C'est un peu tôt car le petit déj sera servi à 7h. J'essaie de faire trainer mais il est 6h30 alors que je suis prêt à partir.
Le groupe d'une trentaine de personnes âgées arrivé hier soir après moi et qui ont occupé tout le refuge sont eux aussi déjà réveillées. Visiblement ils veulent manger.
Dès que les portes du réfectoire s'ouvrent, c'est la ruée et surtout la curée. On dirait que leur vie en dépend. Le gâteau et le café disparaissent en quelques secondes engloutis par la horde sauvage.
Je me bas pour récupérer un morceau de pain avant qu'il n'y est plus rien. Georges en bon anglais de essaye de faire la queue mais les vieux n'ont pas l'intention de le laisser passer. C'est vraiment pathétique ce comportement d'école primaire.
Personnellement je laisse tomber, je me promets de ne plus jamais prendre de petits dej dans les refuges. Je paye, dis au revoir à Arnaud et Georges et prends la route pour profiter de la montagne avec que les groupes ne l'envahissent.
Aujourd'hui je quitte le GR5 pour prendre le GR55 en alternative. Il est plus spectaculaire car il passe par les hauts sommets de la Vanoise et quelques glaciers sont au programme. On l'appelle la route haute. J'espère qu'il y aura moins de monde puisque la majorité des gens restent sur le GR5.
Je refais le chemin d'hier soir pour attraper la bifurcation vers le GR55 et je vois un randonneur qui vient dans ma direction. C'est assez étonnant un marcheur aussi matinal mais c'est encore plus surprenant quand je m'aperçois qu'il s'agit de Michel. Il m'explique qu'il a fait 3000 m de dénivelé positif hier et qu'il a dormi au Refuge de la Leisse qui est à plus de 2h. Il va prendre le petit déj au refuge que je viens de quitter. Je suis vraiment étonné par sa performance pour quelqu'un qui a l'âge de la retraite mais il est vrai qu'il m'a dit qu'il fait des marathons chaque année. Bref il a méchamment la pêche et il monte en puissance avec les jours qui passent. Tout l'inverse de moi !
Il reste lui aussi sur le GR5E donc il y a peu de chance que je le revois surtout à la vitesse où il avance.
En conclusion, je vais retourner à ma vie de solitaire ce qui est loin de me traumatiser.
La route haute porte bien son nom et la journée commence par une grimpette au col de la Vanoise à 2517 m.
Le GR5 suit la rivière en bas et moi je monte et ce n'est pas fini !
Je croise de plus en plus de monde car sur le col se trouve le refuge du même nom. Celui-ci a un cadre magnifique face à un glacier.
Le col passe la descente est aussi raide que la montée.
La population augmente de façon exponentielle. Je réalise que nous sommes le 14 juillet alors que je vis un épisode identique à celui du Tour du Mont Blanc.
Je finis par rejoindre le Refuge les Barmettes à 2010 m pour comprendre pourquoi il y autant de monde. Le télésiège fonctionne à plein régime et déverse un flot continuel de touristes qui veulent aller au Col de la Vanoise. La montagne à la portée de tous sans trop se fatiguer. Pour ma part, je pense que la montagne se mérite un minimum en utilisant ses jambes et que la surfréquentation n'amène rien de bon.
Le refuge n'a de refuge que le nom car il s'agit plutôt d'un restaurant de station avec transats au soleil et serveurs hyper speeds.
Je continue ma descente vers Pralognan qui est évidemment une station de ski. Sur le trajet, je m'arrête à un restaurant manger une salade. Je sais que ce n'est pas très nourrissant mais il n'y a pas de légumes dans les refuges. J'en profite pour téléphoner à Anne pour avoir des nouvelles de la maison. Il y a toujours du réseau dans les stations de ski.
Je finis ma descente et ne m'arrête pas à Pralognan même si le village a gardé un minimum de cachet. Je veux retourner dans la montagne qui me fait face.
L'objectif du jour est d'atteindre le refuge du Roc de la Pêche. Une route goudronnée que je suis depuis un moment mène à un parking à ses pieds. Un peu inquiètant..Un dernier effort et j'y arrive à 16h30.
Bilan de la journée : 24 km, 950 m de montée et 1250 m de descente dans une chaleur de tous les diables.
Au refuge, qui ressemble plus à un hôtel qu'autre chose, je demande confiant de bivouaquer pour la nuit. On me répond que ce n'est pas autorisé à ce refuge. Je suis vraiment dans de sales draps. A cause de cette histoire de parc national qui interdit le bivouac, je dois poursuivre jusqu'au prochain refuge en espérant qu'on m'accepte. La serveuse à mon air dépité m'explique que par contre les 3 toits rouge que je vois au loin au fond de la vallée propose du bivouac. Me voilà sauvé même si je dois encore marcher un bon bout.
J'arrive à l'Alpage de Ritord et ses bâtiments dont 3 en toit rouge. C'est une grosse ferme visiblement tenue par des jeunes plutôt cools - voire babas cools - qui élèvent leurs vaches et fabriquent leur fromage. Il n'y a aucun problème pour bivouaquer chez eux à condition de le faire de l'autre côté de la rivière qui est la limite du parc. J'achète un peu de Tome de Savoie pour les remercier de leur hospitalité et m'installe en dehors du parc. La rivière est constituée par l'eau de fonte du glacier que je vois au bout de la vallée. Elle est non seulement très froide - ça pique un peu pour le lavage - mais aussi laiteuse car elle transporte des sédiments du glacier - pas idéal à boire même traitée.
Mais bon c'est un bel endroit et je suis bien tout seul loin de la ferme. Je fais ma popote et vais me coucher tôt pour récupérer de mes émotions.
DanP a probablement eu le même flashback que moi en lisant ton expérience du petit-déjeuner… c’est exactement comme une gang d’agents de voyage quand on sort le buffef 🙃
RépondreSupprimerBen ce n'est pas très glorieux pour la profession !!! Maintenant je ne travaille plus qu'avec des hôteliers et ils sont de l'autre côté de la barrière en train de nourrir les monstres :-)
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