Le vent ne m'a pas lâché de la nuit. Outre le bruit de la tente qui se fait secouer comme un prunier, il a fait un froid glacial. A 2700 m d'altitude, le facteur vent est démultiplié sur la température. Mon problème est le matelas a 2 balles que j'ai acheté en secours du mien, qui est tout en plastique, ne m'isole pas du froid du sol. En résumé, j'ai mal dormi harcelé par le froid.
Je ne traîne pas ce matin car si j'ai profité du soleil hier soir, je suis bien à l'ombre ce matin. La température reste très basse et le vent toujours à son maximum.
Je me mets en route avec doudoune, coupe vent et gants, en mode esquimau. Alors que j'attaque les zigs zags serrés qui nous mène vers le col, une simple brèche dans la ligne de crête, j'entends derrière moi un bruit de bâtons de marche. Il s'agit d'un monsieur d'une soixantaine d'années en short et en T-shirt technique qui me dépasse comme une fusée en me souhaitant une bonne journée.
Le contraste entre moi, me traînant en doudoune et lui volant en short T-shirt est hilarant. J'aimerai bien avoir sa condition pour a son âge. A priori c'est mal barré car il est déjà plus en forme que moi. Un local qui doit souvent tâter des cols au petit déjeuner...
Arrivé au col la vue est superbe des 2 côtés. Néanmoins la descente est aussi raide que la montée. La journée est classée difficile à cause des montées et descentes très raides qui se succèdent. Je vais prendre mon temps. L'avantage des pentes raides c'est que la vue est toujours grandiose. Et ça compte énormément pour moi. C'est mon moteur principal.
Un couple me dépasse. L'homme se retourne et me dis "on s'est déjà vu sous le refuge du Pujol". Aucun souvenir de lui ou de sa femme. Je lui demande si on s'est parlé. "Non me dit-il mais je reconnais votre chemise". Reconnu grâce à mon vêtement. C'est vraiment le début de la gloire !
De fait je discute avec eux. Nous n'avons pas du tout la même conception du voyage. Ils ne dorment que dans les refuges pour ne pas transporter de nourriture ni de tente. Ils ne suivent pas non plus le tracé du HRP mais cherchent les routes les plus directes et avec le moins de dénivelé possible. J'aimerai leur dire que ce n'est pas la destination qui compte mais le chemin mais je crois qu'ils ne comprendraient pas. Hike your own hike !
A midi je m'installe près d'un lac pour manger le couscous qui me reste. Mes provisions arrivent à leurs termes mais en principe demain j'arrive au village de l'Hospitalet-près-l’Andorre. Je vais pouvoir me ravitailler et retrouver Xavier qui va passer quelques jours avec moi.
Je repars dans une méga côte de compétition mais j'ai l'énergie couscous pour me soutenir. Vue magnifique sur les montagnes. Du bonheur à l'état brut. Une fois le col passé j'aperçois le refuge de Cabana Sorda à 2295 m qui est l'objectif du jour. Je me dis qu'un petit coca et une portion de tarte ne sera pas de refus.
Il y a du monde devant le refuge. Une bande de jeunes qui ont amené leur stock de bière. Le parking en contrebas n'est pas très loin. La soirée sera sûrement chaude mais je ne serai pas là pour y assister. Par contre, je peux m'assoir sur mes rêves alimentaires. Le refuge est en libre service sans gardien. Je repars un peu frustré.
J'attaque donc le programme de la journée du lendemain en cherchant sur la carte les endroits appropriés pour planter ma tente. J'ai le choix entre un lieu à 2 km et 2000 m d'altitude ou à 7 km à 2500 m. J'ai eu trop froid la nuit dernière et j'aimerais passer une bonne nuit. Je décide donc de faire un break et de m'arrêter au point le plus près Il est 15h30 et je me pose dans un joli pâturage à côté d'une rivière. Du jamais vu. Des vacances dans les vacances. J'en profite pour faire ce que je n'ai jamais le temps de faire. Je fais de la couture pour réparer mes gants et mes guêtres, je lave mes affaires... Bref je profite de cette "demi" journée de repos. Et franchement ça fait un bien fou !
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