jeudi 6 septembre 2018

6 Septembre - Augusta

Je suis un peu nerveux ce matin. J'ai une chaîne de montagnes à traverser et mes cartes sont vides de tous tracés de Trails. Il ne m'arrivera rien de grave mais je peux passer la journée à tourner en rond.

Je commence par le trail Elk Pass. Ceci signifie que je dois monter à un col.

Le sentier est entretenu même si personne n'est passé depuis longtemps. Les seules traces sont celles d'un élan. Le soleil est voilé mais il ne fait pas froid. Du moins ça se réchauffe car le départ à l'aurore est toujours glacial.

Arrivé au col, il y a 2 chemins. Je me dirige à la boussole et prend celui qui semble aller vers Augusta. Il n'y a pas de nom sur les trails pour me donner la moindre indication. En résumé, je joue à pile ou face. Le sentier descend vers la vallée dans de grands zigzags car la pente est raide.

Nous changeons de montagne et remontons légèrement. Je rejoins alors un autre trail nommé "Steamboat Mountain Lookout". Inutile de prendre celui là car il remonte au sommet où se nichent habituellement les lookouts. Je continue donc mon chemin en me demandant où tout cela va me mener. Je suis en train de prendre une photo quand un cavalier arrive face à moi. Le cowboy est à pied et tient sa monture par la bride. Comme d'habitude, il est habillé de pied en cape à la mode western. J'aime beaucoup son grand chapeau blanc et son gilet marron qui lui donne une certaine assurance. J'avoue que grimper dans la montagne avec des grosses bottes de cowboy doit être un vrai challenge. Derrière une mule suit sans même être rattaché au cheval. Le plus étonnant dans cet équipage est l'âge du cowboy. Il a plus de 70 ans. Son but est de monter au Lookout même s'il m'explique qu'il n'y a plus de bâtiment depuis longtemps. Il me confirme que je suis sur la bonne voie et qu'il m'amènera en voiture à Augusta s'il me croise sur le chemin du retour.

Visiblement tout va bien. Je continue donc le sentier que je suis jusqu'au Trailhead. Je vois le véhicule de mon papi cowboy avec sa remorque à chevaux. C'est le seul véhicule du parking. J'ai peur que la circulation soit anecdotique pour faire du stop.

Je prends donc la route forestière qui suit une rivière. Au moins je ne manquerai pas d'eau. Rapidement je quitte la zone protégée de la forêt nationale (National Forest) pour des propriétés privées. Je retrouve donc ces satanés barbelés qui m'empêchent d'envisager toute possibilité de camping. Il va falloir arriver à Augusta aujourd'hui coûte que coûte.

A midi, je trouve une enclave des eaux et forêts au milieu des propriétés privées. Il s'agit d'une petite "cabin" avec son enclos pour les chevaux. Personne n'est venu ici depuis des années et l'herbe haute a tout envahi. Il y a même des arbres qui poussent devant la porte. Celle-ci n'est pas fermée par l'habituel cadenas, ce qui me permet de jeter un œil. Il n'y a que du matériel d'urgence pour lutter contre le froid : du bois, une scie, des allumettes. Au fond, 2 supports en bois pour poser des selles de cheval... Les rangers doivent maintenant utiliser des 4x4 pour venir dans le coin et cette infrastructure n'a plus vraiment de sens. Des arbres poussent devant le corral et m'offrent une ombre bienfaitrice. En quittant les montagnes, j'ai retrouvé une chaleur écrasante.
Je déjeune rapidement puisque je vais devoir couvrir une grosse distance.

Je reprends la FR Et j'entends au loin un gros engin. J'arrive bientôt en vue de la zone de travaux. Il s'agit d'une pelle mécanique qui finit d'aménager un passage à gué dans la rivière qui coule dans la vallée. Si cet aménagement sied aux véhicules, il ne convient pas au piéton que je suis. Heureusement pour moi un tronc d'arbre s'est coincé dans le courant en amont et me permet de traverser. Je me retrouve derrière les barbelés mais j'ai les pieds au sec.

