lundi 12 juillet 2021

Walking in the rain

Ce matin c'est le bruit de la pluie sur les volets qui m'a réveillé. Il est 6h. Pile poil comme il faut car le jour se lève. La pluie était prévue au programme donc je ne suis pas surpris. Par contre le vent qui l'accompagne un peu moins...

Mon hôtesse voulait absolument que je prenne le petit déjeuner au gîte pour me faire goûter les spécialités basques. Elle est adorable mais elle ne sert qu'à partir de 8h30. Cet horaire ne colle pas avec celui du marcheur... Donc porridge dans la chambre en regardant la pluie dehors.

Je prépare mon sac et mes affaires de marche en fonction de la météo. Cette année j'ai innové en ne prenant pas de sursac imperméable. Étant donné que j'utilise des sacs imperméable pour compartimenter mes affaires, ce n'est pas grave si mon sac à dos se mouille. De toute façon, il finit toujours mouillé... J'espère que je ne le regretterais pas. Tout ça pour enlever quelques grammes !
J'enfile mes affaires de pluie. Mon parapluie à la main, je vais saluer mon hôtesse qui travaille à son petit déjeuner. J'ai du mal à la reconnaître. Hier elle avait les cheveux tirés dans un catogan et aujourd'hui elle a les cheveux lâchés avec de grosses lunettes de myopes. On voit que les clients ne sont pas encore là.

Dehors c'est bien comme je l'imaginais et entre le vent et la pluie je me dis que la journée va être difficile. En fait c'est pas tant d'être mouillé qui me gêne. C'est plus la vue totalement bouchée qui me frustre. Je sais aussi qu'il va être très difficile de trouver un spot pour manger qui ne soit pas gorgé d'eau. En plus, à un moment où un autre je vais grelotter de froid. D'ailleurs c'est toujours en s'arrêtant pour manger.

En résumé, je ne suis pas un grand fan de la pluie et j'imagine mal comment je vais vivre les 4 prochains jours. En réalité, même si nous sommes dans le Sud (le Sud Ouest : l'autre Sud mais le Sud quand même) la pluie basque est très similaire à ce qu'on peut trouver dans les pays du Nord comme l'Angleterre. Il y a beaucoup de crachins entrecoupés soit de grosses pluies soit d'accalmies. En final, on est trempé, on séche un peu et on recommence. Donc c'est largement supportable tant que le vent n'est pas de la partie.

Depuis hier je vois des espèces de petites cabanes sans toit alignées régulièrement le long du sentier. La plupart semble complètement abandonné mais certaines sont bien entretenues.


Il y en a des dizaines et des dizaines plantés sur les crêtes à perte de vue.  Je ne comprenais pas de quoi il retournait jusqu'à ce matin oú j'ai vu une cartouche de fusil sur le sol de l'une d'elle. Il s'agit de palombières ! C'est totalement dingue. Si chaque cabane abrite un chasseur, c'est un génocide de palombes assurée. Je pensais que la pratique était interdite mais il semble qu'elle subsiste encore. Je tombe même sur une palombière maçonnée qui grimpe au ciel... Que d'énergie pour tuer des oiseaux !


Aujourd'hui nous fusionnons avec le GR 11. Je ne croise quasi personne sauf mes 3 allemands d'hier qui ont planté leur tente sur une surface planne. Visiblement il se sont envoyés 5 kms de plus pour enfin trouver un spot. J'espère que ça ne sera pas la même galère dans la haute montagne. Je compte sur les pourtours des lacs des Pyrénées pour m'éviter les refuges. 

Lorsque le temps se dégage, j'arrive à voir les vallées basques de toute beauté. C'est très vert et aujourd'hui me donne une idée du pourquoi. 


Je vois mon 1er vautour qui est très intrigué de ma présence. J'ai droit à un petit rase motte qui me laisse voir l'envergure de la bête. C'est un beau bébé d'au moins 2 mètres d'un bout de l'aile à l'autre. Aucune envie qu'il me tombe sur le dos en me prenant pour un lapin. Visiblement il est moins bigleux que mon hôtesse de ce matin et il reprend de l'altitude ayant assouvi sa curiosité.


