Il faut vivre ce moment dans ce paysage grandiose pour comprendre pourquoi le randonneur accepte autant de moments de souffrance entre montées de compétition et descente vertigineuses.
Des moments de doute, il y en a toujours, comme ce matin où je sais que le programme est de 1800 m de montée.
En plus je me suis mélangé les pinceaux et je me suis levé à 5h au lieu de 6. C'est la lumière du jour et le bruit de véhicules dans le camping qui ont eu raison de ma nuit. Il va falloir que je dorme pour récupérer sinon je n'irai pas au bout.
Geertje - c'est le prénom de la hollandaise m'a gentiment proposé de marcher avec elle et Michel. J'ai évidemment refusé et c'est seul que je remonte le lit de la rivière. Seul un pêcheur à la mouche est aussi matinal que nous et taquine le poisson. Son regard illuminé de bonheur montre qu'il n'est pas si difficile de trouver sa voie.
Pour l'instant ma voie est le chemin qui longe la rivière. Ça commence doucement mais je sais que quand ça va commencer à grimper ça sera du sérieux.
Je croise Geertje qui a décidé de s'arrêter au soleil pour faire sécher sa tente alors que Michel a taillé la route. Elle parle comme un moulin à vent. Je crois qu'elle est contente de croiser quelqu'un qui parle anglais car depuis 2 mois elle n'a pas pu beaucoup communiqué avec grand monde. L'anglais n'est pas franchement pratiqué par les français.
Je la laisse à son séchage et continue ma route. Le GR bifurque dans la forêt et s'engage dans un canyon étroit. Avec les rayons du soleil qui arrivent enfin l'endroit est littéralement magique. Je m'attends à tout moment à avoir Merlin l'enchanteur qui jaillit devant moi.
Au lieu de cela c'est une succession d'échelles qui montre que les choses se corsent pour mon plus grand bonheur.
Les gorges de Tignes
L'élévation commence raide et alors que je profite des falaises qui nous entourent, le GR s'arrête brusquement. D'après l'écriteau qui barre le chemin, les arbres sont malades et risquent à tout moment de tomber sur le passage. J'ai déjà bien galéré aux USA à jouer à saute mouton au dessus de troncs énormes et je ne suis pas tente de refaire la même chose aujourd'hui. Je suis donc ma déviation qui me ramène dans le lit de la rivière. Ce n'est pas grave j'ai déjà eu une belle vision du canyon.
Une des spécificités de la journée est aussi de croiser une succession de magnifiques cascades particulièrement impressionnantes.
Elles se méritent car non seulement il faut grimper pour les atteindre mais il faut aussi passer au dessus pour continuer sa route.
Entre deux cascades, le torrent fait un bruit de tous les diables à cause de la vitesse de l'eau dans une pente aussi forte.
Le paysage est vraiment sublime aujourd'hui et aide à passer la succession de montées aussi éprouvantes les unes que les autres.
Et l'effort est toujours bien récompensé.
Cascade de Sauffaz
Je suis rejoint par Geertje dont je n'arrive toujours pas à prononcer le prénom. Je décide de lui donner un trail name pour nous faciliter la vie
Comme elle n'arrête pas de me parler des oiseaux qui chantent ça sera Birdie. Elle est d'accord. Voila une bonne chose de faite.
Néanmoins il ne faut pas oublier qu'il y a un col au dessus de nous. Il s'agit du Collet d’Anterne à 1796 m. J'avoue que nous n'avons pas cesser de grimper depuis ce matin et que je commence sérieusement à manquer d'énergie. Birdie malgré se 60 printemps monte comme un cabri et me laisse sur place. Faut dire que depuis 2 mois elle a eu le temps de s'affûter, contrairement à moi qui pédale dans la semoule depuis 4 jours.
Au col nous retrouvons Michel qui est bien décidé à aller manger au refuge d'Anterne à 30 minutes de marche. Ça sera sans moi qui est besoin de prendre un en-cas alors qu'il est déjà 12h30.
Je mange rapidement et décide de les rejoindre. En fait je change de tactique concernant la nourriture. Je vais essayer au maximum de recourir aux refuges qui pullulent dans les Alpes. Ceci va m'éviter de traîner tout un stock de nourriture. Dormir ne m'intéresse et de plus les refuges sont totalement bondés même si je le voulais.
Le refuge d'Anterne est perdu dans une plaine entre 2 cols. C'est encore un Tibétain qui le tien. En fait c'est la pénurie de personnel qui a fait recourir à ces personnes qui ne demandent qu'à travailler durant la saison.
Le gardien élève des poules et les omelettes sont justes fabuleuses.
Le refuge d'Anterne
Nous prenons notre temps surtout Birdie qui joue avec les poules et les épluchures du Melon que Michel a traîné jusqu'ici. Je ne sais pas qui lequel des 2 a le plus un grain...
Il nous reste 2 cols à franchir pour finir la journée. J'avoue que j'ai un peu de mal à finir cette journée. Mais encore une fois je suis bien récompensé.
J'ai droit à un magnifique lac après le premier col.
Lac d'Anterne
Et d'une vue sur le Mont Blanc dans les nuages juste après le Col d’Anterne à 2257m.
Le Mont Blanc
Il ne nous reste plus qu'à descendre au refuge ou l'accueil est digne des refuges français. Ils ne savent pas si nous pourrons manger et nous devons revenir à 18h30 discuter avec le chef pour savoir s'il est d'accord. J'hallucine. Un polonais qui voit ma réaction éclate de rire et m'explique qu'il a marché partout en Europe mais qu'il y a seulement en France que les refuges sont aussi désagréable. En Italie ou en Espagne, les gens font leur maximum pour vous faire plaisir mais en France il faut se mettre à genoux pour obtenir quelque chose. Non seulement je ne suis pas fier mais ça me rend encore plus furieux.
Birdie part faire du charme et nous avons droit à 3 assiettes de pâtes. Cela ne nous empêche pas de passer une bonne soirée.
Nous quittons le refuge pour chercher un endroit où bivouaquer. Ça sera auprès d'une grange ou je plante ma tente alors que les autres décident de dormir à l'intérieur d'une propreté discutable.
Finalement ... je peux laisser un commentaire! Une histoire de cookie ... Bon la Nemo, il faut que tu fasses attention, en te lisant j'entendais notre amie commune, AC, dire: "pourquoi Birdie a réussi au charme et non pas avec son intelligence" ... tu t'attires des noises ;-)
RépondreSupprimerElle a réussi avec son charme parce que c'est une femme intelligente qui sait utiliser la bêtise des gardiens de refuge et encore plus des cuisiniers. Mais le résultat est là et ce n'est pas grâce à moi !
Supprimer