samedi 31 juillet 2021

En route pour Salardu

Je n'ai pas eu besoin d'attendre très longtemps pour tester l'étanchéité de ma tente. Hier soir, j'étais comme un enfant profitant des lacs, émerveillé par les montagnes tout autour de moi, ébloui par le coucher du soleil. J'ai mangé en regardant le vent chasser les nuages. Certains se dissimulaient derrière les montagnes, essayant incidieusement de se glisser par dessus les crêtes, d'autres remontaient depuis la vallée essayant de passer le col. A chaque fois, le vent les attrapait dès qu'ils montraient le bout de leur nez et les envoyer valdinguer d'où ils venaient. Pas un n'a réussi à passer.

Je suis couché confiant en ayant passé une excellente soirée et en me disant que le spectacle des montagnes mêlées aux lacs seraient encore plus fabuleux au réveil.

Malheureusement dans la nuit, mon ami le vent est parti vers d'autres cirques. Les nuages tapis dans l'ombre ont profité de son départ pour prendre sa place. Et pas des gentils de nuages ! Ils ont fait venir leur pote le tonnerre avec ses frères les éclairs et le grand randam a recommencé. 

Bien sûr j'ai eu peur d'une attaque de grêlons mais pas plus que ça. Surtout que très rapidement c'est un déluge d'eau qui est tombé. J'ai bien vérifié ma tente. Pas de fuite. J'étais bien calé dans mon duvet et j'ai attendu que ça passe. Après tout un orage ne dure jamais longtemps en montagne. Sauf que ça a duré et toute la nuit. Avec plus ou moins d'intensité mais cela fait beaucoup d'eau en final.

A 6h je me suis dit que je n'étais pas pressé et que j'allais attendre 1h que ça cesse. A 7h pareil. A 8h je me suis dit que j'allais passer la journée là et qu'il fallait que je bouge. Oui j'allais marcher sous la pluie, que ce n'était ni la première ni la dernière fois. C'est quand j'ai bougé pour mettre mon plan à exécution que j'ai vu l'ampleur des dégâts. La tente était remplie d'eau comme une baignoire. Et pas à cause du tapis de sol mais parce que l'endroit où j'avais mis ma tente se transformait en lac. Même mes sardines n'était plus visible sous l'eau. Je dors sur un matelas donc je n'ai pas senti l'eau monter. 

Il fallait donc que je parte au plus tôt pour sauver mon duvet avant que le niveau ne soit trop haut. Dehors il tombait toujours des cordes. J'ai tout préparé. Il ne restait que la tente à plier et ranger pour démarrer la journée. Mon ange gardien toujours aux aguets m'envoie une accalmie pour que je puisse faire mon sac et partir dans de bonnes conditions. Vraiment il aura bien assuré son service sur la HRP.

Au sujet de la HRP, je décide de la laisser tomber pour retourner sur le GR. Je ne suis pas partant pour une séance aventure dans les nuages et sous la pluie. Mon idée est de me rendre directement à la ville de Salardu par le chemin le plus direct. Mais ça fait 27km et je ne connais pas le dénivelé pour m'y rendre. Je me doute bien que je n'y arriverai pas mais il faut bien que je le tente.

Je refais le chemin de la veille à l'envers pour retourner sur le GR. Je regrette de laisser les lacs mais je ne vais rien voir si je continue le HRP. D'ailleurs je croise des HRPistes dans les 2 sens. Ils se sont tous répliés sur le GR et cherchent désespérément un refuge où passer la nuit. Il paraît qu'on est Samedi et que tous les lits sont réservés depuis des semaines. Je ne suis pas sûr que les randonneurs du weekend vont venir vu la météo mais les refuges n'acceptent personne. Personnellement je n'irai pas dans un refuge mais personne ne croit à mon plan de faire 27 km sous la pluie.

Effectivement ça s'annonce très mal. Il ne pleut pas continuellement mais les accalmies sont rares. Comme à chaque fois, les nuages s'écrasent sur les montagnes et l'on y voit rien. Il a vraiment beaucoup plu. Les sentiers sont soit des marécages soit des rivières. Chaque pas est une roulette russe pour ne pas glisser. Les arbres dégoulinent d'eau et traverser des hautes herbes ou des buissons vous trempent copieusement.

Le GR est bien technique entre les pierriers et les racines d'arbres. En plus il descend pour ensuite remonter à la verticale vers le refuge. Ce n'était pas le cas du HRP qui restait à niveau. Je me demande si je n'ai pas fait une bêtise avec ce GR... Lorsque j'arrive au refuge je vois 4 hikers en train de discuter dehors sous le auvent. Je décide de ne pas m'arrêter alors qu'il est midi. Mais je n'ai fait que 7 km dans la matinée. Si je m'arrête, je ne repars plus. Je fais un signe de la main et je continue.
Le barrage sur lequel on marche avant d'arriver au refuge de la Restanca. A droite l'eau, à gauche le vide mais effectivement on ne voit rien...

J'ai 800 m à grimper et derrière 1500 m à descendre tout ça en 20 km pour Salardu. A la vitesse où j'avance c'est infaisable mais je m'élance. Pluie, vent, grêlons. Rien ne m'est épargné. C'est dur mais je suis lancé et les kilomètres défilent au gré des intempéries. Physiquement ce n'est pas difficile puisque j'avance très lentement mais il faut vraiment regarder chacun de ses pas. J'ai mis un roman québécois en livre audio "Taqawan" de Éric Plamondon. Très enrichissant sur la politique canadienne des années 70 et sur les problèmes avec les premières nations. 

Avec tout ça je passe 2 cols dont le dernier sous un déluge de grêlons. Heureusement que j'ai un parapluie pour le protéger car les impacts sont douloureux.

Je passe devant un autre refuge que j'ignore tout autant que le premier et descend dans la vallée. Je n'ai pas vu grand chose des paysages de la journée qui paraît il sont à voir. Dame nature en a décidé autrement. 

J'arrive sur un chemin carrossable. Le HRP veut me renvoyer dans la boue et la forêt alors que le chemin carrossable est parallèle. Il me reste 10 km pour Salardu. Je regarde ma montre, il est 18h30. Je ne serai pas à Salardu avant 21h. Il est Samedi et je ne suis pas sûr de trouver un hôtel. En suivant la route carrossable, je tombe sur une zone à pique nique aménagée avec table, herbe coupée et source d'eau. Bien évidemment le site est désert vu les conditions climatiques. Le tonnerre gronde de plus en plus fort et je décide de ne pas faire le malin. Alors que je plante la tente, le ciel me tombe à nouveau sur la tête. Nouvelle pluie de grêlons suivi de trombes d'eau. Je me réfugie sous la tente encore trempée d'avoir servi de baignoiree ce matin. Je n'en sortirai plus avant demain matin pour faire les 10 km restants. Je fais ma popote et me glisse rapidement dans mon duvet pour avoir moins froid. Mais avec l'humidité ambiante, la nuit ne sera pas des plus agréable...

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