Le conducteur de la pelle mécanique a garé son véhicule et me regarde violer la propriété privée qui me retient prisonnier.
Quand j'arrive à son niveau, j'engage la conversation pour éviter tout malentendu sur mes intentions. Il m'apprend qu'il y a eu tellement de neige l'année dernière que la fonte a emporté le pont. Le remplacement est estimé à 600 000 $ donc en attendant ça sera un passage à gué. Le conducteur a fini son travail et part sur un autre chantier. Je lui souhaite une bonne journée et repart sur la route forestière. A priori il n’appellera pas la police :-)

Je me dis que la journée va être très longue quand un 4x4 arrive à mon niveau. C'est le chauffeur de la pelle mécanique mené par une autre personne que je n'ai pas vu sur le chantier. Ils sont intrigués par ma présence et veulent savoir comment j'ai atterri là. Je réponds bien volontiers à leurs questions et je leur demande s'ils veulent bien m'avancer jusqu'à la route puisqu'ils partent dans la direction opposée à Augusta. Pas de problème et j'embarque dans le véhicule. Arrivé à la route, alors que je m'apprête à descendre, le chauffeur me dit qu'il m'amène à Augusta. Toujours aussi gentil car je n'ai rien demandé...

Nous sommes rapidement à Augusta. Il y a seulement une rue principale. 2 bars/restaurants, un magasin d'alimentation générale et un motel/camping. C'est tout !

Je crois que c'est la plus petite ville que nous ayons traversée sur le CDT. Mais bon il y a tout ce qu'il faut pour un hiker.

Je me fais lâcher au motel où je tombe sur mes australiens qui quittent la ville. On se donne rendez-vous pour prendre une bière pendant que je récupère une chambre.

Alors que je pars à mon rendez-vous, je tombe sur le trio Seven o'clock, Casper et Ingrid en train de d'ingurgiter des hamburgers XXL. Tout le monde s'est donné rendez-vous vous à Augusta !
De droite à gauche : Casper, Seven o'clock et Ingrid

Ceci se confirme quand j'arrive au bar où je retrouve Light Foot et son compagnon Tracker. Ils repartent avec les Australiens qui ont négocié un transport pour le CDT.
De droite à gauche : Light Foot, ma pomme et Tracker

La ville est donc envahie de hikers, ce qui me permet de passer un bon moment en leur compagnie. Ils partent tous ce soir ou demain matin.
Il ne me reste plus qu'à attendre Xavier pour reprendre le Trail.

4 commentaires:

  1. Xavier te ramène au Canada :-) ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Visiblement il va me tenir la main pour passer la frontière. Il veut s'assurer que je ne me trompe pas de sens et que je ne fasse pas le chemin à l'envers vers le Sud. Pour l'anecdote, Seven o'clock a rencontré la semaine dernière une fille qui fait tous les trails du triple crown sur une seule année civile. Elle vient donc de commencer le CDT après avoir fait l'AT et le PCT. Elle connaît le CDT car elle l'a déjà fait. Sa moyenne est de 65 km par jour. Aucun risque que je fasse la même chose ! Je rentre à la maison.

      Supprimer
  2. C’est une machine cette fille ... 65 km par jour dans ces conditions, ça me semble impossible ... il doit y avoir de la potion magic de Panoramix dans son eau ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue que je suis très impressionné. Il y a toujours quelqu'un pour repousser les limites du possible. Tout faire la même année en prenant en compte les conditions météorologiques est au delà de l'exploit. En tout cas, elle est partie pour réussir. Plus que 3000 km...

      Supprimer

25 août - Sospel > Menton

Il est 6h, l'heure des braves et de l'apparition du soleil. Je suis tellement proche d'eux que je réveille les squatteurs du jar...