J’ai enfin décidé de ressortir Nemo du placard où je l’avais consciencieusement rangé en 2018. De retour après 6 mois de périple aux US, j’avais décidé de tourner la page et de passer à autre chose. Je ne voulais surtout pas devenir un « hiker trash » errant sans fin sur les trails. Donc pas de voyage au long court au programme de 2019.
Malgré cette ferme décision, j’ai enchaîné les randonnées : la Mauritanie en févier (quel pied le désert !), la Roumanie en juin (bien difficiles les Carpates !), l’Italie en juillet (grosse chaleur sur le GR) ! , la Réunion en août (magnifique !) et enfin une virée en moto en Patagonie en novembre (je retournerai marcher en Argentine !).
Il fallait bien que je me rende à l’évidence que j’enchaînais les virées de manière frénétique et que ce n’était pas normal. Je devais regarder les choses en face : j’avais besoin d’une bonne grosse dose d'aventure sans vouloir me l’avouer. On n’arrive pas à étancher sa soif en buvant avec un dé à coudre. Il fallait donc que j’y retourne encore une fois pour vérifier si j’étais devenu un junkie du trail juste irrécupérable ou si j’étais simplement prisonnier d’images et de souvenirs de ma première expérience. J’avais besoin de savoir s’il était possible de revivre ces sensations intenses de ma mon périple de marcheur au long cours. J’avais quand même un doute. « Never as good as the first time » comme dit la chanson. Si j’étais déçu en recommençant, je pourrai définitivement tourner la page.
Il n’était pas question de repartir 6 mois et de faire revivre une trop longue absence à mes proches. J’ai donc recherché un voyage de durée raisonnable que je pourrais faire pendant la période d’été qui est plus relax tant au niveau professionnel que personnel. J’ai jeté mon dévolu sur le Great Divide Trail (GDT) au Canada qui est un prolongement du CDT et qui me permettait de continuer à marcher sur la chaîne des Rocheuses sur 1200 km pendant 2 mois.
J’ai donc remis ça. J’ai épluché toutes les cartes, défini les tracés et surtout réservé tous mes permis pour dormir dans les parcs Canadiens (un vrai parcours du combattant !). J’ai même réservé tous les hôtels et auberges de jeunesse puisque le peu de villes dans les Rocheuses Canadiennes sont prises d’assaut durant l’été. Bref il ne me restait plus qu’à sauter dans un avion pour faire le GDT pendant l’été 2020.
Puis le Covid a fait son apparition. Au retour d’un voyage d’affaire à Montréal en février 2020, les frontières se sont fermées derrière moi. Au début j’ai pensé que cette histoire allait durer quelques semaines voire quelques mois. Puis la date du départ sur le GDT s’est approchée et il n’y avait aucun moyen de se rendre au Canada. La mort dans l’âme j’ai annulé toutes mes réservations que j’avais mis des semaines à obtenir. Fin du GDT sans même avoir commencé...
Comme nous avons été libérés durant l’été, je me suis jeté
sur le chemin des Bons Hommes qui traverse les Pyrénées dans le sens Nord Sud
depuis la France (Foix) jusqu’en Espagne. J’ai complété ce moment de liberté
entre 2 confinements avec une virée dans le Verdon début octobre que j’ai faite
en solo contrairement à toutes les autres depuis mon retour du CDT. C’était vraiment
bien ce trip en solo et j’ai adoré me retrouver face à moi même sur le chemin…
J’en ai conclus que l’accès au nirvana n’était pas lié avec la durée du voyage mais au fait d’être intensément seul au milieu de la nature. La marche en solo est le seul moment où je me déconnecte de tout et où je suis capable d’aller au plus profond de moi-même jusqu’à la méditation. Certains font du yoga et d’autres se perdent dans la nature en marchant. Dans la vie courante, mon esprit est toujours accaparé par des éléments extérieurs (mails, réseaux sociaux, streaming…) où des personnes qui m’entourent (et que j’aime ça n’a rien à voir). Le seul moment où je m’échappe de toutes ces incitations humaines et numériques est quand je marche seul au milieu de nulle part. Ma seule occupation est de rentrer en moi-même et je n’ai absolument aucune échappatoire pour accaparer mon esprit.
Penser c’est bien mais il faut quand même pimenter la
chose pour éviter la monotonie ou même de devenir fou à se regarder le nombril.
C’est là où la notion de challenge rentre en jeu… Parce que les montées d’adrénaline
permettent encore mieux d’entrer en soi et de se dépasser. D’où le besoin de trouver
des chemins un peu « techniques » pour sortir de sa zone de confort.
