la veille à l'exception de mes guêtres car je vais devoir passer les herbes recouvertes d'eau de pluie.
Je me mets en route le plus rapidement possible pour me réchauffer.
Le soleil se lève et je vois un grand ciel bleu à l'horizon. Voilà qui change tout ! Les nuages sont partis durant la nuit.
Je marche sur un chemin pour 4x4 peu fréquenté. Je me plonge dans mes réflexions et me dis que j'ai mal abordé ces 2 derniers jours. J'aurai dû suivre les préceptes de Pascal et plier comme un roseau au lieu de vouloir résister comme un chêne qui se déracine sous la tempête. Je me suis vu piégé par le froid et la pluie pour les jours à venir. Mon moral a chuté sans voir la lumière au bout du tunnel. Il faut que je vive les choses au jour le jour car tout est possible, dans un sens comme dans l'autre. Me pourrir l'existence ne règlera aucun problème. Il est vrai que je ne m'attendais pas à une telle intempérie si tôt. Me voilà prévenu. A moi de plier comme un roseau et les choses se passeront mieux.
Perdu dans mes réflexions, j'en oublie de vérifier mon GPS. Quand je le fais, c'est pour m'apercevoir que j'ai fait 2 km de trop. J'ai raté une bifurcation. J'ai descendu le chemin, doucement carressé par les premiers rayons du soleil. Il faut remonter maintenant. Je viens de perdre 1h de marche. Autant de temps de moins de repos à Helena.
Je retrouve l'intersection et effectivement un sentier peu visible part à droite au milieu des hautes herbes. En quelques secondes, mes chaussures et mon pantalon sont totalement trempés. Plions ! Cela sèchera puisque le soleil est de la partie. Il a un sacré boulot parce que toute la végétation regorge d'eau.
Le sentier me ramene sur un chemin de crête. Pas beaucoup de surprise de ce côté là. Par contre arrivé au sommet, la vue se dégage car il y a une immense prairie à la place de la sempiternelle forêt. La vue est toujours brumeuse mais je ne sais pas si c'est à cause de la pluie ou de la fumée.
J'ai moins de 20 km à faire avant d'arriver au col Mac Donald où je ferai du stop pour Helena. Je ne suis pas stressé par l'heure qui tourne. Je respire à pleins poumons. Ça fait du bien ce soleil et cette vue. Je revis.
De montées en descentes, de forêts en prairies, d'herbages détrempés en sentiers boueux, je finis par atteindre mon objectif.
La route semble très passante. En fait c'est une autoroute et les gens roulent vite.
Comme d'habitude, je range mon chapeau et mes bâtons avant de m'installer sur le bord de la route. Pendant cette opération, un 4x4 arrive pour se garer sur le parking et s'arrête à mon niveau. Le chauffeur, barbe et chapeau de camouflage militaire, me demande si je fais le CDT. Il me congratule et repart. Il fait 5 m et stoppe à nouveau son véhicule. Il me demande alors si je vais à Helena. A la suite de ma réponse positive, il se propose de m'emmener. Je suis étonné car il vient d'arriver et il est supposé partir camper dans la montagne. Il me dit avoir le temps et que la montagne attendra son retour. Il va donc faire 50 km pour me faire plaisir. Est ce que je dois encore m'étonner ? Nouveau record battu : je n'ai même pas eu le temps de me mettre sur le bord de la route et de lever le pouce.
Jack, 52 ans sans les faire, est un ancien militaire de l'US Air Force. Après 25 ans de bons et loyaux services, ses placements prospères et sa pension militaire lui ont permis de prendre sa retraite. Il était partie pour aller pêcher et camper pour une nuit quand il m'a croisé. Il n'est pas pressé. Non seulement il m'amène en ville mais me l'a fait visiter en me montrant les magasins qui peuvent m'intéresser. Comme je lui dit que je dois changer mes gants, nous voilà tous les 2 dans le magasin adéquat en train de choisir le bon modèle. Comme je lui demande où se trouve la poste, il m'y amène et attend que je récupère mon colis.
Je veux lui offrir à boire car il a déjà mangé. C'est le minimum que je puisse faire. Il m'amène dans un bar à vin où il commande du fromage et de charcuterie car il sait que j'ai sauté le repas de midi. Nous discutons à bâtons rompus et je fais honneur au plateau. Il y a de la charcuterie italienne et du fromage français !
Alors que je veux payer l'addition, j'apprends que Jack a déjà tout réglé. Il argumente que je suis dans sa ville. Il m'amène à l'hôtel et repart dans l'autre direction. Vraiment cette gentillesse me laissera toujours pantois !
Helena est une belle ville. Elle est à Butte ce que Aix est à Marseille. Les 2 villes sont sœurs ennemies mais Helena est beaucoup plus riche que Butte. La spécialité de Butte est l'extraction du cuivre alors que celle d'Helena est l'or. C'est aussi Helena qui est la "capitale" du Montana et son Capitole est impressionnant fait du granit gris des montagnes environnantes. Le toit est en cuivre de Butte, concession accordée en dédommagement car Butte visait aussi d'être la capitale de l'état.
Une fois installé à l'hôtel, je vaque à mes corvées habituelles. Il est tard mais je n'ai que la nourriture à ravitailler.
Je ne sais pas si je prends un zéro à Helena. C'est la dernière "vraie" ville avant le Canada... La nuit porte conseil.
Je n'ai pas eu froid et je n'ai pas ressenti l'humidité. La qualité de mon duvet y est pour beaucoup. L'eau qui ruisselle n'a jamais pénétré.
Il ne pleut plus mais je n'ai aucun endroit sec à l'extérieur pour m'installer. Je déjeune donc à l'intérieur de la tente. C'est vraiment agréable d'avaler quelque chose de chaud dans cet environnement détrempé.
