Ce matin, je dois descendre vers le village de Château-Queyras. Et la pente est raide. Pour mes muscles encore endoloris de la veille, c'est une épreuve. J'aime pas les descentes et plus encore en tout début de journée.
Le château qui donne son nom au village est vraiment splendide. J'aimerais le visiter mais mon timing serré ne me le permet pas. De toute façon, il est fermé à 8h du matin.
Le village lui même a gardé son cachet. Le plus gros magasin du village est une laverie qui a gardé son enseigne des années 1800. Des piles de draps montent jusqu'au plafond. Visiblement elle travaille pour tous les hôtels des environs. 3 femmes s'activent au milieu de la vapeur depuis 6h du matin comme me l'indique une pancarte à l'entrée.
Maintenant que je suis descendu de 600 m, le programme est de remonter de 800 m jusqu'au Col du Fromage - ça ne s'invente pas - à 2301 m pendant 9 km.
Autrement dit, ça va être long et me prendre le reste de la matinée. Le plus terrible pour moi est de me retrouver dans le tunnel vert, c'est à dire sous les arbres sans aucune visibilité des montagnes environnantes.
Le bois de la Roue
Ce genre de situation me laisse du temps pour penser. Je n'arrête pas de faire des parallèles entre marcher et la vraie vie. On se lève le matin, on se prépare, on met son sac à dos et on marche. Comme on va au travail. Et un jour la marche s'arrête parce qu'on arrive au but. Et un jour la retraite arrive et on arrête de travailler... Et après qu'est-ce qu'on fait ? Un autre trail ? Un autre travail ? On a besoin de remplir notre vie de plein d'activités pour se sentir vivant. Des drogués de choses à faire.
Hier soir, j'ai parlé à Florent que j'avais rencontré sur la HRP et qui attaque le GR5 maintenant. Il voulait des infos. Au moment de raccrocher, il m'a dit : quel est le trail que tu vas faire l'année prochaine ? C'est complètement fou cette question alors que celui de cette année est loin d'être fini. Un trail chasse l'autre. Une activité en chasse une autre. Le pire c'est que je suis le premier à ne pas savoir rien faire. Soit je fais soit je planifie... Bref encore une fois les questions tournent dans ma tête sans avoir de réponse.
Une chose est sûre, la difficulté du trek exacerbe mes sens et mes sensations. Je revis des moments de mon enfance qui remontent à la surface sans que je comprenne comment. C'est agréable mais aussi très nostalgique car toutes ces personnes auxquelles je pense sont mortes. Je n'ai pas assez profité d'elles et de leurs amours. J'étais bien trop occupé avec des choses à faire...
Avant que je sois totalement devenu fou avec les pensées, j'arrive en dessous du Col et la vue se dégage enfin.
J'en profite pour manger un bout avant de sortir complètement de la forêt. Le soleil est de plomb.
Je passe le col. Il me reste 700 m à dégringoler pour arriver à Ceillac.
J'y suis à 14h pour constater que l'épicerie Proxie et la boulangerie sont fermés et n'ouvrent qu'à 15h45. Encore un horaire débile alors que la ville grouille de randonneurs.
Assis sur des bancs, ils attendent tous de pouvoir ravitailler et moi le 1er. J'ai bien la tentation de partir mais en principe il n'y a plus de ravitaillement pendant 3 jours. Ça ne va pas le faire avec ce qu'il me reste. A 15h45, nous sommes une dizaine à attendre l'ouverture. L'épicier n'a même pas le temps d'éclairer son magasin que c'est la ruée. Il n'y a malheureusement pas grand chose d'adapté à la randonnée. Je vais encore manger du couscous :-(
Vu l'heure à cause de l'épicerie, je devrai m'arrêter là et aller au camping. Mais j'ai repéré le Lac Miroir à 5 km de marche et je ne vais pas rater l'occasion de faire un bivouac. Et me voilà reparti pour 600 m de montée. Bizarrement je suis très en forme. Mais il faut dire que j'ai été obligé de m'arrêter 2h. J'arrive donc au lac Miroir qui n'est que l'ombre de lui même. Il a réduit de moitié du fait du manque d'eau et les roseaux en ont profité pour proliférer.
Ça reste un très bel endroit et je m'installe au dessus du lac face aux montagnes. Encore un endroit magique.
Comme hier soir, un orage éclate pour laisser tomber quelques gouttes d'eau. Ça va juste empêcher la chemise de sécher correctement...
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RépondreSupprimerAh la la, j'ai été aussi prise avec des choses à faire et j'ai négligé de te lire :-( La retraite c'est le début des choses à faire sans trop d'obligations ... et surtout sans contrainte de temps ... moi j'ai trop hâte !
RépondreSupprimerTu es toute pardonnée ! Mais si ma plus fidèle lectrice me lâche, c'est la fin :-) Ne t'inquiète pas, je t'aime toujours ;-)
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