La difficulté en 2021 était de trouver un périple en France, le Covid empêchant d’envisager un voyage à l’étranger sans avoir de gros risques d’annulation. Les 2 grands classiques en France sont la Grande Traversée des Alpes (GTA) et la Haute Route Pyrénéennes (HRP). Suite au confinement, j’avais un peur d’une fréquentation excessive dans les Alpes. J’ai donc jeté mon dévolu sur les Pyrénées. De ce que j’ai pu lire la HRP n’est pas toujours bien signalée et mis à part quelques tronçons communs avec le GR 10, les randonneurs y sont plus rares.
J’ai donc sorti Nemo du placard pour le dépoussiérer et lui coller un nouveau challenge dans les bras. Il était toujours un peu contrarié par le rendez-vous manqué du GTD mais il est de bonne consistance. Il lui a suffi de se plonger dans les tracés du HRP pour comprendre qu’il n’est pas nécessaire de partir à l’autre bout du monde pour vivre l’aventure.
Pour plagier Wikipedia, la Haute randonnée pyrénéenne ou Haute route pyrénéenne (HRP) est un itinéraire de haute montagne traversant les Pyrénées de l'Atlantique à la Méditerranée. Alors, que le GR 10 en France et le GR 11 en Espagne et Andorre restent toujours dans le même versant des Pyrénées, passant d'une vallée transversale à l'autre, la HRP se rapproche le plus possible de la ligne des crêtes en passant alternativement sur les versants français, espagnol et andorran.
On parle d’un trajet de 800 km qui se fait sur 45 jours. C’est un tracé comme je les aime sans version officielle qui permet certaines variantes en fonction de l’envie du moment, de la météo et du ravitaillement. Le tracé le plus connu est celui établi par Georges Véron en 1968. C’est ce tracé que j’ai utilisé pour bâtir mon itinéraire. Bizarrement il n’y a plus de topo guide qui est publié sur ce tracé depuis pas mal d’années sans que je ne comprenne pourquoi. Mais Internet est là pour pallier à ce manque.
La grosse différence avec les US est le fait qu’à part de rares exceptions, il est toujours possible de rejoindre quotidiennement un refuge. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé et donc je prends tout mon matériel pour être complètement autonome (couchage et nourriture). Je me rabattrai dans les refuges si je tombe à court de nourriture, si la météo est trop compliquée ou si on m’interdit de planter ma tente (camping interdit dans certains parcs espagnols). Le contenu de mon sac à dos est sensiblement le même que pour le CDT.
Au niveau de mon état d’esprit, je ressens le HRP comme plus sécuritaire que le CDT. Il s’agit d’un tracé en Europe et la civilisation n’est jamais bien loin. Il suffit de descendre de la crête dans la vallée pour y trouver une route et un village au bout.
Je ne prends pas de balise de secours mais j’utiliserai mon téléphone pour marquer mon avancée au fur et à mesure : https://new.spotwalla.com/trip/5fbf-15633947-23c6/view
Départ le 11 juillet 2021 depuis Hendaye pour arriver à Banyuls-sur-mer fin août. De l'Ouest vers l'Est et de l'Atlantique à la Méditerrannée...Il ne s’agit quand même pas d’une promenade du dimanche et passer 45 jours en montagne est pour moi un vrai défi. Néanmoins j’ai moins de pression que sur le CDT parce que je joue à domicile et que j’ai un peu plus de latitude pour prendre mon temps. Je vais donc chercher le plaisir avant toute chose et je ne mettrai pas en danger.
Quand j’ai parlé de mon projet autour de moi, nombreux ont été ceux qui m’ont demandé de tenir mon blog à jour. Je suis toujours étonné que mes écrits suscitent de l’intérêt. Je ne sais pas si j’aurai autant de courage qu’en 2018 pour écrire quotidiennement. Sur le CDT j’avais besoin de donner des nouvelles à la famille surtout que les connexions Internet étaient rares et le décalage horaire un vrai casse-tête. Donc écrire un blog était le seul moyen de garder le contact et de leur décrire mes journées. Ceci n’est plus vrai cette année. On verra bien. Carpe Diem.
Oui Nemo, stp, sinon je serai inquiète !
RépondreSupprimerBon périple, attention aux bouteilles d’eau et au matelas 🙃
Salut Louise,
SupprimerToujours fidèle au poste (aux posts ;-) ) !!
On va essayer de viser le meilleur et d'éviter le pire ;-) Mais que serait un voyage sans ses petits tracas. Je commence d'ailleurs avec 4 jours de pluie ;-)
Wow !
RépondreSupprimerImpressionnant Laurent, profites en bien
Bamba
He Bamba,
SupprimerÇa fait plaisir ! Un sacré bout qu'on s'est pas vu ;-) Merci de ton message, je suis sûr qu'il va me porter chance ;-)