dimanche 10 juillet 2022

9 juillet - Les Houches - Les Contamines

La nuit a été courte. Les tentes les unes sur les autres dans ce mini camping ont eu le même effet que de dormir en refuge. Je me suis endormi lorsque les derniers se sont couchés et je me suis réveillé quand les premiers se sont levés. Je préfère vraiment les bivouac sauvages au milieu de nulle part comme je les pratiquaient dans les Pyrénées. Mais ici les étapes sont si longues que je n'envisage pas de faire plus pour tenter de trouver un bivouac. Et il y a tellement de monde que c'est impossible de prendre le risque de trouver un emplacement miraculeusement vide.

Ce matin j'ai un gros dilemme. Soit je prends l'itinéraire "d'en bas" qui suit une route goudronnée soit l'itinéraire "d'en haut" plus sauvage. La différence majeure se situe dans 500 m de dénivelé supplémentaire à monter et à descendre et 2 cols supplémentaires à passer. Vu ma nuit et mon état, il serait bien plus prudent de passer en bas. J'ai aussi un problème de rendez-vous qui ne me permet que de prendre un seul jour de repos sur l'ensemble du voyage. C'est très peu et je dois me ménager si je veux éviter l'abandon.

Ceci étant dit, je ne peux pas suivre une route goudronnée avec les montagnes qui m'entourent. Il y a aussi le tramway du Mont Blanc qui déverse des flots de touristes au pied du sommet. Ceux-ci ne devrait pas prendre la haute route. Bref je vais passer par en haut même si je sais que je fais une grosse bêtise. On se refait pas.

Je suis cueilli à la sortie de ma tente par Birdie qui me propose une tasse de café. Je suis un peu dans le pâté alors que elle est douchée et prête à partir. Elle n'a quasiment pas dormie mais elle veut en découdre. Quand je lui explique mon plan, elle décide de me suivre. 1500 m de montée et 1345 m de descente après la journée d'hier. Nous sommes tous aussi fêlés les uns que les autres.

Je dis au revoir à Michel qui reste pour attendre sa fille qui arrivera ce soir. Ils doivent marcher 3 jours ensemble puis Michel reprendra son périple seul vers Menton. Peut être pourra-t-il nous rejoindre. Peut être pas. Ça n'a pas vraiment d'importance. C'est vie du trail. On vit des moments intenses un jour et on se quitte le lendemain. Comme on fait avec un ami ou un membre de la famille.

Pour commencer, nous montons au Col de Voza à1650 m sous les piliers d'un télésiège. C'est très très raide sur un large chemin de poussière grise. En quelques minutes je suis couvert de sueur. Après 2h à un rythme d'enfer,  nous arrivons au Col ou arrive le Tramway du Mont Blanc. Les touristes sont assis bien gentiment et regardent les marcheurs transpirants qui arrivent au col. Deux mondes qui se côtoient sans pouvoir se comprendre.


Je laisse Birdie qui décide de faire sécher sa tente pendant que je m'attaque à la  2eme difficulté : le Col de Tricot à 2120 m.

Le sentier suit d'abord la voie de chemin de fer qui monte raide vers le Mont Blanc. Le panorama permet de voir ce qui m'attend. Le chemin passe sous un magnifique glacier.
Sur un replat, je vois des dizaines de marcheurs qui descendent d'un sentier à gauche. Il y a visiblement des hôtels juste au dessus. Et nous voici à la queue leu leu. Le sentier est littéralement bondé de randonneurs. Bienvenue sur le Tour du Mont Blanc.

Il faut faire la queue dans les passages difficiles. On se dirait dans les Calanques de Cassis un dimanche.
Ceci n'empêche pas la difficulté et les personnes peu entraînées ou en mauvaise condition physique passent un sale quart d'heure.

On ne peut pas dire que je sois à la fête non plus car j'ai horreur de ce carnaval. Le pire est les 3 hélicoptères qui tournent sans cesse au dessus du glacier - et de nos têtes - pour les touristes fortunées. Le bruit est insupportable  En final même si le paysage est superbe, j'aimerai mieux être ailleurs.
Le col du Tricot. Je suis seul au monde... enfin presque 

Au col du Tricot, je retrouve Arnaud que j'ai croisé quelques jours auparavant. Il traine un sac bien trop gros mais sa spécialité est le vélo. Il vient de faire 12 000 km à travers l'Europe et on voit bien que c'était le vélo qui portait le matériel. Maintenant qu'il l'a dans dos c'est plus compliqué. Nous sommes bientôt rejoint par Birdie qui a bien carburé après son séchage.

Nous descendons ensemble en direction du Chalets de Miage à 1550 m qui fait refuge et restaurant.
La descente est pire que la montée. On ne voit qu'une longue file sans discontinuer de personnes qui avancent chacune à leur rythme. Ça se double, ça bouchonne... On se dirait au moment des soldes dans un supermarché. 

Arrivé au refuge, le serveur nous demande si nous avons une réservation. Du jamais vu dans un refuge. Heureusement une petite table est libre. 
Arnaud et Birdie

Le garçon est sympa et l'omelette fromage lardons pommes de terre absolument monstrueuse. Elle ne touche évidemment pas terre et la vue sur le 2eme glacier qui surplombe le refuge est magique.

Après le repas, nous pouvons attaquer la dernière grimpette du jour pour les Chalets du Truc - ça ne s'invente pas - à 1720 m. Toujours autant de monde mais tant que nous serons sur le Tour du Mont Blanc, nous vivrons l'enfer. Heureusement il ne reste plus que demain comme portion commune. Tous les marcheurs du GR5 mangent leurs freins.

Nous descendons alors aux Condamines Montjoie qui est la fin officielle de l'étape.
Le groupe qui nous précède à l'arrivée est attendu par un mini bus climatisé et on distribue à volonté des bières fraîches à ces randonneurs bien fatigués même sans sac à dos. Hike your own hike.

J'ai repéré un lieu de bivouac à 1 h de marche des Condamines. Mais je dois ravitailler et je propose de prendre une bière pendant que je fais mes emplettes. Contrairement aux Houches, les Condamines sont très orientées randonneurs. On y trouve tout ce qu'un randonneur peut rêver. Magasins de sport, boucherie, boulangerie, fromagerie, plusieurs épiceries et des bars avec terrasse... Prendre une bière après une journée de marche alors qu'elle n'est pas finie n'est pas l'idée du siècle. Surtout quand la bière en question fait 8.4 degré comme nous l'apprend le serveur qui nous a vendu une bière locale.

C'est donc très joyeux et plein d'allant que nous partons vers le lieu que j'ai repéré. Je ne suis pas complétement serein parce que je ne voudrais pas rajouter des km inutiles à une journée particulièrement chargée.

Lorsque nous arrivons, le lieu est idéal. Il y une jolie petite chapelle ouverte avec de la musique liturgique. Une fontaine d'eau, des poubelles et des tables de pique-nique agrémentent le gazon qui coule le long d'une jolie rivière. Le marchand de glace installé juste après le pont de bois qui permet l'accès à la chapelle nous dit que nous pouvons nous installer sans problème pour la nuit. Pas besoin de nous le dire 2 fois. Birdie s'installe dans la chapelle pour écrire son blog pendant que Arnaud et moi discutons avec 2 autres marcheurs des Vosges qui montent eux aussi leur tente.

Après un lavage bien nécessaire dans la rivière, un bon repas couscous sauce tomate- le classique du marcheur -, une discussion entre randonneurs fatigués, il est temps d'aller se coucher.
















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