Je me suis endormi à 1h et réveillé à 5h. Ça devient la norme quand je dors à l'hôtel. C'est totalement ridicule. Je ne m'explique pas cette volonté de mon esprit de m'épuiser quand je suis supposé me reposer. Je suis bon pour une psychanalyse en rentrant.
Autant que je reparte dans la brousse dormir au milieu des Grizzlys, ça se passe beaucoup mieux.
Ce matin j'ai décidé de prendre mon temps. Je vais prendre le petit déjeuner dans un café recommandé par Jack. C'est tout petit et très mignon. Il y a même des mugs au nom du café. Ça me rappelle mon premier voyage au US quand j'étais étudiant... Hier quoi !
Je retourne à l'hôtel pour faire mon sac. Je dois aussi changer les embouts de mes bâtons. Le service client m'a expliqué que je dois les faire bouillir pour les retirer. Je pars au fond du parking du motel avec mon rechaud, mon eau et mes bâtons. Je monte mon petit atelier. Les clients vont et viennent. La plupart est en partance. Il y a une faune des plus bigarrée. Des mexicains s'entassent à 6 dans une voiture cabossée de toutes parts. Un ferrailleur transvase son butin d'un 4x4 en ruine à un camion qui n'en vaut pas mieux. Un gars part travailler avec son attaché case. Visiblement, il vit au motel...
De mon côté, je ne détone pas trop de l'ambiance avec mon réchaud, assis à même le sol, en train d'ébouillanter mes bâtons.
Bien sûr ça se passe à merveille pour un bâton et très mal pour l'autre. Ça finit à coup de couteau suisse mais l'opération est un succès.
Je libère ma chambre, laisse mon sac à la réception et m'occupe de ce que je n'ai pas pu faire hier.
Je vais au magasin de sport spécialisé en course à pied. Je veux leur avis sur les chaussures que j'ai acheté à Butte. La propriétaire ne connais pas ce modèle. Moi je connais tous les modèles qu'elle vend et qui sont excellents. Je ne suis pas avancé. Je n'arrive pas à me dire que je vais jeter une paire de chaussures que j'ai porté 5 jours. Toujours ce principe que si j'ai fait une erreur, je dois l'assumer. J'espère que je ne vais pas payer cher l'application de mes principes d'un temps révolu. Mais on ne se refait pas. Question d'éducation. Si on ne s'accroche pas à ses fondamentaux, on perd ses bases. "On est des gagne-misère mais on est pas des peigne-cul" dit Jacques Gamblin à Michel Serrault en refusant la grosse somme d'argent que ce dernier veut généreusement lui offrir pour le sortir de la misère (Les enfants du marais).
Je file à la bibliothèque pour récupérer d'autres podcasts. Je les consomme à une vitesse phénomènale. Helena est une ville de 40 000 habitants avec sa banlieue et la bibliothèque est en conséquence. Il y a une 50aine d'ordinateurs à disposition. La connexion Internet est fulgurante. Je ne sais pas quelle est la technologie utilisée mais c'est bluffant. Par contre ma session est limitée à une heure. Tant mieux ça m'évitera de m'accrocher comme la moule à son rocher.
Je vais manger dans le resto recommandé par Jack. Hier soir j'ai fait celui recommandé par TripAdvisor. Dans les 2 cas, je suis déçu. Qu'il est donc difficile de manger équilibré et avec un peu de saveur aux USA. Spécialement dans le Montana. Jack m'a expliqué que les gens d'ici considèrent la nourriture comme un carburant. Ils mangent pour fonctionner et pas pour avoir du plaisir. J'ai peur qu'il ait raison.
Il est temps de rejoindre le Trail. Je sais que ça va être compliqué. Car s'il est facile de faire du stop à l'extérieur d'une ville pour s'y faire amener, l'inverse est beaucoup plus compliqué.
