mercredi 21 juillet 2021

col d'Arrious

La vallée résonne du son des centaines de cloches des troupeaux de vaches qui s'étalent sur des kilomètres à la ronde. Cette nuit un troupeau de vaches à gentiment établi son campement juste à coté de nos tentes. Nous avons eu droit à un concert privé de cloches qui a duré toute la nuit.

Au petit matin, elles ont décidé d'aller brouter plus loin mais le mal est fait. La nuit a été bruyante.
Je ne sais pas si c'est la fatigue mais j'ai du mal à m'organiser ce matin. Tout me prend un temps fou. Scott est déjà prêt alors que toute mes affaires sont étalées autour de moi. Il s'en va alors que je continue à prendre mon temps.

Je n'ai pas étudié la topo et je me laisse guider par le chemin. Ça commence par descendre et je croise quelques randonneurs. Ils me disent bonjour en français donc j'ai du repasser en France. J'ai encore évité un test PCR.

Je suis sur un GR qui descend dans la vallée mais il n'est pas question pour le HRP de redescendre. Après un peu de hors piste, nous voici face à une belle falaise qu'il faut grimper. Il est temps de s'intéresser à la topo. Au programme 700 m de dénivelé en 4 km. En résumé, ça va piquer sec avec de belles phases avec de très belles pentes.

C'est vraiment très raide et quand ça fait très mal, j'ai la technique : je me force à faire de petits pas. Un petit pas reste un pas et permet d'avancer malgré une pente de compétition. Je suis étonné car même ici sur ce sentier perdu et difficile je croise des randonneurs. Il semble qu'il n'y a pas un seul endroit dans le Pyrénées où on ne trouve des randonneurs. Je suppose que c'est l'effet du déconfinement mais ça reste étonnant. Je suis trop dans le mode CDT où j'ai passé 10 jours sans voir personne. Ici on ne passe pas une heure sans croiser quelqu'un. Ça m'enlève un peu de l'aspect aventure.

D'ailleurs je vois arriver par un chemin qui rejoint le col que je passe, toute une petite famille. Grand papa, très sportif, est devant et mène la troupe. Les 2 petits enfants, des adolescents, courent derrière papi pour suivre le rythme. Derrière les parents des 2 garçons n'arrivent pas à suivre et font une gueule d'enterrement.

Papi me dépasse avec un grand sourire, très fier d'avoir doublé un marcheur avec un sac à dos. Son exploit accompli, il s'arrête 20 mètres plus loin pour attendre les parents. Un des petit fil en profite pour s'asseoir visiblement épuisé par la course. Quand j'arrive à son niveau, il ne peut s'empêcher de dire tout haut pour bien que je l'entende "Bon on va attendre vos parents qui ne suivent pas". Quelle horreur ! Papi a la pêche et son seul plaisir est de gâcher la balade de tout le monde pour montrer sa vitalité. Au moins cette attitude débile ne m'arrivera pas. Ça fait un moment que mes fils et leur mère me damnent le pion dans les montées.

Je vois au loin la petite troupe qui continue son manège mais la HRP m'envoie sur un nouveau col en dehors des sentiers battus. Je continue de monter...
Je passe 2 lacs et juste après j'arrive devant un bien joli pierrier comme on les aime. De grosses roches où il faut sauter de l'une à l'autre avec des cairns assez difficile à voir. 


Ce qui m'étonne le plus, c'est de voir le nombre de personnes en train de galérer dans ce pierrier. Je le comprendrai après mais une ballade visiblement classique commence de l'autre côté du col que je cherche à atteindre et se termine au dernier lac que je viens de croiser.

C'est l'heure de pointe. Il y même un HRPiste qui raconte son expérience à 2 touristes en plein milieu du pierrier. Il vient de l'autre sens et termine là où j'ai commencé. Il a bientôt fini et raconte que l'orage que nous avons eu hier soir est le deuxième et plus gros orage de toute sa traversée. Me voila rassuré pour la suite du voyage.

Il y a énormément de monde dans les 2 sens. Une fois le pierrier passé, je dépasse une jeune fille obèse qui souffre le martyr devant cette montée quasi verticale. Je trouve génial qu'elle ait eu le courage de s'attaquer à cette difficulté. Il est évident que c'est trop difficile pour son état physique. Je ne trouve pas les mots pour l'encourager...

Une fois au col, je redescends vers le refuge de Palombie. La pente est aussi raide qu'à la montée. Et comme les descentes sont ma grande spécialité, je grince des dents. Je continue à voir tout et n'importe quoi comme marcheur et même un jeune en kilt. Pourtant il s'agit bien d'un français qui plaisante avec ses amis.
Il y a aussi de belles fleurs comme ces chardons tout bleu


Le refuge de Palombie est au dessus d'un petit lac. Celui-ci est pris d'assaut par des dizaines de personnes en maillot qui se font bronzer. On ne fait pas mieux dans les calanques de Cassis.

Bizarrement le refuge en lui même est quasi désert. Je ne retrouve que Inigo en train de discuter avec 2 autres HRPistes : Chris, un Canadien du Nouveau Brunswick et Fanny, sa femme française.
Ils parlent de la suite du programme : 300 m de descente suivi de 1000 m de montée pour aller au col d'Arrious. Après ce que nous venons de faire, il serait gourmand d'enchaîner. Le plus compliqué est surtout de trouver où planter la tente une fois partis.

Alors que je déjeune car il est midi, Inigo et ses nouveaux amis s'en vont. Je les retrouverai vers 15h, au bas de la pente et face au 1000 m de dénivelé qui nous fait face. C'est très très impressionnant cette montée. Malgré cela nous décidons de nous lancer dans l'aventure et de pousser jusqu'où on pourra. Tout ce qui est fait aujourd'hui ne sera pas à faire demain.

Et bien, de petits pas en petits pas, tout se beau monde se retrouvent sous le col d'Arrious pour camper sur la dernière zone plate herbeuse avant la haute montagne. Je n'en reviens pas d'avoir enchaîné 1700 m de montée dans la journée. Les jambes me brûlent quand même un peu.


Une marmotte qui partage notre campement


Si le repas tout en échange a été agréable, Inigo m'a appris que demain était la journée la plus haute (et hot) du HRP. Nous devons passer le plus haut col, le Port du Levadan à 2615 m après avoir traverser le passage d'Orteig, connu pour être des plus techniques.

La journée de demain s'annonce épique. Il est temps d'aller dormir pour prendre des forces.

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