samedi 7 août 2021

Étang de la Soucarrane

Hier soir les vaches qui paissaient au fond de la vallée sont venues me rendre visite dans mon nouveau domaine du petit lac. Je pensais qu'elles voulaient boire mais elles sont venus en voisines. J'avais tout le troupeau qui s'est mis en rang et qui me regardait manger. En final elles se sont mis à table elles aussi et les tondeuses à gazon ont vrombi (je ne savais pas que ça faisait autant de bruit en arrachant l'herbe une vache. Et puis ça mange vite et beaucoup..).

Ce matin un grand front de nuages noirs me fait face. La météo qui ne se trompe jamais a annoncé de la pluie pour l'après midi. On verra bien...

Je dis au revoir au lac et à mes amies les vaches. Je recolle au HRP et je passe le premier col "Coll de Sellente" à 2488 m. Petite mise en bouche. Sans soleil il faisait un peu froid, me voilà bien réchauffé.


Je redescends légèrement pour faire le tour d'un grand lac. Il y a quand même du monde et l'explication est qu'il y a un parking pas trop loin. Ce lac est visiblement l'objectif de la ballade de ces randonneurs motorisés.


Après le lac, c'est un grand plongeon au cœur de la vallée. Plus on descend plus la végétation devient importante et je me retrouve bientôt dans le tunnel vert, c'est à dire sans visibilité sauf les arbres qui m'entourent.


Je longe un énorme torrent dont la furiosité n'a d'égal que la puissance du courant. La pente du lit de la rivière est important et je vois souvent des cascades qui ajoutent du bruit à la fureur.

A force de descendre je finis par longer le torrent et je m'installe à ses pieds contre un arbre. L'endroit est bucolique mais le bruit de l'eau est assourdissant. Finis les ramens car je n'en ai plus, je me rabats maintenant sur le grand classique purée thon. De la grande gastronomie de hiker.

Comme je suis au plus bas de la vallée, il va falloir remonter. Au programme 1200 m de dénivelé positif pour aller au Port de Boet à 2509 m. Je vais enfin repasser en France. Ça fait au moins 2 semaines que je suis en Espagne.

Depuis ce matin, mon physique recommence à décliner. Mais je viens de faire 900 m de descente et je suis profondément convaincu que les descentes m'atteignent physiquement beaucoup plus que les montées. En tout cas mes genoux n'arrêtent pas de me le dire. Je vais finir par les croire.

Je commence à remonter et passe un puis deux parking qui sont pleins de voitures. Uniquement des espagnols d'ailleurs. Je ne sais pas comment on arrive là mais visiblement la randonnée a du succès. Je vois d'ailleurs des randonneurs un peu partout sur les sentiers environnement. Il y a de quoi faire. Sur le mien bizarrement je suis seul. Mais il mène en France... Encore le non mélange des genres. 

Les nuages noirs qui menaçaient ont vu l'heure et n'ont pas voulu être en retard. Petite averse de début d'après midi qui m'oblige à m'habiller de pied en cape. Pas idéal d'être enveloppé dans du plastique quand on grimpe. Je me retrouve aussi mouillé à l'intérieur qu'à l'extérieur. Je joue avec la pluie : je me déshabille, il pleut, je me rhabille, il arrête de pleuvoir. Mais au bout d'un moment il n'y a plus que la menace des nuages noirs et le vent qui souffle. Je préfère ça car j'adopte ma tenue "normale". J'y ajoute juste ma veste de pluie coupe vent.

Je sors des arbres et la vue est comme à chaque fois un ravissement pour les yeux. Une autre raison de préférer les montées au descente : la grandeur des montagnes plutôt que le tunnel vert.


Je suis sur un GR (aucune idée duquel) mais les marques sont partiellement effacées et le sentier peu usité. Avec le passage de la pluie, je joue les Sherlock Holmes pour trouver ma voie. 

Voici le col qui se dessine. Comme hier il s'agit d'une grande plaine herbeuse qui ne présente aucune difficulté. 1200 m de dénivelé. Le plus dur est fait et il est 16h. Jusque là tout va bien.

Je bascule en France et je vois une mer de nuages blancs qui me font face. Le vent qui souffle du côté Espagnol est totalement absent du côté Français. Les nuages montent vers moi et en quelques instants me voici dans la purée de pois.


Je ne vois plus à 10 m. Le plan était de descendre vers les lacs pour trouver le spot idéal et bivouaquer. Je vais devoir réduire mes prétentions. Le sentier passe à côté de l'Étang de la Soucarrane. Dès que je trouve un endroit, je m'installe.


Je longe le lac jusqu'à son extrémité sans trouver un endroit convenable. En fait ce qui me gêne le plus est d'être au bord du chemin avec les randonneurs qui passent sans cesse. D'ailleurs il n'y a plus que des Français et ils sont nombreux malgré la météo.

Je suis à côté de la rivière dans laquelle se déverse le lac et j'attends une éclaircie. Celle ci ne vient pas et au contraire les nuages déversent leur humidité. Toutes mes affaires et moi même commençons à être trempés. Je décide d'agir et monte ma tente à quelques centimètres du sentier et de la rivière. Je m'enferme dans ma tente pour me protéger du froid et de l'humidité. 

Un troupeau de moutons passe sur le sentier et mis à part le chien de berger, pas un animal ne se prend les pieds dans les cordes de ma tente ! J'avoue que j'ai eu un peu peur pour mon abri.

J'ai beau regarder encore et encore, les nuages sont collés au lac et il n'y a pas un souffle d'air. J'espère que la situation va évoluer dans la nuit...

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