Grande Traversata delle Alpi (GTA)

Une fois de plus, le sac a grimpé sur mon dos sans que je me force outre mesure. Enfin je dis ça mais il a bien fallu le préparer. Mais c'est presque mécanique maintenant avec les années... 

L'été arrive, la neige disparaît et les montagnes s'offrent à qui veut faire l'effort de les gravir.

Cette année est particulière. J'avais encore ce projet de traverser les Rocheuses canadiennes mais à chaque fois ce voyage se refuse à moi.

La précédente tentative avait échoué à cause du COVID. Cette année ce sont les incendies qui ravagent le Canada. Visiblement le GDT ne veut pas de moi. Il ne faut pas insister.

Je me suis retrouvé orphelin de chemin et plus la volonté ni le temps de refaire une grosse préparation. Je me suis laisser aller sans trop réfléchir à ce que j'allais faire. J'ai même pensé ne pas marcher cette année. Mais l'appel du Trail a encore été le plus fort. Mais que faire à la dernière minute ?

Je me suis souvenu que la traversée des Alpes m'avait laissé sur ma faim. Un peu trop Disneyland alors que le paysage est grandiose. Omnibulé par les touristes, les interdictions de camper, les refuges bondés... Je n'ai pas apprécié ce voyage à sa juste mesure. Le seul moment sublime a été mon incursion côté Italien quand j'ai quitté le GR5 pour éviter quelques km de bitume.

J'ai donc décidé de donner une 2eme chance aux Alpes mais en faisant le côté Italien que j'avais tant apprécié pour sa difficulté et son isolement (je n'avais pas croisé une seule personne de la journée). Je pars encore de Saint Gingolf et je finirai à Menton avec comme objectif de ne pas faire les mêmes chemins que la dernière fois et surtout en évitant la France. Je me concentre sur la Suisse et l'Italie. Mon tracé est donc grosso modo le "Grande Traversata delle Alpi" (GTA) sauf que le départ et l'arrivée diffèrent du tracé officiel.

Je ne me suis pas beaucoup renseigné et j'ai juste récupéré des traces GPS que j'ai bricolées pour éviter les passages en France et les zones hyper touristiques comme le tour du Mont Blanc.

Je n'ai bizarrement aucun réel objectif. Juste de mettre un pas devant l'autre et d'essayer de profiter. Mais je ne ferai pas l'effort pour supporter l'insupportable. Si les chemins sont envahis de touristes au point de m'empêcher de vivre mon voyage intérieur, je rentrerai chercher un autre chemin. Je n'ai pas d'enjeux à traverser les Alpes. Je l'ai déjà fait l'année dernière. Je veux juste profiter de la nature et du paysage sans les nuisances humaines surtout au niveau sonore. J'ai encore le souvenir du bourdonnement incessant d'un drone à un col pour ne plus vouloir le vivre. Je ne veux pas être aspiré par la colère quand je marche. C'est totalement contraire à l'esprit du randonneur au long cours. J'ai tout le reste de l'année pour m'énerver sur les incivilités et je veux privilégier ce moment de l'année et mon voyage intérieur.

Mais c'est un fait. La randonnée est devenue une activité à la mode. Le problème est qu'elle ne peut pas être appréciée avec une horde de gens autour de soi. C'est comme passer de la campagne à la ville. La convivialité se perd. En ville, plus personne ne se parle et les incivilités se multiplient. 

Je me rends bien compte qu'après avoir connu le wilderness américain, mon niveau d'attente du trail a dérapé. Peut être ne suis je plus adapté à la surpeuplée Europe. Il va falloir que je m'organise pour rencontrer mon niveau d'exigence... A voir pour les prochaines virées. En attendant, les Alpes italiennes me tendent les bras. Le fait d'être en Italie va peut être tout changer. Du moins je l'espère....