L'autoroute qui va au col Mac Donald traverse Helena. Je m'installe sur cette autoroute entre 2 feux rouges. Ça ne fonctionne pas du tout. Les voitures sont sur 3 voies, collées les unes aux autres. Personne ne va prendre le risque de freiner et de traverser des voies pour me récupérer.
Au bout d'une heure, je décide de changer d'endroit. Je me mets au niveau d'un supermarché où il n'y a plus que 2 voies et bien de la place pour s'arrêter. Je suis là depuis 1/4 d'heure quand une dame sui roule dans sa voiture sur le parking du supermarché m'interpelle "Est ce que vous êtes un hiker du CDT ?". Sa voiture est pleine à craquer et regorge de matériel de marche et de camping. Elle me dit que sa fille fait le CDT et qu'elle va la rejoindre au col Mac Donald. Cette dernière lui a demandé d'acheter des Bretzels pour ce soir d'où sa présence en ce lieu. A ces mots, le déclic se fait dans ma tête. "Êtes vous la mère de Casper ?". Elle est un peu sonnée par ma question mais me répond par l'affirmative. C'est le fameux trail Magic raté dans le désert avec Paul et Jules où nous n'avions pas été invité. D'ailleurs elle me reconnaît et m'explique que ce jour là, elle a été complètement débordée par les évènements. Elle s'est retrouvée avec 15 hikers en train de squatter sous son abri alors qu'au départ elle n'en connaissait qu'un seul.
Sa voiture est un capharnaüm sans nom qui monte jusqu'au toit de son véhicule. En plus des Bretzels, Ingrid a acheté de la glace pour renouveler celle de ses glacières. La plus grosse regorge de boissons de toutes sortes pour les hikers. Elle suit sa fille et toutes les 2 dorment en faisant du camping. Visiblement elle a beaucoup de plaisir à accompagner sa progéniture de 26 ans et à rencontrer des hikers.
J'apprends que Casper et beaucoup d'autres hikers ont pris la même option que moi suite à l'incendie et sont allés directement à Butte. Que Casper est très frustrée car le morceau que nous avons sauté est soit disant très beau.
J'apprends aussi qu'il y a 2 autres incendies au Nord dont un qui a condamné l'accès au CDT. Par contre, un contournement a été mis en place qui passe par un autre Trail.
La 2eme fermeture est à Waterton donc directement à l'arrivée au Canada. Il semblerait que ça soit préventif. Finalement j'espère qu'il a plu ou qu'il pleuvra rapidement sur cette zone pour que je puisse finir. Ça serait très frustrant d'arrêter si près du but.
Ingrid m'accompagne jusqu'au départ du Trail. J'ai commencé à faire du stop à 14h et il est maintenant 16h. Je n'irai pas bien loin aujourd'hui. Mais ce n'est pas grave, je suis de retour sur le Trail.
Je grimpe sur une FR pour me retrouver sur le sommet le plus haut du coin.
Il regorge d'antennes de toutes sortes y compris téléphoniques. La ville d'Helena s'étale sous mes pieds.
Après etre monté aux relais, le CDT suit la crête. Nous alternons prairies et forêt.
Je croise ma dernière source d'eau de la journée et il s'agit d'un filet d'eau boueux. Encore une séance de filtrage qui me fait perdre un temps fou. Aujourd'hui je fais tout sauf marcher.
En traversant un chemin carrossable, je vois 2 voitures garées. Une dame et 2 Messieurs discutent. Quand j'arrive à leur niveau, je vois sur le sol des fusils à lunette et des cibles. Ils sont venus s'entraîner sur le CDT. Je trouve cela très particulier. Je leur demande si la chasse aux hikers est ouverte. Nous échangeons des plaisanteries sur le sujet. En fait, ils n'ont aucune idée ce qu'est le CDT... En leur expliquant, ils me prennent pour un malade. Nous voici sur un pied d'égalité.
Je n'ai fait que 9 km mais il est 18h. Il fait nuit dans 2h. J'installe ma tente qui est encore trempée des dernières intempéries. Je viens de faire ma plus petite journée depuis que je suis sur le CDT...
