Ma tente ressemble à un gros ballon de baudruche dégonflé. C'est d'ailleurs ce que doivent dire les marcheurs devant ma tente. Je ne comprends pas ce qu'ils disent mais ils m'ont bien réveillé. Une sardine n'a pas résisté à l'assaut du vent et mon abri de toile n'a pas belle allure.
Il n'est pas encore 6h ce qui veut dire qu'ils sont partis à 4h du matin depuis le parking de la vallée. C'est le prix à payer pour faire un sommet comme le Vignemale. En attendant, moi qui descend n'avait pas besoin d'être levé aux aurores. Nous sommes Samedi et je ne doute pas que les montagnards du weekend vont se ruer sur ce sommet. Je n'ai plus qu'à plier mon matériel et descendre à Gavarnie. J'ai 16km à faire et je vais dégringoler de 1700 m.
La descente est raide et très longue. Le sentier qui suit la rivière est très encaissée. L'eau a formé les montagnes depuis des milliers d'années et oblige le chemin à composer avec ses canyons et ses cascades. Je suis à l'ombre des montagnes et même si le vent s'est bien calmé il fait froid. Ça ira mieux quand je serai au soleil dans la vallée.
Je croise toutes sortes de personnes qui montent. Des ultras trailers équipés du minimum vital, des montagnards qui vont faire le glacier avec casque, crampons et cordes et des touristes en short et baskets qui s'essoufflent. Je suis le seul à descendre à cette heure et je suis heureux de ne pas faire partie de cette foule qui monte.
Arrivé en bas, je suis la vallée jusqu'au parking où démarre la route goudronnée qui va jusqu'à Gavarnie. Il y a beaucoup de voiture et je retrouve les éternels camping cars avec leur tables et chaises bien en vue. Je ne vois pas bien l'intérêt de venir ici pour s'avachir sur une chaise. Même si le cadre est joli pour s'affaler, c'est encore mieux d'aller faire un tour dans la carte postale.
Pour ma part, le HRP fusionne avec le GR10 qui part dans la montagne au lieu de prendre la route goudronnée. Dieu merci. Ce n'est bien sûr pas le plus direct mais c'est tellement plus agréable. Le nombre de personnes sur le GR diminue drastiquement par rapport à la foule qui va vers le glacier.
J'ai enlevé le mode avion sur mon téléphone. Nous sommes Samedi et Gavarnie est très touristique comme j'ai pu le constater ce matin. Je suis très inquiet sur mes chances de dégoter une chambre sur un weekend d'été. Tout doit être archi plein comme à Lescun. Dès que je serai connecté au réseau, je vais commencer la chasse à l'hébergement. C'est très basique un randonneur au long cours. Manger, dormir et se laver.
Je viens de croiser un panneau m'indiquant que Gavarnie est à 2h45 de marche quand mon téléphone accroche. J'appelle le premier hôtel de ma liste et il a une chambre de libre. J'avoue que je ne crois pas ma chance. Ma carte de crédit est au fond de mon sac, ce que j'explique à l'hôtelier. Il me répond que si je ne suis pas là dans 3 h, il "m'éjecte". Encore une fois, je suis stupéfait de la manière dont on traite les clients. Bien sûr je remets pas en cause le fait qu'on m'impose un délai mais la forme laisse franchement à désirer.
J'ai assuré mon coucher, il ne me reste plus qu'à arriver en ville. Le GR joue les monts et s'amuse à monter et descendre en permanence pour éviter des obstacles naturels. Je continue à suivre le ruban gris de la route qui se fait de plus en plus petit.
En final, l'arrivée sur Gavarnie est un méchant plongeon vers le village. Le parking à l'entrée de la ville est entièrement occupé par des campings cars. Les voitures se comptent sur les doigts de la main. Ceci explique en partie pourquoi il y a encore des chambres à l'hôtel.
Gavarnie est tout petit et ne vit que par le tourisme. Son attrait est d'être placé juste en face du splendide cirque dont il porte le nom. Le village est un peu carton pâte avec tous ses magasins souvenirs. L'âme du village s'est vendu au diable touristique. Même la supérette où je suis sensé me ravitailler ne dispose que de paquets de biscuits pour les randonneurs à la journée. Tout est abusivement cher.
Bien entendu tous les touristes sont là plus ou moins pour randonner. La tenue de rigueur est celle du marcheur. Pour une fois, je ne dépareille pas trop même si la tendance de mon look vire plus au clochard que le reste de la population.
L'hôtel que j'ai retenu est à l'entrée de la ville. Alors que je rejoins ma chambre je reçois un message. Scott, le californien est en ville et s'est installé... dans le même hôtel. Son temps de vacances est terminé et il repart demain pour Berlin où il vit. Fin du HRP pour lui.
Nous décidons de dîner ensemble pour fêter son départ. La soirée est très agréable agrémenté par une bonne bouteille de rouge. Demain nous nous dirons adieu sûrement pour toujours. La loi du trail...
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