lundi 16 août 2021

La traversée du Cady

Je n'ai pas dormi de la nuit. Une nuit blanche. A chaque fois que j'étais près à sombrer mon conscient empêchait la bascule. Une vraie torture. 

Pourtant le refuge était sympa. Nous n'étions que 4 clients au total donc chacun a dormi dans sa chambre. Comme à l'hôtel en fait mais mon cerveau malade ne l'a pas entendu de cette oreille. Les journées sont physiquement éprouvante et j'ai besoin de récupérer. Je m'inquiète de comment va se passer la journée.

Elle est en principe assez tranquille. 22 km, 800 m de montée et 1300 de descente. C'est une section pour s'approcher du Canigou.

Nous nous approchons de la Méditerranée et les problèmes d'eau vont commencer. Mis à part au début et à la fin, il n'y a aucune possibilité de ravitailler en eau sur le parcours.
Le HRP décide de tutoyer les Dieux et ne descend pas en dessous de 2000 m. Nous devons traverser plusieurs plateaux et aucun sommet. Donc mis à part la distance, je devrais pouvoir suivre malgré mon état d'épuisement.

Nous commençons par une grosse descente qui amène au parking sous le chalet. Ce refuge est donc proche de la route ce qui explique peut-être pourquoi si peu de gens y couchent.


Nous remontons la route pour arriver à la station de ski. Bien évidemment tous les commerces sont fermés. On est hors saison.
Derrière le dernier bâtiment commence le GR que nous empruntons. Il y a 400 m pour monter sur le plateau. J'ai de la chance je commence par le plus difficile. Le manque de sommeil fait que j'ai un mal de crâne épouvantable et que je transpire malgré la fraîcheur du matin. Mais après des jours et des jours à grimper, mon corps trouve son rythme et avale le dénivelé.

J'en arrive quand même à me demander pourquoi je m'impose cette souffrance. Parce que chaque montée est une souffrance avec ou sans repos. Quel est le moteur pour se faire du mal ? Je crois que c'est cette souffrance nous fait voir et ressentir des choses que nous ne verrions pas sans cela. La beauté du paysage est aussi ressentie parce qu'on a souffert pour la voir. On regarde tous les détails. On ressent tous les détails.
Et on peut amener n'importe qui en montagne, la première expression qui ressort de ce type d'expérience "Qu'est ce que c'est beau !". Je n'entends jamais cela quand on passe en voiture où l'on est physiquement pas sollicité.

En final, je finis par monter la côte et arrive sur le plateau. Il s'agit d'une immense étendue herbeuse où l'on voit le sentier s'étaler sur les flancs des montagnes. Xavier se sent dans son élément et met le turbo. Je n'ai pas le choix de suivre le rythme mais il est vrai que pour la première fois, le sentier est "roulant" et facile à randonner.


Nous passons d'une crête à l'autre et nous enchaînons les km dans un paysage de plateaux herbeux ou couverts de pins, parsemés de quelques pierriers.


A midi, alors que nous nous restaurons, le nuages noirs essayent de passer les cols derrière nous. Nous décidons d'accélérer pour éviter l'orage. Les nuages sont derrière la crête que nous suivons et nous jouons à cache cache avec eux. Pour l'instant, ils ne nous ont pas rattrapés.


A 16h, après une descente abrupte, nous arrivons au Refuge de Mariailles (1710 m). Nous retrouvons des connaissances car c'est aussi une étape du GR 10. Nous y retrouvons Florent qui s'est greffé à un groupe qui fait une semaine sur le GR. Nous revoyons des HRPistes rencontrés la veille à l'apéro. Tout cela me rappelle la communauté des hikers du CDT.

Après l'habituel duo coca + tarte, nous repartons pour trouver un endroit où passer la nuit.
D'après mes notes, le 1er endroit se trouve à 4 km. Le problème est que les nuages noirs nous ont rattrapés et que le risque d'orage est important.

Galvanisé par le sucre de mon coca, je décide de tout donner pour arriver le plus tôt possible et de monter la tente pour être à l'abri de l'orage.

Je n'ai aucune idée d'où vient cette énergie mais j'arrive en nage au point indiqué, la traversée du Cady. Il y a bien une rivière mais peu d'endroits plats. Au mieux un endroit pour un seul abri que je laisse à Xavier qui traîne une tente 3 places.
Je me case dans un creux afin de dormir quelque part. Je suis tellement fatigué que ça ne devrait pas être un problème. 
Il faut que je récupère car demain nous devons faire le mythique Pic du Canigou à 2784 m. Il vaut mieux que je sois en forme...

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