mardi 3 août 2021

Lac la Basseta

La journée de repos à Salardu n'en a bien sûr pas été une. J'ai à nouveau des problème avec mon matelas. Toujours le même modèle... Mais comme il est garantie à vie, a chaque fois j'en ai un neuf mais des problèmes différents surviennent. 

Quoiqu'il en soit je tiens à remercier la patronne de l'Hotel Deth País à Salardu qui a été adorable. Elle s'est occupé de mes affaires sales et de renvoyer mon matelas en France. D'ailleurs tout le personnel était au top. Question bonne adresse, je recommande le resto Borda Benjamin en face l'hôtel. On y mange super bien et la patronne est au petit soin. Une grande table.

En fait Salardu est un petit village satellite de la station où il n'y a pas grand chose. La vraie ville est Vielha à 6km où on trouve tout ce dont on a besoin. Un grand supermarché, des magasins de sports plein air (matelas et cartouche de gaz), des distributeurs de billets, une poste. On peut aller de Salardu à Vielha avec le bus (1.10 € le trajet) ou carrément s'installer à Vielha. J'ai personnellement bien aimé mon séjour à Salardu.

En tout cas, j'ai vraiment bien fait de prendre ce jour de repos car j'ai pu régler tout mes problèmes d'intendance et faire reposer mes muscles 

Et ils ont besoin d'être en forme mes muscles car nous avons une très grosse journée devant nous. Au programme 1700 m de montée sans interruption et 800 m de descente. Une grosse montée est toujours le prix à payer lorsqu'on repart d'une ville.
La punition est d'ailleurs double car on est en ville pour ravitailler et que le sac s'en trouve de facto très alourdi.

Je retrouve donc ces maudites sensations de dos sous tension et de bretelles qui me cisaillent les épaules. 1700 m dans ces conditions vont être douloureux. Mais c'est le prix à payer pour être en automnie totale vis à vis des refuges.

La première étape consiste à monter au dessus du domaine skiable. Le HRP passe par le village de Bagergue, très similaire à Salardu avec une très vieille église. Le style des maisons est identique en pierre et en ardoise avec des petites rues étroites. Franchement c'est très beau et très bien entretenu.


Après le village on enchaîne avec une route carrossable en gravier qui contourne doucement le domaine skiable pour aller au plan de Béret à 1950 m. Le chemin fait la joie des VTT qui descendent à toute vitesse. Faut bien que tout le monde s'amuse.

Le plan de Béret est couvert par un immense parking qui sert aux skieurs pendant l'hiver. On passe même à côté du bâtiment où l'on achète les tickets. 
Le parking est occupé par un certain nombre de voitures. En fait il y a un lac, l'Estany de Baciver qui se trouve à 100 m de dénivelé. C'est donc la ballade idéale pour les familles avec de jeunes enfants. Comme il y a quelques petits pierriers à traverser, les enfants ont beaucoup de mal et ça bouchonne sec.

J'avoue que je n'avais pas connu ça jusqu'à maintenant. Quand les gens se retournent et voient mon look avec mon énorme sac à dos, ils demandent à leur petite famille de me laisser passer. C'est quand même sympa car j'ai encore un bon bout de chemin à faire. J'arrive au Lac et il y a tellement de monde allongé sur le bord que je décide de quitter le sentier et de m'éloigner pour manger. Je ne suis toujours pas capable de randonner avec du monde autour de moi. Ça ne colle pas avec ce que je recherche. Pourtant la montagne est à tout le monde.

Une fois rassasié, je reprends le sentier. Il y a deux autres lacs, les  Estanys Rosari de Baciver mais ils sont à 2311m. Trop de dénivelé pour les familles mais il y a encore les groupes de randonneurs. Mais ça s'éclaircit au niveau fréquentation. Je continue mon petit bonhomme de chemin et j'arrive face à un cirque où broutent des Merens, des chevaux typiques de l'Ariège.



Par contre au niveau sentier, marques, cairns... C'est le grand vide. Le HRP ne pouvait pas me faire prendre un sentier familial sans que la journée vire Indiana Jones. De ce que je lis, il faut faire un sommet, le Tuc de Marimanya  à 2662 m sauf qu'il n'y a pas de sentier qui y mène. Trouver le sommet est facile car c'est le point le plus haut. Par contre, la voie pour y accéder est plus délicate. Je croise un espagnol - qui parle français - qui m'explique qu'il vient de passer 2 heures à essayer de rejoindre le sommet depuis le col par les crêtes et qu'il a laissé tomber. Trop de vent sur des crêtes qui se réduisent par moment à une largeur de 30 cm. Il m'explique alors que la meilleure tactique est de monter de face en direct. Voilà qui me laisse pantois.

Avant d'attaquer la face du Tuc, il faut déjà s'en approcher. Il est bien protéger par de belles séries de pierriers. Pour en avoir autant bouffer dans les Pyrénées, maintenant je déteste les pierriers. C'est dangereux, on risque de glisser à tout instant, les bâtons ne sont pas stables, les rochers non plus d'ailleurs... Sauter demande beaucoup d'énergie,massacre les muscles et les articulations. Et surtout on avance pas !