Je remets mes vêtements mouillés qui bien évidemment n'ont pas séché dans la nuit. Le pire reste les chaussettes et les chaussures qui ont l'effet immédiat de me frigorifier les pieds. Je ne garde pas les vêtements de pluie de la veille à l'exception de mes guêtres car je vais devoir passer les herbes recouvertes d'eau de pluie.
Je me mets en route le plus rapidement possible pour me réchauffer.
Le soleil se lève et je vois un grand ciel bleu à l'horizon. Voilà qui change tout ! Les nuages sont partis durant la nuit.
Je marche sur un chemin pour 4x4 peu fréquenté. Je me plonge dans mes réflexions et me dis que j'ai mal abordé ces 2 derniers jours. J'aurai dû suivre les préceptes de Pascal et plier comme un roseau au lieu de vouloir résister comme un chêne qui se déracine sous la tempête. Je me suis vu piégé par le froid et la pluie pour les jours à venir. Mon moral a chuté sans voir la lumière au bout du tunnel. Il faut que je vive les choses au jour le jour car tout est possible, dans un sens comme dans l'autre. Me pourrir l'existence ne règlera aucun problème. Il est vrai que je ne m'attendais pas à une telle intempérie si tôt. Me voilà prévenu. A moi de plier comme un roseau et les choses se passeront mieux.
Perdu dans mes réflexions, j'en oublie de vérifier mon GPS. Quand je le fais, c'est pour m'apercevoir que j'ai fait 2 km de trop. J'ai raté une bifurcation. J'ai descendu le chemin, doucement carressé par les premiers rayons du soleil. Il faut remonter maintenant. Je viens de perdre 1h de marche. Autant de temps de moins de repos à Helena.
Je retrouve l'intersection et effectivement un sentier peu visible part à droite au milieu des hautes herbes. En quelques secondes, mes chaussures et mon pantalon sont totalement trempés. Plions ! Cela sèchera puisque le soleil est de la partie. Il a un sacré boulot parce que toute la végétation regorge d'eau.
Le sentier me ramene sur un chemin de crête. Pas beaucoup de surprise de ce côté là. Par contre arrivé au sommet, la vue se dégage car il y a une immense prairie à la place de la sempiternelle forêt. La vue est toujours brumeuse mais je ne sais pas si c'est à cause de la pluie ou de la fumée.
J'ai moins de 20 km à faire avant d'arriver au col Mac Donald où je ferai du stop pour Helena. Je ne suis pas stressé par l'heure qui tourne. Je respire à pleins poumons. Ça fait du bien ce soleil et cette vue. Je revis.
De montées en descentes, de forêts en prairies, d'herbages détrempés en sentiers boueux, je finis par atteindre mon objectif.
La route semble très passante. En fait c'est une autoroute et les gens roulent vite.
Comme d'habitude, je range mon chapeau et mes bâtons avant de m'installer sur le bord de la route. Pendant cette opération, un 4x4 arrive pour se garer sur le parking et s'arrête à mon niveau. Le chauffeur, barbe et chapeau de camouflage militaire, me demande si je fais le CDT. Il me congratule et repart. Il fait 5 m et stoppe à nouveau son véhicule. Il me demande alors si je vais à Helena. A la suite de ma réponse positive, il se propose de m'emmener. Je suis étonné car il vient d'arriver et il est supposé partir camper dans la montagne. Il me dit avoir le temps et que la montagne attendra son retour. Il va donc faire 50 km pour me faire plaisir. Est ce que je dois encore m'étonner ? Nouveau record battu : je n'ai même pas eu le temps de me mettre sur le bord de la route et de lever le pouce.
Jack, 52 ans sans les faire, est un ancien militaire de l'US Air Force. Après 25 ans de bons et loyaux services, ses placements prospères et sa pension militaire lui ont permis de prendre sa retraite. Il était partie pour aller pêcher et camper pour une nuit quand il m'a croisé. Il n'est pas pressé. Non seulement il m'amène en ville mais me l'a fait visiter en me montrant les magasins qui peuvent m'intéresser. Comme je lui dit que je dois changer mes gants, nous voilà tous les 2 dans le magasin adéquat en train de choisir le bon modèle. Comme je lui demande où se trouve la poste, il m'y amène et attend que je récupère mon colis.
Je veux lui offrir à boire car il a déjà mangé. C'est le minimum que je puisse faire. Il m'amène dans un bar à vin où il commande du fromage et de charcuterie car il sait que j'ai sauté le repas de midi. Nous discutons à bâtons rompus et je fais honneur au plateau. Il y a de la charcuterie italienne et du fromage français !
Alors que je veux payer l'addition, j'apprends que Jack a déjà tout réglé. Il argumente que je suis dans sa ville. Il m'amène à l'hôtel et repart dans l'autre direction. Vraiment cette gentillesse me laissera toujours pantois !
Helena est une belle ville. Elle est à Butte ce que Aix est à Marseille. Les 2 villes sont sœurs ennemies mais Helena est beaucoup plus riche que Butte. La spécialité de Butte est l'extraction du cuivre alors que celle d'Helena est l'or. C'est aussi Helena qui est la "capitale" du Montana et son Capitole est impressionnant fait du granit gris des montagnes environnantes. Le toit est en cuivre de Butte, concession accordée en dédommagement car Butte visait aussi d'être la capitale de l'état.
Une fois installé à l'hôtel, je vaque à mes corvées habituelles. Il est tard mais je n'ai que la nourriture à ravitailler.
Je ne sais pas si je prends un zéro à Helena. C'est la dernière "vraie" ville avant le Canada... La nuit porte conseil.
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