mercredi 4 août 2021

Col de la Cornella

Comme l'avait indiqué la météo, la pluie est arrivée dans la nuit. J'avais bien choisi l'emplacement de la tente sur une bosse pour éviter de reprendre un bain dans un trou comme la dernière fois.

Il a beaucoup plu durant la nuit mais sans tonnerre ni éclair. Mais il est prévu de la pluie toute la journée avec un fort orage dans l'après midi. Fin des festivités à 18h.

Ce matin quand je me réveille il y a une accalmie. Je me précipite pour en profiter et plie tout mon barda avant que ça reprenne. Car à voir la masse nuageuse, ça va reprendre.

Le programme de la journée est simplement de descendre de 1200 m vers un village où il y a un refuge et aucun commerce. Il n'y a que 8 km mais que ceux-ci sont légendaires pour les HRPistes. Le chemin est introuvable et beaucoup se perdent. Il faut soit disant faire preuve d'improvisation. Le décors est planté surtout que moi j'ajoute une petite dose d'humidité.

Je n'ai pas fait 10 pas sur le sentier que les nuages m'arrivent sauvagement dessus et que la pluie recommence. Comme je m'y étais préparé, je suis en mode scaphandrier. Ce que j'ai moins prévu c'est que les rochers sont une vraie patinoire à cause du lichen jaune qui les recouvre.


La journée va être très très longue car je marche avec grande prudence "comme sur des oeufs". Pour l'instant le sentier est marqué avec des traits jaunes et j'avance à mon rythme. Je tombe alors sur un chemin carrossable. Je ne suis pas supposé le prendre mais je suis sous une pluie torrentielle. Le sentier est un ruisseau et je ne vois plus les obstacles. Je décide donc de laisser le sentier et de suivre le chemin qui mène au hameau de Bordes de Moredo ou commencent les vrais festivités.

La pluie redouble alors que je suis sur le chemin. Je me dis que la partie Koh-Lanta va tourner au cauchemar dans ces conditions météorologiques. 

J'arrive au hameau composé de 2 maison et d'une caravane visiblement occupé par un berger. Je pense avoir trouvé le sentier mythique et m'engage. Effectivement, très rapidement ce n'est pas un mais 10 sentiers ouverts par le bétail. Sans aucun signe distinctif, il est impossible de savoir lequel prendre. J'arrive dans une forêt de noisetiers que je dois traverser. Les basses branches et la pente m'oblige à jouer les contorsionnistes. Cette forêt est immense et je n'en vois pas la fin. Tout est détrempé. Tout d'un coup, la terre sous mes pieds se dérobe et je glisse dans la boue sur la pente. J'en suis couvert de la tête au pied. J'en ai plein les mains et je ne peux plus regarder le GPS que je n'ai pas consulté depuis un moment que je bataille. Je n'arriverai pas à traverser la forêt. Demi tour, on retourne à la lisière. Je me débarbouille comme je peux et m'aperçois que j'ai complétement dérivé par rapport au cap. Effectivement c'est injouable et avec l'état du terrain je déclare forfait. J'ai trouvé un autre chemin au début du hameau qui reconnecte le sentier Koh-Lanta.

Je retraverse le hameau jusqu'à une rivière pour m'enlever cette boue. Pendant que je me nettoie, mon téléphone tombe de ma poche dans l'eau. Je le récupère avant que le courant ne l'emporte. Voilà pourquoi il faut toujours acheter des téléphones étanches quand on aime randonner...

Le sentier que j'ai repéré sur la carte est effectivement bien indiqué et ne présente aucune difficulté. Rien que du bonheur ! Sous de fréquentes ondées, je rejoins le hameau de Alós d’Isil. Il est midi et la pluie vient de cesser.


Je m'installe sur un banc de la place du village et fais ma tambouille à l'ombre des marronniers. Les gens me saluent avec bienveillance. L'espèce de clochard détrempé et boueux ne semble pas les déranger. 


Tant mieux parce que je veux profiter de l'accalmie et d'un banc providentiel pour reprendre des forces. Bien évidemment, je ne compte pas m'arrêter là et je vais m'attaquer à la section de demain.

De ce que je lis il s'agit de monter 1500 m et de faire 3 cols sur un sentier non marqué difficile à trouver. Le premier col est réputé pour être très technique car dans une pente raide et glissante.

Il est totalement hors de question de passer ce col sous la pluie. De toute façon je ne suis pas en état de me faire 3 cols dans l'après midi. La journée d'hier m'a vraiment marqué et je suis fatigué. Mon plan est donc de monter dormir sous le 1er col.

J'attaque donc la section du lendemain. Le début est facile car il s'agit d'une route goudronnée puis d'un chemin carrossable qui au bout est fermé par une grille. D'après mes notes, il faut passer par dessus. Me voila en train de jouer les montes en l'air. Au bout du chemin une grange et puis plus rien.
Le HRP n'est pas un chemin pour débutant. Je tourne et trouve un cairn sur les hauteurs. Je m'engage donc sur un sentier. Il y en a encore beaucoup des sentiers... Celui sur lequel je marche est au milieu des arbres et j'ai beaucoup de mal avec mon sac à dos qui s'accroche aux branches. Mon GPS ne m'est d'aucune utilité car il capte mal. Il est complètement perdu et change de position toutes les secondes. Je le range et poursuit mon exploration. Le sentier se termine sur un important torrent. Ça c'est un point de repère qui m'indique que je me suis complètement planté. Le sentier se trouve à 200 m au dessus de moi. Sauf que la vallée est encaissée et couverte d'arbres. Pas le choix c'est ou monter ou faire demi tour et perdre 1h. Je décide de monter... ça fait 2 jours que j'enchaîne les pentes quasi verticales. Bien sûr je galère, je glisse et j'ai l'impression que jamais je vais trouver ce maudit chemin.

A bout de force, je recolle sur le sentier que je cherche. Il est vraiment petit et couvert de boue. Mais il y a bien des Cairns et je fais bien attention de ne pas les perdre de vue. Je traverse plusieurs zones où je pourrais planter la tente dans la forêt mais je m'accroche à mon plan malgré mon épuisement. C'est très long pour moi et je grimpe très lentement. J'ai hâte de me poser. La pluie a cessé et le soleil commence timidement à faire des apparitions. C'est sûrement pour me motiver.

Je passe une butte et arrive sur un endroit magique. Une grande plaine herbeuse avec les montagnes que je dois gravir en fond. Une cascade coule de l'une d'entre elle et un torrent coule au milieu de la plaine.
Je n'irai pas plus loin. C'est trop beau et je ne trouverai pas mieux.

Je monte vite la tente alors qu'une averse arrive. J'y échappe de justesse. Mais juste après c'est le soleil qui fait son apparition. Finie la pluie voici le retour de l'astre lumineux. Et ça fait un bien fou. Je fais sècher mes affaires et m'offre un lavage sans trop avoir froid.

A priori le col sera moins difficile à passer demain si je ne me perds pas trop ;-)

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