Bref je cherche la meilleure approche et trouve une voie qui devrait me permettre d'atteindre la base du sommet sans trop me transformer en kangourou sur les pierriers. Quand j'arrive sur cette voie, je trouve des cairns.  Je suis rassuré et satisfait de voir que j'arrive à identifier les bons passages. Je suis donc les cairns et effectivement ceux-ci m'envoient tout droit vers le sommet. A partir du moment où il y a des cairns, ça veut dire qu'il y a quelqu'un qui est passé par là donc c'est faisable. Au début il y a un pierrier puis la pente est simplement couverte d'herbe.


 C'est vraiment très pentu et je regarde le GPS : la pente est à 74%. Il s'agit de ne pas glisser et avec mon sac, chaque pas vers le haut est une victoire. Il faut trouver le meilleur chemin et poser un pas après l'autre pour se hisser vers le sommet. Je n'en vois pas le bout. Je me demande quel malade mental a décidé que le HRP devait passer par là. En tout cas, il y a très peu de monde qui vont sur ce Tuc car mis à part quelques Cairns à la base il n'y a plus rien après un quart de la montée. A force de batailler, le coeur battant à tout rompre par l'effort et la peur de dévisser, je finis par atteindre le sommet. Et je suis bien récompensé par des vues extraordinaires à 360 degrés. Je pense que l'adrénaline décuple la sensation d'émerveillement.



Ce n'est pas tout ça mais il faut redescendre. Et là grosse surprise, il n'y a pas de sentiers ou de cairns pour se faire. En lisant les notes, je m'aperçois qu'il s'agit maintenant de suivre les crêtes sur 3km pour arriver à un col. La pompe à adrénaline n'est pas prête de redescendre en pression. J'ai surtout en tête ce que m'a raconté l'espagnol et le fait qu'il ait abandonné...


Il s'avère que les crêtes mis à part quelques passages vertigineux sont facilement praticables. C'est tout simplement un ravissement pour les yeux. J'enchaîne donc les crêtes, ce qui m'oblige à faire un 2eme sommet, le Gelat deth Rosari à 2575 m et quelques pierriers (j'ai dit que j'amais pas ça ?) pour arriver au Col d’Airoto à 2510 m.


Je suis quand même au milieu de nulle part. Donc c'est un col mais il n'y a toujours pas de sentier. Je dois le descendre au milieu des rochers et des à pics. Le GPS n'est pas assez précis et m'indique juste une direction. Je recherche donc la voie qui me semble la plus adaptée et je m'élance. Encore une fois je tombe sporadiquement sur des Cairns qui me laisse penser que je me débrouille pas si mal. Passée la dernière butte, je vois un lac entourée un pierrier à perte de vue. 

Moralement c'est vraiment un coup dur. Il y a un refuge de l'autre côté du lac et un col au dessus. La météo pour demain annonce de la pluie et je ne veux pas me retrouver dans un pierrier glissant sans aucun cairn dans la purée de pois.
Je dois donc traverser le pierrier puis le remonter pour passer le col.

Il est 17h, ça fait donc 9h que je suis sur le trail. J'ai déjà eu ma dose d'aventure pour la journée. Je suis tout simplement lessivé. Malheureusement je n'ai pas le choix et je dois attaquer une séance de saute moutons version hors norme. Dans un pierrier de très gros rochers, il n'y a pas de stratégie pour que ça se passe bien. Du moins je n'en ai pas trouvé. Il faut sauter d'une pierre à l'autre en espérant ne pas se casser la gueule, ni perdre son matériel. C'est dur, très dur surtout en fin de journée. Je tente de prendre des pierriers avec des petits rochers quand j'en trouve mais il s'avère tellement instable qu'ils sont encore plus dangereux.

Je vois une série d'arbres au dessus de moi et je tente le tout pour le tout. Je monte directement vers eux alors que la pente est très importante. Une chute serait encore plus dramatique. Bien m'en prend puisque je tombe sur une clairière herbeuse. Il y a même des myrtilles qui me réconfortent. Ceci étant dit. Le col est toujours au dessus de moi. Puisque l'attaque directe me réussit, je décide de continuer et de monter directement vers le col. En gros je rejoue le match avec le Tuc. Et avec les mêmes efforts à fournir. Encore des pierriers et des zones d'herbes quasi verticales pour enfin arriver au col. Il est 19h30 et j'en ai plein les bottes. Mais je suis aussi tellement satisfait d'avoir autant réussi à me surpasser. Heureusement que je m'étais reposé !

En contrebas, je vois un joli petit lac et je sais maintenant où je vais passer la nuit. Il faut descendre et ça m'arrange de ne pas rester sur les crêtes. La pluie est annoncée pour cette nuit et je préfère dormir le plus bas possible pour éviter la foudre.


30 minutes plus tard, je monte la tente dans un endroit idyllique, entre le lac et la rivière qui l'alimente. Je me lave, je mange et je me glisse dans mon duvet pour vite plonger dans un sommeil réparateur. Malheureusement quelque chose cloche. J'ai froid et je n'arrive pas à me réchauffer. Le problème vient du matelas de secours que j'ai acheté. Il est en plastique et ne m'isole pas du froid du sol. Je mets mes vêtements prévus à cet effet mais je suis un peu inquiet. J'espère que je ne rencontrerai pas de températures négatives sur le reste du voyage....

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