Autant que je reparte dans la brousse dormir au milieu des Grizzlys, ça se passe beaucoup mieux.
Ce matin j'ai décidé de prendre mon temps. Je vais prendre le petit déjeuner dans un café recommandé par Jack. C'est tout petit et très mignon. Il y a même des mugs au nom du café. Ça me rappelle mon premier voyage au US quand j'étais étudiant... Hier quoi !
Je retourne à l'hôtel pour faire mon sac. Je dois aussi changer les embouts de mes bâtons. Le service client m'a expliqué que je dois les faire bouillir pour les retirer. Je pars au fond du parking du motel avec mon rechaud, mon eau et mes bâtons. Je monte mon petit atelier. Les clients vont et viennent. La plupart est en partance. Il y a une faune des plus bigarrée. Des mexicains s'entassent à 6 dans une voiture cabossée de toutes parts. Un ferrailleur transvase son butin d'un 4x4 en ruine à un camion qui n'en vaut pas mieux. Un gars part travailler avec son attaché case. Visiblement, il vit au motel...
De mon côté, je ne détone pas trop de l'ambiance avec mon réchaud, assis à même le sol, en train d'ébouillanter mes bâtons.
Bien sûr ça se passe à merveille pour un bâton et très mal pour l'autre. Ça finit à coup de couteau suisse mais l'opération est un succès.
Je libère ma chambre, laisse mon sac à la réception et m'occupe de ce que je n'ai pas pu faire hier.
Je vais au magasin de sport spécialisé en course à pied. Je veux leur avis sur les chaussures que j'ai acheté à Butte. La propriétaire ne connais pas ce modèle. Moi je connais tous les modèles qu'elle vend et qui sont excellents. Je ne suis pas avancé. Je n'arrive pas à me dire que je vais jeter une paire de chaussures que j'ai porté 5 jours. Toujours ce principe que si j'ai fait une erreur, je dois l'assumer. J'espère que je ne vais pas payer cher l'application de mes principes d'un temps révolu. Mais on ne se refait pas. Question d'éducation. Si on ne s'accroche pas à ses fondamentaux, on perd ses bases. "On est des gagne-misère mais on est pas des peigne-cul" dit Jacques Gamblin à Michel Serrault en refusant la grosse somme d'argent que ce dernier veut généreusement lui offrir pour le sortir de la misère (Les enfants du marais).
Je file à la bibliothèque pour récupérer d'autres podcasts. Je les consomme à une vitesse phénomènale. Helena est une ville de 40 000 habitants avec sa banlieue et la bibliothèque est en conséquence. Il y a une 50aine d'ordinateurs à disposition. La connexion Internet est fulgurante. Je ne sais pas quelle est la technologie utilisée mais c'est bluffant. Par contre ma session est limitée à une heure. Tant mieux ça m'évitera de m'accrocher comme la moule à son rocher.
Je vais manger dans le resto recommandé par Jack. Hier soir j'ai fait celui recommandé par TripAdvisor. Dans les 2 cas, je suis déçu. Qu'il est donc difficile de manger équilibré et avec un peu de saveur aux USA. Spécialement dans le Montana. Jack m'a expliqué que les gens d'ici considèrent la nourriture comme un carburant. Ils mangent pour fonctionner et pas pour avoir du plaisir. J'ai peur qu'il ait raison.
Il est temps de rejoindre le Trail. Je sais que ça va être compliqué. Car s'il est facile de faire du stop à l'extérieur d'une ville pour s'y faire amener, l'inverse est beaucoup plus compliqué.
L'autoroute qui va au col Mac Donald traverse Helena. Je m'installe sur cette autoroute entre 2 feux rouges. Ça ne fonctionne pas du tout. Les voitures sont sur 3 voies, collées les unes aux autres. Personne ne va prendre le risque de freiner et de traverser des voies pour me récupérer.