Le trail est plutôt agréable aujourd'hui si ce n'était le vent qui fait varier la température aidé par l'alternance des montées et des descentes. J'avance plutôt bien. A ce rythme, je vais vite boucler les 20 km de cette étape. A cause de la pluie j'ai réservé des hébergements pour les 3 prochains jours. Je commence à penser que mes étapes sont trop courtes et que je risque de passer pas mal de temps à traîner à l'hôtel plutôt qu'à marcher...

Il ne me reste que 8 km et il est midi. Si j'accélère je pourrai déjeuner en ville. Mais que vais je faire de mon après midi... Je décide donc de m'installer dans un bosquet d'arbres sous la crête pour faire ma tambouille à l'abri du vent. Un ramen et un café plus tard, me voici prêt à repartir. La pluie et le vent aussi et nous voilà tous les 3 dans un petit sentier boueux et envahi par les genêts. Donc ça mouille et  ça pique. Juste après manger, le vent me fait grelotter de froid. Redémarrage difficile ! 

Des pottoks barrent le passage. Ils ont visiblement peur de moi et ne savent que suivre le sentier pour m'éviter. Nous voilà donc à la queue leu leu et je sens qu'ils paniquent de plus en plus. Ils sont mignons mais aussi bêtes que des vaches. Heureusement, le cheval de tête décide de partir dans la pente. Les autres suivent et me laissent enfin poursuivre ma route. Je ne savais pas que le pottok était aussi peureux.

Mon GPS m'indique que j'ai raté une bifurcation. Ce n'est pas bien grave puisque le chemin oú je suis rejoint celui que je devais prendre. Juste après la reprise post repas, la HRP a quitté le GR11 ce qui explique que les sentiers sont bien moins évidents.

Alors que je rejoins le chemin manqué, juste derrière moi se retrouve une jeune femme. Le moment de surprise passé, Laura m'explique qu'elle est allemande et qu'elle fait elle aussi la HRP. Elle voyage seule et ne compte plus tous les trails à son palmarès. A 28 ans, elle a même fait le Te Araroa. Visiblement ce trail me poursuit.

Je suis content d'être tombé sur elle car nous devons manger un peu de goudron pour arriver au village où je vais passer la nuit. Comme tous les marcheurs, et elle n'y échappe pas, nous détestons le goudron. C'est donc plus facile à 2 en papotant d'histoires de hikers. Le temps fuse et mon objectif de la journée est atteint avant que je m'en aperçoive.

Le village de cette nuit est minuscule, un peu tristounet sous la pluie. La pension oú je vais dormir est la propriété du bar. Je dois d'ailleurs appeler car le lundi est jour de fermeture. C'est aussi le cas du seul concurrent qui se trouve de l'autre côté de la place de l'église. Ils auraient pu décaler leur jour de fermeture mais la rentabilité n'est visiblement leur objectif premier.

Je ne boierai donc pas le coca de l'amitié avec Laura qui reprend son chemin. J'appelle la patronne du bar avec mon espagnol de pacotille et un garçon vient me chercher. Il m'ouvre la porte du bar et je suis plongé 50 ans en arrière. Le comptoir en bois massif est d'une longueur impressionnante. Il n'y a quasiment pas de table dans la salle qui est tout en longueur. Ici on boit au comptoir. Au fond de la salle se trouve des étagères avec toutes sortes de denrées et de produits ménagers car l'établissement doit faire épicerie. C'est très sombre et la propreté est approximative avec des miettes de pain sur les tables. J'ai vraiment l'impression d'être dans l'Espagne rurale de Franco. Après avoir payé ma chambre (28 € !), le garçon m'amène à la pension en face le bar. Une énorme porte en bois barre l'accès au bâtiment. Dès qu'on en franchit le pas, une phénoménale odeur de moisi me saute au visage. What you pay is what you get ;-) Les meubles datent des années 1900 mais le lieu est propre. C'est juste l'odeur de renfermé qui est omniprésente. J'ouvre en grand la fenêtre de ma chambre. L'odeur ne m'empêchera pas de passer une bonne nuit.

Il est 14h30 et j'ai fini ma journée. J'ai plein de temps pour laver mes affaires et m'occuper de mon blog ;-)

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