Au bout d'une heure, je décide de changer d'endroit. Je me mets au niveau d'un supermarché où il n'y a plus que 2 voies et bien de la place pour s'arrêter. Je suis là depuis 1/4 d'heure quand une dame sui roule dans sa voiture sur le parking du supermarché m'interpelle "Est ce que vous êtes un hiker du CDT ?". Sa voiture est pleine à craquer et regorge de matériel de marche et de camping. Elle me dit que sa fille fait le CDT et qu'elle va la rejoindre au col Mac Donald. Cette dernière lui a demandé d'acheter des Bretzels pour ce soir d'où sa présence en ce lieu. A ces mots, le déclic se fait dans ma tête. "Êtes vous la mère de Casper ?". Elle est un peu sonnée par ma question mais me répond par l'affirmative. C'est le fameux trail Magic raté dans le désert avec Paul et Jules où nous n'avions pas été invité. D'ailleurs elle me reconnaît et m'explique que ce jour là, elle a été complètement débordée par les évènements. Elle s'est retrouvée avec 15 hikers en train de squatter sous son abri alors qu'au départ elle n'en connaissait qu'un seul.
Sa voiture est un capharnaüm sans nom qui monte jusqu'au toit de son véhicule. En plus des Bretzels, Ingrid a acheté de la glace pour renouveler celle de ses glacières. La plus grosse regorge de boissons de toutes sortes pour les hikers. Elle suit sa fille et toutes les 2 dorment en faisant du camping. Visiblement elle a beaucoup de plaisir à accompagner sa progéniture de 26 ans et à rencontrer des hikers.
J'apprends que Casper et beaucoup d'autres hikers ont pris la même option que moi suite à l'incendie et sont allés directement à Butte. Que Casper est très frustrée car le morceau que nous avons sauté est soit disant très beau.
J'apprends aussi qu'il y a 2 autres incendies au Nord dont un qui a condamné l'accès au CDT. Par contre, un contournement a été mis en place qui passe par un autre Trail.
La 2eme fermeture est à Waterton donc directement à l'arrivée au Canada. Il semblerait que ça soit préventif. Finalement j'espère qu'il a plu ou qu'il pleuvra rapidement sur cette zone pour que je puisse finir. Ça serait très frustrant d'arrêter si près du but.
Ingrid m'accompagne jusqu'au départ du Trail. J'ai commencé à faire du stop à 14h et il est maintenant 16h. Je n'irai pas bien loin aujourd'hui. Mais ce n'est pas grave, je suis de retour sur le Trail.
Je grimpe sur une FR pour me retrouver sur le sommet le plus haut du coin.
Il regorge d'antennes de toutes sortes y compris téléphoniques. La ville d'Helena s'étale sous mes pieds.
Après etre monté aux relais, le CDT suit la crête. Nous alternons prairies et forêt.
Très surprenant cette partie de la forêt entièrement recouverte de mousse.
Je croise ma dernière source d'eau de la journée et il s'agit d'un filet d'eau boueux. Encore une séance de filtrage qui me fait perdre un temps fou. Aujourd'hui je fais tout sauf marcher.
En traversant un chemin carrossable, je vois 2 voitures garées. Une dame et 2 Messieurs discutent. Quand j'arrive à leur niveau, je vois sur le sol des fusils à lunette et des cibles. Ils sont venus s'entraîner sur le CDT. Je trouve cela très particulier. Je leur demande si la chasse aux hikers est ouverte. Nous échangeons des plaisanteries sur le sujet. En fait, ils n'ont aucune idée ce qu'est le CDT... En leur expliquant, ils me prennent pour un malade. Nous voici sur un pied d'égalité.
Je n'ai fait que 9 km mais il est 18h. Il fait nuit dans 2h. J'installe ma tente qui est encore trempée des dernières intempéries. Je viens de faire ma plus petite journée depuis que je suis sur le CDT...
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